Mascaron de Bordeaux - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Mascarons de Bordeaux

Les mascarons font une entrée timide à Bordeaux au XVIe siècle et XVIIe siècle puis la mode des mascarons explose au XVIIIe siècle.

L'écrivain bordelais Michel Suffran évoque « une ville entière de masques » et un « théâtre chimérique ».

Les XVIe et XVIIe siècles

Les premiers mascarons bordelais font leurs apparitions vers la fin du XVIe siècle. Le maître maçon Henri Roche les utilise pour ses hôtels particuliers comme l'hôtel Laubardemont et l'hôtel Martin. Les commanditaires apprécient les mascarons.

En 1605, les façades de l'hôtel Martin situé 43 rue du Mirail et construit pour Raymond Martin, accueillent les figures de faunes à la barbe végétale, de ménades, de gorgones, de sylvains et de satyres. Ces mascarons animent des façades nobles et austères de l'hôtel. En 1615, ce décor exhubérant abritera Marie de Médicis à l'occasion du mariage de son fils Louis XIII avec Anne d'Autriche le 21 novembre à Bordeaux.

Entre 1608 et 1612 le frère de Raymond Martin, Mathieu Martin, seigneur de Laubardemont fit lui aussi construire son hôtel, situé au 40, cours du Chapeau Rouge, par Henri Roche. Le contrat stipulait que les deux demeures auraient en commun la « façon avec les masques ». Quant à Mathieu Martin, il fut l'hôte lors du mariage royal de 1615 de Charles Ier de Guise.

Pour l'hôtel Lecomte, rue du Mirail, les mascarons représentent des visages humains ou grotesques. Un de ces mascarons serait à l'image de Marie de Médicis en mémoire de sa présence à l'hôtel Martin.

Les maisons dites flamandes du quai des Chartrons, construites vers 1680, présentent des mufles d'animaux qui se noient dans les pierres des ailerons. 

Le XVIIIe siècle

Un siècle d'or pour la ville de Bordeaux, cette prospérité provient essentiellement du port de la Lune qui va devenir un des premiers ports du royaume. La ville commerce le vin, mais aussi le sucre colonial et les esclaves.

Louis XV (1710-1774) envoie à Bordeaux des intendants de renom : Claude Boucher de 1720 à 1743, le marquis de Tourny de 1743 à 1757, Charles Robert Boutin de 1760 à 1770 et enfin Nicolas Dupré de Saint Maur entre 1776 et 1785. Des architectes interviennent à leurs demandes ; Jacques Gabriel et son fils Ange-Jacques Gabriel, Etienne Laclotte, André Portier, Victor Louis, Nicolas François Lhote, Louis Combes, Richard-François Bonfin...

La place Royale

Gabriel fait venir de Paris les sculpteurs qui décoreront la place et réaliseront les marscarons. Dans un premier temps, le flammand Jacques Verbeckt (1704 - 1771), qui est intervenu à Versailles, dirige Van der Woort et six sculpteurs. Entre 1733 et 1740, Van der Woort intervient sur les frontons de l'hôtel des Fermes, et son équipe s'attache à la décoration des façades avec des mascarons et agraphes, châpitaux des colonnes et pilastres, trophés et vases des balcons. Puis le sculpteur bordelais Pierre Vernet poursuit le travail. Enfin de 1748 à 1755, le sculpteur Claude-Clair Francin (1702-1773) réalise le fronton central et les quatre frontons de la Bourse, avec ses compagnons, il termine la décoration de la place.

Les hôtels particuliers

Les XIXe et XXe siècles

Fontaine du Parlement

Après la Révolution, l'architecture néoclassique préconise un retour à l’austérité après les excès du style rococo et ainsi limite l'utilisation du mascaron. Les élèments conservés sont souvent préfabriqués, ils perdent ainsi leur grâce ou leur faconde.

Le style néogothique succèdant au néoclassique, l'architecte Louis Garros réalise en 1865 la fontaine du Parlement. Celle-ci présente des mascarons qui délivrent l'eau de la fontaine.

C'est au milieu du XIXe siècle avec les grands travaux des années 1860 que les mascarons refont une apparition sur les constructions édifiées sur les voies nouvelles. Ainsi le cours d'Alsace et Lorraine réalisés de 1865 à 1870 offre une multitude d'exemples. Mais c'est rue d'Aviau, lorsque l'on transforme le jardin public en jardin anglais (1856 - 1858) que le maire de Bordeaux Guillaume-Henri Brochon missionne l'architecte Charles Burguet pour construire des maisons particulières. Le choix de ressusciter le style Louis XV s'exprime par des agrafes à l'étage et des mascarons sur les arcs des portes fenêtres des jardins.

Le goût pour le style Louis XV, encouragé par Burguet, persiste jusqu'au début des années 1900, ainsi la Bourse maritime située 1, place Lainé en est un exemple. Construite de 1921 à 1925, la Bourse du travail est une réplique du pavillon central de la place Royale édifié par Gabriel. Pour décorer ce pastiche, le sculpteur Gaston Veuvenot Leroux reproduit un des frontons de Francin et des mascarons de la place de la Bourse. Deux mascarons originaux reproduisent les visages des deux premiers présidents du port maritime de Bordeaux à savoir Georges Barres et Étienne Huyard.

Dans les années 1930, le style art-déco permet de retrouver les origines du masque antique avec une esthétique épurée. Ces mascarons seront les dernieres œuvres originales en la matière. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale le mascaron s'efface jusqu'à disparaitre des nouveaux bâtiments.

Toutefois de jeunes sculpteurs, comme le bordelais Matthieu Langlais, s'attachent à faire revivre aujourd'hui cet art du mascaron parmi leurs créations.

Page générée en 0.135 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise