Loutre de mer - Définition

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Introduction

Loutre de mer
 Enhydra lutris
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infra-classe Eutheria
Ordre Carnivora
Sous-ordre Caniformia
Famille Mustelidae
Sous-famille Lutrinae
Genre
Enhydra
Fleming, 1822
Nom binominal
Enhydra lutris
(Linnaeus, 1758)
Sous-espèces de rang inférieur
  • Enhydra lutris kenyoni (Wilson, 1990)
  • Enhydra lutris lutris (Linnaeus, 1758)
  • Enhydra lutris nereis (Merriam, 1904)
Répartition géographique
Leefgebied zeeotter.jpg
Statut de conservation IUCN :

EN A1ace : En danger
- Dernière révision : 2000
Schéma montrant le risque d'extinction sur le classement de l'IUCN.

Une patte arrière, ayant évolué en nageoire.

La Loutre de mer (Enhydra lutris), est une grande loutre (famille des mustélidés) vivant dans le Pacifique Nord, du Nord du Japon (île de Hokkaidō) à la Californie, en passant par le Kamtchatka, les Aléoutiennes et l'Alaska. C'est la plus aquatique et la plus massive des loutres, la seule à pouvoir vivre en permanence dans la mer.

La loutre de mer ne doit pas être confondue avec la « loutre marine », Lontra felina, encore appelée chat de mer ou chungungo, qui vit le long des côtes du Pérou et du Chili et qui a besoin d'abris terrestres. Il arrive aussi quelquefois que certaines loutres d'eau douce, comme la loutre d'Europe, fassent des incursions en mer (le cas est même assez fréquent dans certains pays comme en Irlande), mais leur organisme n'est pas adapté à des séjours prolongés.

Les loutres de mer forment la seule espèce du genre Enhydra.

Chassées intensivement à compter de 1741 pour leur fourrure (la plus dense de tous les mammifères avec jusqu'à 170 000 poils par centimètre carré), les populations de loutre de mer ont été considérablement réduites, disparaissant même de nombreuses régions de leur zone de répartition historique. En 1911 on a estimé que leur population mondiale était tombée entre 1 000 et 2 000 individus. Bien que plusieurs sous-espèces soient encore en danger, les loutres marines, qui sont légalement protégées, ont vu leur population fortement augmenter. Les efforts de réintroduction ont également montré des résultats positifs.

Description physique

Les loutres de mer sont les plus lourdes des loutres, mais pas les plus grandes.

Avec leurs longs corps profilés, les loutres de mer sont adaptées à la vie en mer, une mer tempérée (Californie) à froide (Alaska, Kamtchatka) dont la température oscille souvent entre 1 et 10 °C seulement. La loutre a dû développer des adaptations très particulières pour survivre dans un tel milieu, en particulier au niveau de sa fourrure.

Celle-ci varie d'un brun rougeâtre au noir. Particulièrement dense (140 000 à 170 000 poils par centimètre carré), elle isole l'animal et maintient une couche d'air sous les poils, créant une barrière efficace entre l'eau et la peau. Le pelage comporte des poils longs, brillants, épais et résistants : les jarres. Il comporte aussi des poils courts, très denses, plus fins : la bourre. La loutre enduit ses poils avec la sécrétion de glandes cutanées huileuses, qui les imperméabilisent temporairement, et doit régulièrement être réappliquée. Le temps passé à imperméabiliser sa fourrure par la loutre de mer est de plusieurs heures par jour.
Le poil imperméabilisé (surtout la bourre), retient de nombreuses bulles d’air qui assurent l’isolation thermique (la peau reste plus ou moins sèche). Chez les jeunes, la quantité d’air est telle que ceux-ci ne peuvent ni plonger ni couler, ce qui est essentiel dans la mesure où ils ne savent pas nager à la naissance.

