Les relations entre « écriture littéraire » et « informatique » s’organisent selon trois dimensions. La première s’intéresse à l’informatique comme source d’inspiration, la deuxième concerne l’utilisation de l’informatique pour donner accès au texte, la troisième travaille sur son utilisation pour écrire.
Les développements de l’informatique inspirent en particulier deux thématiques à la littérature : la satire des sociétés totalitaires et les drames affectifs entre homme et machine.
D’une part, le traitement systématique de l’information pour le maintien de l'ordre alimente des satires des sociétés, verrouillées par des logiques panoptiques (pour reprendre le terme inventé par Bentham en 1780) de contrôle permanent comme 1984 de Georges Orwell, Brazil de Terry Gilliam, ou Bienvenue à Gattaca de Andrew Niccol : l'idée est toujours la même, celle d’un régime totalitaire abusant de la traçabilité apportée par l'informatique.
D’autre part, sachant que l'intelligence n’est pas séparable de l’affect, la relation bilatérale entre intellect de l’homme et celui de la machine nourrit quasi systématiquement la question des relations sentimentales humain-ordinateur, comme dans 2001, l'odyssée de l'espace de Arthur C. Clarke, Lulu de Clifford Simak ou Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick. Cette question rejoint une troisième thématique fréquente : celle de la machine transgressant son devoir d’obéissance à son créateur, comme dans la trilogie des Robots d’Isaac Asimov.
La littérature électronique appelé aussi cyber littérature se situe comme un développement de la littérature expérimentale de l’ouvroir de littérature potentielle oulipo. Elle reprend les fondements de la littérature à contraintes : règles syntaxiques ou sémantiques, formulation de multiples variantes à partir d’une même structure ou histoire comme dans les Cent Mille Milliards de Poèmes de Raymond Queneau ou dans Un petit peu plus de 4000 poèmes en prose pour Fabrizio Clerici de Georges Perec. Mais les systèmes experts actuels démultiplient ce travail car ils peuvent à fois, gérer et améliorer des règles, stocker de multiples données, voire des avis des lecteurs.
Pour la production de phrases et de paragraphes, une première série de logiciels travaille en s’inspirant des logiques du cadavre exquis. Pour ce qui est du travail sur l’intrigue et la structure des récits, une seconde famille de logiciels cherche à inventer des récits, en gérant les émotions comme les générateurs de Jean-Pierre Balpe ou Brutus, Minstrel ou Mexica sur lesquels travaille Pérez y Perez de l'Université de Mexico . Ce logiciel Mexica gère la production du récit avec des algorithmes qui harmonisent les rythmes des émotions et des ambiances. C’est dans cette famille que se situe le logiciel « Romanesque 2.0 » héros du roman éponyme d'Olivier Las Vergnas paru cette année 2007 aux éditions du Passager clandestin et qui est le premier texte de fiction à mettre en scène la richesse, mais aussi les difficultés d’utilisation d’un tel outil.
Avec cette nouvelle génération d’outils, des automates littéraires commencent à apparaître qui transcendent leurs ancêtres de l’Oulipo, en dépassant leurs limites qui étaient la simple expression de règles accompagnée de la formulation de quelques solutions figées, et ce d’autant que les machines d’aujourd’hui ont la puissance de travailler à de multiples niveau à la fois : niveau du vocabulaire, de la structure de la phrase, construction des personnages, de l’intrigue.