Les Fils de l'homme (film) - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Distinctions

Récompenses

  • BAFTA 2007 :
    • BAFTA de la meilleure photographie (Emmanuel Lubezki)
    • BAFTA de la meilleure direction artistique (Geoffrey Kirkland, Jim Clay et Jennifer Williams
  • Festival de Venise 2006 :
    • Osella d'or de la meilleure contribution technique (Emmanuel Lubezki)
    • Prix de la Lanterne Magique (Alfonso Cuarón)
Prix de la critique
  • Los Angeles Film Critics Association 2006 : Prix de la de la meilleure photographie (Emmanuel Lubezki)
  • Chicago Film Critics Association 2006 : Prix de la meilleure photographie (Emmanuel Lubezki)
  • National Society of Film Critics 2007 : Prix de la meilleure photographie (Emmanuel Lubezki)
  • Vancouver Film Critics Circle 2007  : Prix du meilleur film et du meilleur réalisateur (Alfonso Cuarón)
  • Austin Film Critics Association 2007 : Prix du meilleur réalisateur (Alfonso Cuarón) et du meilleur scénario adapté (Alfonso Cuarón)
  • Online Film Critics Society 2007 :
    • Prix du meilleur scénario adapté (Alfonso Cuarón, Timothy J. Sexton, David Arata, Mark Fergus et Hawk Ostby)
    • Prix de la meilleure photographie (Emmanuel Lubezki)
Prix d'associations de professionnels du cinéma
  • American Society of Cinematographers 2007 : Prix pour Emmanuel Lubezki

Nominations

  • Oscars du cinéma 2007 :
    • Oscar du meilleur scénario adapté (Alfonso Cuarón, Timothy J. Sexton, David Arata, Mark Fergus et Hawk Ostby)
    • Oscar de la meilleure photographie (Emmanuel Lubezki)
    • Oscar du meilleur montage (Alfonso Cuarón et Alex Rodríguez)
  • BAFTA 2007 : Meilleurs effets spéciaux (Frazer Churchill, Timothy Webber, Mike Eames et Paul Corbould)
  • Saturn Awards 2007 :
  • Online Film Critics Society : Meilleur film, meilleur réalisateur pour Alfonso Cuarón et meilleur montage pour Alfonso Cuarón et Alex Rodríguez en 2007
Prix d'associations de professionnels du cinéma
  • Visual Effects Society :
    • Prix des meilleurs effets visuels de l'année 2007 (Timothy Webber, Lucy Killick, Andy Kind et Craig Bardsley pour la séquence de la naissance)
    • Prix de meilleurs effets visuels secondaires pour un film 2007 (Lucy Killick, Frazer Churchill, Timothy Webber et Paul Corboul)
  • Art Directors Guild : Prix d'excellence de la production pour un film fantastique 2007 (Jim Clay, Geoffrey Kirkland, Gary Freeman, Malcolm Middleton, Ray Chan, Paul Inglis, Mike Stallion, James Foster, Peter James et Stephen Forrest-Smith)
  • Motion Picture Sound Editors :
    • Prix Golden Reel du meilleur montage son de la musique pour un film 2007 (Michael Price)
    • Prix Golden Reel du meilleur montage son et effets sonores pour un film étranger 2007 (David Evans, Richard Beggs, Bjorn Ole Schroeder, Sam Southwick, Tony Currie, Iain Eyre, Nick Lowe, Harry Barnes, Stuart Morton et Peter Burgis)

Analyse du film

Photographie : l'art du plan-séquence

Le film utilise de nombreux plans-séquence dans lesquels se déroulent des actions complexes. Les plus longs sont les suivants :

  • l'embuscade en voiture (3 min 58) ;
  • l'accouchement de Kee (3 min 11) ;
  • la scène où Theo évolue dans un théâtre de guérilla urbaine au camp de Bexhill (6 min 18).

Ce genre de plans, très délicats à tourner, utilisent parfois, dans Les Fils de l'homme, des raccords pour préserver la continuité. Ainsi, selon Frazer Churchill, superviseur des effets visuels, le plan-séquence de la bataille finale a été effectué en cinq prises. De même, le plan-séquence de l'embuscade l'a été en six et sur trois lieux différents. Selon le réalisateur Alfonso Cuarón, l'essentiel était surtout de conserver la perception d'une chorégraphie fluide à travers les pièces de ce que l'on pourrait appeler un puzzle.

