Lycée militaire de Saint-Cyr - Définition

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Introduction

Lycée militaire de Saint-Cyr
Saint-Cyr-l'École École militaire2.JPG
Nom original Collège militaire de Saint-Cyr
Localisation
Localisation Saint-Cyr-l'École, France
Informations
Fondation 1966
par Charles de Gaulle
Directeur Colonel Herubel
Type Lycée public
Lycée de la Défense
Particularités Maison royale de Saint-Louis
École spéciale militaire de Saint-Cyr
Niveau Lycée
Site web www.lm-st-cyr.fr

Situé sur la commune de Saint-Cyr-l'École (Yvelines), le lycée militaire de Saint-Cyr (ou Coldo) est l'un des six lycées de la Défense (anciens lycées militaires) du ministère de la Défense français. Il se situe dans un cadre historique particulièrement riche : en effet, l’ont précédé le lycée la Maison royale de Saint-Louis, le Prytanée militaire et l'École spéciale militaire. Les devises du lycée sont « Plutôt mourir » et « La véritable école du commandement est donc la culture générale ».

Le but premier du lycée est l'aide à l'éducation des jeunes dont les parents sont au service de l'État, et ce n'est que pour les classes préparatoires aux grandes écoles qu'il effectue sa mission de formation des jeunes élèves-officiers. Ces élèves sont préparés aux concours pour les grandes écoles militaires de la même manière que leurs camarades du civil ; la formation sportive est obligatoire à raison de quatre heures par semaine et la présence d'un encadrement militaire constitue les seules différences avec les autres classes préparatoires.

Historique du lycée

Le domaine de Saint-Cyr et les élèves de la Maison Royale de Saint-Louis, gravure, vers 1690, auteur inconnu.

Le site du lycée militaire de Saint-Cyr a accueilli successivement plusieurs établissements :

  • la Maison royale de Saint-Louis (1686-1793) ;
  • l'Hôpital militaire du Val-Libre (1793-1800) ;
  • le Collège militaire de Saint-Cyr (1800-1805) ;
  • le Prytanée militaire de Saint-Cyr (1805-1808) ;
  • l'École Spéciale Militaire (1808-1940) ;
  • le Collège devenu Lycée militaire (1966-).

La Maison royale de Saint-Louis (1686-1793)

Portrait de la marquise de Maintenon.

La fin du règne du roi Louis XIV est marquée par des guerres longues et coûteuses en vies humaines. En outre, une partie de la noblesse doit vendre ses biens et se retrouve par conséquent ruinée. Le roi décide dès lors de créer trois établissements pour accueillir les enfants de nobles qui ne peuvent donner à leurs descendants une éducation digne de leur rang : l'Hôtel des Invalides, les Compagnies de Cadets et la Maison royale de Saint-Louis.

Décision et construction

En 1684, le Roi décide donc en Grand Conseil, sur les instances de sa maîtresse Madame de Maintenon, la fondation « d'une maison et communauté où un nombre considérable de jeunes filles, issues de familles nobles et particulièrement des pères morts dans le service (…) soient entretenues gratuitement (…) et reçoivent toutes les instructions qui peuvent convenir à leur naissance et à leur sexe ». Il n'est pas question d'en faire des religieuses, mais des futures mères de famille pour la reconstitution de la noblesse française. François Michel Le Tellier de Louvois et Jules Hardouin-Mansart sont chargés de réaliser ce projet. La marquise, prenant exemple sur son amie Madame de Brinon, qui avait ouvert à Rueil une maison d'éducation pour jeunes filles, s'y intéresse dès 1681, installant tout d'abord son pensionnat au château de Noisy. Ce château est néanmoins trop petit pour y éduquer un nombre conséquent de demoiselles et connait en outre des problèmes d'approvisionnement en eau ; un domaine est donc acheté aux environs de Versailles, dans le village de Saint-Cyr (val de Gally) en 1685, les architectes notant que « l'établissement serait ainsi placé à l'ombre du trône ». La maîtresse royale regrette néanmoins ce choix en raison de la grande humidité des lieux : « J'aurais voulu donner à mes filles une complexion forte et une santé vigoureuse, et le mauvais choix de Mansart m'est un obstacle insurmontable. Je ne puis voir la méchante mine de ces pauvres enfants sans maudire cet homme ». Les travaux commencent le 1er mai 1685 ; trois mille ouvriers militaires (dont neuf cent maçons et quatre cents tailleurs de pierre) sont réquisitionnés pour ce chantier d'un an, comprenant douze corps de bâtiments sur trois niveaux entourant cinq cours (de 210 mètres sur 120 mètres) et qui nécessite de détruire le petit château qui s'y trouve. La construction comprenant une chapelle, une boulangerie, des écuries et un escalier d'honneur en fer forgé est alors des plus modernes pour l'époque, comme en témoignent la présence d'une infirmerie, d'une apothicairerie et de quinze latrines.

Présentation de l'institution

Gravure représentant deux « demoiselles de Saint-Cyr ».

