Méthodes d'arrêt du tabagisme - Définition

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Introduction

En suivant la définition de l'OMS (1975), la dépendance au tabagisme est considérée comme installée dès qu'un consommateur consomme quotidiennement, ne serait-ce qu'une seule fois du tabac. Chez ces consommateurs ayant perdu la liberté de consommer occasionnellement du tabac, le souhait de s'affranchir de la dépendance au tabagisme est majoritaire. Ainsi en Grande-Bretagne 78 % des fumeurs aimeraient être non-fumeurs à l'horizon d'un an et 80 % ont fait une tentative dans les 5 dernières années (et déjà 75 % dans la tranche des 16-25 ans)..

Plusieurs façons de procéder sont envisageables pour s'affranchir du tabagisme considéré ici comme un comportement de dépendance et non comme une maladie. Certaines sont évaluables scientifiquement suivant les critères rigoureux de la biomédecine et peuvent être recommandées aux professionnels de santé : leur efficacité reste modeste, inférieure à 30 %. Différentes alternatives ne sont pas évaluables avec ces critères et s'adressent a priori à des publics en bonne santé. Elles sont très usitées aussi, la plus courante étant l'arrêt franc.

Cet article traite essentiellement de la cessation du tabagisme induit par inhalation de la fumée, d'autres origines plus rares (chique, prise) existent.

Arrêt franc

Chez la personne dépendante, fumer soulage pendant quelques temps un manque imperceptible, assimilé subjectivement à une souffrance. La démarche classique d'arrêt consiste a éteindre une dernière cigarette et à être suffisamment déterminé et confiant pour ne plus jamais avaler à nouveau de la fumée. L'arrêt franc, c'est-à-dire sans aucune aide extérieure, est la voie ayant conduit au succès plus de 9 anciens fumeurs sur 10.

Les fumeurs qui arrêtent franchement acceptent en général de subir quelques jours déstabilisants : les effets du sevrage sont temporaires et bénins (hors terrain pathologique avéré). Passés huit jours les "envies" de fumer s'espacent et se surmontent de plus en plus aisément : ceci accroit la confiance en soi, d'autant que l'on ressent très vite les bénéfices de l'arrêt. Passées trois semaines, les envies ne sont plus causées par un besoin physique et, sauf obsession, prennent un caractère occasionnel.

L'arrêt franc prend en compte le constat que le désir de fumer reste durablement gravé en mémoire : on ne peut faire l'économie d'apprendre à y faire face pour en être protégé, ce que favorise cette démarche. Ce désir est une pensée qui peut se formuler ainsi : "en fumant, je vais éprouver du plaisir". Compte tenu des aléas de la vie, il est probable qu'un jour ce désir se manifeste à nouveau d'où le risque de récidive : une bouffée de fumée de tabac suffit à réactiver la dépendance.

Il est possible d'éviter les prises de poids catastrophiques et de réduire l'agressivité et l'obsession de l'envie de fumer, etc. en prenant connaissance des effets complexes du tabagisme et des mécanismes de la dépendance contre lesquels la volonté est généralement impuissante.

La probabilité de parvenir à s'abstenir de fumer durant un an ou plus par arrêt franc s'élève à 6,4 %.

Remèdes non médicamenteux

Les limitations de la prise en charge médicale pour une abstinence durable

La prise en charge médicale de l'arrêt du tabagisme se heurte à quatre limitations :

  1. Attentant au sentiment identitaire du fumeur et culpabilisant, le discours sanitaire n'est pas audible par le fumeur dépendant, quand bien même il serait parfaitement compris et accepté par les non fumeurs.
  2. L'observance des traitements est faible : beaucoup cessent leur tentative avant la fin de la durée prescrite, à cause des effets secondaires ou par constat d'inefficacité.
  3. Les stratégies médicamenteuses se sont avérées peu probantes : 10 à 25% d'arrêt confirmé à un an du début du traitement, soit de une chance sur quatre à une chance sur dix ; c'est l'accompagnement par le professionnel de santé qui contribue le plus au succès.
  4. La prise en charge se limite à la période de sevrage. La majorité des récidives a lieu de façon différée.

