Marais poitevin - Définition

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Introduction

Marais poitevin
Coulon, quai Louis Tardy

L'ensemble que constituent le marais poitevin et la baie de l'Aiguillon (relique d'un ancien golfe marin) s'étend sur environ 100 000 hectares, à cheval sur trois départements (Vendée, Deux-Sèvres et Charente-Maritime) et deux régions (Pays de la Loire et Poitou-Charentes).

L'espace abandonné par l'océan au fil du temps s'est peu à peu comblé de sédiments, formant une grande étendue plane, dont l'altitude de 0 et 8 mètres (la moitié du marais se situant à moins de deux mètres) est à un niveau intermédiaire entre celui des marées hautes et des marées basses. Les marais desséchés couvrent une superficie d'environ 47 000 hectares. Les marais mouillés (dont la partie la plus orientale est qualifiée de Venise Verte) couvrent pour leur part une superficie d'environ 29 000 hectares, tandis que des marais qualifiés d'intermédiaires (ce qui signifie qu'ils sont imparfaitement desséchés) représentent environ 19 000 hectares.

Le 20 mai 2010, les marais mouillés de la Venise Verte obtiennent le Label « Grand site de France ».

Histoire

Formation géologique

L'espace aujourd'hui occupé par le marais poitevin fait initialement partie du plateau de calcaire jurassique du seuil du Poitou. La dernière glaciation de Würm entraîne une régression marine et une reprise d'érosion des cours d'eau de ce plateau (bassin versant de 535 000 ha), mettant à nu des formations marno-calcaires qui forment alors une cuvette tandis que subsistent des « buttes » calcaires plus résistantes. Cette cuvette est recouverte par la mer lors de la transgression flandrienne, formant le golfe des Pictons (« Sinus pictonum ») alors que sur les buttes calcaires sont bâties les villages de Maillezais, Saint-Michel-en-l'Herm ou Marans. Le golfe est alors progressivement comblé par des alluvions fluviatiles et des sédiments marins. Les dépôts sont de deux types :

  • le bri : argile gris bleutée quasi-imperméable, d'une épaisseur moyenne de dix mètres, originaire principalement de la Gironde et de la Loire, et envasant progressivement le golfe.
  • la tourbe : dépot dû à la décomposition des végétaux (peupliers, saules, frênes, roseaux, joncs,etc.) qui prolifèrent suite à l'adoucissement de l'eau (le comblement du golfe entraîne en effet une diminution progressive de l'influence de l'océan). On retrouve des zones de tourbières notamment dans les communes du Bourdet, Nuaillé-d'Aunis ou Le Vanneau-Irleau, à l'Est du marais.

Cette zone marécageuse a continué de se combler, naturellement puis par l'action des hommes.

Les aménagements humains

Des traces d'occupation pré- et protohistorique ont été identifiées sur ses anciennes rives ainsi que sur les anciennes îles aujourd'hui incluses dans les terres.

À partir du VIIe siècle, de grands seigneurs féodaux, ont procèdé à des concessions et donations de parties du marais au bénéfice des abbayes alentours (dont l'abbaye de Maillezais, celles de Nieul-sur-l'Autise, l'Absie, Saint-Maixent et Saint-Michel-en-l'Herm, ou le monastère de Luçon) ; des travaux d'aménagement sont ainsi lancés, dans le but d'exploiter de manière plus organisée la productivité de ces milieux (cultures, élevage, saliculture, pêcheries mais aussi développement de marais salants). Les premiers endiguements de marais desséchés sont réalisés à partir de la fin du Xe siècle afin d'exploiter plus facilement les terres. Dans une charte de 1217, Pierre de Volvire, seigneur de Chaillé, permet à la coalition des abbayes de Saint-Michel, de l'Absie, de Saint-Maixent, de Maillezais et de Nieuil de creuser un canal pour dessécher les marais du Langon et de Vouillé. Il a été appelé canal des Cinq-Abbés, au nom évocateur de ce contexte. D'autres grands canaux évacuateurs sont creusés par la suite.

La région ayant été le cadre de nombreux affrontements pendant les guerres de religion, beaucoup de destructions ont été opérées à l'époque, doublées d'un manque d'entretien des ouvrages de dessèchement.

Les travaux d’assèchement sont repris et intensifiés sous Henri IV, qui, dans une perspective de reconstruction, accorde divers privilèges à des investisseurs huguenots originaires des Pays-Bas et de Flandre. Nommé Grand maître des digues du royaume par le roi, l'ingénieur Flamand Humphrey Bradley n'intervient cependant pas dans le Marais poitevin. Le duc de Roannez, gouverneur du Poitou à partir de 1651, cherche des financements pour mener les travaux à terme. De grands aristocrates de la Cour ne tardent pas à entrevoir les profits qui peuvent être tirés de ces assèchements (rotation élevage/céréaliculture, les excréments du bétail enrichissant le sol pour la culture notamment du blé), malgré les difficultés nombreuses qu'ils rencontrent dans leur réalisation.

Napoléon Ier prend en 1808 un décret d'aménagement de la Sèvre Niortaise, pour en conforter la vocation navigable. Cette décision constitue le premier acte d'une campagne de grands travaux qui vont, entre le début du XIXe siècle et le début du XXe siècle, donner au marais mouillé l'aspect que nous lui connaissons aujourd'hui. On peut considérer également ce décret, qui place la police de la navigation et de l'eau du fleuve domanial sous l'unique responsabilité de l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées des Deux-Sèvres, donne un cadre de gestion conforme à la logique hydrographique du bassin versant de la Sèvre Niortaise. À l'inverse, la création sous la Révolution française des départements divise artificiellement cet espace entre la Vendée, la Charente-Maritime, et les Deux-Sèvres.

Sous la Restauration, une ordonnance royale de Louis-Philippe Ier structure les marais mouillés en syndicats départementaux de propriétaires. Ces syndicats se fédèrent par la suite en une Union des marais mouillés, dont la vocation est d'assurer une cohérence d'ensemble sur ce territoire. C'est dans cette période (à partir des années 1835 et jusque vers 1850) que sont percés ou aménagés les canaux évacuateurs de crue et les grandes « rigoles » comme celle de La Garette.

De grands travaux hydro-agricoles ont été réalisés dans les années 1960 (remembrements, création de nouveaux évacuateurs, recalibrage de canaux), puis dans les années 1980 (développement du drainage agricole par drains enterrés), dans une perspective d'assèchement généralisé et d'intensification de la production agricole, avec une spécialisation de plus en plus marquée des exploitations dans les cultures céréalières.

Du coup, une polémique est née de la sur-exploitation des richesses hydrauliques du secteur. L'assèchement forcé du marais poitevin a provoqué un recul de la biodiversité, notamment pour une très grande quantité d'oiseaux (plus de 250 espèces répertoriées). Le déclassement du Parc naturel régional en 1997 a provoqué une remise en question chez tous les acteurs du lieu qui doivent œuvrer en commun pour ne pas détruire une espace naturel très particulier et fragile.

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