Mondialisation - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Aspects de la mondialisation contemporaine

Aspects économiques

L'évaluation des conséquences de la mondialisation économique comprend plusieurs volets, très contrastés selon la richesse du pays considéré.

Pays riches

Pour les pays riches, la mondialisation économique comporte deux bénéfices essentiels. Le premier profite au consommateur, qui a accès à un éventail plus large de biens (diversité) à un prix plus faible que s'ils étaient fabriqués dans le pays même. Quantitativement, cet effet est considérable, et peut être appréhendé en additionnant les gains des consommateurs à l'achat de produits textiles chinois. Le second bénéfice profite aux détenteurs du capital, qui obtiennent un meilleur rendement de leurs capitaux.

Les pays riches vivent en revanche la délocalisation de leurs industries intensives en main-d'œuvre peu qualifiée, ainsi que de la concurrence accrue entre pays riches eux-mêmes. Quantitativement peu importants, ces effets posent cependant des problèmes du fait qu'ils sont localisés, touchant particulièrement certains individus ou certaines régions, alors que les gains sont répartis sur l'ensemble de la population. Ceci dit, la part de la population active en concurrence avec la main-d'œuvre peu qualifiée des pays en voie de développement n'est seulement que de 3%.

Cependant, les niveaux scientifiques et technologiques de la Chine et de l'Inde se rapprochent très vite des standards occidentaux, et la qualité des télécommunications font que la concurrence directe des populations actives concerne maintenant les classes moyennes (délocalisation des centres d'appel par exemple), et les ingénieurs (tous les grands groupes de logiciels ont une antenne en plein essor en Inde).

Certaines études quantitatives économétriques tentant d'évaluer ces deux aspects seraient arrivées à la conclusion que les gains des pays riches à la division internationale du travail sont supérieurs aux pertes (délocalisations, désindustrialisation). Le problème des pays riches face à la mondialisation économique serait donc avant tout un problème de répartition de gains afin de pouvoir indemniser les perdants en leur accordant une part des gains proportionnée à leur perte.

Toutefois certains contestent ces études, leur objectivité, leurs auteurs et leurs conclusions. Ces opposants estiment pour leur part que la mondialisation n'a pas été porteuse de croissance en Europe, qu'elle aurait plutôt été génératrice d'iniquités et de dégâts environnementaux, de concurrence désastreuse (de leur point de vue) entre États en matière de réglementation, de protection sociale, de fiscalité et d'éducation, aboutissant à un dumping social et à l'inefficacité locale des mouvements sociaux (le pouvoir politique de proximité ne pouvant leur donner satisfaction). Selon cette analyse la mondialisation ferait obstacle à la "lutte des classes" et risquerait à terme de détruire les protections sociales mises en place dans les États développés.

Nouveaux pays industrialisés

Jusqu'à la crise asiatique, les nouveaux pays industrialisés semblaient les grands gagnants de la mondialisation économique. Profitant d'une main d'œuvre qualifiée et à faible coût, ils ont bénéficié d'investissements très importants en provenance des pays riches comme l'aide financière apportée au Japon par les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, ce qui leur a permis de construire une économie moderne et un système de formation solide, de sortir de la pauvreté. La crise asiatique a cependant montré l'étendue de leur dépendance à l'égard de marchés financiers prompts à l'emballement spéculatif comme à la panique.

Le bilan de la mondialisation économique pour ces pays est ainsi très contrasté, avec d'un côté des pays, comme la Corée du Sud ou Taïwan définitivement classés parmi les pays riches, d'autres, Thaïlande, Philippines, ont du mal à se remettre de la volatilité des investissements, et d'autres encore bénéficient très largement de la mondialisation au niveau du pays, mais avec une répartition très inégale de ces gains (Brésil, Chine).

Pays pauvres

Au niveau économique, les pays les plus pauvres restent largement en dehors du processus de mondialisation. Celui-ci requiert en effet des institutions stables, un respect du droit de la propriété privée, une absence de corruption ainsi qu'un certain développement humain (santé et éducation) que ne présentent pas la plupart de ces pays. Leur ressource économique principale, l'agriculture, reste dominée par les stratégies protectionnistes des pays riches, sauf pour les cultures propres aux pays pauvres.

Aspects financiers

Le NASDAQ, sur Times Square de nuit (New York)

Après la Seconde Guerre mondiale les marchés financiers étaient réglementés nationalement et cloisonnés. Sous l'influence des différents acteurs mais aussi du FMI et de la Banque mondiale (consensus de Washington) les marchés ont subi une triple évolution dite « les trois D » : déréglementation (abolition des contrôles des changes et des restrictions aux mouvements de capitaux), désintermédiation ou accès direct des opérateurs aux marchés financiers sans passer par des intermédiaires et décloisonnement (éclatement des compartiments qui existaient). À partir de la fin des années 1970 un marché intégré des capitaux s'est peu à peu mis en place à l'échelle mondiale.

