Mort - Définition

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Symbolique

La haute teneur symbolique de la mort et la forte charge affective liée au décès d’êtres humains ont façonné l’imaginaire des Hommes qui ont créé un personnage, la Mort, qui vient chercher les gens au terme de leur vie.

Deux représentations symboliques se démarquent : la douce et l’austère. La première se réfère à la douce mort qui libère des souffrances infinies auxquelles la vie nous oblige. La deuxième vient souligner le côté cruel, froid et irrémédiable qu’elle peut prendre lorsque les proches du défunt le pleurent.

Philosophie et religion

La mort est appréhendée différemment selon les courants philosophiques ou religieux.

Philosophie

Le Triomphe de la Mort
Peinture de Pieter Bruegel l'Ancien (1562).

En paléontologie, la découverte de rites funéraires est un élément important pour déterminer le degré d’éveil social d’un hominidé.

Cette conscience de la mort est un moteur de cohésion sociale (s’unir pour résister aux calamités, aux ennemis) et d’action (réaliser quelque chose pour laisser une trace). Elle est un élément important de la réflexion métaphysique. C’est aussi ce qui donne la puissance symbolique à des actes tels que l’homicide et le suicide.

La philosophie des Lumières en Europe, incitant à la maîtrise de la nature, suggère l’avènement d’une domination de la dégradation du corps de l’Homme.

Religions

Animisme

Dans l'animisme, la mort est perçue comme une continuité, au point que l'on puisse dire qu'il n'y a pas vraiment de mort dans le langage animiste et que le dialogue des « morts » et des vivants se poursuit sans interruption.

Un célèbre poème de Birago Diop intitulé Souffles résume cette perception :

« Ceux qui sont morts ne sont jamais partis/ Ils sont dans l’Ombre (…) / Les morts ne sont pas sous la Terre:/ Ils sont dans le Bois (…) / dans l’Eau (…) / dans la Foule (…) / Les Morts ne sont pas morts. »

Athéisme

Pour les athées la mort ne recèle aucun mystère métaphysique : elle n'est pas plus difficile à appréhender que ne l'est le sommeil profond, et il n'existe pas plus de vie après la mort qu'avant la naissance. C'est par exemple le cas du matérialiste français D'Holbach, dans son Système de la nature.

On peut aussi citer le philosophe grec Épicure (matérialiste mais pas athée) ;  :

« Le plus effrayant des maux, la mort, ne nous est rien, disais-je : quand nous sommes, la mort n’est pas là, et quand la mort est là, c’est nous qui ne sommes pas »

Citons encore Wittgenstein, deux millénaires plus tard :

« La mort n'est pas un événement de la vie. On ne vit pas la mort. Si l'on entend par éternité non la durée infinie mais l'intemporalité, alors il a la vie éternelle celui qui vit dans le présent. Notre vie n'a pas de fin, comme notre champ de vision est sans frontière. »

Bouddhisme

La mort n’est qu’un passage d’une vie à l’autre dans le bouddhisme qui ne reconnait ni les concepts de dieu, ni d'âme. Anatta : «Il y a deux idées, psychologiquement enracinées dans l'individu : protection de soi et conservation de soi. Pour la protection de soi, l'homme a créé Dieu duquel il dépend pour sa propre protection, sauvegarde et sécurité, de même qu'un enfant dépend de ses parents. Pour la conservation de soi, l'homme a conçu l'idée d'une âme immortelle ou Ātman qui vivra éternellement. Dans son ignorance, sa faiblesse, sa crainte et son désir, l'homme a besoin de ces deux choses pour se rassurer et se consoler; c'est pourquoi il s'y cramponne avec fanatisme et acharnement.»

Le Bardo Thödol (Livre des morts tibétain) décrit les différentes étapes de ce passage d’une vie à une autre vie et constitue une sorte de guide fournissant divers conseils (abandon de l’ego, etc.) pour réussir cette transition.

Christianisme

Pour le christianisme, seul le corps peut être concerné par la mort et celle-ci n'est que passagère.

La conséquence de la mort du corps est la séparation de celui-ci avec l'âme qui est immortelle. Le corps quant à lui, doit ressusciter pour se joindre de nouveau à l'âme à la Fin des Temps qui est le triomphe final de Dieu et de la vie.

Après la mort du corps, les âmes des morts se trouvent aussitôt face à Dieu qui, selon les catholiques et les protestants, leur apparaît alors pleinement tel qu'il est : elles peuvent donc choisir librement, en plein connaissance de cause, sans être influencées par le monde extérieur terrestre, de vivre ou non avec lui pour l'éternité. Les orthodoxes, pour leur part, ne croient pas que Dieu soit vu tel qu'il est car il est essentiellement au-delà de tout ce qui peut être vu, même après la mort, ils insistent particulièrement sur le passage de l'Évangile « vous serez comme des dieux » prononcé par Jésus pour parler de ceux qui sont au Paradis.

