Le Traité de Versailles lui interdisant de maintenir une armée de l'air, l'Allemagne éprouve le besoin d'entraîner en secret ses pilotes pour une guerre future. Au début, on utilise les écoles de l'aviation civile pour l'entraînement des pilotes pour faire croire qu'ils piloteront des avions de lignes aériennes civiles telles que la Lufthansa. Mais il n'est possible d'utiliser que les avions légers sur le territoire allemand. Pour que les pilotes puissent acquérir de l'expérience dans les nouveaux avions de combat, l'Allemagne sollicite l'aide de l'URSS. Un aérodrome secret est établi à Lipetsk en 1924, et il opère pendant neuf ans jusqu'à sa fermeture en 1933. L'école utilise des avions d'entraînement néerlandais et russes ainsi qu'allemands.
Le 26 février 1935, Adolf Hitler ordonne à Hermann Göring de rétablir la Luftwaffe, bien que le traité d'armistice soit toujours en vigueur. Mais ni la France ni le Royaume-Uni ni la Société des Nations ne font rien pour empêcher l'Allemagne d'entreprendre cette action ou d'autres violations du traité. Bien que la nouvelle Luftwaffe soit une organisation totalement indépendante de l'armée, elle continue néanmoins la tradition d'attribuer des grades militaires au personnel, une tradition maintenue même aujourd'hui par la Bundesluftwaffe (c'est-à-dire, l'armée de l'air de la RFA) et par beaucoup d'autres armées de l'air autour du monde. Et pourtant, il est à observer que le service aérien paramilitaire en vigueur avant la promulgation de la Luftwaffe portait le nom du Deutscher Luftverband (DLV), dont le chef était Ernst Udet. Ses membres portaient l'uniforme avec l'insigne qui continue à apparaître sur l'uniforme de la Luftwaffe, bien que les noms des « grades » soient plus « civils » que militaires.
La Luftwaffe saisit l'occasion de tester l'efficacité de ses tactiques de combat et de ses appareils pendant la Guerre civile espagnole de 1936-1939 quand la Légion Condor va en Espagne pour y donner un appui aérien à la révolte conduite par Francisco Franco contre le gouvernement républicain. Les machines, dont les noms deviendront fameux dans le monde entier, incluent notamment le Junkers Ju 87 « Stuka » (Sturzkampfflugzeug = avion de combat en piqué), spécialisé dans le bombardement en piqué, offrant alors une bien plus grande précision que le bombardement en altitude, et le Messerschmitt Bf 109, l'avion de chasse le plus fameux en Allemagne. Mais en tant qu'armée de l'air attachée aux forces nationalistes de Franco, l'insigne de la Luftwaffe est remplacée sur le fuselage des avions pour donner au monde l'illusion que l'Allemagne elle-même ne soutient pas activement la révolte. À sa place, la croix à barres droites aposée sur le fuselage est remplacée par un disque noir et la swastika (c'est-à-dire la croix gammée) sur la dérive est remplacée par une sorte d'«X» noir sur fond blanc. Celle-ci apparaît ensuite sur les avions militaires espagnols, bien que le disque noir soit remplacé par une cocarde (comme celle de l'Armée de l'Air française) mais en rouge-jaune-rouge. Les avions de la Légion sont affectés aux unités portant le numéro 88 ; par exemple, celles de bombardement sont assignées au Kampfgruppe (groupe de bombardement) 88 (KG/88) alors que celles de chasse sont assignées au Jagdgruppe (groupe de chasse) 88 (JG/88).
Les prémices du bombardement systématique des cités se manifestent le 26 avril 1937 lorsqu'une force de bombardement combinée à des avions allemands et italiens détruit le plus gros de la ville basque de Guernica au nord-ouest de l'Espagne, une cible civile sans intérêt stratégique et dont la destruction frappe les esprits. Le monde entier ou presque condamne ce bombardement, et la mémoire collective de cet événement se maintient depuis grâce à la peinture portant le nom de la ville, exécutée par l'artiste Pablo Picasso, qui se spécialise dans l'art cubiste. À cette époque-ci, l'opinion publique a peur que toutes les futures guerres comportent de tels bombardements, étant donné que le général italien Giulio Douhet (mort en 1930) formule des théories à l'égard du rôle de l'avion militaire en ce qui concerne ce que l'on nommera le « bombardement stratégique ». Voilà l'idée de Douhet : qu'une nation peut détruire une autre en portant un coup pulvérisant les cibles industrielles par les bombardements aériens. L'effet sera si foudroyant que le moral de la population civile plongera, et que le gouvernement n'aura pas d'autre choix que de solliciter la paix. C'est bien un mauvais présage de ce qui se passera - et pas seulement pendant la guerre qui se déclenchera quelques mois seulement après la fin de la guerre civile en Espagne.