Mousson - Définition

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Mousson en Inde

Mousson d'été

Dates du début de la mousson estivale en Inde (couleurs). Vents dominants (flèches) durant les moussons estivales et hivernales

Dans le désert du Thar et les régions avoisinantes du nord du sous-continent indien, la température diurne en été est très élevée et l'air de surface s'élève en altitude causant une dépression locale. Ceci est la source de la circulation qui s'établit avec les rives de l'océan Indien. L'air chaud et humide provenant de la mer arrive autant du côté est que de l'ouest et converge vers l'Himalaya. Cette chaîne de montagnes force l'air à se soulever ce qui le refroidit par la loi des gaz parfaits et l'humidité condense sous forme de nuages et de pluie. Le flux constant d'air humide donne des précipitations abondantes et on peut noter jusqu'à 10 000 mm de pluie annuellement en certains endroits.

Cette mousson, qui arrive de direction générale du sud-ouest, se divise en deux sections à cause de la topographie indienne. On a donc la mousson du sud-ouest de la mer d'Oman et celle du golfe du Bengale. L'air arrive d'abord dans la région des montagnes Ghâts sur la côte de l'État de Kerala dans le sud-ouest de l’Inde. La circulation se divise alors en deux : la première branche progresse vers le nord, le long de la pente Ouest de ces montagnes alors que la seconde passe du côté Est du plateau du Deccan et subi un effet de fœhn, ce qui l’assèche et ne donne que des précipitations faibles et de répartition variable sur la péninsule du Deccan.

Le vent de mousson de cette seconde branche passe ensuite sur le golfe du Bengale où il s’humidifie par évaporation de la surface de la mer. Il se dirige ensuite vers l'embouchure du Gange et remonte la pente de l'Himalaya à l’est des montagnes de Birmanie. Cette branche de la mousson arrose le nord-est de l'Inde, l'État du Bengale occidental, le Bangladesh et la Birmanie.

Le soulèvement est accentué dans cette région par la forme en entonnoir du delta du Gange et la pente abrupte des montagnes. Le vent de mousson, bloqué par les montagnes, doit tourner ensuite vers l'ouest dans la plaine indo-gangétique et arrose abondamment celle-ci. Cherrapunji de l'État de Meghalaya, situé sur la pente sud de l'Himalaya, est l'un des endroits les plus arrosés sur Terre. L’humidité contenue dans la mousson se déverse graduellement le long de son trajet et le nord-ouest de l’Inde n’en reçoit presque pas, demeurant aride.

Ce processus d'entretien des pluies de la mousson d'été ne s'établit que progressivement sur le sous-continent indien, de sorte que les dates de sa mise en place peuvent varier de mars à juin suivant les régions, et celles de son arrêt, de septembre à novembre. Il arrive d'ailleurs qu'il s'affaiblisse certaines années, ou bien qu'il s'interrompe pendant des durées variables.

Mousson d'hiver

À partir de septembre, les températures diurnes diminuent dans le nord du sous-continent, avec le raccourcissement des jours, et la température nocturne de ces régions désertiques plonge la nuit. Un très vaste anticyclone thermique appelé l'anticyclone de Sibérie, se forme également dans la région du lac Baïkal. Les zones de subsidence qui le recouvrent sont alimentées en altitude par les vents venus des zones d'ascendance qu'entretient alors la ZCIT dans les régions humides de l'hémisphère sud, principalement au-dessus de l'Indonésie, du nord-est de l'Australie et des côtes orientales de l'Afrique.

Dans ces conditions, des alizés prennent naissance au sud de l'anticyclone de Sibérie vers le sud-est pour se diriger vers la ZCIT qui se trouve au sud de l'équateur. Du fait que l'océan Indien se refroidit beaucoup plus lentement que le continent qui le borde, ces alizés vont se mêler aux advections d'air polaire qui contournent l'anticyclone de Sibérie et former avec elles des courants du nord-est qui souffleront de la terre vers la mer. Avant d'atteindre l'Inde, l'air doit franchir l'Himalaya et donc subir un fort effet de fœhn, qui l'assèche encore davantage tout en le réchauffant considérablement. La circulation s'établit ainsi vers le large dans les mêmes corridors que la mousson estivale avait utilisée durant l'été dans les vallées du Gange et de l'Indus, donnant la mousson du nord-est ou « mousson sèche ».

Ce vent dégage le ciel sur le nord du continent mais une fois qu'il passe sur l'océan Indien, il accumule de l'humidité par évaporation de la surface du Golfe du Bengale. Cette mousson hivernale va alors passer sur les îles et le sud-est de l'Inde et former des nuages en remontant les pentes de ces régions. Ces pluies sont moins abondantes que pour la mousson estivale mais des villes comme Chennai et des États comme le Tamil Nadu en bénéficient. Ce dernier endroit reçoit de 50% à 60% de sa pluviosité annuelle durant cette mousson.

Impacts de la mousson dans la culture et l'économie indienne

Une mousson particulièrement violente à Mumbai en août 2005

La mousson estivale donne quatre-vingt pour cent du total de précipitations dans les secteurs affectés. Le retour de la mousson rythme un temps inégal puisque, d'une année à l'autre, les pluies ont une durée et une intensité différente. La mousson est à la fois bienfaisante puisqu'elle irrigue les terres et malfaisante lorsqu'elle noie les villages. Elle est irrégulière comme l'avenir est imprévisible.

L'éternel retour de la mousson est une perpétuelle surprise : sera-t-elle précoce ou tardive, abondante ou faible, régulière ou brutale ? Ainsi l'agriculture en Inde, qui représente vingt-cinq pour cent du produit national brut et soixante-dix pour cent des emplois, dépend donc de la mousson. Des cultures comme le coton, le riz, les huiles alimentaires ont de fortes demandes en eau. Une faible mousson, ou une arrivée tardive de celle-ci, ou des interruptions prolongées prennent un tour dramatique pour des centaines de millions d'Indiens et de Bangladais dont la vie économique est intégralement suspendue à l'apport de ces pluies de mousson. Durant les années 1990, des sécheresses causées par un changement du schéma classique de la mousson ont causé des dégâts humanitaires et financiers importants.

Diagramme climatique de Bombay en Inde avec la pluie (ligne bleue) et la température (ligne rouge)

Par ses prières, un peuple de cultivateurs demande une bonne mousson sans laquelle le pays sombre dans la famine. Le pèlerinage est alors l'occasion d'obtenir un monde doublement meilleur, plus riche et juste. Car, soumis toute l'année à la hiérarchie des castes, les pèlerins vont, le temps de leurs dévotions, vivre dans un monde égalitaire où tous les croyants se valent aux yeux des dieux.

La mousson est également appréciée des citadins car elle rafraîchit l'atmosphère. En effet, le ciel couvert de nuages laisse moins passer le rayonnement solaire et garde une température légèrement plus basse que durant la période précédent la mousson. Cependant, le taux d'humidité augmente dramatiquement et la pluie inonde les rues. Les pluies vont ainsi abîmer un grand nombre d'édifices, en particulier dans les rues en pente, et parfois les emporter. On compte chaque année des morts par noyade et par les maladies transmises par les insectes qui pullulent dans ces conditions. Certaines années, comme en 2005, on a recensé des milliers de morts à cause des inondations. Avec les changements climatiques, certaines régions très arides comme le désert du Thar, ont connu des inondations lorsque la saison de la mousson s'est prolongée.

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