Lourdaise (race bovine) - Définition

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Introduction

Lourdaise icône vache
Vache lourdaise à Bourreac.jpg
Vache lourdaise à Bourréac, près de Lourdes, vers 1966.

Espèce Vache (Bos taurus)
Région d’origine
Région Massif des Pyrénées en France France
Caractéristiques
Taille Moyenne
Robe Froment
Autre
Diffusion Locale, préservée
Utilisation Mixte

La Lourdaise est une race bovine française à très faible effectif, originaire des Hautes-Pyrénées et aujourd'hui présente essentiellement dans des élevages conservatoires.

Histoire de la race

Place au sein des races bovines françaises

On inclut habituellement la race bovine Lourdaise au sein de ce qu'il est convenu d'appeler le rameau blond du sud-ouest, ensemble de races à muqueuses claires (le mufle, la muqueuse oculaire et la zone anogénitale), à robe unie avec des zones de dilution autour des yeux, du mufle et sur les parties déclives, de couleur froment clair à foncé, ou rousse. Ce rameau a comme principaux représentants la Limousine et la Blonde d'Aquitaine. On y inclut aussi la Bazadaise (robe châtain) et deux autres races à faible effectif : la Lourdaise et la Béarnaise. En fait la couleur de la robe est un critère très insuffisant pour fonder une parenté ethnique, même s'il est commode pour désigner cet ensemble régional de races dont l'unité remonte à la classification des races bovines du zootechnicien André Sanson en 1880. La classification de Sanson était fondée strictement sur des critères morphologiques et notamment crâniométriques. Sur cette base, Sanson ne reconnaissait qu'un nombre limité de races pour lesquelles il avait adopté la terminologie latine trinominale dérivée de la nomenclature binominale de Linné. Au sein de ces races il distinguait des variétés qui ont donné les races que nous connaissons actuellement. Aujourd'hui les races de Sanson sont l'équivalent de rameaux ethniques tandis que les variétés de Sanson sont l'équivalent de nos races actuelles. En l'occurrence la race Bos taurus aquitanicus de Sanson équivaut au rameau blond du sud ouest. Une classification postérieure, celle de Baron rapportée par Dechambre, s'appuya sur un ensemble de caractères morphologiques principalement (profil crânien, proportions, format), et secondairement sur la robe et les aptitudes. Aujourd'hui ces classifications et regroupements ont surtout un intérêt culturel et historique, même s'il leur est souvent fait référence dans des notices de races. Les méthodes génétiques actuelles s'appuyant sur l'utilisation de marqueurs moléculaires polymorphes mesurent la distance génétique entre groupes ethniques. Elles débouchent sur une classification de type cladistique des populations qui converge en partie seulement avec les anciennes classifications.

Vers la fin des années 1950, à l'initiative de l'inspecteur général de l'Agriculture Edmond Quittet, dont l'ambition était de simplifier la carte ethnique de l'élevage français, la Lourdaise rejoint la Béarnaise devenue la Blonde des Pyrénées depuis 1951, bien que la Lourdaise, race laitière, n'ait pas grand chose de commun avec la Béarnaise, race de travail peu exploitée pour le lait. La Blonde des Pyrénées a d'emblée été une race allaitante de montagne ou de piémont, donc comme la Béarnaise qu'elle a remplacée. Elle a eu une existence très brève : en 1962, elle a été absorbée dans la grande race Blonde d'Aquitaine qui venait d'être formée à partir des anciennes races Garonnaise et Quercy. L'expansion de la Blonde d'Aquitaine, aujourd'hui race bovine allaitante dominante du Sud-Ouest, fut servie par l'insémination artificielle.

Origine

La race Lourdaise avait son berceau dans l'arrondissement d'Argeles-Gazost, en particulier dans les cantons de Lourdes et du Lavedan, tandis que son aire d'élevage s'étendait sur une bonne partie du département des Hautes-Pyrénées sur toute la vallée et la plaine de l'Adour, du Haut-Adour en particulier où elle côtoyait la Casta vers le col d'Aspin jusque dans la plaine au nord de Tarbes, dans la région de Maubourguet, anciennement. Hors de cette zone on pouvait la trouver comme animal laitier et non d'élevage, c'est-à-dire achetée amouillante pour l'exploitation laitière sans mise à la reproduction comme cela se faisait parfois. Elle était surtout limitée à l'est par l'aire de la Gasconne sans aptitudes laitières exploitables mais plus performante pour la traction animale.

L'effectif n'a jamais été important car son aire d'extension a toujours été limitée. Paul Diffloth cite un effectif de 28000 vaches en 1920 tandis que E. Gaye, alors Directeur des Services agricoles des Hautes Pyrénées, fournit les renseignements statistiques suivants pour 1934 :

Taureaux : 221
Bœufs : 379
Vaches : 20 820
Élèves au-dessus de 1 an : 4 630
Élèves de moins de 1 an : 3 948

Déclin et quasi disparition

La race Lourdaise s'est maintenue jusqu'au tout début des années 1960. Plusieurs facteurs se sont alors conjugués pour la faire disparaître rapidement : l'abandon de la traction bovine, l'arrivée dans son berceau de races spécialisées comme la Brune des Alpes puis la Frisonne pour la production laitière, de la Limousine puis de la Blonde d'Aquitaine pour la production de viande. En même temps, elle était interdite de monte publique, n'avait pas accès à l'insémination et subissait les conséquences de la prophylaxie de la brucellose et de la tuberculose (abattages nombreux).

Au début des années 1970, la race ne comptait plus que quelques dizaines d'individus.

Mise en place du programme de conservation

Dans le courant des années 1970, Pierre Correge, alors jeune enseignant de Bagnères de Bigorre, puis chargé de mission sur la chaîne Pyrénées, constitue un troupeau formé d'un taureau, Marti, acheté dans le village de Germs-sur-l'Oussouet et d'une dizaine de vaches hors d'âge sauvées avant qu'elles ne partent à l'abattoir. Il est vraisemblable que sans son action la race n'existerait plus. En 1978, le Commissaire à l'Aménagement des Pyrénées débloqua quelques fonds de ce qui était le FIDAR (Fonds Interministériel de Développement et d'Aménagement Rural) via le Parc National des Pyrénées pour permettre un recensement des derniers animaux des races Béarnaise, Casta et Lourdaise. Malheureusement peu d'individus autres que ceux qui avaient été signalés furent retrouvés. Un peu plus tard, on s'est aperçu, mais trop tard, qu'un certain nombre d'animaux avaient été oubliés ou négligés, ce qui n'est pas sans conséquence sur la composition et la qualité de la base génétique actuelle de la race. En outre beaucoup de vaches retrouvées étaient trop âgées pour se reproduire même en monte naturelle tandis que l'on eut recours tardivement à l'insémination artificielle. Ceci explique que la population femelle ait pu descendre à une vingtaine de sujets.

Le taureau Marti laissa deux fils, Omar (à l'IA) et Pregoundito, qui sont à l'origine des deux lignées mâles actuelles.

En 1982, deux taureaux, Omar (fils de Marti) et Rolesqui (fils de Pregoundito) sont confiés aux soins de l'Union de Coopératives d'Insémination artificielle MIDATEST pour y être collectés. D'autres taureaux suivront, en décalage génétique par les mères pour maintenir la diversité génétique. Ils sont aujourd'hui une quinzaine en tant qu'origines des doses de semence disponibles

Lourdaise dans la stabulation de Bertrand Sassus, éleveur Prim'Holstein adhérent au réseau Farre, à Ger (Hautes-Pyénées)

En 1980, un fichier des animaux, reconnu comme livre généalogique de la race, est créé et tenu par l'Institut de l'élevage qui a ouvert une section dédiée aux ressources génétiques et aux races à faible effectif sous l'impulsion déterminante de Laurent Avon. La liste des propriétaires et des animaux est mise à jour tous les ans et communiquée à l'ensemble des éleveurs qui ont ainsi la possibilité de se repérer au sein de la race.

De 30 vaches de 1983, l'effectif est monté à 259 femelles dont 183 vaches chez 44 propriétaires, en 2007. En 2008, on recense 303 femelles et 48 propriétaires. Présentée au concours agricole de Tarbes, elle suscite l'intérêt du public local étonné et heureux de la découvrir ou de la revoir.

En 2003, à l'initiative du Conservatoire du Patrimoine Biologique Régional, instance du Conseil régional de Midi-Pyrénées, ont été déposés les statuts d'un Syndicat des Races Bovines des Pyrénées Centrales représentant les éleveurs des races Casta et Lourdaise. La ville de Lourdes a un projet d'implantation d'un petit élevage de vaches Lourdaise à proximité du Lac de Lourdes sur un site en rénovation (ferme Balloum).

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