Le terme provient de musaraneus, en latin (mus-araneus, soit souris-araignée). Cet animal ressemblant à une souris doit, semble-t-il, son surnom à la croyance longtemps répandue que la morsure en était venimeuse, comme celle de l'araignée.
Le mot « musaraigne » remonte à 1552. Auparavant on trouve mention des noms merisengne ou mesiraigne.
En 1606, Nicot dans le Thresor de la langue française associe clairement musaraigne à la seule espèce Mus araneus (syn. actuel Sorex araneus).
Les naturalistes n'ont décrit qu'une seule espèce de musaraigne jusqu'en 1756, date à laquelle Daubenton identifie une musaraigne d'eau et en fait la description à L'Académie Royale de Sciences.
En 1762, le Dictionnaire de L'Académie française, 4e édition, associe le mot à deux espèces, celle des écuries et des basses-cours et « une autre espèce de musaraigne » amphibie. Un début de distinction entre les musaraignes terrestres et les musaraignes aquatiques. En 1832-1835, la 6e édition ne fait plus de lien avec une espèce précise mais plutôt avec l'aspect extérieur de l'animal : son museau pointu distingue la musaraigne de la souris, mais la 8e édition de 1932-1935 fait la distinction par ses mœurs de « mammifère carnassier, insectivore ».
Le Trésor de la Langue Française n'associe également plus aucun taxon au mot musaraigne mais il ajoute à tous les caractères précédents « odeur forte» , « moeurs nocturnes », « presque aveugle » et « habitant des trous... ».
En anglais la musaraigne se dit shrew mais ce terme ne recouvre pas exactement les mêmes taxons.
Les musaraignes ont un aspect assez proche des souris avec leur pelage court, leurs pattes et leur queue presque nus. Elles se distinguent des souris par des yeux et des oreilles plus petits mais aussi et surtout par leur museau beaucoup plus pointu, mobile et doté de multiples vibrisses. Il leur sert à fouiller le sol ou la vase à la recherche des proies vivantes dont elles se nourrissent, qu'elles dénichent en se fiant surtout à leur odorat. Certaines sont capables de repérer ainsi un ver de terre à 12 cm de profondeur ou un acarien minuscule. Contrairement aux rongeurs, leur denture est définitive et s'usera avec l'âge.
Les mœurs des musaraignes sont également différentes. Elles chassent et s'agitent la plupart du temps, plus intensément encore la nuit. En cas de pénurie de nourriture ou de froid elles entrent en état de torpeur, un stade proche de l'hibernation mais alterné avec des périodes d'activité. Ce sont des proies faciles qui ont un cycle de vie très court et peu d'espèces atteignent plus de deux ans. Ces animaux perpétuellement stressés peuvent périr de peur : un excès d'hormones les empoisonne.
Mais il existe de grandes différences entre les espèces appelées musaraignes : certaines sont aquatiques, d'autres terrestres. Certaines ont les dents rouges, imprégnées de fer, d'autres les ont blanches. Certaines sont minuscules : Suncus etruscus est le mammifère terrestre le plus petit au monde et pèse 2,5 grammes, Neomys anomalus est le plus petit des mammifères d’eau douce, mais d'autres sont beaucoup plus grandes : Blarina brevicauda pèse jusqu'à 28 g, soit environ dix fois plus. Elle se répartissent un peu partout : montagnes, déserts, cours d'eau et jusque dans les jardins et les dépendances où elles éliminent un grand nombre d'insectes, vermisseaux, larves et autres petites proies vivantes.
Des adaptations hors normes, parfois uniques chez les mammifères, permettent à certaines espèces de survivre à des conditions de vie difficiles et d'occuper des niches écologiques particulières. Par exemple, les plus petites doivent avoir un métabolisme accru pour maintenir leur température : cœur plus musclé, ultra rapide et sang hyper oxygéné. Ainsi Suncus etruscus a un coeur qui bat de 15 à 23 pulsations par seconde (soit environ 1000 pulsation par minute), elle a 24,2 ml d'oxygène pour 100 ml de sang et doit manger deux fois son poids en nourriture par jour.
Les musaraignes sont d'ailleurs volontiers cæcotrophes, elles réingèrent leurs premières déjections pour assimiler au maximum les nutriments qu'elles contiennent encore. Certaines espèces cachent aussi des réserves de nourriture. Une espèce plus proche des tenrecs, la Musaraigne de Dobson (Microgale dobsoni) peut stocker de la graisse dans sa queue.
Les individus du genre Scutisorex ont, quant à eux, une colonne vertébrale renforcée qui résiste très longtemps à l'écrasement. La musaraigne carrelet (Sorex araneus) n'a pas le même nombre de chromosomes chez le mâle et la femelle, ce qui semble unique chez les mammifères. L'espèce Suncus varilla a trouvé un logement tout fait et occupe volontiers les termitières abandonnées tandis que les petits des genres Crocidura et Suncus se déplacent en file indienne derrière la femelle et s'agrippent fermement les uns aux autres en cas de danger. On pense aussi que certaines musaraignes utilisent l'écholocation comme les chauves-souris. Etc.
Ce qui leur a valu sans doute leur mauvaise réputation généralisée, certaines espèces de musaraignes ont une salive toxique qui leur sert à capturer des proies plus grosses, capacité très rare chez les mammifères. En fait, parmi près de 380 espèces, rien que chez les Soricidés, seules trois espèces sont venimeuses : la Grande musaraigne (Blarina brevicauda), présente uniquement sur le continent nord américain, et deux espèces sur les trois que compte le genre Neomys des musaraignes aquatiques qui s'attaquent ainsi à des poissons et des tritons. Si la Grande musaraigne a de quoi tuer 200 souris, sa morsure ne provoque en principe chez l'homme qu'une inflammation qui dure environ une semaine.