  • Le mort choisit de vivre avec Dieu parce qu'il reconnaît en Dieu ce qu'il a toujours cherché pendant sa vie terrestre (sans forcément en avoir conscience), ou parce que même en ne l'ayant pas recherché, ce qu'il découvre lui plaît.

Dans ces deux cas de figure, le christianisme considérant que Dieu est la source de tout bien, les âmes qui choisissent de vivre avec Dieu sont alors comblées dans leur recherche du bien et vivent dans le bonheur parfait pour l'éternité.

Cependant, la distance qui sépare l'âme du mort de la perfection divine est telle que selon le Christianisme (à l'exception du Protestantisme), les âmes qui choisissent Dieu, ressentent d'elles-mêmes leur indignité et le besoin de se purifier au préalable : elles se dirigent d'elles-mêmes vers le Purgatoire par pudeur, face à la pureté divine.

Au Purgatoire, elles n'ont plus la vision de Dieu (la « vision béatifique ») et ressentent le regret de ne pas avoir fait tout le bien possible. Une fois purifiées, ces âmes quittent le Purgatoire pour le Paradis. Seules les personnes parfaitement pures peuvent entrer directement au Paradis : Jésus, Marie par exemple.

  • L'âme du mort choisit de faire son bonheur seule et refuse la compagnie de Dieu par une aversion volontaire de Dieu (un péché mortel), dans laquelle elle persiste jusqu’à la fin

Elle préfère se priver elle-même de Dieu plutôt que de reconnaître et rejeter le mal qu'elle a commis; elle est laissée à elle-même et au mal dans lequel elle persiste ce qui constitue l'Enfer qui n'est pas un lieu mais l'état de l'âme qui choisit de vivre sans Dieu.

L’eschatologie chrétienne a réfléchi sur le sens de la mort et des fins dernières. Il y a un jugement immédiat de l’âme et un jugement dernier collectif afin que les mérites de chacun soient connus de tous.

Hindouisme

L’hindou croit en une vie après la mort — le corps n’étant qu’une enveloppe matérielle temporaire. Lorsque survient le moment de quitter la vie, il est dit que toutes les facultés d'action et de sensations se replient dans le mental (manas), puis le mental se replie dans le souffle (prana) puis le souffle dans l’âme individuelle ou Jivatman et enfin cette dernière retourne au Brahman et atteint la libération ou moksha

Cependant, si son karma a accumulé le fruit de trop d’actes négatifs (les mauvaises actions), l’âtman s’incarne dans un nouveau corps sur une planète comme la terre (ou inférieure qui compose l’enfer), afin d’y subir le poids de ses mauvaises actions. Si son karma est positif, il ira vivre comme un dieu ou deva, sur l’une des planètes célestes (supérieures à la terre, ou paradis).
Une fois épuisé son karma, l’âme retournera sur terre dans un autre corps au sein d’une caste.
Ce cycle est appelé samsâra. Pour briser ce cycle perpétuel, l’hindou doit vivre de manière à ce que son karma ne soit ni négatif, ni positif, selon ce verset de la Bhagavad-Gîtâ (II.11) : « Tu t'apitoies là ou la pitié n'a que faire, et tu prétends parler raison. Mais les sages ne s'apitoient ni sur qui meurt, ni sur qui vit. » Au moment de la mort l’esprit est séparé du corps. Le non-initié sera alors pris d’une irrésistible envie d’en retrouver un, ce qu’il fera. Par contre, l’initié saura trouver la porte de la libération.

Islam

Dans la religion islamique, l'Ange de la Mort s'appelle Malak Al Mawt. L'être crée abandonne son enveloppe charnelle et son devenir posthume est fonction de sa foi et de ses actes. Dans l'ésotérisme islamique (soufisme) il est dit que certains êtres ayant atteint le but spirituel ultime (l'union avec Dieu ou Identité Suprême) sont "hors devenir posthume". Le Coran mentionne de nombreuses fois la résurrection et le Jugement Dernier. D'un point de vue rituélique, quand un musulman est au seuil de la mort, s'il en a la possibilité, il prononce une dernière fois la chahada. Après la mort, le corps est lavé et enveloppé dans des pièces de tissu blanc, trois épaisseurs pour les hommes, cinq pour les femmes, à la suite de quoi il est procédé à l’enterrement le plus tôt possible. Le défunt est enterré le visage tourné vers La Mecque. Le rite funéraire consiste à jeter de la terre sur le linceul (il n’y pas de cercueil), tandis que les personnes présentes récitent cet extrait du Coran : « De la terre, nous vous avons créé ; en elle nous vous ramènerons, et d’elle nous vous ferons sortir une fois encore ».