L'installation de la Maison royale d'éducation de Saint-Louis à Saint-Cyr a lieu du 26 août au 2 septembre 1686. Madame de Maintenon dit alors : « Puisse cet établissement durer autant que la France et la France autant que le monde ». Pour célébrer la fondation de l'institution, Louis XIV fait frapper une médaille en or le représentant en bienfaiteur de la Maison royale. Cette maison, unique en Europe, n'est pas confiée à des religieuses mais à trente-six dames laïques. La marquise est désignée comme « fondatrice et directrice perpétuelle » et Madame de Brinon est nommée supérieure de l'institution : les supérieures sont par la suite élues par les trente-six dames, selon un rituel codifié (âge minimum de trente ans, quatre ans d'ancienneté dans l'institution et vote à bulletin secret) ; quinze supérieures se succèderont jusqu'à la fermeture de la Maison royale. L'organe de direction est composé de la supérieure, d'une sous-supérieure qu'elle nomme, d'une dépositaire (intendante) et de la maîtresse des novices (qui s'occupe de la formation des futures dames). Vingt-quatre converses s'occupent néanmoins du service et de l'entretien. La Maison garde toujours un côté religieux en étant placée sous l'invocation de Saint-Louis, ceci constituant en même temps un hommage au roi.

Elle accueille deux-cent-cinquante demoiselles nobles et pauvres qui sont « élevées, nourries et entretenues gratuitement jusqu'à leur vingt ans » ; elles doivent néanmoins prouver cent quarante ans de noblesse pour pouvoir y entrer, de neuf à douze ans, et y rester jusqu'à l'âge de vingt ans maximum. Doté de cent cinquante mille livres de rentes, l'établissement est organisé de façon simple : quatre « maisons » sont créées, avec chacune un dortoir, une salle d'étude, un réfectoire et une couleur de ruban pour chaque classe d'âge : rouge jusqu'à dix ans, vert de onze à quatorze, jaune de quinze à dix-sept et bleu de dix-huit à vingt ans. Les cours donnés à la Maison royale sont ludiques et varient en fonction de l'âge des pensionnaires : littérature française, histoire, géographie, musique et même arithmétique et sciences naturelles pour les plus âgées. Quatre cents demoiselles décèdent au cours de l'histoire de l'institution, principalement de maladie.

Le 20 janvier 1689, le Roi est convié pour la représentation d'une pièce de théâtre que Jean Racine a spécialement créé pour les demoiselles, à la demande de la marquise : Esther. Racine crée aussi, mais en 1691, la pièce Athalie. Son ami Nicolas Boileau aide à faire répéter les demoiselles. Des membres de la Cour, à l'instar de Madame de Sévigné, assistent à certaines représentations.

Racine faisant répéter Esther.

Une rupture se produit lorsque la marquise décide de donner une nouvelle impulsion religieuse à la Maison, voyant que le flot de courtisans venant de la Cour de Versailles a pour effet que les demoiselles commencent à se montrer « fières, dédaigneuses, hautaines, présomptueuses, peu dociles ». L'intérêt financier compte aussi pour beaucoup, Louis XIV voulant en effet unir la très aisée mense abbatiale de Saint-Denis à la Maison royale de Saint-Louis. Le pape Innocent XII accepte à contrecœur cette modification et l'institution devient, en 1692, un monastère régulier. L'encadrement n'est alors plus assuré par des dames mais par des religieuses, ce qui conduit le Roi à durcir les conditions d'entrée pour ces dernières. En 1694 est créé un « Conseil extérieur », composé d'un conseiller d'État, d'un avocat et d'un intendant, chargés de veiller aux biens temporels de la Maison royale, devenus conséquents.

La Maison royale après Madame de Maintenon

Les séjours à Saint-Cyr de Madame de Maintenon se font désormais plus fréquents. En 1715, à la mort du Roi, elle se retire définitivement à Saint-Cyr. Seules quelques visites comme celles du Régent, de la princesse Palatine ou du tsar Pierre le Grand changent son quotidien. Elle y décède en 1719 et est enterrée dans la chapelle. Ces cendres sont exhumées en 1793, pendant la Révolution française et traînées dans les rues de la ville. Un domestique les enterre dans le parc et ce n'est que pendant les années 1810 qu'elles sont déterrées et placées dans un coffre de l'économat, jusqu'à ce qu'en 1895 elles soient replacées dans leur caveau d'origine, dans la chapelle. Après la Seconde Guerre mondiale, elles sont envoyés à Versailles puis définitivement remises dans la chapelle, lors d'une cérémonie, le 15 avril 1969. Une légende du lycée raconte d'ailleurs que le fantôme de Madame de Maintenon, la nuit, hante encore les couloirs.

Après le décès de la fondatrice, le roi Louis XV ne délaisse pas l'institution, et veille même à sa bonne marche, mais ne s'y intéresse que de loin. Il fait cependant construire le « pavillon des archives », dont les plans ont été dressé quarante ans plus tôt par Jean Cailleteau (mais qui, faute d'argent, n’ont été mis en œuvre) et réadaptés par Gabriel. Le centenaire de la Maison d'éducation, en 1786 est somptueusement fêté, mais il ne doit plus sa survivance qu'à la sœur du roi, Madame Élisabeth. En effet, Louis XVI ne va jamais sur les lieux et n'observe les feux d'artifice de l'anniversaire que depuis les terrasses du château de Versailles, alors que l'école n'est qu'à quelque kilomètres.

L'hôpital militaire du Val Libre (1793-1800)

La Révolution française sonne le glas de la Maison royale. Louis XVI tente de sauver l'institution en publiant un décret, le 26 mai 1790, où il propose que toutes les filles d'officiers, sans distinction de naissance puissent l'intégrer. Pourtant, un inventaire est fait et la majorité des biens fonciers et matériels sont vendus au plus offrant, respectivement pour 8 millions de livres et 185 619 livres. Comme tous les établissements religieux, le 16 août 1792, la Maison royale de Saint-Louis, qui a éduqué plus de trois mille demoiselles, est supprimée par décret de l'Assemblée législative.

