Lycée César-Baggio - Définition

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Baggio : un projet de Roger Salengro (1890-1936)

Buste de Roger Salengro

Roger Salengro est né en 1890 dans le quartier de Lille-Fives. Il poursuit ses études secondaires au lycée Faidherbe, puis il entreprend des études de lettres à l'université de Lille. Très tôt, il adhère au parti socialiste et à la Ligue des droits de l'homme. D'abord hostile à la guerre, il s'y rallie finalement pour servir dans un régiment de cyclistes. Fait prisonnier par les Allemands, il refuse de travailler pour l'ennemi et il est enfermé au camp disciplinaire de Kottbus, dont il revient très affaibli. Rédacteur en chef au Cri du Nord, il devient conseiller municipal à Lille en 1919. Il succède à Gustave Delory comme député-maire de Lille en 1929.

Il entame alors une politique de grands travaux, dont les buts sont d'une part la modernisation et l'assainissement de la ville et d'autre part la lutte contre le chômage et l'entrée dans une civilisation technique nouvelle. Pendant ses mandats, sont construits notamment : l'institut de mécanique des fluides, la foire commerciale, la cité hospitalière, l'institut Diderot, aujourd'hui lycée Baggio.

Le 4 juin 1936, Léon Blum lui confie le portefeuille de ministre de l’Intérieur, un poste-clé dans le premier gouvernement du Front populaire. Il est amené à maintenir l'ordre perturbé par le plus grand mouvement de grèves que la France ait connu jusque-là, puis il remplace le ministre Jean-Baptiste Lebas, souffrant, dans les négociations des accords Matignon.

Il est alors victime d'une campagne de presse calomnieuse. Il se suicide le 17 novembre 1936, provoquant une immense émotion à Lille et dans le pays.

L'institut Diderot est avec la cité hospitalière le bâtiment le plus représentatif des ambitions de Roger Salengro en matière d'urbanisme social. L'institut devait être le premier élément d'un vaste projet. Une université du travail et l'institut industriel du Nord devaient s'y ajouter. Contrairement au lycée classique, réputé bourgeois, l'enseignement technique commercial et industriel devait permettre aux fils du peuple d'accéder à une culture scientifique et technique adaptée au monde moderne.

Baggio vu du parc

C'est le recteur Chatelet qui fit admettre à Roger Salengro la coexistence à l'intérieur du même bâtiment de l'école d'apprentissage Baggio et de l'école primaire supérieure Franklin, pour rapprocher l'enseignement technique et l'enseignement moderne.

Dès l'origine, il était prévu de construire en avant de l'institut un jardin de grandes dimensions, qui fut finalement réalisé en 1948.

L’enseignement technique

Rappel historique

Pour préciser d'où nous partons, il nous faut remonter un peu dans l'histoire. Sous la Troisième République se constituent deux écoles parallèles : l'enseignement primaire destiné à la masse (4,7 millions d'élèves en 1928), comprenant un primaire supérieur (170 000 élèves) pour préparer aux métiers d'employés et de fonctionnaires moyens, instituteurs notamment ; pour l'élite sociale, l'enseignement secondaire (moins de 300 000 élèves à la même date), commençant aux classes maternelles et alimentant l'enseignement supérieur. En outre, dès la fin du XIXe siècle, émerge un embryon d'enseignement technique (40 000 élèves en 1928) qui, recrutant par concours après l'école primaire, permet une promotion vers une petite élite ouvrière ; les autres travailleurs sont formés sur le tas ou, pour une minorité, par un apprentissage qui se formalise sur la base de la loi Astier (1919), avec des cours professionnels (180 000 apprentis en 1938) à côté du travail en entreprise pour préparer au certificat d'aptitude professionnelle (CAP) créé en 1911.

