William Godwin • Mary Shelley • Gilbert Imlay • Fanny Imlay
Œuvres
A Vindication of the Rights of Man • A Vindication of the Rights of Woman • Letters Written During a Short Residence in Sweden, Norway, and Denmark • Maria: or, The Wrongs of Woman • Thoughts on the Education of Daughters • Original Stories from Real Life
Œuvres connexes de William Godwin
Memoirs of the Author of A Vindication of the Rights of Woman
Œuvres de Mary Shelley
Frankenstein ou le Prométhée moderne • Valperga • Le Dernier Homme • Histoire d'une randonnée de six semaines • Errances en Allemagne et en Italie
Cet article fait partie de la série
Littérature de science-fiction
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Science-fiction
La SF à l'écran
Place du roman dans la littérature
Le Dernier homme appartient au romantisme le plus noir, version très caractéristique de ce courant en Angleterre et en Allemagne. Dix ans après Frankenstein qui stigmatisait l'orgueil impie (l’hubris, disaient les Grecs) de l'homme, qui prétend s'égaler à Dieu, l'orgueil fou de la science en particulier, Le Dernier homme est une nouvelle variation sur le thème du châtiment d'une espèce condamnable et condamnée. Il n'y a aucune espèce de vraisemblance dans ce conte philosophique : aucune maladie n'a jamais exterminé une espèce entière. Par ailleurs, seul l'Homme est touché : les animaux ne souffrent aucunement du mal. L'érudition historique de Mary Shelley présente aussi quelques lacunes. Ainsi trouve-t-on cette phrase stupéfiante : « Nous nous remémorions la peste de 1348 qui, selon les estimations, décima un tiers de l'humanité. Or, l'Europe de l'Ouest n'avait pas été touchée - en serait-il de même maintenant ? » (chap. V, 2e partie) ? Mais en 1346-1348, la Peste noire avait bien tué un tiers de la population de l'Europe, Angleterre comprise. Enfin, il s'agit d'une forme de « science-fiction » très primitive, marquée par l'incapacité à imaginer un monde technologiquement et socialement différent : il faudra, pour cela, attendre Jules Verne, Robida et Wells. En 2092, on continue à faire la guerre à cheval et avec des méthodes qui sont celles de l'ère napoléonienne. Le chemin de fer, dont Mary Shelley aurait pu connaître les prémices, n'est pas évoqué. Un vaisseau aérien (dérivé du ballon ?) apparaît bien brièvement, mais à peine, et on n'en saura pas grand chose. Quant à la rivalité gréco-turque et aux luttes de classe en Angleterre, ce sont bien celles de 1826.
Il ne faut donc pas chercher une once de réalisme, ni historique, ni anticipatif, dans ce roman. Son intérêt n'est pas là. Il est dans son aspect de conte philosophique très noir, reflet de l'état d'âme de la première génération romantique en Europe, pessimiste, nihiliste, y compris chez certains auteurs français comme Musset ou Nerval alors que, globalement, le romantisme français est plus « sage ». Enfin, le thème de l'homme seul sur la Terre a été depuis repris à l'envi : dès 1901 par M.P. Shiel dans Le Nuage pourpre, puis dans les années 1960 par Richard Matheson avec Je suis une légende suivie des multiples adaptations cinématographiques du roman. Mais chez Mary Shelley, le dernier homme raconte ce qui s'est passéavant, alors que chez les auteurs postérieurs, c'est le récit de l'homme seul au monde qui occupe les trois quarts ou la totalité du roman.