Au-delà des aspects géographiques c'est donc une nouvelle logique financière qui s'est instaurée, c'est pourquoi les spécialistes parlent plutôt de « globalisation » financière que simplement de mondialisation. On peut dire qu'aujourd'hui une sphère financière globalisée existe eu sein de l'économie mondiale.

La mondialisation introduit une explosion sans précédent dans l'histoire des flux financiers à l'échelle du monde, qui est engendrée en grande partie par les facilités d'échanges informatiques sur la Toile.

La globalisation financière a favorisé le financement des entreprises et celui des balances des paiements. En supprimant les obstacles à la circulation du capital elle a donné une impulsion sans précédent aux marchés financiers. Force est cependant de constater que les vrais gagnants au jeu de la finance internationale moderne sont surtout les firmes multinationales, les Trésors publics, les établissements de crédit et les investisseurs institutionnels.

Les risques liés au développement des marchés financiers sont nombreux :

  • Contrairement à la logique industrielle la logique financière privilégie le court terme ;
  • La volatilité des marchés s'est accrue, entraînant une instabilité des taux d'intérêts et des taux de change ;
  • Les risques systémiques engendrés soit par des pertes économiques importantes ou par une perte de confiance se transmettent plus facilement à l'ensemble de l'économie (théorie des dominos) provoquant alors des difficultés financières, des faillites, l'effondrement du prix de certains actifs, etc.

La globalisation financière a donné naissance à des risques nouveaux en engendrant des instabilités nouvelles. La question de la maîtrise de cette globalisation se pose aujourd'hui avec acuité car les États et les institutions (FMI, Banque mondiale…) ont montré leur impuissance lors de crises importantes.

Une régulation mondiale semble pour l'instant inaccessible : faut-il mettre en place une taxation comme le préconise James Tobin ? Peut-on réformer les institutions internationales ? Faudra-t-il une crise systémique majeure pour que les États trouvent un terrain d'entente ?

Aspects culturels

L’anglais dans le monde. En bleu foncé, les pays où l'anglais est officiel ou de facto officiel. En bleu clair, pays où il est langue officielle (sauf au Québec) mais pas la première langue parlée.
McDonald's à Shanghaï / À la pointe des associations d’idées que le ressentiment relie à l’américanisation, le phénomène de McDonaldisation de restauration rapide, qui lui-même a produit un vocabulaire propre aux États-Unis : les (en)McWords.

L'accès d'un nombre croissant d'individus à des réseaux d'information et de communication communs conduit à deux effets :

  • Le premier est une prise de conscience accrue de la diversité culturelle et de l'interdépendance de l'ensemble des individus. Du fait de la multiplication des sources d'information, cela s'exprime par une meilleure connaissance de l'environnement et des enjeux mondiaux. Le patrimoine culturel mondial change de visage : L'Unesco en dresse une image plus documentée (liste Mémoire du monde) et plus vivante (patrimoine oral et immatériel de l'humanité). Des cultures minoritaires (amérindiens, bushmen) ont ainsi pu trouver une visibilité nouvelle, tandis que les questions à dimension internationale voient la montée en puissance des ONG comme acteurs de premier plan. De même, le fort brassage des courants religieux et philosophiques a stimulé l'œcuménisme et le dialogue interreligieux. Mais inversement, des communautarismes identitaires fondés sur un refus du relativisme et l'affirmation de la supériorité d'une culture sur les autres, se sont développés de manière concomitante.
  • Le deuxième est l'émergence d'une sorte de « culture commune » marquée notamment par le recours à un « anglais de communication » (parfois appelé globish, pour global english), version appauvrie de la langue anglaise, des références culturelles américaines ou occidentales portées par des produits culturels (cinéma, musique, télévision, informatique) ou des modes de vie (sports occidentaux, cuisine italienne, chinoise…). Certains y voient un risque d'appauvrissement de la diversité culturelle, voire la domination d'une certaine conception des rapports économiques et sociaux. Le terme de civilisation universelle est en soi objet de polémique. Certains auteurs, y compris dans le monde anglo-saxon, n'hésitent pas à parler d'un impérialisme linguistique de l'anglo-américain.

Certains auteurs n'hésitent pas à évoquer une conflictualité, une guerre d'influence véhiculée par la culture, en vue d'accroître la suprématie idéologique des protagonistes; à l'instar de Daniel Lindenberg, par exemple, qui déclare: "la guerre culturelle, théorisée par les néo-conservateurs, ne fait que commencer".

Aspects institutionnels et politiques

La mondialisation, accordant dans son mode de régulation un primat à l'international sur le national, peut être lue comme une accélération d'un phénomène mondial d'intégration économique commencé dès le XVIe siècle, processus inégal sur le plan géographique et progressif à l'échelle temporelle. Elle crée de nouveau défis d'organisation institutionnelle et de répartition des pouvoirs politiques à l'échelle du monde.

Une certaine marginalisation des États

Les outils traditionnels de la politique publique, fiscalité et réglementation, perdent de leur efficacité dans un environnement mondialisé. Leur application demande alors la coopération de plusieurs États, toujours délicate à obtenir et à maintenir.

