Une épidémie récente provoquant 85 cas de légionelloses dans un arrondissement de Lens et incriminant comme l’une des sources possibles une tour aéroréfrigérante d’une entreprise, nous montre que l’urbanisation et les progrès technologiques ont donné la possibilité à des bactéries antédiluviennes de la famille des Légionelles, de se développer dans nos installations techniques, d’être diffusées sous forme d’aérosols, puis inhalées. L’inhalation étant la voie de contamination communément admise. Les nombreux travaux menés depuis les premiers cas de légionellose en 1976 à Philadelphie ont montré que l’environnement aquatique naturel et artificiel (lacs, rivières, étangs et même dans les sols) était le réservoir de la grande famille des légionelles dont seules quelques espèces voire sérogroupes sont majoritairement responsables d’affections respiratoires.
L’une des particularités de cette famille de bactéries est qu’elle est détectable dans des eaux ou des réseaux d’eau, à des températures allant de 5,7 à 63 °C (1) même si son optimum thermique est compris entre 25 °C et 43 °C. L’autre grande particularité de cette bactérie thermophile est son mode de survie basé sur un parasitisme naturel de divers protozoaires de la microflore aquatique (ciliés et amibes libres de type Naegleria, Acanthamoeba).
Cette double propriété écologique, thermophilie et parasitisme, font des légionelles de redoutables bactéries ubiquitaires de notre environnement expliquant leur présence dans 30 à 60% des prélèvements d'eau chaude sanitaire réalisés dans les hôpitaux, hôtels, bâtiments et lieux d'habitation (immeubles ou maisons individuelles). Par ailleurs de nombreux réseaux d’eaux peuvent être contaminés, à côté des classiques eaux chaudes sanitaires domestiques ou tours aéroréfrigérantes, sont aussi concernés les équipements de stations thermales, les fontaines décoratives, les bains à remous et plus surprenant de rares machines à glace et fontaines réfrigérantes.
La prévention et la surveillance des légionelloses, notamment dans les établissements de santé ont fait l’objet en France depuis 1997 d’un renforcement réglementaire, justifié par l’évolution des connaissances. La dernière circulaire du 22 avril 2002 relative à la prévention du risque lié aux légionelles précise, entre autres, des mesures de prévention à mettre en œuvre pour lutter contre les légionelloses (2). Compte tenu de la faible production d’aérosols lors de l’utilisation normale de l’eau à un robinet, les dispositions préventives ont été menées prioritairement dans les lieux pourvus de douches ou douchettes. Jusqu’en 2002, les systèmes de distribution d’eau chaude étaient à l’origine du plus grand nombre de cas de légionelloses dans les établissements de santé mais depuis la mise en application de cette circulaire, les tours aéro-réfrigérantes semblent être le principal responsable.
Dogme : l’efficacité des désinfectants est incertaine voire hasardeuse dans le temps sur les bactéries hydriques et plus particulièrement sur les légionelles.
Les actions curatives correspondent aux traitements à caractère momentanée qui peuvent être nécessaire à la suite de la mise en évidence dans l’eau de concentrations en légionelles excessives (4, 5, 6).
Plusieurs conditions sont obligatoires :
Il existe différentes méthodes que le Ministère de la Santé a testé et validé pour les réseaux d'eau potable. Ces méthodes figurent dans la circulaire 2002/243 d'avril 2002. On y trouve notamment :
Mise en circulation de la solution dans l'ensemble du réseau et points contaminés (hors utilisation). Concentration allant de 100 à 1000 mg/l de peroxyde d'hydrogène + Ag pour un temps de contact pouvant aller jusqu'à 12 heures. A l'issue du temps de contact, on pratique une vidange complète du réseau avant réutilisation.
Les rayons ultraviolets sont utilisés lors de la désinfection en terminale (au point d’usage) ou même sur des systèmes complets (eau d'appoint ainsi que dans le système).
Deux approches : choc chloré (15 à 100 mg/l selon la procédure) et hyperchloration en continue (au moins 1 mg/l de chlore libre)
Gaz instable produit in situ, soluble dans l’eau, puissant oxydant (1 mg/l en continu)
Gaz instable produit in situ. La vitesse de décomposition augmente avec la chaleur. Agit par oxydation et réaction radicalaire (inhibée par carbonates et phosphates et activée par les UV)
Électrodes génératrices d’ions Cu2+ = 0,2-0,8 mg/l et Ag+ = 0,02-0,08 mg/l monitorage par spectrométrie d’absorption atomique
Aux États-Unis, tous les produits sus-cités sont autorisés pour la pratiques de désinfection des circuits d’eau, mais dans les dernières recommandations du CDC publiées en 2003, pour le contrôle des infections liées à l’environnement dans les hôpitaux, en l’absence de preuve scientifique et de consensus sur leur efficacité, le traitement de l’eau par des désinfectants n’est pas recommandé (7).
Les traitements indiqués dans l'arrêté du 13 décembre 2004 relatif aux installations de refroidissement par dispersion d'eau dans un flux d'air sont principalement des actions préventives de nettoyage et de désinfection de l'installation. Ces traitements sont détaillés et expliqués dans des guides mis à dispositions sur le site du ministère de l'environnement et du développement durable. http://www.ecologie.gouv.fr/spip.php?page=mot&id_mot=178