Méthode Mézières - Définition

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Introduction

La méthode Mézières est un système de rééducation conçu par une kinésithérapeute française, Françoise Mézières (1909-1991). Aux yeux de nombreux professionnels, cette méthode a révolutionné la rééducation et apporté une nouvelle vision de la mécanique humaine. Des décennies après son apparition, elle fait encore débat et ses détracteurs sont nombreux.

Françoise Mézières (1909-1991)

Le contexte historique

Il convient de replacer l’œuvre scientifique de Françoise Mézières dans le contexte médical de l’époque.

Fruit de la Seconde Guerre mondiale et de l’épidémie de poliomyélite qui la suivit, la rééducation est naissante en 1945. L’optique de cette kinésithérapie originelle est dictée par la récupération de la force musculaire des grands blessés et des paralysés. Mais, dans les années qui suivent, cette option thérapeutique se transforme en pensée unique. Les douleurs, les dysfonctions sont attribuées à un hypothétique manque de force, les déformations sont causées par une improbable inaptitude à résister à la néfaste gravité. Le sens commun tient lieu de démonstration scientifique et le postulat se fait dogme. Les traitements ne consistent qu’à renforcer. Les divergences entre les différentes écoles se cantonnant à des points de détail, des variantes autour du thème sans cesse revisité de la musculation et du gain de force. Françoise Mézières fait ses études à l’Ecole Française d’Orthopédie et de Massage de la rue Cujas à Paris, sous la direction de Boris Dolto. Elle obtient son diplôme d’état à la veille de l’évacuation de Paris devant l’avancée des troupes allemandes. Elle y apprend les techniques de l’époque, en particulier la “gymnastique corrective”, fondée exclusivement sur le renforcement musculaire Au lendemain de la guerre, l’école de la rue Cujas retrouve sa trace et lui demande de venir enseigner. Au printemps 1947, alors qu’elle vient juste de terminer la rédaction d’un opuscule, une sorte de compilation de la gymnastique médicale de l’époque,elle fait ce qu’elle appellera par la suite son « observation princeps ».

Observation princeps

« Lorsqu'un fastueux matin de printemps 1947, nous vîmes entrer dans notre cabinet une patiente présentant une superbe "cyphose", nous étions bien loin de nous douter que notre profession et le sort de légion de malades allaient être changés. Il s'agissait d'un sujet longiligne, très grande et maigre. Un corset de cuir et fer avait causé, non l'enraiement attendu des progrès, décidément inexorables, de son mal, mais des ecchymoses sur les hanches et autour des épaules, et encore sept vertèbres étaient à vif ainsi que l'angle inférieur des omoplates. Mais la malade ne s'en plaignait pas et elle venait parce qu'elle ne pouvait plus lever les bras ni travailler. Nous essayâmes, naturellement, les exercices de " redressement " et le travail des dorsaux en vue de fortifier les " extenseurs " du dos, mais la raideur était telle que rien n'était possible. Étendant alors notre malade à terre, en décubitus dorsal, nous appuyâmes sur les épaules et nous vîmes, à notre stupéfaction, se produire une énorme lordose lombaire alors que, examinée debout, la malade ne présentait absolument qu'une cyphose dorsale. Pour éviter d'ajouter un mal à celui qui existait déjà, nous basculâmes le bassin en arrière en amenant les genoux sur l'abdomen et, à notre nouvelle stupeur, nous vîmes l'hyperlordose lombaire ainsi effacée se reporter à la nuque, la tête se renversant en arrière sans qu'il fût possible de ramener le menton près du cou. »

« La porte sur la vérité était, devant nous, grande ouverte mais nous refusions de nous y engager et, doutant de nos yeux, nous renouvelâmes plusieurs fois l'expérience et, finalement, devant une consœur. »

« Notre observation princeps était si inattendue, les faits constatés si surprenants pour un praticien pétri de théories orthodoxes, si admiratif envers ses maîtres qu'il tenait, jusque-là, pour de vrais savants, qu'il n'en voulut pas croire ses yeux. Mais l'insolente vérité était si évidente qu'il chercha alors, désespérément, à y voir une exception qui aurait confirmé la sacro-sainte règle. Il fallut se résigner au sacrilège et reconsidérer les bases de l'orthodoxie. Restait à dégager les lois de cette physiologie absolument méconnue, en découvrir les mécanismes. Alors succédèrent aux affres de l'apostasie les délices de l'hérésie. C'est en effet une ineffable joie que de vérifier à chaque instant, et de mille façons, le bien-fondé d'une théorie, telle qu'elle explique lumineusement les causes de tous les dysmorphismes et sur quoi peut être édifiée une technique à coup sûr curative. »

Dans les années qui suivent, elle vérifie que son observation princeps a valeur scientifique, c’est-à-dire qu’elle se reproduit immanquablement dans les mêmes conditions d’expérimentation. En 1949, elle publie « Révolution en gymnastique orthopédique », un article fondateur qui reçoit un accueil mitigé, pour ne pas dire franchement hostile, de la part du monde médical français. Elle quitte la rue Cujas et s’installe en libéral pour mettre en pratique ses principes et continuer sa recherche. Ce n’est que bien plus tard, en 1984, qu’elle énoncera les 6 lois qui expliquent les phénomènes observés lors de l’observation princeps de 1947. Elle élabore une méthode qui, bien que balbutiante, est déjà à ses yeux, plus efficace que les techniques classiques qu’elle enseignait elle-même peu de temps auparavant. Faute de mieux, elle donne son propre nom à sa méthode naissante.

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