Introduction
En taxinomie (botanique, zoologie, etc.), le nom binominal, ou binôme, provient de la combinaison de deux noms, servant à désigner un taxon de rang inférieur au genre. Formalisée par Linné au cours du XVIIIe siècle, la nomenclature binominale, ainsi que d’autres aspects formels de la nomenclature biologique, constituent le « système linnéen ».
Les différents binômes
Au-dessous du rang de genre, tous les noms de taxons sont appelés combinaisons.
- Entre genre et espèce (sous-genre (biologie), section, sous-section, série, sous-série, etc., les combinaisons sont infragénériques et binominales : nom de genre, puis après indication du rang, une épithète infragénérique.
- Par exemple le cèpe appartient à la section « Boletus sect. Edules ». Edules correspond à un nom infragénérique (inférieur au genre), au rang d'une section réunissant plusieurs espèces de même affinité ;
- Au rang d'espèce, les combinaisons deviennent spécifiques et binominales. C'est le sujet principal traité dans cette page ;
- En dessous de l'espèce (variété, forme, etc.) les combinaisons sont infraspécifiques et trinominales.
Pour les détails, chaque discipline biologique ayant des règles nomenclaturales sensiblement différentes, voir les articles suivants : Rang (bactérien), Rang (botanique), Rang (zoologique).
Binômes spécifiques
Ils demeurent les plus importants car toute espèce du monde vivant est désignée par un binôme. Ce binôme spécifique se compose d'un nom de genre suivi d'un nom d'espèce, dont l'ensemble constitue le nom scientifique international sous lequel tout « individu » identifié à cette espèce peut être désigné.
Les deux termes du binôme sont appelés respectivement nom générique et nom spécifique (ou épithète spécifique). Toutefois, le nom scientifique complet de l’espèce exige l’ensemble du binôme et pas seulement l'épithète spécifique.
Exemple : Homo sapiens Linné, 1758.
- Homo constitue le nom de genre (au nominatif latin, avec première majuscule et en italique) qui a donné le mot « Homme » en français.
- sapiens provient d'un adjectif latin (en minuscule italique ) signifiant « intelligent, sage, raisonnable, prudent », et qui désigne ici l'espèce.
- Linné identifie le nom du naturaliste qui a nommé et décrit l'espèce.
- 1758 situe l'année de publication de la diagnose, ou de sa validation.
Les binômes sont établis selon des règles précises, fixées par la nomenclature scientifique des noms des espèces vivantes :
- Ils sont réputés latins, quelle que soit leur origine : un des deux noms, voire les deux pouvant être transcrits du grec ancien comme Abramis, du chinois comme Agrocybe chaxingu, ou du japonais comme Lentinula shiitake. En effet, ils sont impérativement écrits en alphabet latin (aucun diacritique ou accent ne sont tolérés, à l'exception des ligatures latines : Æ, æ, Œ, œ) et reçoivent une désinence latine ou se déclinent en latin chaque fois qu'il est morphologiquement possible.
- À partir d'une certaine date de publication, variable selon les disciplines, les binômes doivent être accompagnés d'une diagnose latine, avec description et typification, dans la même publication (ou ultérieurement, voir plus bas « : » ou « ex »).
- Ils sont censés contenir une valeur descriptive, notamment l'épithète qualificative ou génitif de qualité. Il ne s'agit ici que d'une recommandation du Code aux auteurs, mais la plus grande liberté est admise dans le choix du nom de baptême. Ce peut être un patronyme (rouxii), un prénom (mariae), un pseudonyme (otaksa), un toponyme (brasiliensis, japonica…), un nom indigène quelle que soit sa langue d'origine, ou un mot composé savant (voir ci-après).
- Il est à présent également recommandé d'en expliquer le sens (recommandation 60 H.1.) particulièrement lorsqu'elle n'apparaît pas évidente. Par exemple, Clitocybe acromelalga Ichimura, décrit un nom savant composé du grec acro- « extrémité », -mel- « articulation » et alga « douleur », ce champignon provoquant des douleurs atroces des extrémités (doigts et orteils). Il est toutefois mal décliné (acromelalges eût été correct), mais la correction, qui doit faire l'objet d'une demande, relève d'une décision officielle.
Quelques exemples de binômes, suivis du nom de leurs auteurs :
- Le guépard : Acinonyx jubatus (Schreber, 1775).
- Le lion : Panthera leo Linnæus, 1758.
- La trompette des morts (ou Corne d'abondance) : Craterellus cornucopioides (Linnæus : Fries) Persoon.
Présentation formelle
Il faut respecter certaines règles de composition (orthographe et grammaire latine) et de typographie :
- La première lettre du premier terme (le nom de genre) s'écrit en majuscule et tout le reste en minuscules. La recommandation 60 F.1. précise : La lettre initiale de toute épithète spécifique ou infraspécifique devrait être une minuscule ; cependant, les auteurs qui désirent utiliser une majuscule peuvent le faire pour des épithètes directement dérivées de noms de personnes, réelles ou mythiques, de noms vernaculaires (ou non latins) ou d'anciens noms de genres.
- Comme le binôme est écrit en latin, il est d'usage de l'écrire en italique, ce qui a en outre l'avantage de le faire ressortir visuellement. Quand on ne peut mettre le binôme en italique, en écriture cursive courante par exemple, l'usage typographique veut qu'il soit souligné.
Mention de rangs intermédiaires
Le nom de sous-genre ou d'autres rangs intercalaires, est parfois inséré entre parenthèses entre le nom de genre et le nom d'espèce. Par exemple Hylobius (Callirus) abietis (Linnaeus, 1758). Ils sont tolérés pour indiquer une phylogénie, mais ce nom de sous-genre ne fait en aucun cas partie du binôme.