Le 1er octobre, elle est évacuée et transformée en hôpital militaire appelé, comme la commune, Val Libre. Les bâtiments accueillent neuf cent lits et vingt salles d'hôpital. La chapelle subit une reconversion totale, puisque séparée en deux étages : elle accueille les malades à l’un, les blessés à l'autre. En 1798, sous le Directoire, l'hôpital devient une succursale de l'hôtel des Invalides de Paris ; il ne redevient un lieu de culte qu'en 1808.

La tradition d'éducation pour les jeunes filles est reprise ensuite et perpétuée jusqu’au XXIe siècle par la Maison d'éducation de la Légion d'honneur (fondée en 1805 et située à Saint-Germain-en-Laye pour la partie collège et Saint-Denis pour la partie lycée).

Le Collège militaire de Saint-Cyr (1800-1805) et le Prytanée militaire de Saint-Cyr (1805-1808)

En 1800, le Premier Consul Bonaparte, ancien officier d'artillerie qui connaissait l'établissement pour être venu chercher sa sœur Élisa à la Maison royale, en 1792, peu avant la dissolution de l'institution, redonne à Saint-Cyr sa vocation scolaire, mais masculinisée, en y établissant une division du Prytanée français, école gratuite pour les fils de militaires. Il s'agit d'y instruire et d'y élever gratuitement les fils de ceux qui sont morts au champ d'honneur. Le centre principal, à Fontainebleau, est officiellement fondé le 28 janvier 1802. L'hôpital est alors évacué et le « collège militaire de Saint-Cyr » est inauguré par le frère du Premier consul, Lucien Bonaparte, qui rend, lors du discours inaugural, un vibrant hommage à Madame de Maintenon. Cette nouvelle école compte six cents élèves se destinant à une carrière soit civile, soit militaire.

Il y a une moitié d'élèves boursiers, les frais des autres incombant aux familles. Le trousseau est à la charge des parents mais les fournitures scolaires sont payées par l'établissement. Les cours dispensés sont : l'écriture, le français, le latin, le grec, l'histoire, la géographie, les mathématiques, la physique, les sciences naturelles, le dessin et les arts militaires. Un bulletin est envoyé chaque année aux familles et un conseil de classe fait le point chaque mois des résultats de l'élève. Les meilleurs élèves se voient octroyer une place au tableau d'honneur et des cours particuliers avec un maître de musique, de danse, d'escrime ou d'équitation.

Proviseurs du Collège militaire
Nom Date d'entrée en fonction Date de cessation de fonctions
François Sallior 1800 1801
Jacques Bellun de Balu 1801 1801
Pierre Crouzet 1801 1805

En 1803, Napoléon Bonaparte renforce le caractère militaire de l'école en lui ajoutant comme vocation de préparer l'admission à l'École spéciale impériale militaire de Fontainebleau. Le prytanée de Saint-Cyr est alors seul à pouvoir s'appeler « Prytanée français », les autres collèges ou divisions ayant été supprimés. En 1805, il devient le « Prytanée militaire français ». Les élèves n'y peuvent alors plus préparer une carrière civile.

L'École Spéciale Militaire (1808-1940)

Représentation du casoar saint-cyrien.

Pendant le Premier Empire

Napoléon Ier voulant faire restaurer pour son usage personnel le château de Fontainebleau, l'École spéciale impériale est transférée à Saint-Cyr, et le Prytanée militaire qui s'y trouvait est déplacé le 1er juin 1808 à La Flèche. Le 7 juin 1808, les cinq cents élèves du bataillon arrivent. Le cadre est alors strict et sévère. Un aspirant de l'époque déclare : « J'avais déjà vu des hôpitaux, j'avais déjà vu des prisons ; mais hélas ! je n'avais pas vu Saint-Cyr. Une haute et longue muraille, noircie par le temps, arrêtait tout d'abord les regards. C'était l'enceinte extérieure de l'ancien couvent. Quelques peupliers montraient au-dessus leurs têtes mouvantes, et laissaient apercevoir une longue suite de fenêtres grillées, donnant le jour aux étages les plus élevés d'un vaste et sombre bâtiment ». Les élèves y restent trois années avant d'être nommés sous-lieutenants de cavalerie ou d'infanterie. Le 3 juillet 1808, le dernier détachement du Prytanée militaire français quitte Saint-Cyr, dont les bâtiments sont remis le lendemain au général Bellavène, commandant de la nouvelle École.

Le nombre d'élèves fréquentant l'École est considérable, mais il n'y a jamais plus de mille élèves en même temps, car Napoléon Ier a de plus en plus besoin d'officiers. Parmi les élèves les plus âgés de l'École est constituée en juin 1812 une promotion de trois cents officiers, qui ne restent pas longtemps : ils intègrent la Grande Armée à Spandau.

En 1808, Napoléon Ier fait construire un manège. Il a visité une dizaine de fois les lieux, que ce soit en tant que Premier consul ou empereur, seul ou avec les impératrices Joséphine et Marie-Louise.

Pendant les première et seconde Restaurations

Lors de la Restauration, le nouveau roi Louis XVIII est décidé à dissoudre Saint-Cyr, symbole de l'ère napoléonienne. Il veut rétablir l'École Militaire de Paris. Il revient néanmoins sur son choix et adjoint à Saint-Cyr l'École de cavalerie de Saint-Germain-en-Laye. Les élèves de cette dernière faisant partie de la noblesse de l'Ancien Régime, le but est donc de modifier l'esprit de Saint-Cyr, afin de la rendre plus royaliste que bonapartiste. Et cela réussit ; en témoigne ce que les élèves déclarent à propos de Napoléon Ier pendant les Cent jours : « l'ennemi public », celui qui a conduit la « patrie sur le bord du précipice (et) vient encore y porter le fer et la flamme ». Mais Napoléon Ier réussit son arrivée à Paris et il rétablit l'école impériale.

La chute définitive de l'Empire amène la chute de l'École, qui est finalement fermée le 16 juillet 1815 et dissoute le 6 septembre 1815 par Ordonnance royale. Le gouvernement de la seconde Restauration adjoint cependant à l'École Militaire préparatoire de La Flèche un second établissement à Saint-Cyr, alors que le maréchal de Gouvion Saint-Cyr prépare une loi sur le recrutement.

La « Petite École »

L'École préparatoire de Saint-Cyr ou « Petite École », ouvre le 17 mars 1816 et forme cinq-cent-soixante-trois élèves, qui fourniront à l'armée quinze généraux de division et dix-huit généraux de brigade, venant tous de la plus haute noblesse. Cette école préparatoire ne subsiste pourtant que deux ans avant de devenir l'École Royale Spéciale Militaire (ESM), grâce aux deux ordonnances royales de 1817 puis 1818. Le gouvernement de la première Restauration avait choisit Paris, mais le roi Louis XVIII opte finalement pour Saint-Cyr.

La « Grande École »

L'ESM, en souvenir, prend le surnom de « Grande École ». Mais il y a peu de candidats, surtout nobles ou grands bourgeois, pour des postes d'officiers d'état-major, de cavalerie et d'infanterie. L'École est alors encore plus marquée par le royalisme et ne manque pas de montrer son soutien au monarque. Les élèves gardent le château de Saint-Cloud et le pont de Sèvres en juillet 1830, lorsque le roi Charles X est en mauvaise posture, et l'escortent la nuit du 30 au 31, jusqu'à ce qu'il s'exile.

Désireux de se donner une autre image que celle du roi précédent, et peu apprécié des élèves parce qu'il est un roi orléaniste et non légitimiste, Louis-Philippe Ier songe un temps à dissoudre l'École, vivier de futurs opposants à son régime. Ainsi, la monarchie de Juillet ne tient pas à offrir aux saint-cyriens une grande carrière : les postes sont en effet complets après que le roi ait rappelé les officiers déchus de l'Empire. Aux alentours des années 1830, l'écrivain Honoré de Balzac loge régulièrement chez les Carraud, un couple habitant l'École et dont le mari est directeur d'études ; il prend d'ailleurs comme modèle le commandant Viénot, un professeur de maniement d'armes, pour le personnage Génestas de Le Médecin de campagne.

La journée type d'un Saint-Cyrien se compose de cours théoriques le matin (littérature, histoire, physique, dessin...) et d'exercices l'après-midi (maniement d'armes, sorties, équitation…).

Pendant la Deuxième République

Les dissensions avec le roi de France amènent paradoxalement à ce que les élèves soient favorables à la révolution de février 1848 qui amène la Deuxième République, certains allant même jusqu'à Paris se déclarer prêts à défendre le gouvernement provisoire. Le général Cavaignac calme néanmoins leurs ardeurs : « Calmez votre jeune courage. Vous le réserverez pour d'autres ennemis ». En réalité, ils attendent la restauration d'un roi légitimiste.

Pendant le Second Empire

Napoléon III devient empereur en 1852 et s'intéresse beaucoup à Saint-Cyr, si bien qu'il y fait construire un quartier de cavalerie, deux amphithéâtres, un château d'eau pour desservir les étages supérieurs, et installer l'éclairage au gaz, après avoir remis l'aigle impérial comme emblème à l'École. Celle-ci se modernise et, par les différentes batailles que mène le régime, permet aux élèves de parcourir le monde, comme le montrent les noms choisis pour baptiser les promotions : Kabylie (1850-1852), Crimée (1854-1856), Solférino (1858-1860), Mexique (1861-1863). Il visite trois fois l'École : en 1850 (en tant que président de la République), en 1852 et en 1860.

La tenue des Saint-Cyriens prend sa forme définitive en 1852, d'après des esquisses de 1845. Mais c'est à l'occasion de la visite de la reine Victoria en France qu'est adopté le plumet porté sur le shako, autrement appelé « casoar », comme le ratite symbole de la colonie australienne. Napoléon III décide en effet de flatter la reine lors de la revue militaire du 24 août 1855 à laquelle elle va assister, en choisissant les couleurs rouge et blanc de l'oiseau, qui sont aussi celles de la Maison royale d'Angleterre.

En 1861, le ministre de la guerre, le maréchal Randon, autorise chaque année la venue d'un contingent d'élèves étrangers. Nombre de ceux-ci sont enfants de personnalités influentes dans leur pays, à l'instar de Pierre Karageorgévitch, futur Pierre Ier de Serbie.