La mondialisation génère des agents économiques, des moyens d'information et des flux financiers dont l'ampleur échappe au contrôle de la structure des États-nations. De ce fait, la plupart des gouvernements déplorent leur impuissance face à ces phénomènes tant que les relations internationales ne sont pas réglées par d'autres règles que l'intérêt des États. Au niveau européen, il faut noter l'existence d'une certaine volonté d'harmoniser les comptabilités nationales, en vue de définir une typologie normalisée des agents économiques en unités institutionnelles et en secteurs institutionnels.

Un rôle en devenir des acteurs transnationaux

L'accélération récente de la mondialisation entraîne une diversification et une autonomisation des acteurs transnationaux. Elle impose aux organisations internationales (Banque mondiale, FMI, OCDE, Forum de Davos, G8) de redéfinir leurs discours et leurs actions.

Des ONG (organisations non gouvernementales) tentent de combler ce vide, mais elles manquent de légitimité pour prétendre représenter les citoyens du monde, sont souvent marquées par des idéologies partisanes et souffrent d'un grand manque de transparence dans leur fonctionnement comme dans leur action.

De leur côté les syndicats ont compris l'intérêt d'aborder la question du travail selon une approche mondialisée, en se regroupant dans une Confédération syndicale internationale.

Aspects humains et sociaux

Aujourd'hui, environ 3% de la population mondiale vit en dehors de son pays de naissance. C'est environ 200 millions d'immigrants qui ont quitté leur pays natal, en tenant compte des 6 milliards d'habitants dans le monde.

Migrations

Les flux humains de migration permanente sont les grands oubliés de la mondialisation. En 2002, les États-Unis accueillaient le nombre d'immigrants le plus important de son histoire mais leur proportion au regard de sa population est moindre que celle des années 1920. Dans l'ensemble du monde, les mouvements de population sont quantitativement faibles. La mobilité internationale durable reste le sort des plus défavorisés, déplacés par les guerres, ou l'apanage des mieux formés à la recherche de la meilleure rémunération pour leurs compétences.

Inégalités de revenus

Inégalité des revenus au sein des pays, mesuré par le coefficient de Gini

La mondialisation met en évidence des inégalités de revenus à l'intérieur des pays développés (dirigeants / employés, travailleurs qualifiés / travailleurs non qualifiés) et entre pays développés, pays en développement et pays pauvres.

Encore, cette inégalité de revenus ne doit pas cacher le fait qu'elle reflète le plus souvent des différences considérables dans les modes de vie.

Tourisme

Top 10 en 2001

La hausse de niveau de vie et la baisse des coûts de transport ont largement contribué au développement du tourisme international qui est passé de 25 millions de personnes en 1950 à 500 millions en 2000. Toutefois, le tourisme international est essentiellement composé de ressortissants de pays riches visitant d'autres pays riches (les pôles récepteurs et les pôles émetteurs). Le tourisme en direction des pays pauvres est le plus souvent concentré sur un petit nombre de localisations, avec un effet assez faible sur le développement d'ensemble du pays d'accueil.

Aspects écologiques

La « courbe environnementale de Kuznets »
La description de ce phénomène controversé constaté dans les pays riches, voire certains pays en voie de développement comme la Chine récemment, est permise par une courbe en U inversé (pollution locale en ordonnée et revenu par habitant en abscisse)

Les risques écologiques sont également en partie globalisés et menacent les grands équilibres. Certains aspects des crises écologiques prennent une dimension mondiale, notamment le changement climatique et ses différentes caractéristiques : effet de serre, risque de perturbation des courants marins, perte de biodiversité, déforestation, etc.

La prise de conscience de la crise écologique a poussé les scientifiques à penser l'écologie globalement, selon la formule de René Dubos (« penser globalement, agir localement ») : les experts de l'écologie globale parlent d'écosphère, de biosphère, ... Poussés par les ONG, les dirigeants du monde se réunissent lors de sommets de la Terre pour définir des politiques de développement durable. Ces politiques ont des transpositions sur les territoires et les entreprises, cherchant à croiser les trois aspects que sont l'environnement humain, le social, et l'économique.

Certaines approches tendent à appréhender les risques globalement selon leurs caractéristiques écologiques, sociales ou économiques : protocole de Kyoto, modèles climatiques et travaux du GIEC, normes sur les risques globaux (se traduisant par des bases de données mondiales accessibles sur la Toile), etc.

La prise de conscience de l'unicité de la planète face aux problèmes des ressources est une caractéristique fondamentale de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle. Plusieurs événements ont en effet marqué ce début de millénaire sur les plans économique, écologique et sociétal. Les questions écologiques engagent désormais la responsabilité des entreprises. Elles trouvent leur expression dans le développement des Organisations non gouvernementales (WWF, Médecins sans frontières, etc.), qui deviennent des interlocuteurs des entreprises, parmi d'autres parties prenantes.

Ces enjeux de globalisation entraînent la nécessité de politiques d'innovation, dans lesquelles les connaissances et la propriété intellectuelle ont encore plus d'importance que les outils de communication pure.

Page générée en 0.412 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise