Mondialisation - Définition

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Introduction

Carte du monde

Le terme « mondialisation » désigne l'expansion et l'harmonisation des liens d'interdépendance entre les nations, les activités humaines et les systèmes politiques à l'échelle du monde. Ce phénomène touche les personnes dans la plupart des domaines avec des effets et une temporalité propres à chacun. Il évoque aussi les transferts et les échanges internationaux de biens, de main-d'œuvre et de connaissances.

Ce terme, spécifique à l'environnement humain, est souvent utilisé aujourd'hui pour désigner la mondialisation économique, et les changements induits par la diffusion mondiale des informations sous forme numérique, c'est-à-dire sur Internet.

Définitions

Le terme « mondialisation » apparaît dans la langue française au début des années 1980 dans le cadre de travaux économiques et géopolitiques. Il signifie l'accroissement des mouvements de biens, de services, de main-d’œuvre, de technologie et de capital à l’échelle internationale et dérive du verbe « mondialiser » attesté dès 1928. Il désigne initialement le seul mouvement d'extension des marchés des produits industriels à l'échelle des blocs géopolitiques de la Guerre froide. Longtemps cantonné au champ académique, il se généralise au cours des années 1990, d'une part sous l'influence des thèses d'émergence d'un « village global » portées par le philosophe Marshall McLuhan, et surtout par le biais des mouvements antimondialistes et altermondialistes, qui attirent, par leur dénomination même, l'attention du public sur l'ampleur du phénomène.

Dans le monde anglophone, la popularisation du terme globalization et son usage comme terme fourre-tout a accentué le débat académique. Il est maintenant admis que le terme désigne le développement de l'interdépendance au niveau mondial. À partir de cette définition générale chaque grand courant académique met l'accent sur la dimension qui lui parait la plus pertinente. Par exemple, certains universitaires comme Manuel Castells se concentrent sur le lien entre les dimensions économiques et sociales. D'autres, comme John Urry, mettent l'accent sur la complexité croissante qui caractérise tous les échanges humains (économiques, culturels et politiques). Aussi, le terme et sa popularité sont liés aux problématiques de développement, comme le montre Jan Nederveen Pieterse. Les polémiques qui agitent le milieu universitaire anglophone reflètent l'existence d'un débat planétaire. Urry est anglais mais Castells est espagnol et Pieterse hollandais.

Les termes globalization et mondialisation et les sens qui leur sont attribués sont fonction du point de vue et du courant de pensée des énonciateurs.

Le géographe Laurent Carroué, spécialiste de ces questions plaide pour une distinction plus nette de ces deux termes. Pour lui la mondialisation peut être définie comme le processus historique d'extension du système capitaliste à l'ensemble de l'espace géographique mondial. Il critique l'usage trop vague de globalisation.

Origines et évolutions

La distinction entre ces deux termes est propre à la langue française. Le mot anglais (US) original est globalisation, repris par la plupart des autres langues. En anglais, les différentes approches globalization/mondialisation sont explorées par différents courants de pensées. Le terme anglophone globalization couvre largement le même débat que la différence sémantique francophone. Comme dans le monde francophone, différentes personnes donneront différents sens aux termes, mettant l'accent sur la dimension économique, culturelle ou politique, en fonction de leur appartenance, consciente ou non, à tel ou tel courant de pensée.

D'un point de vue étymologique, monde (univers) et globe sont suffisamment proches pour que mondialisation et globalisation soient synonymes dans leur emploi initial en langue française (1964 pour le premier, 1965 pour le second).

Toutefois, la proximité de « globalisation » avec l'anglais et la particularité de mondialisation a amené une divergence sémantique.

