C'est alors qu'elle fait son apprentissage de chercheur et d'écrivain en préparant puis en publiant en 1952 l'important ouvrage Les journaux intimes aux Presses universitaires de France dans la collection Caractères, caractérologie et analyse de la personnalité que dirigeait René Le Senne et dans laquelle Gaston Berger venait de publier en 1950 son célèbre Traité pratique d'analyse du caractère.
C’est dans cet ouvrage qu’elle écrivait : « Dans la suite de l’ouvrage, nous ferons couramment usage du terme Diariste pour désigner un auteur de Journal ; sans méconnaître que ce néologisme peut prêter à critique, nous croyons qu’il se justifie à plus d’un titre… On peut rapprocher Diariste du vieux français « Diaire » parfois usité comme adjectif (cf. Littré), mais qui désigna aussi le Livre de raison, régulièrement tenu dans certaines familles d’autrefois. On est en droit de regretter que ce terme soit tombé en désuétude, car son usage, s’il avait persisté, n’eût autorisé aucune confusion avec le journal, organe de presse. Mieux partagés que nous à ce point de vue, les Allemands et les Anglais disposent de termes distincts pour dénommer, d’une part le quotidien d’information : Tageblatt, newspaper, et d’autre part le journal intime : chez les premiers Tagebuch, et chez les seconds diary, journal ou note-book, dont l’auteur est appelé diarist. Il nous a paru légitime de franciser ce dernier terme de même étymologie latine que notre « diaire » et que le diaro italien.
La sortie de l'ouvrage Les journaux intimes préfacé par son maître René Le Senne fut l'objet d'un long article paru dans le Monde daté du 7 janvier 1953, et intitulé Diaristes et journaux intimes. Son auteur Émile Henriot, membre de l'Académie française, se félicitait de la création de ce néologisme.
Dans les six premiers chapitres, Michèle Leleu caractérisait les auteurs de journaux intimes selon les schèmes de la caractérologie tels que les avait établis René Le Senne. Cette œuvre précoce, si neuve, est à la fois sobre et très richement documentée : elle condense une masse de lectures. Malgré le carcan imposé par la classification caractérologique, ces pages studieuses abondent en analyses déliées, auxquelles le sujet se prête. Sur la culture psychologique et littéraire se reflète discrètement la préoccupation spirituelle dominante, la quête de l'âme. A la fin de sa vie, Michèle Leleu eut l'occasion de revenir à cet ouvrage de jeunesse à l'occasion d'une série de 8 émissions qu'elle donna sur France-Culture en avril 1973 avec Jérôme Peignot.
Un nom apparaît souvent, et comme avec prédilection, dans Les journaux intimes : Charles Du Bos. Déjà elle était attirée par le grand critique converti au catholicisme dont l’œuvre joua un rôle si important dans ses travaux futurs, d'abord pour l'intérêt de son journal et aussi par ce que l'on pourrait appeler sa philosophie du journal intime. Envisageant la préparation d'une thèse de doctorat d'État, Michèle Leleu déposa en 1956 à la Sorbonne le sujet intitulé "Approximation et certitude dans la pensée et l’œuvre de Charles Du Bos".