Pour les traditions symboliques relatives à la mort en islam, voir l'article Mort (mythologie) dans l'islam.

Jaïnisme

Dans le jaïnisme, comme dans l'hindouisme, l'âme est soumise au cycle des naissances et des morts. L'âme y est donc une entité distincte qui voyage par-delà les limites et la disparition du corps.

Judaïsme

Dans la religion juive, on considère que la mort n’est que la séparation du corps (gouf) et de l’âme (néchama). Cette âme, une fois libérée de son enveloppe corporelle va selon les actions réalisées dans la vie humaine dans différents lieux. Si les actions ont été bonnes et si le juif a respecté les commandements de la Torah son âme montera au ciel dans des degrés plus ou moins élevés et ce grâce à la légèreté de son âme. Au contraire une vie remplie de pêchés alourdira cette âme qui sera condamnée à errer sur terre, au niveau 0, et désirer perpétuellement sans pouvoir satisfaire ses besoins faute de corps matériel. Un état infernal d’errance et de souffrance.

Lorsqu'une personne décède, on doit l'enterrer au bout de trois jours (l'âme peut revenir dans le corps du défunt et peut revenir à la vie, sous un délai de trois jours. La seule raison qui fait que l'on enterre pas le mort le jour même, c'est quand le décès se déroule juste avant ou pendant un jour de fête (Yom-Tov). Un homme (bénévole d'une association, la Hevra kaddisha, "la confrérie sainte" en français) qui ne connait pas le défunt, nettoie le corps, soigne les blessures (si le défunt en avait),l'habille d'une robe blanche et couvre la tête du défunt avec son talith qu'il portait lors de sa vie. Ensuite, se passe la levée du corps qui se déroule en une heure. Le corps du défunt, (couvert des pieds à la tête), est exposé dans un cercueil dans sa maison où à l'hôpital. Seule la famille est autorisée à rester autour du cercueil. A ce moment- là, la personne qui a nettoyé le corps lit les tehillim. Lire les tehillim est censé interpellé l'âme du défunt, car l'âme est pendant sept jours après le décès, juste au-dessus du corps, et voit et entend tout ce qui se passe dans la pièce. Enfin, l'enterrement. Les amis et la famille se rend on cimetière, on fait un discours en hommage du défunt et on fait des bénédictions avant l'enterrement. Lorsque l'on enterre le cercueil, les endeuillés (fils, frères et parents du défunt). Mettent de la terre sur le cercueil avant de l'ensevelir. On déchire alors les vêtements des endeuillés en signe de deuil et on récite alors le kaddish.

La religion juive accorde une importance extrême et un profond respect au défunt. On récitera alors le Kaddish avec un minimum de cinq fois par jours, cela pendant un an à partir de l'enterrement, pour but d'élever l'âme du défunt dans les "niveaux" célestes.

Spiritisme

Les spirites considèrent que chaque individu existe avant sa naissance et s'incarne sur la Terre pour progresser et vivre une expérience éducative. L'incarnation provoquant une perte temporaire du souvenir des vies antérieures. La mort du corps matériel libère l'esprit éternel de l'homme, qui retourne ensuite dans une « dimension spirituelle » correspondant à son niveau d'avancement.

Témoins de Jéhovah

Les Témoins de Jéhovah considèrent que lors de la mort, l'âme meurt en même temps que le corps. Les Témoins de Jéhovah adhèrent à la doctrine de l'annihilationisme : le corps et l'âme sont un tout, l'un ne pouvant exister sans l'autre. À la fin des temps, les Témoins de Jéhovah croient qu'ils seront ressuscités, corps et âme, pour la vie éternelle.

Saints des derniers jours

Pour les saints des derniers jours (mormonisme) , la préexistence, vie avant la naissance en présence de Dieu, la vie sur terre, temps de mise à l’épreuve et d’expériences, et la vie après la mort font partie du plan de salut. Après la mort, le monde des esprits est l’endroit où attend l’esprit de l’homme entre la mort et la résurrection. Il comporte deux parties distinctes : la prison des esprits où sont reçus ceux qui n'ont pas obéi à l'Évangile ou qui ne l'ont pas accepté pendant qu'ils étaient sur la terre ou qui n'ont pas eu l'occasion de l'entendre, et le paradis. L'Évangile est enseigné dans la prison des esprits et ceux qui acceptent le sacrement du baptême célébré en leur faveur dans les temples vont dans le paradis. Chaque être humain ressuscitera (réunion du corps et de l’esprit) avant d’être amené devant Dieu pour le jugement dernier où sera tenu compte de la globalité de la personne jugée (connaissance, actes, paroles, pensées, désirs, repentance). Selon ces critères, l’un des trois degrés de gloire, téleste, terrestre ou céleste (en présence de Dieu) lui sera attribué.

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