En 1870, les saint-cyriens ou « cyrards » croient en la victoire dans la guerre contre l'Allemagne mais c'est la défaite et la chute du Second Empire ; l'École est alors occupée pendant le siège de Paris par les Prussiens.

Pendant la Troisième République

Lithographie d'un élève officier de Saint-Cyr, section cavalerie par Édouard Detaille, publié en 1885 dans L'Armée française.

L'École résiste à la chute du Second Empire, en 1871. Elle continue d'exister en effet sans trop d'encombres sous les régimes successifs (Restauration, Monarchie de Juillet, IIe République et Second Empire), mais c'est sous la IIIe République qu'elle connaît son apogée en formant une élite militaire (officiers d'infanterie, de cavalerie et d'état-major), que ce soit pour la défense française, la formation des officiers coloniaux ou l'accueil d'élèves étrangers attirés par son prestige. Comme il est écrit dans le Livre d'or de Saint-Cyr : « les institutions utiles et bien conçues subsistent d'elles-mêmes et les gouvernements qui se succèdent ne peuvent guère songer à les bouleverser ».

Cependant, la refonte du régime amène la nouvelle République à remplacer la devise de l'École « Ils s'instruisent pour vaincre » par « Ils s'instruisent pour la défense de la Patrie » et à lui donner un drapeau provisoire sur lequel est inscrit « Premier bataillon de France ». Ce drapeau est néanmoins remplacé en 1880 par une copie de ceux utilisés par la grande majorité des troupes, avec leur devise commune « Honneur et patrie ».

La promotion de 1871 est baptisée « la promotion de la Revanche ». Comme pour les hommes politiques de l'époque, le déshonneur de la défaite rassemble toutes les fractions politiques et a le paradoxal avantage de ne plus laisser les dissensions politiques infiltrer l'École. Les leçons tirées de la défaite sont appliquées par le chef de corps, le général Hanrion, qui tient à donner aux élèves autant de cours théoriques que pratiques, comme le montre la création du « Marcheld », le champ de tir de l'École. Cette nouvelle approche de l'instruction militaire a pour effet d'attirer beaucoup d'élèves étrangers, surnommés les « crocos ». En outre, les élèves effectuent un travail sur le terrain, généralement dans les colonies françaises, comme Madagascar ou Annam.

Le 24 juillet 1912, le président de la République Armand Fallières inaugure le musée du Souvenir, structure rassemblant des anciens uniformes, documents, médailles et objets ayant trait à l'histoire de l'École ; nombre des souvenirs présentés sont alors des dons de famille d'anciens élèves. En vertu de la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905, il est d'abord installé dans la chapelle. La loi n'influe pourtant pas sur le sort des sœurs de Saint Vincent de Paul, qui s'occupent de l'infirmerie, avec des médecins militaires, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. De nouveaux cours apparaissent, comme l'éducation morale en 1906 et une escadrille est créée en 1922 (jusqu'en 1935, date de l'inauguration de l'école de l'Air de Salon de Provence), les élèves pouvant recevoir une instruction en aviation grâce à l'aérodrome voisin.

Bien que la structure de l'enseignement ait beaucoup changé depuis la fondation de l'École (la dernière grande réforme ayant lieue en 1929), il reste que les deux ans d'enseignements séparent deux groupes d'élèves en deux bataillons, eux mêmes composés de compagnies puis de sections, dont l'encadrement est assuré soit par des officiers gradés, soit par d'anciens élèves.

La Première Guerre mondiale

Au mois août 1914, beaucoup d'élèves partent faire leur devoir. Pourtant, le 31, a lieu le « baptême » de la promotion sortante, dite de la « Croix du Drapeau ». Un jeune officier, Jean Allard-Méeus récite alors ces vers :

Vous nous avez volé l'Alsace et la Lorraine
Vous n'arracherez pas ce sentiment humain
Germé de notre cœur, et qu'on nomme la haine ;
Gardez votre pays, nous y serons... demain !

Après quelques chants et un défilé, la troupe se disperse mais certains élèves, dont Alain de Fayolle, Durosoy, Hachette, Robert de Saint-Just, Perrault, Le Balle, Castelnau, Poussin, de Brésis, de Rigaud, d'Ampherney, tous regroupés autour du soldat-poète, ont l'idée de prêter le serment de monter pour la première fois à l'assaut en casoar et en gants blancs. Trois jours après, ils reçoivent leur ordre de mobilisation et vont tenir le « serment de 14 »  ; tous succombent, à l'image du sous-lieutenant au 162e régiment d'Infanterie Jean Allard-Méeus qui a chargé à Pierrepont en tenue de saint-cyrien. Il est cité au Panthéon de Paris, comme écrivain mort au champ d'honneur.

La promotion « Montmirail » laisse deux-cent-neuf des siens sur les champs de bataille ; « La Croix du Drapeau », deux-cent-quatre-vingt-dix. Quant à « La Grande Revanche », elle en donne quatre-cent-cinquante-trois. Après la Grande Guerre, en 1919, l'École retrouve l'ancienne devise du Second Empire. En ce même temps, elle se modernise avec la construction d'un château d'eau plus élevé, d'une usine électrique et de nouvelles annexes.

