Membre fantôme - Définition

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Introduction

Classification internationale
des maladies
CIM-10: G54.6-G54.7

Le terme membre fantôme désigne le fait qu'une personne amputée d'un membre en ressente encore la présence, le plus souvent de façon douloureuse.

Historique

Depuis quelques décennies, la neurologie a montré que le cerveau était divisé en de nombreuses aires cérébrales, correspondant pour certaines aux modalités sensorielles. L'une des découvertes majeures contemporaines est le fait que cette organisation soit fortement définie par le génome et restera globalement constante durant la vie d'un individu. Cette découverte apporte une justification supplémentaire à l’idée qu’il ne se créait pas, chez l’adulte, de nouvelle connexion dans le cerveau ; phénomène également soutenu par la faible récupération post-traumatique des fonctions cérébrales.

Cependant, dans les deux dernières décennies plusieurs études sur les conséquences d'amputation dans la carte somato-sensorielle de l'adulte suggèrent que cette vision du système nerveux doive être corrigée. L'expérimentation chez l'animal a montré que cette carte pouvait grandement changer et est à l'origine d'un nouvel engouement pour l'étude des membres fantômes.

L'étude des membres fantômes fournit une opportunité de comprendre comment le cerveau construit une image du corps et comment cette image est continuellement réadaptée en fonction des stimuli sensoriels.

Le terme de « membres fantômes » a été utilisé pour la première fois par Silas Weir Mitchell (1871) qui en fourni la première description clinique claire. Les patients souffrant de ce phénomène ressentent encore un membre amputé, et dans certains cas des douleurs. Le terme est parfois utilisé pour désigner la dissociation entre la position ressentie et la position réelle du membre (anomalie proprioceptive). Dans ces différents cas, le patient sait que la sensation n'est pas réelle.

Les membres fantômes sont probablement connus depuis l'antiquité et il s'est développé tout un folklore autour. Lorsque Lord Nelson perdit son bras droit dans l'attaque ratée de Santa Cruz de Tenerife, il éprouva des douleurs; il considéra cette sensation comme une « preuve directe de l'existence de l'âme ». Depuis les premières descriptions de Mitchell (1872), il y a eu des centaines de cas, malgré tout le problème a toujours été considéré comme une curiosité et peu d'expériences portèrent sur le sujet. A contrario certains auteurs considèrent que c'est un excellent moyen pour comprendre l'organisation interne du cerveau et la plasticité chez l'adulte.

La première partie de l'article utilise en grande partie les travaux de Melzack (1992) qui a souligné que le rôle des nerfs du moignon dans la sensation fantôme, bien qu'important, faisait partie d'un ensemble plus complexe. En particulier, les fantômes ressentis par des personnes aplasiques, ne peuvent être expliqués par ce modèle. Cela suggère qu'une représentation « mentale » du membre persiste après amputation. La nature et l'origine de cette représentation ainsi que la capacité de modification par l'expérience sensorielle seront traitées dans la deuxième partie (en grande partie grâce aux travaux de V.S. Ramachandran).

Dans 70% des cas, la sensation fantôme reste douloureuse même 25 ans après la perte d'un membre. L'origine de la douleur fantôme n'en reste pas moins aussi mystérieuse que l'origine du fantôme lui-même.

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