Ce dernier avait déjà expérimenté les longues prises dans Y tu mamá también. Son style est influencé par l'un de ses films favoris, le film suisse Jonas qui aura 25 ans en l'an 2000, d'Alain Tanner (1976), qu'il a visionné alors qu'il était étudiant. À ce moment, il s'intéressait à la Nouvelle Vague et appréciait la sobriété, le peu de gros plans, l'élégance et la lenteur des mouvements de caméra.

Le plan-séquence où Clive Owen pénètre un bâtiment assiégé a été préparé pendant quatorze jours et tourné en cinq heures. À la fin de ce plan, du sang gicle sur la caméra. Ce détail a été conservé par Alfonso Cuarón sur les conseils de son directeur de la photographie, Emmanuel Lubezki. Selon Clive Owen, l'une des difficultés majeures de ce genre de plan a tenu au fait qu'ils étaient beaucoup préparés mais devaient paraître avoir été saisis dans le feu de l'action.

Au début du projet, la première idée d'Alfonso Cuarón pour maintenir la continuité a été considérée comme irréalisable par les experts de la production. En effet, sortant du tournage de Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, il avait suggéré d'utiliser des effets spéciaux. Son directeur de la photographie refusa aussi catégoriquement du fait que leur ambition commune était de filmer Les Fils de l'homme comme un documentaire pris sur le vif. Doggicam Systems dut donc, par exemple, concevoir un bras spécial pour porter la caméra et ainsi, permettre au réalisateur de tourner la scène dans la voiture. Un véhicule a dû être modifié pour permettre aux sièges et au pare-brise avant de s'incliner pour laisser la caméra se déplacer sans obstacles. Une équipe de quatre personnes était postée sur le toit de celui-ci pour tourner la scène, dont Emmanuel Lubezki et un opérateur caméra.

Lors de cette séquence, un guet-apens suivi d'une course-poursuite, les acteurs n'étaient pas prévenus de l'arrivée en masse de figurants agressifs. Selon le réalisateur, qui voulait des émotions les plus naturelles possibles, Julianne Moore était terrifiée, Clive Owen a eu peur d'avoir blessé le cascadeur à moto qui les attaquent et qui est fauché d'un coup de portière et Chiwetel Ejiofor a été blessé au visage par un éclat de verre.

Timothy Webber, de la société d'effets spéciaux Framestore CFC, a été responsable, pour sa part, du plan-séquence de l'accouchement durant trois minutes et trente secondes ; et ce, à la fois au niveau de la mise en scène, mais aussi de l'ajout du nouveau-né en images de synthèse. Le réalisateur souhaitait à l'origine utiliser un bébé en animatronique à l'exception de la scène de la naissance de l'enfant. Au final, deux prises ont été faites. Dans la seconde, les jambes de Claire-Hope Ashitey avaient été remplacées par des prothèses. Alfonso Cuarón, satisfait du résultat obtenu par la 3D, a donc décidé de remplacer le bébé en animatronique par celui en images de synthèse de Framestore CFC.

Pour Clive Owen, la sophistication des mouvements de caméra utilisés pour ces plans permettent à la fois aux acteurs et aux spectateurs d'oublier celle-ci et de les engager totalement dans la scène.

Thèmes et références

Massacres, tortures et attentats

L'homme encapuchonné de la prison d'Abu Ghraib dont la pose est reprise dans le film

Quand Miriam est sortie du bus par le militaire à l'entrée à Bexhill, on entend la chanson Arbeit macht frei des Libertines. Ce titre de chanson fait référence à la devise écrite à l'entrée des camps d'extermination nazis. Le traitement des immigrés dans le film, à travers cela et à travers les méthodes avec lesquelles ils sont traqués et emprisonnés (cages...), rappelle clairement la Shoah. Il y a aussi une autre référence aux atrocités nazies lorsque, dans l'Arche des Arts, Nigel dîne devant la toile Guernica, de Pablo Picasso, qui représente le massacre de plus de 1 600 civils par un bombardement nazi dans la ville de Gernika-Lumo lors de la guerre civile espagnole.

Pour ce qui est des références plus contemporaines, les camps de réfugiés sont évoqués de manière politiquement incorrecte : Miriam est encapuchonnée à Bexhill et a la même pose que l'un des prisonniers victime des tortures de la prison d'Abu Ghraib dont la photo a été massivement diffusée. On y évoque aussi la prison de Guantánamo ou encore le Maze. Selon certains, le film donne également une résonance aux attentats du 11 septembre.

