Moteur Pantone - Définition

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Controverse

Ce dispositif de carburation est sujet à de nombreuses controverses.

Mais les critiques principales sont sur le volet scientifique: en particulier, l'explication d'un réacteur à «plasma» utilisé dans le système Pantone, réaction physique/chimique qui est auto-entretenue, mais apporte tout de même de l'énergie au moteur, est contraire au principe de conservation de l'énergie.

Des personnes tentent d'expliquer le phénomène par une thermolyse de l'eau grâce à la chaleur des gaz d'échappement mais celle-ci n'est pas suffisante. Si, cependant, elle l'était, cette thermolyse aurait lieu d'abord dans les gaz d'échappement eux-mêmes ou dans la chambre de combustion, ce qui n'est pas le cas.

L'École des mines de Douai a réalisé deux années de suite un projet de tentative de validation scientifique des résultats du système Gillier-Pantone, la conclusion est la suivante, extraite du mémoire de soutenance:

« Finalement, si notre étude n’a pas permis de confirmer que le système de dopage à l’eau était efficace, nous ne pouvons affirmer pour autant que le système Gillier-Pantone n’a aucune influence sur les performances du moteur. Une étude complémentaire, avec d’autres formes de systèmes, d’autres moteurs, et éventuellement d’autres configurations, serait nécessaire, pour vérifier aussi bien la consommation en carburant que les rejets polluants, qui n’ont pas pu être analysés. »

Dans le journal du 15 novembre 2005, les journalistes de TF1 avaient présenté des relevés qui sont, à leur dire, spectaculaires:

Gasoil Gasoil + système Pantone
C02 8,6% 0,1%
NOx 348 PPM 168 PPM
HC 3 PPM 1 PPM
consommation 11,7 l/100 km 9,8 l/100 km

Critiques scientifiques

Au delà des affirmations concernant les prétendus résultats obtenus par ce type de moteur, il est possible d'émettre des critiques sur les justifications techniques données par les défenseurs du système.

Hydrogène

Une explication couramment évoquée est la thermolyse des molécules d'eau qui produirait du dihydrogène qui, se mélangeant avec le carburant, en augmenterait le rendement. Cette explication contrevient à nos connaissances de chimie et thermodynamique élémentaire. En effet, l'eau est plus stable que le dihydrogène et le dioxygène pris séparément. Ainsi,

2 H2 + O2 → 2 H2O + Q
(où Q est la quantité de chaleur, ou énergie, produite par la réaction)

Si l'on veut pouvoir casser cette molécule d'eau, il faut donc pouvoir lui apporter suffisamment d'énergie ou de chaleur c'est-à-dire,

2 H2O + Q → 2 H2 + O2
avec Q strictement égal au premier

Cette réaction commence à se produire significativement pour des températures supérieures à 750 °C. Or ces températures n'ont pas été observées dans un tel moteur.

En outre, si cette réaction avait réellement lieu, le moteur se désagrégerait très rapidement. En effet, le fer contenu dans l'acier du moteur est nécessaire à la thermolyse de l'eau (coupure de la molécule) formant des oxydes de fer bien moins résistants que l'acier. De tels composés ne sont pas observés, ni les températures nécessaires (voir expérience de thermolyse de l'eau de Lavoisier). La réaction de thermolyse est thermodynamiquement défavorisée, voilà pourquoi la réaction du dioxygène de l'eau avec le fer est nécessaire pour produire du dihydrogène exploitable.

Récupération d'énergie

L'idée est de récupérer l'énergie sous forme de chaleur pour la réinjecter dans le moteur. Or, cela réduit hautement le rendement du moteur. En effet, le carburant et l'air constituent la source froide dans un tel système et l'explosion fournit constitue la source chaude ; si le gaz qui entre est chaud, la source froide sera de température plus élevée ce qui entraînera une perte nette de rendement (voir Cycle de Carnot).

En outre, la dilatation du gaz en chambre de combustion dépend de la différence de température entre les composants qui sont entrés et ceux qui sortent : en augmentant la température du carburant, on le dilate avant son entrée en chambre de combustion, il en entre donc moins et la dilatation au sein de la chambre sera moins efficace.

Vapocraquage

Une autre explication souvent avancée est la possibilité de vapocraquage du carburant. Encore une fois, s'il est possible d'obtenir des carburants à plus haut rendement, le craquage aura consommé une quantité équivalente d'énergie du fait de la loi de conservation de l'énergie.

Mais il est utile de rappeler qu'on ne rencontre ni les temps caractéristiques, ni les pressions caractéristiques d'un vapocraquage pour les températures données dans un système Pantone. Il est aussi judicieux de noter que la forme des fours tient aussi une grande importance dans ce qu'il sera obtenu après craquage.

Plasma

Une définition usuelle d'un plasma est "gaz ionisé" c'est à dire un gaz constitué de particules chargées. Son existence au sein du moteur est aussi une revendication faite par certains défenseurs du système Pantone. Cette revendication peut-être considérée comme tout à fait juste puisqu'une simple flamme de bougie, une simple étincelle peut-être considérée comme un plasma. Néanmoins, cela ne se retrouve aucunement dans le principe de l'orage contrairement à ce qui est souvent affirmé, et surtout, cela n'explique ou n'aide en rien à la formation de dihydrogène.

Hypothèses

Des améliorations concernant la consommation et la pollution sont souvent constatées. Plusieurs hypothèses, a priori tout à fait valables scientifiquement peuvent être posées.

Réelle influence de la vapeur d'eau

Une partie du gaz injecté dans la chambre de combustion est de la vapeur d'eau, inerte dans ces conditions de température et de pression (si elle ne l'était pas, elle oxyderait le fer de la paroi et dégraderait le moteur). Elle ne se consume pas, donc la quantité totale de carburant brûlé est moindre, donc la pollution est elle-même diminuée.

Mais cette diminution entraîne aussi la diminution de la puissance du moteur. Ainsi, il serait possible d'obtenir exactement le même effet en achetant un moteur de plus petite cylindrée. De plus, en plus de désagréger le moteur à moyen terme, l'eau rend inefficace les pots catalytiques actuels.

Barbotage des gaz d'échappement

Le barbotage (c'est-à-dire faire passer un gaz dans un liquide) des gaz d'échappement peut largement expliquer les "bons" résultats du système. En effet, le CO2, comme de nombreux polluants, est facilement absorbé par l'eau (qui devient noire assez rapidement, indice de présence éventuelle d'hydrocarbures).

Ainsi, il n'y aurait pas élimination de la pollution, mais un déplacement : au lieu de polluer l'atmosphère, on pollue cette eau qui sera elle-même rejetée à l'égout alors qu'il lui faudrait un traitement spécialisé.

Température

Une partie non négligeable de l'énergie produite par le moteur est absorbée par l'eau. Ce qui entraîne une baisse de puissance et la subsistance d'hydrocarbures non-brûlés.

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