Merle noir - Définition

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Systématique

Descriptions anciennes et classification

Le merle noir, espèce communément répandue de l'Ancien Monde, est mentionné et décrit dans de nombreux textes anciens. Il est cité par Aristote sous le nom de Cottyphus (Κοττύφος) au dix-huitième chapitre du neuvième Livre des Animaux comme la principale espèce de merle. Nommé en latin merula, ce qui donnera directement en français merle, Varron fournit comme explication étymologique un diminutif de mera : Merula est le quasi mera, le « presque seul », celui qui ne vole pas en groupe, ce qui rend bien compte du caractère solitaire de cet oiseau.

En 1555, Pierre Belon dans l'Histoire de la nature des oiseaux en dit notamment que « Chacun sait qu'il est de couleur noire, et que son bec devient jaune en vieillissant… » et plus loin que « Les médecins tiennent qu'il engendre bonnes humeurs, acomparants la chair à celle de la Grive aussi ont maintenant coutume de concéder aux malades d'en manger, l'estimant de facile digestion. ».

Le très commun Merle noir est naturellement recensé par Carl von Linné dès 1746 dans son ouvrage sur la faune de Suède, Fauna Svecica. Il y est répertorié sous l'appellation Turdus ater, rostro palpebrisque fulvis qui signifie « grive noire, au bec et aux paupières jaunes ». Il est d'ores et déjà regroupé avec les grives dans le genre Turdus, conformément à cet égard au sens de son nom en suédois koltrast, la “grive de charbon”.

Dans l'édition de 1758 de Systema Naturae, qui établit la généralisation de la nomenclature binominale, Linné lui donne enfin le nom scientifique qu'il a toujours conservé jusqu'à présent : Turdus merula, en apposant au nom de genre Turdus, la “grive” en latin, le nom d'espèce merula, le “merle” dans la même langue. Ce qui lui servait de longue appellation savante précédemment ne devient plus alors qu'une simple description. Linné ajoute que le Merle noir dissémine les graines de genévrier.

Le Merle noir appartient au genre Turdus, avec les grives et d'autres espèces de “merles”. La différenciation entre les merles et les grives ne repose pas sur des fondements biologiques ; elle est purement culturelle et linguistique, et diffère selon les langues.

Les oiseaux du genre Turdus ont été, dès les premières classifications de Linné, à l'origine de la création de la famille des Turdidae dont ils forment le genre-type. Mais sur la base d'une vaste étude génétique générale des oiseaux menée dans les années 1970 et 80, mesurant l'hybridation de l'ADN et menant à une nouvelle classification taxinomique dite de Sibley-Ahlquist, des ornithologues américains ont intégré ce groupe dans la famille des Muscicapidae. L'ancienne famille des Turdidae passe alors au rang de sous-famille, celle des Turdinae. Cependant la fiabilité de la méthodologie utilisée par Charles Gald Sibley et Jon Ahlquist et la pertinence des résultats déduits est contestée par une large part des spécialistes en ornithologie. Dans des classifications plus récentes, notamment celle de Jim Clements, la famille des Turdidae est pleinement rétablie.

Autres merles

Parmi les 65 espèces environ du genre Turdus, caractérisées par une taille moyenne, des têtes rondes, de longues ailes pointues et des chants généralement mélodieux, plusieurs sont aussi appelées en français “merles” comme le Merle à plastron (Turdus torquatus) ou le Merle d'Amérique (Turdus migratorius). Le Merle noir semble en particulier être très proche, au niveau phylogénique, du Merle des îles (Turdus poliocephalus), oiseau du sud-ouest de l'océan Pacifique, qui a probablement divergé au point de vue évolutif très récemment des populations de Turdus merula.

D'autres espèces de proche parenté sont également appelées couramment “merles” comme par exemple le merle de roche (Monticola saxatilis), mais d'autres “merles” appartiennent à des familles plus éloignées, comme le merle d'eau ou Cincle plongeur ou encore le merle des Indes ou Mainate et sont surnommés ainsi en raison de ressemblances avec le Merle noir par la taille, la couleur, le chant ou le régime alimentaire.