On peut aussi remarquer une similarité avec la couverture en cinéma vérité de la guerre d'Irak. On trouve aussi de nombreuses références aux mouvements islamistes modernes, notamment à travers le terme intifada, tagué en arabe mal orthographié sur certains murs. De plus, on assiste, lors du film, à une procession d'hommes avec des bandeaux verts tirant avec des armes automatiques et scandant les mots Allahu Akbar comme un prélude à la révolte du camp de Bexhill. Il s'agit ici d'une référence précise au Hamas et au conflit israëlo-palestinien.

Alfonso Cuarón déclare avoir essayé, autant que faire se peut, de croiser les références. Par exemple, quand Theo quitte les appartements russes, une femme tient le corps de son fils. Cela fait à la fois référence à une photo célèbre d'un conflit dans les Balkans et à la Pietà de Michel-Ange, auquel il avait déjà fait référence, plus tôt dans le film, au travers de son David.

La révolution, la contestation

La centrale électrique de Battersea

Durant la visite de Theo à son cousin, on peut voir un dirigeable en forme de cochon flottant au-dessus de la centrale électrique de Battersea. Ce plan est une référence à la couverture de l'album Animals des Pink Floyd, elle-même référence au livre La Ferme des animaux de George Orwell. Sur cette même centrale électrique, on peut voir l'un des nombreux clins d'œil du film aux artistes guérilleros, un mouvement d'artistes engagés. L'un d'eux, le pochoiriste britannique Bansky, a travaillé sur le film et plus précisément sur deux peintures murales. L'une d'elles est celle d'un enfant regardant un magasin et l'autre, celle de la centrale, représente deux policiers s'embrassant. Cet esprit a d'ailleurs été repris sur l'affiche française du film et à d'autres endroits du film avec des lettres coupées comme si elles avaient été dessinées à l'aide de pochoirs. Les artistes graphiques sont aussi à l'honneur de ce film puisque Jasper est un ancien cartooniste politique de renom en retraite. On peut voir ses dessins lorsque Theo est chez celui-ci. Les dits dessins ont été réalisés par Steve Bell, cartooniste, lui aussi renommé, mais bien réel, qui travaille pour The Guardian.

Pour Alfonso Cuarón, le film peut se voir plus généralement comme traitant des problèmes de communication entre les êtres et s'inscrire dans une trilogie avec deux autres films de réalisateurs mexicains sortis la même année : Le Labyrinthe de Pan de Guillermo Del Toro et Babel d'Alejandro González Iñárritu.

L'espoir

Les Fils de l'homme fait de l'espoir l'un de ses thèmes majeurs dès la première phrase de la bande-annonce française par une réplique intérieure de Theo Faron :

« Je ne me souviens plus très bien quand j'ai commencé à perdre espoir et encore moins quand tout le monde a commencé à le perdre. »

Il met également ce thème en relation avec celui de la foi, qui fait ici face à la futilité et au désespoir. Sur le plan symbolique, le désespoir est représenté par le logo du film ci-dessus : un fœtus à l'intérieur d'un œil versant une larme, la couleur rouge évoquant peut-être le sang.

La cause de l'infertilité n'est jamais expliquée même si l'on évoque une destruction environnementale ou encore un châtiment divin. Ce flou a été volontairement cultivé par Alfonso Cuarón, qui se refuse à donner toutes les clefs au spectateur. Le roman à l'origine du film décrit ce qui se produit quand une population ne peut plus se reproduire et l'explique par l'infertilité des hommes. Le film octroie celle-ci aux femmes. Kee, la jeune africaine, représente donc le dernier espoir de l'humanité. Le thème de l'infertilité apparaît alors comme la métaphore de la perte d'espoir des hommes et le bébé de Kee, comme un symbole de renouveau et de rédemption.

Pour Alfonso Cuarón, Theo Faron incarne la part d'humanité du film, son espoir est juste « caché sous un maquillage d'immobilité ».

Selon le réalisateur, la fin du film permet à chaque spectateur de donner un sens à l'espoir suscité par les scènes finales. Selon lui, une personne optimiste y verra beaucoup d'espoir quand une personne pessimiste y verra quelque chose de totalement désespéré. Il a entendu, par ce film, non pas présenter une « vision pessimiste du futur mais une version réaliste du présent ».