Après la Libération, la croissance économique et la démocratisation de la société conduisent d'une part à une école moyenne pour tous - appelée collège en 1975 - par fusion des filières et des établissements d'enseignement secondaire inférieur, et d'autre part à la constitution d'une nouvelle filière pour la formation de masse d'ouvriers qualifiés puis d'employés : il s'agit des centres d'apprentissage, nommés ensuite collèges d'enseignement technique, puis en 1975 lycées d'enseignement professionnel ; ils préparent le traditionnel CAP et, à partir de 1967, un diplôme plus polyvalent, le brevet d'études professionnelles (BEP). L'enseignement technique d'avant-guerre, lui, s'intègre progressivement au second cycle de l'enseignement secondaire, appelé en 1975 lycée (lycée d'enseignement général et technologique, menant au baccalauréat général et au baccalauréat de technicien) ; il va former les membres des professions intermédiaires, techniciens, cadres moyens, que fait émerger la complexification de l'organisation du travail dans les grandes entreprises ; c'est alors qu'il se prolonge au niveau supérieur, avec dans les lycées les sections de techniciens supérieurs (STS, préfigurées dès 1952, créées en 1962) et dans les universités les instituts universitaires de technologie (IUT, 1966). Quant à l'apprentissage, il reste essentiellement cantonné aux métiers de l'artisanat et ne se développe pas ; cependant, en 1971, en même temps que la formation continue, sont créés les Centres de Formations d'Apprentis (C.F.A.), le plus souvent gérés par un organisme émanant des entreprises : pour l'apprenti alternent un travail en entreprise et une formation au CFA.

À travers ces naissances, ces changements, ces fusions s'affirment trois traditions qui se partagent l'enseignement secondaire : celle des formations professionnelles, pour former des ouvriers et des employés qualifiés ; celle des formations technologiques, à cheval sur les enseignements secondaire et supérieur (STS, IUT), pour les techniciens et les professions intermédiaires ; celle des formations générales, académiques, qui mènent à l'enseignement supérieur puis aux professions libérales et aux fonctions de conception, de direction et d'encadrement.

L'enseignement supérieur est partagé entre les universités et les écoles supérieures (éventuellement précédées de classes préparatoires), et plus récemment s'y sont donc ajoutées les formations « courtes » technologiques, STS et IUT. Traditionnellement, les universités, en dehors de l'approfondissement des savoirs académiques qui constituent une activité fondamentale, sont orientées vers les professions libérales (médecine, droit…) et ce sont les écoles qui préparent pour les secteurs industriel, commercial, social. Mais les choses vont changer à partir de 1970 avec l'ouverture dans les universités de filières débouchant sur des professions du secteur industriel et commercial.

Évolution des structures

Il s'agit davantage d'une évolution continue que d'une réforme d'ensemble. Allongement des études, prolongation des filières professionnelles, bifurcations moins précoces sont les principales caractéristiques de ces transformations.

Pendant toute la décennie 80, les orientations par l'échec après la cinquième vont décroître (plus de 20 % en 1980, 4 % en 1991) et en 1992 elles seront en principe supprimées. Cependant certaines différenciations de contenu sont maintenues dans les deux dernières années du collège, mais sans compromettre une poursuite d'études : en même temps qu'à partir de 1984, une nouvelle discipline, la technologie, fait son apparition dans toutes les classes de collège, sont ainsi créées des classes de quatrième et troisième « technologiques ».

L'évolution du collège induit celle du lycée professionnel. L'entrée au lycée professionnel se déplace vers la classe de troisième et le diplôme préparé, en deux ans, devient majoritairement le BEP, qui conduit au même niveau d'emploi (travailleur qualifié) mais qui est moins spécialisé (une cinquantaine de spécialités de BEP contre environ 300 pour le CAP) et davantage ouvert sur le secteur tertiaire.

Plus généralement, pendant cette période, un gros effort est fait au niveau national pour redéfinir le contenu des diplômes vers moins de spécialisation et davantage d'adaptabilité ; pour ce qui concerne les deux diplômes de même niveau que sont le CAP et le BEP, une articulation est construite entre eux, le BEP donnant des compétences vers une famille de métiers et le CAP pouvant être conçu comme une spécialisation qui vise davantage des performances directement utilisables dans un métier spécifique. En outre, depuis 1983, les diplômes définis nationalement que sont le CAP et le BEP peuvent être prolongés par des formations complémentaires d'initiative locale, durant le plus souvent une année ; mais les effectifs en restent modestes.

