Le marronnage est le phénomène par lequel des animaux domestiques relâchés ou échappés forment des populations vivant partiellement ou totalement à l'état sauvage.
Le mot vient de l'espagnol « cimarrón », qui servait d'abord à désigner les animaux domestiques retournés à l'état sauvage. Le terme est principalement employé pour la fuite d'un esclave en Amérique et aux Antilles (Nègre marron), et retrouve son utilisation initiale, en concurrence avec le terme féralisation (adjectif féral) qui est un anglicisme.
Les animaux domestiques échappés ou relâchés peuvent former des groupes vivant hors du contrôle direct de l'homme, mais réalimentés par de nouvelles recrues nées à l'état domestique. C'est fréquemment le cas des chiens en zone urbaine (Russie), ou rurale (chiens errants). Ces animaux ou leur progéniture peuvent être à nouveau adoptés par l'homme (chat haret ou chien). Il y a donc des échanges dans les deux sens avec la population domestique.
Dans le cas des abeilles, l'essaimage permet à des abeilles d'élevage d'adopter un logement naturel, et à l'inverse, un apiculteur peut capturer un essaim provenant d'une ruche sauvage. En dehors des lignées dont la reproduction et la sélection sont étroitement contrôlées, les abeilles sauvages et domestiques d'une région ne forment donc qu'une population.
Certaines espèces forment des populations sauvages issues d'animaux domestiques, tout en gardant une grande proximité avec l'homme, comme commensaux : c'est le cas des pigeons biset des villes. Ce qui n'exclut pas une colonisation d'espaces moins anthropisés (observée notamment en Grande-Bretagne pour cette espèce : des pigeons de ville issus d'animaux domestiques s'installent sur les falaises en zone rurale).
Le cas le plus typique est celui de populations vivant dans des espaces très peu anthropisés, et dont le lien avec l'homme se réduit à des captures éventuelles ou à la chasse. C'est fréquemment le cas des chevaux, des chèvres, et c'est celui des dromadaires en Australie. Cela n'exclut pas que les animaux capturés soient élevés à nouveau comme animaux domestiques.
Enfin il y a des marronnages très anciens, dont on a perdu la mémoire, l'espèce étant par conséquent souvent considérée comme sauvage sans restriction. Le mouflon corse par exemple a été introduit sur l'île à l'état domestique, ainsi que le Dingo en Australie (probabilité très forte).
Qu'une espèce soit prédisposée à la fuite ou non, qu'elle paraisse très dépendante de l'homme, le critère final du succès du marronnage est la pérennité des populations formées. Celle-ci dépend de leur capacité à s'établir et à se reproduire dans le nouvel environnement. Les populations marronnes durables s'observent fréquemment après leur introduction dans des régions où elles trouvent leur niche écologique vacante, ou occupée par des espèces indigènes qui semblent moins compétitives. On parle alors d'espèces invasives. A ce propos, le cas des Îles Kerguelen est très représentatif, notamment pour les introductions successives des lapins, puis des chats.
Néanmoins, les marronnages non pérennes ne laissent par nature pas de trace. La pintade par exemple s'échappe facilement ; elle ne forme pas de population sauvage en Europe.
Les chevaux sauvages aux États-Unis (mustangs) se sont maintenus jusqu'à présent tandis que les populations marronnes de vaches qui ont été importantes notamment en Amérique du Sud n'ont pas duré, probablement en raison de leur valeur plus élevée. Lorsqu'une espèce issue de marronnage est établie dans un territoire et n'a plus de lien direct avec l'homme, sa pérennité semble ne dépendre que de ce dernier, qui peut dans certains cas les éliminer par surchasse, recapture des animaux pour leur valeur propre ou par une volonté d'éradication pour des motifs économiques ou écologiques.