L'entre-deux-guerres

L'entre-deux-guerres est une période ambigüe. Si l'on compare les années 1920 à celles qui suivirent la défaite de 1870, la gloire dont les saint-cyriens viennent de se couvrir semble avoir des conséquences néfastes sur le recrutement de l'École. La promotion de 1920 ne compte que trois-cent-quatre-vingt-six candidats, ce qui est peu, comparé aux trois-mille pour les cinq à six cents places de 1895. La Grande Guerre a ouvert les yeux de ceux qui étaient attirés vers une carrière militaire, si bien que les Écoles militaires ne drainent plus : les anciens aspirants veulent profiter de la vie et prétendre à un meilleur salaire. C'est la crise de 1929 qui revalorise les carrières à Saint-Cyr, par l'attrait d'une carrière modeste mais avec des avantages matériels assurés.

Photographie du monument aux morts de la Grande Guerre, restauré après la Seconde guerre mondiale.

Le prestige national est cependant sauf, le président de la République Alexandre Millerand se déplaçant le 20 mai 1922 avec le ministre de la Guerre André Maginot et les maréchaux Franchet d'Esperey, Foch et Pétain pour inaugurer dans la cour Wagram un monument aux morts (endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale et restauré après 1945). Il rajoute en outre la Croix de guerre à la cravate du drapeau de l'École où se trouve la Légion d'honneur depuis 1914. Et André Maginot, ministre de la Guerre de rajouter : « Par la valeur et l'héroïsme des officiers qu'elle a formés, () a consacré, au cours de la Grande Guerre, sa longue tradition de sacrifices à la Patrie et a justifié d'éclatante façon sa devise glorieuse : « Ils s'instruisent pour vaincre. » ».

Le prestige international de Saint-Cyr va croissant : l'École accueille un nombre important d'élèves-officiers étrangers, européens (tchècoslovaques, polonais, finlandais, lituaniens ou roumains) voire asiatiques (chinois ou siamois). L'École diversifie aussi ses formations : un groupement d'élèves-officiers de réserve est établi en 1920. Une piscine couverte est également construite, en 1930.

La France déclare la guerre à l'Allemagne le 5 septembre 1939, deux jours après le Royaume-Uni. Les élèves de seconde année (la 124e promotion, appelée Marne et Verdun) sont alors intégrés aux armées françaises, ceux de première sont envoyés dans des dépôts et la nouvelle promotion, alors que la France est envahie, gagne le nouveau site de l'école, à Aix-en-Provence, le 20 mars 1940.

Postérité

Depuis son installation à Saint-Cyr à 1940, l'École spéciale militaire a formé quarante mille jeunes officiers dont huit mille sont morts pour la France. Trente-sept généraux se sont succédé à la tête de l'établissement (dont un seul porta le titre de maréchal, Achille Baraguey d'Hilliers). Le 8 mai 2002, la contre-allée située entre l'avenue Jean Jaurès et le lycée prend le nom d'« avenue de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr ». Le lycée y occupe le no 240, choisi à titre de mémoire car ayant été un symbole de tradition dans l'ancienne École. Un buste du général de Gaulle, ancien élève et ancien professeur, est inauguré le même jour devant l'entrée de l'établissement, alors qu'on célèbre les cérémonies du bicentenaire de l'École spéciale militaire.

Saint-Cyr pendant et après la Seconde Guerre mondiale

Les bombardements

Aérodrome de Saint-Cyr, situé non loin de l'École.

À partir de juin 1940, une garnison de la Wehrmacht puis un dépôt occupe l'École. Celle-ci est vide depuis que ses élèves ont rejoints le site délocalisé à Aix-en-Provence, puis en 1942 en Algérie française, à Cherchell le 11 novembre 1942 alors que l'Allemagne envahie la zone libre (qui formera quatre promotions). De son côté, le chef de la France libre Charles de Gaulle fonde en mars 1942 l'École militaire des cadets de la France libre, qui entraînera cinq promotions. Des attaques aériennes alliées survenues les 12 et 21 juin, et les 20 et 25 juillet 1944 détruisent l'École, la dernière d’entre elles étant de loin celle qui fait le plus de dégâts. Seuls restent debout la chapelle et le pavillon des Archives. Les ville aussi est rasée.

Bien qu'une enquête auprès des habitants stipule qu'il s'agissait d’avions américains, aucune opération de ce type n'est recensée dans les journaux d'opération de la 8e US Army Air Force. Elle est mentionnée dans des journaux britanniques de la Bomber Command, qui notent que quatre-vingt-quatorze appareils (Lancaster et Mosquitos, escortés par une centaine de Spitfire), larguèrent environ cinq cent tonnes de bombes sur l'objectif Z 756 (« Saint-Cyr près de Versailles », selon la liste des numéros opérationnels établie par le ministère de l'Air du Royaume-Uni, en novembre 1943). L'objectif visé était en premier lieu l'Allemagne, mais l'opération a été détournée à la dernière minute sur la ville de Saint-Cyr qui, outre le fait qu’elle possédait un stock d'armes et des hommes de rangs dans l'École, possédait une base aérienne et une station de radioguidage établie dans les locaux de l'Institut aérotechnique, au Nord-Ouest de la ville. Mais surtout, Saint-Cyr-l'École était un point névralgique tant au niveau routier (trafic en provenance de la capitale et à destination de la Bretagne et du Sud du Cotentin) que ferroviaire (bifurcation des grandes lignes Paris-Rennes et Paris-Granville, voies de la Grande ceinture interconnectant les cinq grands réseaux ferroviaires venant de Paris, embranchements militaire du camp de manutention ferroviaire et du camp de Satory). Il n'est alors pas étonnant que l'état-major d'Eisenhower, embourbé en Normandie, ait fait passer en priorité sur les attaques à destination de l'Allemagne, celles qui pouvaient neutraliser la logistique allemande.