Cependant, le BEP devient aussi de plus en plus un préalable à une poursuite d'études, et ceci de deux manières. D'abord, par l'intermédiaire d'une "classe passerelle", vers un baccalauréat technologique qui ouvre sur l'enseignement supérieur, notamment S.T.S. et I.U.T. : l'effectif de cette classe, créée en 1969 et appelée première d'adaptation, triple en 1980 et 1986. S'il stagne ensuite, c'est qu'à cette date s'ouvre une suite à l'enseignement professionnel avec la création du baccalauréat professionnel : ce diplôme préparé après le BEP, est conçu pour l'entrée dans l'emploi même si la poursuite vers l'enseignement supérieur est théoriquement possible, sa progression sera spectaculaire.

Pour les lycées d'enseignement général et technologique, les changements d'orientation sont moins importants. En 1981, la première année (classe de seconde) devient commune aux diverses filières, même si un système d'options continue à entretenir des différenciations ; ensuite, jusqu'en 1992, tout l'effort consistera à rendre ces différenciations moins déterminantes pour l'avenir des élèves : en particulier, il n'est plus indispensable actuellement de choisir des options techniques en classe de seconde pour aller ensuite vers un baccalauréat technologique. Cependant, pour les lycées, le principal changement réside dans une forte croissance des effectifs qui modifie la population accueillie, plus que dans des transformations de structure.

Il en est de même en ce qui concerne l'enseignement supérieur. C'est qu'après le baccalauréat, les bacheliers généraux et technologiques poursuivent maintenant des études en très grande majorité. Dans les universités, à partir de 1991, se sont ouverts les instituts universitaires professionnalisés (I.U.P.) où l'entrée se fait un ou deux ans après le baccalauréat et la sortie à baccalauréat plus 4 ans.

Les itinéraires de formation en 1993

Pour les itinéraires professionnels, la filière numériquement la plus importante consiste, après la sortie du collège en classe de troisième, à préparer le BEP en lycée professionnel pendant deux ans, et souvent à passer en même temps le CAP. Il est alors possible d'entrer dans la vie active, au niveau V. Mais la tendance en cas de succès consiste à poursuivre des études, notamment en deux ans vers le baccalauréat professionnel, diplôme de niveau IV ; cependant, à la sortie, les emplois restent en majorité des emplois de travailleurs qualifiés, l'insertion professionnelle étant seulement moins difficile qu'avec un BEP et les perspectives d'avenir meilleures.

Pour les itinéraires technologiques, après la classe de seconde du lycée d'enseignement général et technologique, deux années peuvent mener au baccalauréat technologique. Les sorties du système scolaire à ce niveau sont relativement rares, mais l'itinéraire se poursuit par la préparation, en deux ans, d'un brevet de technicien supérieur (BTS) ou, moins fréquemment, d'un diplôme universitaire de technologie (DUT). Après le baccalauréat général, un certain nombre d'élèves s'orientent également vers un DUT ou un BTS. Dans les deux cas, la norme est l'entrée dans la vie active au niveau III.

On peut dire que se dessine une filière technique où les entrées et les sorties se font à divers niveaux, avec les quatrièmes et troisièmes technologiques, la préparation au BEP, le baccalauréat (technologique et à un moindre degré professionnel), les sections de techniciens supérieurs et les écoles d'ingénieurs…

On peut, au risque d'être quelque peu approximatif, retenir quelques ordres de grandeur frappants. Sur 100 jeunes :

  • 95 parcourent l'ensemble du collège, de la sixième à la troisième.
  • 90 entrent, au lycée (dont 50 dans les filières professionnelles ou technologiques) avec une "règle du tiers" : 1/3 au lycée professionnel, 2/3 au lycée d'enseignement général et technologique ; dans ce dernier, 1/3 vers un baccalauréat technologique, 2/3 vers un baccalauréat général ; pour les filières technologiques, 1/3 dans le secteur industriel, 2/3 dans le secteur tertiaire.
  • 10 passent par l'apprentissage.
  • Plus de 50 obtiennent le baccalauréat (plus de 60 en 1999).
  • 45 entrent dans l'enseignement supérieur, dont un tiers dans les filières courtes technologiques et un peu plus de la moitié dans les universités.
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