Voir aussi l'article mondialisation économique
Si le vocable « mondialisation » est récent, il désigne cependant différentes périodes de l'Histoire, dont certaines anciennes.
Contestée il y a encore peu, l'idée qu'une sorte de processus assimilable à la mondialisation ait eu lieu durant l'Antiquité est de plus en plus reconnue par les spécialistes.
On peut situer une première expression de ce processus à partir du second millénaire avant Jésus-Christ: une vaste zone commerciale s'étendant de l'Indus au monde minoen via les cités du Croissant fertile. Cette première tentative sera de courte durée du fait de l'arrêt des échanges commerciaux causé par l'irruption d'envahisseurs indo-européens à la fin du second millénaire.
Une seconde tentative aura lieu à partir de la fondation de l'Empire perse qui permet que s'établisse un contact commercial indirect entre les colonies phéniciennes et grecques, et les cités indiennes, entre Gibraltar et le Gange. Les Grecs vont ainsi prendre pleinement conscience de l'étendue du monde comme le montrent les relations d'Hérodote, et, plus encore, de Ctésias de Cnide, médecin du grand roi perse.
Loin de mettre un terme à ce processus d'unification commerciale, culturelle et diplomatique du monde antique, la destruction de l'empire perse, et la formation des États hellénistique va l'accroître sensiblement. Ainsi la "mondialisation" hellénistique partage-t-elle de nombreux traits communs avec celle de notre temps:
Les hommes du XVIIe siècle ou des siècles antérieurs avaient des représentations du Monde différentes des nôtres. La Terre était peuplée de moins de 700 millions d'habitants. On ne peut donc pas vraiment parler de mondialisation.
On constate pourtant que des évènements politiques et culturels majeurs ponctuent l'Histoire :
Ces changements s'accompagnent d'une extension considérable de l'espace connu ainsi que des échanges économiques, technologiques et culturels entre civilisations.
L'étude des échanges de biens de ces époques conduit à penser que l'historiographie du XIXe siècle a sous-estimé l'importance des échanges matériels et culturels entre civilisations éloignées jusqu'à la fin du Moyen Âge. Par exemple :
Aux XVe siècle et XVIe siècle, le mouvement de la Renaissance entraîne un grand bouleversement : l'imprimerie apparaît, et les Européens font de grandes découvertes.
Pendant le siècle des Lumières, la diffusion de la presse, la prise de conscience de l'héliocentrisme, l'industrialisation et la colonisation entraînent d'autres types de bouleversements, que Montesquieu analyse en ces termes : « Aujourd'hui nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celle de nos pères, celle de nos maîtres, celle du Monde. Ce qu'on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières »[réf. souhaitée].
Le XIXe siècle qui, pour les historiens, va de la Révolution française à la Première Guerre mondiale, est marqué par l'essor de la révolution industrielle. On note alors l'abaissement des coûts de transport, avec la généralisation de la machine à vapeur et celui des coûts de communication avec le télégraphe. Ces deux éléments permettent une meilleure intercommunication des différentes parties du globe et d'importants transferts d'hommes, de biens et de savoirs.
Le XIXe siècle voit aussi d'importants flux de population à l'échelle planétaire. En Europe, la Révolution agricole éloigne les paysans de leur campagne. Les villes absorbent avec difficulté la hausse soudaine de la population du vieux continent qui quadruple entre 1750 et 1900. Les Occidentaux migrent massivement à travers le monde (Amériques, Australie, Algérie…). Ces flux de population modifient en profondeur la répartition de la main-d'œuvre au niveau mondial.
Au niveau économique, l'industrialisation rend possible le développement d'échanges de produits manufacturés entre pays industrialisés et en cours d'industrialisation. La colonisation entraîne des flux de matières premières depuis les colonies vers l'Europe. L'impact économique de ces échanges est cependant faible au regard de celui induit par les migrations mondiales.
La colonisation a également pour effet d'intégrer l'essentiel de la planète dans un espace politique commun, et de favoriser des transferts financiers entre pays ainsi que vers les colonies.
Dans le domaine culturel, la multiplication des récits de voyage ou des modes comme l’orientalisme ou le japonisme montrent la montée en puissance dans l'imaginaire européen d'autres cultures, elles-mêmes souvent mises à mal par la colonisation. Jules Verne fait faire à Philéas Fogg Le Tour du monde en quatre-vingts jours, grâce au génie technique européen. À cette époque cependant, le mondialisme trouve sa première expression d'ampleur sur le socle du marxisme avec la fondation des Internationales.
Les débuts du XXe siècle sont marqués par une méfiance croissante à l'égard des échanges mondiaux, entraînant le repli de nombreux pays sur eux-mêmes au détriment du processus de mondialisation.
Si le début du XXe siècle freine la mondialisation, la deuxième moitié du XXe relance et accélère ce processus. Après 1945, celui-ci reprend, de manière très inégale en fonction des domaines. La reconstruction de l'Europe ainsi, la mise en place du bloc soviétique puis les décolonisations limitent la portée des échanges de biens et de services. La mondialisation s'inscrit alors plutôt dans la création d'organisations internationales, ONU, Banque mondiale, FMI ou GATT, ainsi que dans la généralisation des produits de la culture des États-Unis, en particulier le cinéma.
Alors que le terme est déjà utilisé, ce n'est que vers 1971 que les échanges de biens retrouvent, en part du PIB mondial, leur niveau de 1910 et que reprend véritablement la mondialisation économique. Appuyée sur la baisse des coûts de transport, celle-ci désigne essentiellement le développement des échanges en biens manufacturés entre pays riches et nouveaux pays industrialisés (Corée du Sud, Taïwan, Brésil, Argentine…), qui représentent 80% du commerce mondial. Au sein du COMECON, la planification favorise de même d'importants échanges de biens, largement en isolation vis-à-vis du reste du monde.
Au début des années 1980, de vastes zones géographiques (Afrique, essentiel de l'Asie) ainsi que les secteurs primaires (agriculture) et tertiaires (services) restent hors du processus de mondialisation économique, tandis que les flux de population restent faibles. Par ailleurs, l'amélioration des flux d'informations ainsi que l'assouplissement des lois portant sur l'investissement étranger favorisent la mise en place de marchés financiers d'échelle internationale.