Mutilations génitales féminines - Définition

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Introduction

Les mutilations génitales féminines (MGF) recouvrent des pratiques consistant à ôter, par des moyens chirurgicaux souvent rudimentaires, tout ou partie des organes génitaux externes féminins. Il s'agit d'une pratique ancestrale qui est mise en œuvre dans de nombreux pays, essentiellement pour des raisons d'ordre coutumier.

Signification et origine

Les mutilations génitales féminines constituent un élément crucial des cérémonies d'initiation rituelles dans certaines communautés, dans la mesure où elles marquent le passage à l'âge adulte des fillettes, la croyance populaire y voyant un moyen de contrôler la sexualité féminine. Il importe essentiellement de garantir ainsi la virginité des femmes avant le mariage et leur chasteté après.

L'origine de ces pratiques est relativement méconnue des chercheurs, mais il existe des preuves de leur existence bien avant l'apparition du christianisme et de l'islam, dans les communautés qui les perpétuent aujourd'hui.

L'âge des fillettes au moment de la mutilation varie en fonction des régions. Suivant les endroits, les mutilations génitales féminines sont pratiquées sur des nourrissons de quelques jours, sur des fillettes âgées de 7 à 10 ans, et sur des adolescentes. Les MGF concernent également des femmes adultes, qui les subissent au moment de leur mariage.

À l'heure actuelle, les mutilations génitales féminines sont couramment pratiquées en Afrique. Dans une moindre mesure, elles sont aussi pratiquées en Asie, au Moyen-Orient, dans la Péninsule arabique, en Australie et en Amérique latine. Dans les pays occidentaux, les cas sont de plus en plus nombreux chez les femmes et les fillettes immigrées des sociétés concernées.

Aujourd'hui, les organisations œuvrant en faveur des droits de l'homme dans les pays occidentaux, en Afrique et en Asie considèrent les mutilations génitales féminines comme une violation des droits de l'homme. Ces pratiques sont considérées comme des formes inacceptables de modification de l'intégrité physique de la personne, d'autant plus que ces mutilations sont effectuées sur des personnes trop jeunes ou trop vulnérables pour y accorder leur consentement éclairé.

Les mutilations génitales féminines sont illégales dans la plupart des pays du monde.

Aspect historique

L’origine exacte de la pratique de l’excision féminine reste inconnue, mais des textes antiques témoignent de son usage, avant le Christianisme et l’Islam. Hérodote rapporte la pratique de l’excision jusqu'au 5e siècle avant J.-C, où elle est déjà pratiquée par les Égyptiens, les Phéniciens, les Hittites et les Éthiopiens : «Des Égyptiens et des Éthiopiens, je ne saurai dire quel est le peuple qui a pris cette coutume à l’autre, car elle est, de toute évidence, des plus anciennes. »

Selon l’historien et anthropologue sénégalais Cheikh Anta Diop (1923-1986), un expert dans la culture de l’Afrique noire, l’excision proviendrait de l’Égypte des pharaons et se serait ensuite étendue à l’Afrique noire. Des momies égyptiennes ont été retrouvées excisées selon une forme particulière, qui conduisit à l'usage du terme « excision pharaonique » pour désigner l’infibulation. D’après certains égyptologues, l’excision consistait en forme de rituel de fertilité dans l’Égypte antique. D’autres anthropologues interprètent l’excision comme une marque de différence entre classes sociales.

Position de l'islam face à l'excision

L'excision est une pratique rituelle qui a été intégrée dans certaines régions à majorité musulmane, essentiellement en Afrique saharienne et subsaharienne. Elle ne trouve aucun fondement dans le Coran, mais certains hadiths évoquent l’excision féminine, entérinant une pratique préislamique qui était alors répandue dans la Jahiliya. La pratique semble n'avoir alors été répandue qu'en Égypte - y compris chez les Coptes - et en Afrique Noire.

L'un de ces hadith rapporte que selon Mahomet, la « circoncision est une sunna pour les hommes et makrumah pour les femmes ». Le terme sunna désigne une « obligation », et makrumah un honneur ou un geste noble. Cette hadith a été interprétée par certains commentateurs comme une recommandation de la pratique de l'excision, sans être une obligation. Une autre hadith recommande de « ne pas opérer trop largement c’est préférable pour la femme », et « effleurez et n’épuisez point. Le visage embellira et le mari en sera ravi ».

Néanmoins la pratique est fortement remise en cause également dans les pays de la sphère arabo-musulmane et, en novembre 2006, l’université al-Azhar du Caire, importante référence religieuse dans le monde musulman, a lancé une fatwa sans équivoque contre les mutilations génitales féminines, qualifiées de crime contre l’espèce humaine, portant atteinte aux plus hautes valeurs de l'islam.

L’excision en Occident

Motivations médicales

Entre 1860 et 1870, l’ablation du clitoris dans un cadre médical fait son apparition en Angleterre et aux États-Unis. Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, cette clitoridectomie a une finalité médicale, même si celle-ci peut paraître obscure. L’opération se pratique surtout en Angleterre, et perdure aux États-Unis au-delà de la période victorienne. Là, elle est utilisée et parfois combinée avec l'ablation des ovaires, jusqu'en 1880 où seule la clitoridectomie subsiste après cette date. Des raisons médicales, telles que « troubles mentaux » (hypersexualité, nervosité, hystérie) furent la justification de ces opérations. Elle fut aussi pratiquée pour "traiter" le lesbianisme, mais aussi, jusqu'en 1935, dans les hôpitaux psychiatriques, pour traiter l'épilepsie, la catalepsie, l'hystérie, la mélancolie, voire la kleptomanie. Toujours aux États-Unis, l'infibulation des petites lèvres fut utilisée pour prévenir la masturbation, et la clitoridectomie ou la cautérisation du clitoris sera recommandée dans les manuels jusqu'en 1936 pour les mêmes raisons. La clitoridectomie était enseignée en 1982 dans les facultés de médecine britanniques, probablement pour répondre à des demandes de femmes souhaitant lutter contre leur masturbation ou celle de leurs filles. C'est en 1985 que le parlement anglais criminalise l'excision à travers le Prohibition of Female Circumcision Act 1985, précisé et mis à jour en 2003. En 1995, le gouvernement fédéral américain émet la Federal Prohibition of Female Genital Mutilation Act of 1995 criminalisant l'excision. Les différents États fédérés ont ou n'ont pas une loi du même type à leur niveau. La France quant à elle ne réprime les excisions que dans la mesure où il s'agit de mutilation faites sur des enfants (article 312 du code pénal) et n'a pas de législation spécifique à l'excision.

Motivations sectaires

Une secte, appelée Skoptzy, qui fait ses débuts à Moscou en 1772, et qui se donne aussi le nom « Les Blanches Colombes », a pratiqué les mutilations sexuelles chez ses membres.

Pratiques importées

On a aussi constaté une pratique de l'excision en Occident chez certaines minorités issues de l'immigration. Les tribunaux français ont été appelés à examiner et condamner le cas de plusieurs exciseuses, le tout sous une certaine couverture médiatique. La volonté de protection des enfants se heurte au refus des familles, qui sont demandeuses ainsi qu'à un manque d'information de ces mêmes familles qui souhaitent conserver leur traditions. La justice française s'est heurtée au problème des enfants excisés dans les pays d'origine, au cours de séjours courts faits par la famille pour l'occasion.

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