De nombreux personnages portent le nom de personnages historiques réels, connus pour leurs idées politiques :
On peut aussi ajouter John, le Sauvage ("John Savage"), comme une représentation du Christianisme. Le fait qu'il soit appelé "le Sauvage " renforce l'idée qu'il est très différent de cette civilisation extrêmement industrialisée, et éloignée de la Nature. Ainsi, l'opposition entre les noms de philosophes communistes et un Sauvage, allégorie du Christianisme correspond à celle entre la Nature et le monde industrialisé.
Il existe cinq castes : les Alphas, les Bêtas, les Gammas, les Deltas et les Epsilons. Chacune d'elles est divisée en deux sous-castes, les Plus et les Moins. Les Alphas ont le meilleur physique et les tâches intellectuelles tandis que les Epsilons n’ont que des travaux jugés dégradants et un physique peu avantageux.
Il est petit et gros, et son apparence est en décalage avec le physique de la caste des Alphas, il ressemble plus à un Gamma. La rumeur prétend que lors de sa conception — en éprouvette, comme tout humain — une erreur aurait causé l'injection d'alcool dans son pseudo sang, traitement réservé aux fœtus des classes inférieures, ce qui justifierait son physique dégradé.
De ce décalage physique est née une exclusion de la part des autres : il est d’abord connu par sa réputation comme un être asocial, ayant des mœurs différentes. Ce décalage physique aurait pu être estompé par son conditionnement, mais il y manifeste une résistance, précisément du fait de ces différences qui l'isolent et l'empêchent d'adopter mécaniquement la vision commune.
Bernard souffre de sa laideur et de son inadaptation. Il éprouve par là-même une conscience de son "moi", de son individualité, que les autres individus n’ont pas : pour cela (la conscience de son "moi"), il sera "envoyé sur une île" (déporté) vers la fin de l'histoire.
Au début du roman, Bernard est détaché de son milieu et lui trouve des défauts, comme la pauvreté des relations et des libertés. Il est malheureux.
Quand il ramène John, qui devient une vedette, les autres s’intéressent à lui, alors il change de comportement, et devient comme les autres, se laissant flatter par la renommée. Un jour, John refuse de sortir pour se présenter à une soirée préparée en son honneur, Bernard perd alors soudainement sa ridicule gloire, redevient comme avant, et renoue avec ses anciennes amitiés. À la fin du roman, après une phase de faiblesse assez pitoyable où il fuit l’engagement moral, il retrouve son identité individuelle avec détermination.
Bernard est l’exemple même des failles de cette société, il est l’inadaptation, l’erreur, prétendument due à un mauvais dosage lors de son ectogenèse. Le fait qu’il se comporte normalement quand il devient connu prouve que sa déviance n’est due qu'à sa mauvaise intégration à la société.
Il a environ 20 ans ; il est né de façon naturelle, fait répréhensible dans la société future, de l'union du Directeur (un Alpha) et de Linda (une Bêta). Il doit avoir des qualités physiques et psychiques assez importantes.
Il a été éduqué dans un village indien, et n'a donc pas subi le conditionnement de la société utopique du Meilleur des mondes, mais celui de sa culture d'adoption, qui n'est d'ailleurs pas moins contraignante (Huxley nous décrit son désespoir quand une jeune femme qui lui plaît se marie avec un autre). Il a des préjugés favorables sur Londres, mais peut juger cette société d’un œil différent. Il connaît par ailleurs beaucoup d’œuvres écrites (Shakespeare) et manifeste des sentiments ainsi que certaines valeurs morales (chasteté, fidélité relationnelle, etc.) souvent en opposition avec les valeurs de la société.
Idéalisant d'abord Londres, il découvre vite l’aliénation collective de ce monde. Son idée de Londres évolue au fur et à mesure qu'il en découvre toute la réalité.
Il est aussi attiré par Lenina, qui voulait directement avoir des relations sexuelles et rien d’autre, comme tout individu et selon les règles de cette société : tout le monde appartient à tout le monde. C’est à ce moment-là que le sauvage, qui n’a pas subi d'enseignement hypnopédique modelant l’esprit, juge pauvres et superficielles les relations humaines de ce monde. La découverte de l'utilisation du soma qui plonge son utilisateur dans un sommeil conditionné, renforce ce qu’il pensait de ce monde : aucune indépendance d'esprit, pas de remise en question et l'idée du bonheur superficiel permanent imposé par le soma.
Il symbolise le point de vue du lecteur de 1931, celui de ses principes (liberté, passions, etc.), en opposition à ce monde normé et lisse.
John symbolise aussi certains mauvais côtés, assez extrêmes, de sociétés antérieures : chasteté poussée à l'extrême, perte de contrôle de soi facile et excès de violence (il fouette Lénina parce que celle-ci lui explique son désir), mais traduit aussi une réalité d'actualité en 1930 lors de la publication du livre : « Une femme n'est pas censée exprimer directement son désir, et si elle n'est pas vierge alors sa moralité est douteuse (impudent stumpet). » Lorsque Lénina fait des avances à John il entre en fureur et la frappe en la traitant de courtisane et de catin.
Il représente en quelque sorte Monsieur Tout le Monde, c'est le seul être « normal » aux yeux du lecteur car il ne consomme pas de soma, il a lu des livres, il est né naturellement, etc. C'est le contraire des gens de la société fordiste.