En français, le terme « globalisation » désigne l'extension supposée du raisonnement économique à toutes les activités humaines et évoque sa limitation au globe terrestre. Le terme « mondialisation » désigne quant à lui l'extension planétaire des échanges qu'ils soient culturels, politiques, économiques ou autres. Dans ce cadre l'expression monde peut désigner en outre l'espace proche de la terre, accessible par des moyens aéronautiques ou spatiaux (satellites), ou prendre des significations propres à chaque culture (le monde chinois…). En revanche, l'expression « globalisation financière » s'est imposée pour désigner la constitution d'un marché mondial intégré des capitaux. Par ailleurs, les problèmes liés à l'environnement biophysique se posent désormais globalement à l'échelle mondiale. Les changements climatiques, la perte de biodiversité, la déforestation ou la pollution due au développement industriel et à l'activité humaine sont des exemples d'interaction des secteurs économique, culturelle et politique avec les actions planétaires.

La différence sémantique peut être envisagée sous un autre angle. Certains voient dans le terme globalisation la simple transposition du terme anglais en français, globalisation étant synonyme de mondialisation. D'autres voient une différence de nature entre les deux termes et considèrent la globalisation comme une étape après la mondialisation, qui la dépasserait et consisterait en une dissolution des identités nationales et l'abolition des frontières au sein des réseaux d'échange mondiaux.

Mondialisation

Complètement générique, le terme mondialisation désigne un processus historique par lequel des individus, des activités humaines et des structures politiques voient leur dépendance mutuelle et leurs échanges matériels autant qu'immatériels s'accroître sur des distances significatives à l'échelle de la planète. Elle consiste en l'interdépendance croissante des économies et contribue à l'expansion des échanges et des interactions humaines.

Les mondialisations

La genèse du terme explique que ce processus soit le plus souvent envisagé sous le seul aspect de la mondialisation économique, développement des échanges de biens et de services, accentuée depuis la fin des années 1980 par la création de marchés financiers au niveau mondial. Toutefois s'y ajoutent :

  • l'aspect culturel qu'apporte l'accès d'une très large partie de la population mondiale à des éléments de culture de populations parfois très éloignées d'une part et aussi la prise de conscience par les pays développés dans leur ensemble de la diversité des cultures au niveau mondial.
  • l'aspect politique que représente le développement d'organisations internationales et d'ONG.
  • l'aspect sociologique de la mondialisation résumé par Zygmunt Bauman, sociologue et professeur émérite des universités de Varsovie et de Leeds : « La mondialisation est inéluctable et irréversible. Nous vivons déjà dans un monde d’interconnexion et d’interdépendance à l’échelle de la planète. Tout ce qui peut se passer quelque part affecte la vie et l’avenir des gens partout ailleurs. Lorsque l’on évalue les mesures à adopter dans un endroit donné, il faut prendre en compte les réactions dans le reste du monde. Aucun territoire souverain, si vaste, si peuplé, si riche soit-il, ne peut protéger à lui seul ses conditions de vie, sa sécurité, sa prospérité à long terme, son modèle social ou l’existence de ses habitants. Notre dépendance mutuelle s’exerce à l’échelle mondiale (…) ».
  • l'aspect géographique: la mondialisation est une réalité spatiale qui est aujourd'hui largement étudiée par de nombreux géographes notamment Laurent Carroué. Elle ne correspond pas à une uniformisation du monde ou à la disparition des territoires mais plutôt à la double logique d'intégration-fragmentation qui entraîne une hiérarchisation et une polarisation très forte des territoires.

En toute rigueur, il conviendrait ainsi de parler des mondialisations, afin de distinguer le domaine considéré (économie, culture, politique) et la période historique envisagée.

Un phénomène inéluctable ?

Le caractère inéluctable ou naturel du processus de mondialisation est souvent mis en avant (voir la citation précédente).

Cependant, cette idée, présentée comme une « idée reçue » par les mouvements d’extrême gauche, peut être nuancée lorsqu'on s'intéresse de plus près aux aspects commerciaux et financiers du phénomène. En effet, d'une part « la part des exportations dans la production mondiale de 1913 ne sera dépassée qu'en 1970 et stagne depuis lors », et d'autre part « les mouvements nets de capitaux sont actuellement plus modestes qu'au début du XXe siècle ».