Aspects légendaires et religion

Les Fils de l'homme est décrit par son réalisateur comme un film miroir à son film Y tu mamá también. Ce sont tous les deux des road movies. On peut comparer Les fils de l'homme, dans son écriture, à une odyssée héroïque classique comme L'Énéide, de Virgile, La Divine Comédie, de Dante, ou encore Les Contes de Cantorbéry, de Chaucer, où les passages clefs sont à chercher sur la route plutôt qu'à l'aboutissement. C'est un parcours initiatique sur le chemin de la conscience et pour Theo, plus particulièrement, un voyage presque mystique du désespoir vers l'espoir.

Le titre, d'emblée, pose la religion comme thème important du film, déjà présent dans le livre éponyme. Le sujet du film apparaît en effet comme l'allégorie du psaume chrétien 90 de la Bible du roi Jacques dont voici le troisième verset :

« Tu réduis les mortels en poussière, et tu dis: Retournez, fils de l'homme ! »

P.D. James décrit son roman comme une « fable chrétienne » alors qu'Alfonso Cuarón, lui, ne conçoit pas son film comme « un regard sur le christianisme » et ce même s'il n'exclut pas la spiritualité : il ne s'intéresse pas aux dogmes.

La symbolique chrétienne est omniprésente dans le film. Par exemple, les terroristes britanniques se nomment les « Poissons » qui sont un symbole majeur de christianisme. Le prénom du héros, Theo signifie par ailleurs « Dieu ».

Le film ayant été lancé le jour de Noël aux États-Unis, Kee et Theo ont été comparés à Joseph et Marie et le film qualifié de « récit de la nativité contemporain ». De plus, le fait que Kee soit enceinte est révélé à Theo dans une étable est une allusion à la scène de la nativité. À cela, s'ajoute le fait que, quand les autres personnages voient Kee et son bébé, ils prononcent le nom de Jésus-Christ ou font le signe de croix.

Pour souligner ces thèmes spirituels, Alfonso Cuarón a commandé un morceau de quinze minutes au compositeur britannique John Tavener, chrétien orthodoxe, dont le travail a eu pour thèmes : la maternité, la naissance, la renaissance et la rédemption aux yeux de Dieu. Le nom du morceau est Fragments of a Prayer (Fragments d'une prière).

Le lexique religieux est également très employé, dans un vaste syncrétisme, tout au long du film :

  • mata (mère en sanskrit) ;
  • pahi mam (protège moi en sanskrit) ;
  • avatara (sauveur en sanskrit) ;
  • alleluia (de l'hébreu).

Enfin, à la suite des dernières scènes et du générique, il y a une prière hindoue pour la paix en sanscrit : Shantih shantih shantih. On retrouve aussi ces mots à la fin d'un upanishad et à la dernière ligne du poème de Thomas Stearns Eliot : La Terre vaine. Les prières et les invocations sont d'ailleurs nombreuses tout au long du film, notamment à travers le personnage de Miriam.

Quant à l'organisation quasi-légendaire Renouveau Planétaire, elle peut se concevoir comme la possibilité d'évolution de la compréhension humaine.

Un futur proche...

Alfonso Cuarón a demandé au département artistique de positionner le film comme un « anti-Blade Runner », le film de Ridley Scott (1982), en rejetant toute proposition de technologie avancée et en minimisant les éléments de science-fiction présents dans l'année 2027.

Le réalisateur s'est basé sur des images reflétant notre époque, choisissant d'ajouter des technologies innovantes à partir d'une inflexion de la ligne du temps en 2014. Ce qui l'intéressait dans ce film, ce n'était pas « se laisser distraire par le futur », mais de « transporter le public dans une autre réalité ».

Ainsi, dans la tour de Bexhill, Theo porte un maillot des jeux olympiques de Londres de 2012 ; la majorité des voitures utilisées lors du film sont des voitures actuelles d'aspect futuriste (la Renault Modus, la Renault Avantime, la Renault Mégane II et la Fiat Multipla) ou plus ancienne comme par exemple la CX break de Jasper Palmer, au capot et à l'arrière redessinés. La volonté de créer un film d'anticipation crédible est marquée dès le début du film, quand Theo descend du train, les soldats britanniques portent le fusil expérimental XM8.

Par ailleurs, le film s'empare de thématiques actuelles comme l'immigration et l'opposition à celle-ci, qui restent profondément d'actualité au Royaume-Uni et dans les autres sociétés occidentales. Ce sujet nourrit l'arrière-plan du film et peut faire penser aux vagues d'écoréfugiés prévues par une partie de la communauté scientifique dans les décennies à venir.

Page générée en 0.217 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise