Méningite à méningocoques - Définition

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Contexte La méningite à méningocoques est une maladie redoutable. Elle apparaît soudainement, frappe surtout les jeunes et peut tuer en quelques heures. Même avec un traitement approprié, jusqu'à 20% des survivants gardent des séquelles permanentes importantes comme la surdité, l'épilepsie, la paralysie cérébrale ou le retard mental. L'apparition de nécroses tissulaires irréversibles peut également entraîner l'amputation d'un ou de plusieurs membres.,,,

Epidémiologie Contrairement à d'autres régions du monde où la méningite apparaît surtout sporadiquement sous forme de petits groupes de cas, l'Afrique sub-saharienne souffre d'épidémies explosives et répétées de méningite depuis plus de 100 ans. Entre 1998 et 2009, plus d'un million de cas ont été recensés dans la "ceinture de la méningite," une bande de terrain qui s'étend du Sénégal à l'ouest à l'Ethiopie à l'est, limitée au nord par le désert et au sud par la forêt tropicale, et dont la population est estimée à 450 millions de personnes. La plus grande épidémie de méningite de l'histoire a eu lieu en 1996-1997, avec plus de 250 000 cas et 25 000 décès rapportés sur le continent africain. Environ 85% des cas de méningite à méningocoques en Afrique sont causés par le groupe A, un groupe que l'on retrouve occasionnellement en Asie et très rarement dans les pays industrialisés.

D'après le chercheur et épidémiologiste Brian Greenwood, le profil saisonnier des épidémies de méningite à méningocoques en Afrique est l'un des exemples les plus remarquables en médecine de l'influence du climat sur une maladie infectieuse. Les épidémies commencent au début de la saison sèche, vers le mois de décembre, se développent rapidement et cessent à l'arrivée des premières pluies, vers le mois de juin. Sécheresse, poussière et vents de sable amenés par l'harmattan assèchent la barrière muqueuse protectrice, affaiblissant les défenses immunitaires et facilitant la propagation de la maladie. L'incidence peut rester élevée pendant 1 à 2 ans, culminant lors de pics saisonniers séparés par des périodes de rémission.

Depuis les années 1940, les vagues épidémiques surviennent tous les 8 à 12 ans, mais deux phénomènes troublants ont été observés depuis le début des années 1980: les intervalles entre les épidémies sont devenus plus courts et plus irréguliers, et la ceinture de la méningite semble s’étendre vers le sud et toucher des régions qui avait été épargnées jusque maintenant, comme l’Angola, le Burundi, la République démocratique du Congo, le Rwanda (région des Grands Lacs) et la Zambie. A ce stade, il n’est pas possible de dire avec certitude si ces changements sont réels ou s’ils sont le résultat d’une meilleure surveillance de la maladie dans la région.

Stratégies actuelles de lutte

La prévention et le contrôle des épidémies de méningite en Afrique sub-saharienne reposent depuis 25 ans sur une détection rapide de la maladie et sur la vaccination de masse de la population à risque avec des vaccins polyosidiques bivalents contre les groupes A/C ou trivalents contre les groupes A/C/W135. Il arrive cependant souvent que les approvisionnements en vaccins polyosidiques ne correspondent pas aux besoins des pays touchés par les épidémies et que les vaccins arrivent trop tard à destination. Les vaccinations ne peuvent donc commencer qu'en fin d'épidémie, et leurs effets sont souvent frustrants. Vu que les vaccins polyosidiques ne protègent pas les enfants de moins de 2 ans et qu'ils ne sont efficaces que pour une durée maximale de 3 ans, les campagnes de vaccination doivent être renouvelées à intervalles réguliers — une situation difficile compte-tenu des réalités économiques et des difficultés logistiques liées à l’administration de soins de santé en Afrique. De plus, les efforts de contrôle de ces épidémies pèsent lourdement sur les systèmes de sante et ont un impact négatif sur les programmes prioritaires. Enfin ces épidémies on un effet négatif sur le tourisme et les mouvements des biens et de personnes, y compris le pélérinage annuel à la Mecque.

En théorie, on estime qu’une campagne de vaccination lancée rapidement (trois à quatre semaines après le début de l’épidémie) permet d’éviter environ 70% des cas.

En pratique, cependant, il est difficile, voire impossible, de démarrer une campagne de vaccination réactive si rapidement car les pays africains éprouvent des difficultés à obtenir suffisamment de vaccins en temps voulu. Par exemple, une étude publiée en 2000 par Woods et al montre que les campagnes de masse réactives ont prévenu seulement 23% des cas et 16% des décès lors de l’épidémie de 1996-1997 au Ghana.

Impact économique des épidémies

Au niveau individuel, une étude socio-économique menée pendant l’épidémie de 2007 au Burkina Faso, a montré que chaque cas de méningite dans une famille génère une dépense soudaine d’environ 90 USD, ce qui représente trois à quatre fois le revenu disponible de la famille. Les familles disposant de faibles ressources basculent inexorablement vers un niveau de pauvreté supérieur. En outre, environ 25% des survivants souffrent de séquelles à long terme (surdité par exemple). Ils sont alors moins susceptibles de compter parmi les citoyens économiquement productifs et dépendent souvent d’une famille nombreuse connaissant déjà des difficultés financières.

Au niveau international, on estime que les pays de la ceinture de la méningite dépensent environ 20 millions de dollars par an pour faire face aux flambées de méningite. Les responsables africains de santé publique se sentent de plus en plus frustrés de devoir répondre aux épidémies de méningite avec des stratégies qui sont au mieux, modérément utiles, et au pire, inefficaces.

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