La faible efficacité des pharmacothérapies d'aide au sevrage recommandées aux professionnels de santé explique la popularité d'alternatives non médicales.

Échappant aux méthodes d'observation et de validation des faits imposées par la démarche scientifique et expérimentale de la biomédecine (comparaison contrôlée à un placebo par ex.), les méthodes alternatives ne peuvent être recommandées aux professionnels de santé. Cela n'empêche pas que certaines d'entre elles puissent démontrer sur le terrain de remarquables résultats avec des taux d'abstinence à un an atteignant une chance sur deux.

Thérapies comportementales et cognitives (TCC)

Ces thérapies présentent l'avantage de permettre une validation scientifique objective. Elles améliorent les résultats du traitement médicamenteux de la prise en charge médicale.

L'emphase en France étant mise sur l'approche médicale en centre de tabacologie spécialisé, les TCC restent peu pratiquées (en 2010) pour le sevrage tabagique.

Hypnothérapie

L'hypnose agit en réduisant l'envie de fumer, en augmentant le désir d'arrêter, en renforçant les ressources inconscientes visant à l'arrêt du tabagisme et au maintien de l'abstinence.

Le déroulement classique du psychiatre américain Herbert Spiegel comporte trois suggestions essentielles:

1) la fumée de tabac est un poison 2) le corps mérite d'être protégé de la fumée 3) il est possible et agréable de vivre sans fumer

Ce type de suggestion n'implique pas un rapport hiérarchique au thérapeute : le client est invité à participer à sa propre thérapie et à apprendre l'auto-hypnose. Une ou deux séances suffisent généralement.

L'hypnose (médicale ou eriksonniennne) est reconnue et enseignée en faculté de médecine. Si elle ne fait pas partie des pratiques médicalement validées pour l'arrêt du tabac, il n'a pas été non plus démontré qu'elle n'était pas efficace... En pratique la plupart des intervenants en tabagisme ont recours à une forme ou une autre de suggestion vers l'inconscient du fumeur.

Homéopathie

Il s'agit d'un méthode douce et lente. Le fumeur doit s'investir de patience. La solution de l'homéopathie consiste à combattre le mal par le mal en utilisant la substance active qui provoque le phénomène de dépendance. Le traitement par homéopathie est différent pour chaque cas et parmi les plus courant on peut trouver :

  • Tabacum : plante fraîche du tabac
  • Nux vomica : noix vomique
  • Anacardium Orientale : fève de malac
  • Gelsemium sempervirens : jasmin de Virginie
  • Lobelia inflata : tabac indien
  • Staphysagria : staphisaigre

Les avantages de l’homéopathie sont nombreux ; le traitement est remboursé par la sécurité sociale, il est simple et facile à suivre et il y a possibilité de l’associer à d’autres méthodes de sevrage. Il limite également la prise de poids, endigue les besoins de manger, de stress et ne provoque pas d’effets secondaires.

Cependant cette méthode est peu adaptée en cas de forte dépendance au tabac et son efficacité n’a pas été établie scientifiquement. De plus, elle est classée par la Haute Autorité de Santé comme non validée.

Acupuncture

L'acupuncture est utilisé dans l'arrêt du tabagisme et utilise les principes traditionnels chinois. Des procédés dérivés comprennent l'acupression, le laser et la stimulation électrique.

L'examen d'essais comparant acupuncture active et acupuncture simulée (en positionnant les aiguilles dans des endroits autres que ceux réputés sensibles) n'a pas fourni la preuve que l'acupuncture ou les techniques connexes augmentent le taux de succès à l'arrêt du tabagisme. Cependant, l'acupuncture peut être préférable à ne rien faire, du moins à court terme ; et il n'y a pas assez d'éléments de preuve pour écarter la possibilité que l'acupuncture puisse avoir un effet supérieur au placebo.

Pratiquée par des personnes expérimentées, cette technique peut donner de bons résultats. Des intervenants en entreprise (siège sociaux de Bosch France et Danone) sont parvenus à plus de 40% de réussite à 12 mois. Il n'est donc pas fondé de prétendre que l'acupuncture n'est pas une aide efficace. Cette technique est pénalisée, comme de nombreuses autres, par la difficulté technique et financière de monter des études conformes aux critères acceptés comme indispensables pour l'élaboration d'une vérité scientifique et indépendante des qualités personnelles du thérapeute.