Sous-espèces

Classification
Avibase Peter Clement
Selon Avibase, il existe 14 à 16 sous-espèces de Turdus merula :
  • Turdus merula merula
  • Turdus merula azorensis
  • Turdus merula cabrerae
  • Turdus merula mauritanicus (y compris Turdus merula algirus)
  • Turdus merula aterrimus
  • Turdus merula syriacus (y compris Turdus merula insularum)
  • Turdus merula intermedius
  • Turdus merula mandarinus
  • Turdus merula sowerbyi
  • Turdus merula nigropileus
  • Turdus merula spencei
  • Turdus merula bourdilloni
  • Turdus merula kinnisii
  • Turdus merula buddae

Turdus simillimus et Turdus maximus, citées comme espèces à part entière, sont considérées comme sous-espèces par certains auteurs.

Selon Clement, il y en a 15 :
  • Turdus merula merula
  • Turdus merula azorensis
  • Turdus merula cabrerae
  • Turdus merula mauritanicus
  • Turdus merula aterrimus
  • Turdus merula syriacus
  • Turdus merula intermedius
  • Turdus merula maximus
  • Turdus merula mandarinus
  • Turdus merula sowerbyi
  • Turdus merula nigropileus
  • Turdus merula spencei
  • Turdus merula simillimus
  • Turdus merula bourdilloni
  • Turdus merula kinnisii
Turdus simillimus et Turdus maximus sont considérées comme des sous-espèces

En fait, la taxonomie de cette espèce est assez complexe, surtout en ce qui concerne les sous-espèces asiatiques. Celles du sous-continent indien (T. m. simillimus, T. m. nigropileus, T. m. bourdilloni, T. m. spencei et T. m. kinnissi) sont de petite taille, seulement 19 à 20 cm de long, et les mâles ont un anneau oculaire large ; elles diffèrent aussi des autres sous-espèces de Turdus merula par leurs proportions, par leur surface alaire et leur envergure, par la couleur de leurs œufs et par leurs vocalisations. De fait, elles sont parfois considérées comme constituant une espèce séparée, le Merle indien (T. simillimus).
La sous-espèce himalayenne T. m. maximus est très différente des sous-espèces indiennes (le groupe simillimus cité plus haut), car ses représentants sont plus grands (23 à 28 cm de long) ; elle diffère en fait de toutes les autres sous-espèces de Turdus merula par son manque total d'anneau oculaire et par ses piètres vocalisations. Elle est donc parfois considérée comme une espèce à part entière, le Merle tibétain (T. maximus).
Les autres sous-espèces asiatiques, T. m. intermedius et T. m. mandarinus, relativement grandes, et T. m. sowerbyi, plus petite, sont elles aussi différentes par leur aspect et leurs vocalisations, et pourraient, selon certains auteurs, former une espèce distincte qui, une fois reconnue serait appelée Merle chinois et prendrait comme nom scientifique T. mandarinus. Certains auteurs ont suggéré qu'on pourrait les considérer comme une sous-espèce de T. maximus, mais ces merles en diffèrent par leur aspect (notamment par leur anneau oculaire) et par leurs vocalisations.

Les sous-espèces européennes, tout comme celles d'Afrique du Nord et du Proche Orient, se distinguent les unes des autres par des nuances de coloration du plumage. Le plumage des mâles des populations des Açores (Turdus merula azorensis), de Madère et des îles Canaries occidentales (Turdus merula cabrerae) et d'Afrique du Nord (Turdus merula mauretanicus) est d'un noir plus profond et plus brillant que celui des mâles d'Europe continentale (Turdus merula merula). De même, les femelles sont plus sombres puisque brun noir chez azorensis et cabrerae ou gris suie chez mauretanicus au lieu de brunes chez merula. Chez cette dernière sous-espèce, les oiseaux tendent à avoir des tailles un peu plus grandes et des ailes un peu plus longues du sud vers le nord. Les populations des îles méditerranéennes se singularisent par leur taille plus petite. En Suède, des mâles à gorge blanche et des femelles très rousses peuvent être observés. Dans le sud-est de l'Europe, les oiseeaux (Turdus merula aterrimus) sont plus pâles et plus gris. Du Proche Orient jusqu'à l'Irak et l'Iran, les mâles de la sous-espèce syriacus sont pâles et les femelles grises.

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