Une partie des promotions « Croix de Provence », « Veille au drapeau » et « Rome et Strasbourg » se regroupe en décembre 1944 à Cherchell, en Algérie française.

Saint-Cyr après la guerre

En 1945, l'École revient en France métropolitaine. C’est notamment grâce au maréchal de Lattre de Tassigny, qui déclare recréer « une école unique pour une France unie » et décide de l’installer, non pas à Saint-Cyr, mais en Bretagne, à Coëtquidan, un site militaire fondé par le roi Louis-Philippe Ier. Elle prend alors le nom d'« École spéciale militaire interarmes ». Le site de Saint-Cyr ne permet en effet plus, à cause des bâtiments détruits et de l'urbanisation croissante de la région parisienne de former et d'entraîner des élèves officiers d'une armée maintenant moderne et mécanisée, qui a besoin de grands espaces. Le parc de Saint-Cyr sert alors de jardin public pour les habitants qui viennent s'y promener le dimanche tandis que l'accès aux ruines est prohibé en raison des risques d'effondrement. Des buissons ont poussé dans les cours ou dans les ruines : cette étrange atmosphère inspire le réalisateur Jean Cocteau, qui y tourne en 1950, quelques scènes de son film Orphée.

Pourtant, le sort du premier site le l’École inquiète les anciens élèves. Jérôme et Jean Tharaud publient le 3 mars 1949 une tribune dans Le Figaro : « Ces murs calcinés, lézardés qui ont abrité tant de jeunesse et tant d'espoirs ne retrouveront-ils pas leur destinée unique au monde ? Ne ressuscitera-t-on pas Saint-Cyr ? Ne rendra-t-on pas sa tradition - ou plutôt, sa vocation à ce lieu en quelque sorte sacré? ». Le général Desmazes, ancien professeur d’histoire de l’École, écrit : « (...) quarante mille jeunes sont entrés dans ces murs dont huit mille sont tombés pour la Patrie. Une École qui a su infiltrer (...) un tel sens du dévouement et du patriotisme ne peut disparaître ! »

Le collège et le lycée militaire de Saint-Cyr (1966-)

Plaque apposée en 1957 à l'occasion de la reconstruction des murs de l'ancienne École.

La reconstruction

Charles de Gaulle, en 1959, ancien saint-cyrien de la promotion « Fez », fait part de son souhait de « la reconstruction dans cet ensemble d'un carré de bâtiments destinés à perpétuer la tradition de Saint-Cyr ». Les associations « La Saint-Cyrienne » et « Les Amis de Saint-Cyr » pour la reconstruction de l'École existent depuis la fin des années 1940 ; le secrétaire d'État Max Lejeune a pris la décision en septembre 1950 de rebâtir les lieux et une première pierre est posée en 1957 par le ministre de l'Éducation nationale, André Morice. Mais cela reste à l'état de projet et n’a pas de réelle suite.

La note numéro 9217 du 6 avril 1966 du ministre des Armées Pierre Messmer décide de la reconstruction des bâtiments et, le 19 septembre 1966, le collège militaire de Saint-Cyr ouvre ses portes. Il y a alors 268 élèves (logés dans des nouveaux bâtiments, la réhabilitation des anciens bâtiments n'étant pas encore achevée), encadrés par dix officiers, six professeurs titulaires, une quinzaine de professeurs du contingent et une trentaine de sous-officiers. Il est inauguré officiellement le 4 novembre de la même année par Pierre Messmer.

Il y a, en vain, de nombreuses exhortations d'anciens élèves et de cadres militaires pour que la nouvelle École spéciale militaire, basée à Coëtquidan, vienne se réinstaller sur le site de la commune de Saint-Cyr-l'École. L'héritage est pourtant sauf puisque le site breton prend, en 1961, le nom d'École spéciale militaire de Saint-Cyr, pour commémorer les cent-vingt-deux années passées dans son environnement historique. Il est à noter que le général de Gaulle pensait donner au nouvel établissement le nom qu'il avait avant 1808, à savoir « Prytanée militaire de Saint-Cyr ». Néanmoins, les élèves du Prytanée militaire de La Flèche manifestent une vive opposition et le chef de corps de l'établissement, le général Catroux, envoie le 5 janvier 1965 une lettre au président de la République. Il rend également visite en uniforme au chef de l'État, qui alors se ravise.

En 1967 sont construits les appartements des cadres, les piscines, les gymnases ; les espaces verts sont réhabilités.

Du collège au lycée militaire

Les désormais sept cents élèves, de la classe de sixième à la classe de terminale, suivent alors le même enseignement que chaque collégien ou lycéen de France, par des professeurs détachés de l'Éducation nationale. Néanmoins, la présence d'un uniforme de travail pour les jours de cours et de sortie pour les jours de cérémonies constitue une différence conséquente. En outre, un règlement plus strict est imposé, comme les cheveux courts pour les garçons et attachés pour les filles (à partir de 1984). Pour différencier les élèves, chacun porte une bande patronymique, ainsi qu'un passant qui indique son niveau (blanc pour les secondes, vert pour les premières, jaune pour les terminales, rouge pour les élèves de première année de CPGE et bleu pour ceux de deuxième année. Les élèves bénéficient en outre d'un équipement sportif de qualité (les terrains de sports sont aussi utilisés par le lycée voisin et la piscine par l'association municipale, à horaires fixes), d'un amphithéâtre, de plusieurs laboratoires de physique, de biologie et de langue ainsi que de voyages annuels linguistiques (Allemagne, Royaume-Uni, Espagne), scientifiques (géologique, dans le Massif central) ainsi que de mémoire (Auschwitz-Birkenau).