Auriculothérapie

L'auriculothérapie est une méthode thérapeutique du domaine des réflexothérapies d'origine française, dont les effets sont dus à une action de type neurologique.

Elle consiste en la pose d'aiguilles stériles (à usage unique), dites "semi-permanentes", en des points précis de l'oreille qui deviennent détectables chez les fumeurs quand ceux-ci se sont abstenus de toute consommation depuis 6 heures au moins. La stimulation de ces points par des voies neurologiques encore discutées entraine la disparition presque instantanée des sensations de manque.

Formations psychocognitives

Redevenir non fumeur relève d'un apprentissage, notamment de la capacité à faire face à une envie de fumer qui peut survenir des semestres ou des années après l'arrêt total de la consommation. Les sciences de l'éducation offrent un champ d'interventions psychocognitives, agissant d'une part sur la compréhension de l'addiction au tabagisme et d'autre part sur les motivations et désirs. L'approche psychocognitive déconseille les palliatifs pharmacologiques de confort qui atténuent la sensation de manque mais minorent l'indispensable entraînement à y faire face.

Méthode Allen Carr

La méthode Allen Carr, du nom de son auteur anglais, est basée sur la compréhension des mécanismes mentaux de la dépendance psychologique au tabagisme.

À la lecture de ses ouvrages, qui sont de vrais succès de librairie, ou à la suite de sessions de présentations en groupe, le fumeur peut réaliser la contradiction insoluble entre son désir de continuer à fumer et son souhait de s'affranchir de ce qui est devenu une dépendance. Il s'ensuit une sorte de révélation qui fait perdre sens et plaisir à continuer de fumer.

Une fois la dépendance psychologique appréhendée, la dépendance physique (syndrome de manque) ainsi que la dépendance comportementale (habitudes) ne font pas obstacle à l'abstinence durable selon cet auteur.

Allen Carr part de l'idée qu'une fois qu'on est devenu non fumeur, il faut apprendre à vivre toutes les situations que nous vivions auparavant, et cela passe par un apprentissage. Et qui dit apprentissage dit répétition. C'est donc ce qui est répété qui importe : si à chaque pensée de cigarette, la personne qui a arrêté se dit qu'elle doit résister et ne pas fumer, qu'ancre-t-elle ? L'idée de la cigarette plaisir ou aide. Allen Carr enseigne une méthode qui permet d'évoquer plutôt : "Quel bonheur de ne plus devoir prendre cette cigarette !" et ce chaque fois que l'envie de fumer survient.

Efficacité

Le succès de la méthode Allen Carr se mesure par le nombre d'exemplaires vendus, qui dépasse 700 000 en français (fin 2008), ce qui est considérable pour un ouvrage de santé. L'impact de ces ventes sur la facilitation de l'arrêt du tabac n'a cependant pas été mesuré.

Allen Carr a aussi développé un réseau international de centres franchisés dispensant sa méthode lors de sessions. Une particularité est que les intervenants sont, comme Allen Carr, d'anciens fumeurs. Il est proposé un remboursement aux clients qui ne se considèreraient pas satisfaits par la prestation fournie.

Allen Carr France annonce un taux de clients faisant jouer la garantie « satisfait ou remboursé » de l'ordre de 30 à 40 %.

Une équipe médicale universitaire de Vienne (Autriche) a mesuré qu'un an après la participation à un cycle de sessions, 53,3 % des participants étaient toujours non fumeurs passés 12 mois. Les mêmes universitaires ont confirmé ce chiffre dans une étude sur l'efficacité à 36 mois.

Apprentissage autodidacte

Il existe plusieurs ouvrages pratiques d'auteurs ayant arrêté la cigarette et expliquant comment cesser durablement de fumer. Le marché étant un indicateur de leur utilité relative, les listes des meilleures ventes grand public offrent une panorama permettant une pré-sélection.

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