Motte castrale - Définition

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Disparition des mottes castrales

Vulnérabilité

Assaut de la motte castrale de Dinan. Tapisserie de Bayeux, fin du XIe siècle.

Les mottes castrales, simples et rapides à construire, permettent de répondre aux enjeux militaires des IXe et Xe siècles : contrer les raids de pillage menés par des troupes peu nombreuses et très mobiles. Bien évidemment elles sont moins efficaces face à des armées nombreuses ayant le temps d'organiser un siège. L'usage de machines de siège est en effet déjà connu à l'époque comme l'atteste le récit du siège de Paris par les Normands (il s'agit en général de modèles hérités de l'Antiquité), même si leur efficacité est probablement limitée. Machines, béliers et échelades sont employés, mais la principale vulnérabilité de ces édifices en bois réside dans le manque de résistance du matériau face au feu allumé, soit par contact direct soit par des projectiles. On en trouve l'exemple dans le récit du siège du château de Bennecy par André de Fleury et Raoul Glaber : en 1031, l'archevêque de Bourges lève un véritable ost pour faire appliquer la Paix de Dieu aux seigneurs récalcitrants. Cette armée assiège le château de Bennecy, mais l’assaut tourne au massacre et selon Raoul Glaber 1 400 personnes (essentiellement des paysans qui y étaient réfugiés avec femmes et enfants) périssent dans l’incendie provoqué par les assaillants. Cette vulnérabilité au feu est un des points qui conduisent à la généralisation des châteaux de pierre à la fin du XIIe siècle.

Évolution vers le château fort

Le bois est, au début du Moyen Âge, le principal combustible et matériau de construction, disponible aisément à proximité immédiate et facile à transporter par flottage. Au XIIe siècle apparaissent des forges hydrauliques très gourmandes en bois : pour obtenir 50 kg de fer, il faut 200 kg de minerai et vingt-cinq stères (m3) de bois: en quarante jours une seule charbonnière déboise une forêt sur un rayon d'un kilomètre. Au XIIIe siècle, le bois se raréfie et se renchérit du fait des défrichages intensifs réalisés en Occident depuis le Xe siècle. D'autre part, la forêt menace de ne plus remplir son rôle nourricier pour la population, et de terrain de chasse pour la noblesse. Les autorités prennent donc des mesures pour mieux contrôler les défrichages, ce qui contribue encore à augmenter les prix. Le renchérissement du bois conduit à une utilisation plus systématique de la pierre pour la construction et du charbon comme combustible industriel.

D'autre part, les techniques de siège, les progrès architecturaux, la taille des armées, les moyens financiers engagés ne sont plus les mêmes (d'autant que l'on assiste à une centralisation de plus en plus manifeste de l'État) et une simple motte castrale en bois assure une défense de moins en moins efficace. L'évolution se fait progressivement entre le XIe et le XIIIe siècle vers le château fort en pierre, construit en plusieurs années avec des moyens financiers importants.

Vestiges de la motte et du château de Clough (Irlande du nord - XIIIe siècle)

Un patrimoine menacé

Une mise en valeur en milieu forestier, le château d'Olivet, avec la basse-cour à l'arrière-plan et la motte au fond.

Rares sont les sites ayant fait l'objet d'une inscription ou d'un classement au titre des Monuments Historiques. Les vestiges de mottes castrales sont souvent dédaignés par les communes ou considérés comme gênants pour l'aménagement par les propriétaires des terrains les accueillant. Pour cette dernière raison, certains ont été détruits, comme le montre l'illustration, malgré la loi du 15 juillet 1980 interdisant la destruction de tout site archéologique. Ailleurs, les labours érodent progressivement les micro-reliefs des remparts de terre, les fossés sont comblés par des apports importants de matériaux. Dans les milieux boisés, les travaux forestiers modernes peuvent se révéler destructeurs. Quant aux fouilles clandestines, pourtant interdites par la loi du 27 septembre 1941 réglementant les sondages, elles perturbent ou saccagent les niveaux archéologiques.

Seules la protection légale ou une sensibilisation du public permettent d'éviter ces menaces. Certaines mottes, comme celle du château d'Olivet, dans le Calvados, sont non seulement sauvées, mais aussi mises en valeur par une restauration légère et la mise en place de panneaux didactiques.

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