Louis Pasteur - Définition

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Pasteur, la religion catholique et l'euthanasie

Dans les dernières années du XIXe siècle et les premières du XXe, l'apologétique catholique attribuait volontiers à Pasteur la phrase « Quand on a bien étudié, on revient à la foi du paysan breton. Si j'avais étudié plus encore j'aurais la foi de la paysanne bretonne. »

En 1939 (l'entre-deux-guerres fut la grande époque de l'Union rationaliste), Pasteur Vallery-Radot, petit-fils de Louis Pasteur, fit cette mise au point : « Mon père a toujours eu soin, et ma mère également d'ailleurs, de dire que Pasteur n'était pas pratiquant. Si vous ouvrez la Vie de Pasteur, vous verrez que mon père parle du spiritualisme et non du catholicisme de Pasteur. Je me souviens parfaitement de l'irritation de mon père et de ma mère, quand quelque prêtre, en chaire, se permettait de lui attribuer cette phrase qu'il n'a jamais dite : « J'ai la foi du charbonnier breton. » (...) Toute la littérature qui a été écrite sur le prétendu catholicisme de Pasteur est absolument fausse. »

En 1994-1995, Maurice Vallery-Radot, arrière-petit-neveu de Pasteur et catholique militant, ne se contente pas du spiritualisme, du théisme de Pasteur, il tient que Pasteur resta au fond catholique, même s'il n'allait pas régulièrement à la messe.

En 2004, Pasteur sert de caution morale à une cause d'une nature différente : son précédent est évoqué à l'assemblée nationale en faveur de l'euthanasie compassionnelle. La commission rapporte, d'après Léon Daudet, que quelques-uns des dix-neuf Russes soignés de la rage par Pasteur développèrent la maladie et que, pour leur épargner les souffrances atroces qui s'étaient déclarées et qui auraient de toute façon été suivies d' une mort certaine, on pratiqua sur eux l'euthanasie avec le consentement de Pasteur.

Pourtant, il y eut une époque où un Pasteur praticien de l'euthanasie n'était pas une chose qu'on exhibait volontiers : Axel Munthe ayant lui aussi raconté l'euthanasie de quelques-uns des mordus russes dans la version originale en anglais de son Livre de San Michele (The Story of San Michele), la traduction française publiée en 1934 par Albin Michel, bien que donnée comme « texte intégral », fut amputée du passage correspondant.

Le « génie » de Pasteur

Mise en ordre plutôt qu'innovation

En 1950, René Dubos faisait gloire à Pasteur « d'audacieuses divinations ». En 1967, François Dagognet cite ce jugement de Dubos, mais pour en prendre le contre-pied : il rappelle que Pasteur a seulement ajouté à la chimie des isomères que Berzélius et Mitscherlich avaient fondée, qu'il avait été précédé par Cagniard-Latour dans l'étude microscopique des fermentations, par Davaine dans la théorie microbienne des maladies contagieuses et, bien sûr, par Jenner dans la vaccination. Il ajoute que la science de Pasteur « consiste moins à découvrir qu'à enchaîner ».

Monument à Pasteur, Place de Breteuil (7e, 15e arrondissements de Paris)

Dans le même ordre d'idées que Dagognet, André Pichot définit comme suit le caractère essentiel de l'œuvre de Pasteur : « C'est là le mot-clé de ses travaux : ceux-ci ont toujours consisté à mettre de l'ordre, à quelque niveau que ce soit. Ils comportent assez peu d'éléments originaux (En note : Cela peut surprendre, mais les études sur la dissymétrie moléculaire étaient déjà bien avancées quand Pasteur s'y intéressa, celles sur les fermentations également; les expériences sur la génération spontanée sont l'affinement de travaux dont le principe était vieux de plus d'un siècle; la présence de germes dans les maladies infectieuses étudiées par Pasteur a souvent été mise en évidence par d'autres que lui; quant à la vaccination, elle avait été inventée par Jenner à la fin du XVIIIe siècle, et l'idée d'une prévention utilisant le principe de non-récidive de certaines maladies avait été proposée bien avant que Pasteur ne la réalisât.); mais, le plus souvent, ils partent d'une situation très confuse, et le génie de Pasteur a toujours été de trouver, dans cette confusion initiale, un fil conducteur qu'il a suivi avec constance, patience et application. »

Patrice Debré dit de même : « Pasteur donne parfois même l'impression de se contenter de vérifier des résultats décrits par d'autres, puis de se les approprier. Cependant, c'est précisément quand il reprend des démonstrations laissées, pour ainsi dire, en jachère, qu'il se montre le plus novateur : le propre de son génie, c'est son esprit de synthèse.  »

Un savant dans le monde

Pasteur n'était en rien un chercheur isolé dans sa tour d'ivoire. Ses travaux étaient orientés vers les applications médicales, hygiéniques, agricoles et industrielles. Il a toujours collaboré étroitement avec les professions concernées (même si, parmi les médecins, ses partisans étaient en minorité) et il a su obtenir le soutien des pouvoirs publics à la recherche scientifique. « C'est sans doute à cela que Pasteur doit sa grande popularité. Il a lui-même sciemment contribué à l'édification de sa légende, par ses textes et par ses interventions publiques. »

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