En 1967 se produit la première visite des élèves du premier bataillon de l'École spéciale militaire depuis la réouverture de l'École. Le général de Gaulle vient se recueillir en 1969 devant le monument aux morts. Il déclare : « Que ces vieux murs reconstruits et rénovés apprennent aux jeunes qui vivent en ces lieux toute la gloire que leurs Anciens avaient acquise sur tous les champs de bataille. Qu'ils se souviennent aussi qu'aucune catégorie de Français n'avait fait autant de sacrifices pour la France et la liberté du monde ». Le 2 décembre 1968, le chef de corps remet officiellement le fanion au groupement des classes préparatoires. En 1972, le collège militaire reçoit officiellement son drapeau des mains du chef d'état-major de l'Armée de terre, le général de Boissieu.

Le « pavillon des archives » est restauré début 1976. C'est là que le capitaine Milhiet (auteur de Saint-Cyr trois siècle d'histoire, 1999) établit un musée « destiné, en premier lieu, aux élèves, pour leur apprendre l'histoire de leur Maison, les faire réfléchir sur tous ces jeunes qui, depuis trois cents ans, les ont précédés, pour qu'ils y trouvent eux aussi, la foi dans leur pays et le goût de servir ». Il va être inauguré en 1977 par la première dame de France d'alors, Anne-Aymone Giscard d'Estaing, qui compte des « demoiselles » parmi ses ancêtres : elle offre au musée deux documents autographes de Madame de Maintenon. Le musée fait partie des musées des Yvelines et du circuit organisé par l'association « Paris et son Histoire » ; il peut être visité sur demande.

Toujours en 1976, le colonel Lecouffe, chef de corps du lycée, évoque le palmarès de l'établissement, dû, selon lui au « travail des élèves, à la qualité et au dévouement des officiers, professeurs, sous-officiers et personnels civils, mais aussi au milieu, au cadre extraordinaire dans lequel nous sommes amenés à vivre ». En 1986, à l'occasion du tricentenaire de la fondation des lieux, un colloque historique accueille dans les murs du lycée des personnalités comme Jean Tulard, Bruno Neveu ou Marc Fumaroli. Les classes de la sixième à la troisième sont supprimées de 1981 à 1984 et l'établissement prend le nom de lycée militaire de Saint-Cyr, en 1983.

L'héritage militaire

L'aspect militaire du lycée est conservé à travers la « Corniche », qui regroupe les élèves de l'établissement se préparant aux concours d'entrée à l'École spéciale militaire, à l'École navale et à l'École de l'Air (en référence aux élèves du collège Stanislas (Paris) qui ambitionnaient à la fin du XIXe siècle d'intégrer l'École spéciale et qui se réunissaient sous une corniche de ce même établissement). Au cours de la cérémonie traditionnelle du « 2 S » (voir rubrique tradition), de 1973, elle reçoit le nom de Pol Lapeyre, jeune sous-lieutenant sorti de Saint-Cyr en 1923, qui avait choisi les troupes coloniales et qui au mois d'avril 1925 préféra se faire sauter avec le poste de Beni-Derkoul plutôt que de le céder à Abdelkrim al-Khattabi qui l'assiégeait depuis soixante et un jours. Chaque année depuis 1973, la citation suivante est lue aux élèves : « Lapeyre Pol, sous-lieutenant au 5e Régiment de Tirailleurs Sénégalais, commandant le poste de Beni-Derkoul comprenant quatre Français et trente et un Sénégalais, a tenu en échec pendant soixante et un jours un ennemi ardent et nombreux, a conservé jusqu'au bout un moral superbe, sans une plainte, sans un appel à l'aide. Le 14 juin 1925, submergé par le flot ennemi, a fait sauter son poste plutôt que de se rendre, ensevelissant à la fois sous ses ruines les restes de sa garnison et les assaillants ».

Sur la passerelle du lycée est apposée une citation du général de Gaulle, que le lycée s'est rapidement appropriée comme devise « La véritable école du commandement est donc la culture générale ». Elle est tirée de son ouvrage Vers l'Armée de Métier, publié chez Berger-Levrault en 1934.

Féminisation du lycée et célébrations

En 1984, dix-huit jeunes filles intègrent le lycée militaire, aux côté des sept-cent garçons et, en 2000, vingt-trois entrent au groupement des classes préparatoires. Le lycée compte aujourd'hui presque autant de filles que de garçons.

Le 21 juin 1986 a lieu célébration du tricentenaire des bâtiments. L'évènement est marqué par un début d'incendie lié aux feux d'artifice, qui enflamment les bosquets de la cour Louis XIV. Le spectacle est néanmoins retardé car il fallait attendre la fin du match France-Brésil (que la France gagne), dans le cadre des quarts de finale de la coupe du monde de football : des écrans de télévision sont par ailleurs installés aux quatre coins de l'établissement pour les familles des élèves et les invités de marque de cette journée porte-ouvertes.

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