Les loutres ne possèdent pas de couche de graisse isolante comme les autres mammifères marins. L’eau provoquant une perte de chaleur 25 fois plus rapide que l’air, les animaux à sang chaud qui vivent dans l’eau doivent s’isoler, mais aussi produire plus de chaleur. L’isolation est fournie chez la loutre de mer par la fourrure, la production de chaleur par un métabolisme environ deux fois plus élevé que chez un mammifère de même taille. Ce métabolisme explique que la loutre de mer doive manger près de 25 % de son poids chaque jour pour maintenir sa température interne de 35 degrés Celsius (10 % seulement chez la loutre d'Europe, qui passe beaucoup moins de temps dans l’eau).

Il existe d'autres adaptations à la vie aquatique :

  • les narines et les oreilles se ferment hermétiquement pendant la plongée ;
  • l’apophyse épineuse (les « épines » qui sortent de la colonne vertébrale) est très développée, comme chez d’autres mammifères marins, ce qui offre un meilleur ancrage aux muscles du dos ;
  • la circulation sanguine a la particularité (dite rete mirabile) d’être constituée (sous le derme) par un mélange de petites veines et de petites artères, les veines étant structurées pour bénéficier de la chaleur dégagée par les artères, ce qui réduit les pertes de chaleur ;
  • les poumons sont 2,5 fois plus larges que ceux d’un mammifère de même taille, pour favoriser les plongées (la loutre n’a en effet pas les couches de graisse épaisses des autres mammifères marins, qui leur servent à l’isolation thermique, mais aussi à stocker de l’oxygène pour les plongées) ;
  • le taux d’hémoglobine est plus important que chez un mammifère terrestre, facilitant le stockage de l’oxygène en plongée ;
  • le sang des loutres de mer a une grande capacité régulatrice qui aide ces animaux à supporter les excès de CO accumulés sous la pression durant la plongée ;
  • les naissances peuvent être reportées en cas de climat marin trop perturbé (voir le chapitre reproduction) ;
  • la lèvre supérieure, le nez et le dessus des yeux sont entourés de longues vibrisses (ressemblant aux « moustaches » des chats) qui repèrent les mouvements de l’eau, ce qui permet à l’animal de se diriger et de chasser dans des milieux aquatiques à faible visibilité ;
  • les yeux, les oreilles et les narines sont situés sur le dessus du crâne, comme chez beaucoup d’animaux aquatiques à respiration aérienne, ce qui permet à la loutre de rester dissimulée dans l’eau tout en respirant et en surveillant les alentours ;
  • les pattes avant ont des griffes rétractiles, alors que les pattes/nageoires postérieures sont plus longues, largement aplaties et palmées : ce sont surtout ces dernières qui servent à la propulsion.
  • Les reins sont plus gros que ceux des autres espèces de loutres, semble-t-il pour mieux éliminer l'accumulation de sel marin de l'organisme.

Sous chacune des puissantes pattes avant se trouve une poche de peau, employée pour stocker temporairement la nourriture ramassée pendant les plongées au fond, ou les pierres qu’elles utilisent volontiers comme outils.

Les loutres ont une queue assez courte, épaisse et musculeuse, qui leur sert de gouvernail.

Les loutres mâles peuvent atteindre un poids maximum de 45 kilogrammes et une longueur allant jusqu'à 1,5 mètre. La moyenne est cependant plutôt d'une trentaine de kilogrammes pour les mâles. Les femelles sont plus petites (un peu plus d'1 m), avec parfois seulement 70 cm, pour un poids moyen d’environ 23 kg.

Les femelles ont deux mamelles seulement.

Les deux canines supérieures sont très puissantes, et sensiblement plus grosses que les autres dents. Les deux canines inférieures sont également de bonnes tailles, mais plus petites. Les molaires sont robustes, sans doute une adaptation à une nourriture partiellement constituée d'animaux à coquilles ou carapaces.

Les loutres mènent des vies relativement longues : jusqu'à 23 ans dans la nature (quinze - vingt ans en moyenne).

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