Ainsi, pour l'éditorialiste Martin Wolf, responsable des rubriques économies au Financial Times, « la mondialisation relève sinon d'un mythe, du moins d'un abus de langage ».

Mondialisme

Si la mondialisation est un processus qui se traduit dans les faits, le mondialisme est une idéologie. Celle-ci affirme le caractère inéluctable de la mondialisation et son incompatibilité avec la structure de l'État-nation, son caractère inhérent à vouloir apporter la paix définitive par l'instauration d'un gouvernement mondial passant par un humanisme. Le mondialisme en tant que tel ne constitue cependant pas une idéologie constituée. On le retrouve au sein d'idéologies plus vastes, allant du néolibéral à l'internationalisme d'extrême-gauche.

Un glissement du sens du terme vers sa seule acception néo-libérale a donné naissance aux termes d'antimondialisation et d'altermondialisation pour désigner des courants de pensée visant respectivement à limiter le processus de mondialisation ou à en modifier le contenu.

Conceptions de la mondialisation

Aussitôt que la mondialisation s’est imposée comme phénomène planétaire, on a cherché à la définir. Deux conceptions, qu’on peut dire « unitaire » et « conflictuelle et plurielle » s’affrontent autour de l’explication de ce phénomène.

Conception unitaire

Selon la conception unitaire, la mondialisation évoque la notion d’un monde uni, d’un monde formant un village planétaire, d’un monde sans frontière. Ceci dans une approche géographique, idéologique ou économique. Cette conception est soutenue par des organisations internationales ou institutions internationales (notamment le FMI, l’OMC et autres), par le courant idéologique notamment le mondialisme. Elle est également partagée par quelques analystes.

Définir la mondialisation comme l’unification du monde signifie que l’on parle de l’interpénétration des cultures, des technologies et des économies (intégration dans l’économie mondiale). De ce fait, les expressions comme culture mondiale ou civilisation mondiale, gouvernance mondiale, économie mondiale, voire citoyen mondial sont de plus en plus utilisées.

Si l’approche unitaire de la mondialisation bénéficie des atouts du XXIe siècle (c’est-à-dire le progrès et révolution de la technologie qui renforce l’intégration physique, l’internationalisation et l’expansion des mouvements financiers ; et la position du capitalisme, seul système économique et centre de l’économie mondiale), il est suivi, cependant, par toutes les critiques fusant sur l’économie de marché ou le capitalisme.

La conception qui définit la mondialisation comme l’unification du monde contient par ailleurs une position intellectuelle qui prône plus d’ouverture pour arriver à une paix mondiale, une suppression totale des frontières. En revanche, même si cette conception présenterait l’avantage de créer dans l’homme le germe de l’espoir, elle resterait cependant restrictive dans la mesure où elle négligerait les autres manifestations de la mondialisation.

Conception conflictuelle et pluraliste

Opposée à la conception unitaire, la conception conflictuelle et pluraliste considère la forme actuelle de la mondialisation comme la source de nos problèmes. Elle met en avant une approche de coopération plutôt que de mise en concurrence, qui est le principe de base de la forme actuelle de la mondialisation. Les sympathisants les plus farouches de cette conception sont les courants altermondialiste et antimondialiste. Elle est également partagée par quelques analystes indépendants. Les problèmes que pose cette approche de la mondialisation sont ceux de l'hétérogénéité, de l'incompatibilité, de la fragmentation et de l'intégration, de l'ordre et du désordre, de l'inégalité, de l'exclusion et de la solidarité, de la domination, de l'exploitation, des affrontements idéologiques et des relations humaines qui sont souvent régies par des rapports de force.

Cette conception présenterait selon ses tenants l’avantage d’appréhender un peu plus clairement les éléments divers de ce phénomène aux multiples aspects alors que la première s’articulerait autour d’un seul point. Du fait d’être défendue par les altermondialistes, cette conception est généralement vue comme une théorie économique et sociale proche du socialisme, notamment parce qu'elle prend la défense des plus pauvres. La vision de l'altermondialisme est davantage de coopération que de mise en concurrence des populations.

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