LSD - Définition

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Introduction

LSD
Formules semi-développée et tridimensionnelle de la molécule de LSD
Général
Nom IUPAC
Synonymes Acide lysergique diéthylamide
No CAS 50-37-3
No EINECS 200-033-2
DrugBank DB04829
PubChem 5761
SMILES
InChI
Apparence Solide incolore et inodore
Propriétés chimiques
Formule brute C20H25N3O  
Masse molaire 323,432 ± 0,0187 g·mol-1

pKa 7,8
Propriétés physiques
fusion 80 à 85 °C
Données pharmacocinétiques
Métabolisme Hépatique
Demi-vie d’élim. 3 heures
Excrétion rénale
Caractère psychotrope
Catégorie hallucinogène
Mode de consommation ingestion
Autres dénominations Acide, Ace, Buvard, Carton, Trip, Petri
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Le LSD est un psychotrope hallucinogène puissant, de très petites doses suffisent à entraîner des changements de la perception, de l'humeur et de la pensée. Son principe actif est le diéthylamide de l'acide lysergique (ou N,N-diéthyllysergamide), un composé de la famille des lysergamides, dérivé de composés issus de l'ergot de seigle (Claviceps purpurea). Le mot LSD est une abréviation du mot allemand Lysergesäurediethylamid.

Historique

La plus ancienne prise d'ergot de seigle est répertoriée dans une commune de Seine-et-Marne, à Lagny-sur-Marne où au XIIe siècle la population fut frappée du « mal des ardents » ou « Feu de Saint Antoine ».

Épidémies médiévales

Une mycotoxine peut-être produite par l'ascomycète Claviceps purpurea pourrait aussi avoir été responsable en 994 d'une épidémie induite par la consommation de pain ayant entraîné la mort d'environ 40 000 personnes.

La « Grande Peur » de 1789

Selon Mary Matossian, l'ergot de seigle aurait fait partie des causes de la Grande Peur de 1789. Il a été évoqué comme explication possible des visions de certains saints notamment Jeanne d'Arc.

L'affaire de Pont-Saint-Esprit, 1951

Durant l'été 1951, une série d'intoxications alimentaires frappe la France, dont la plus sérieuse à partir du 17 août à Pont-Saint-Esprit (événement connu sous le nom d'« Affaire du pain maudit »), où elle fait sept morts, 50 personnes internées dans des hôpitaux psychiatriques et 250 personnes atteintes de symptômes plus ou moins graves ou durables. Le corps médical pense alors que le pain maudit aurait pu contenir de l'ergot de seigle, mais sans en avoir la preuve. Le pain acheté dans la boulangerie Briand provoque vomissements, maux de têtes, douleurs gastriques, musculaires, et accès de folie (convulsions démoniaques, hallucinations et tentatives de suicide), ce syndrome (ensemble de troubles) pouvant évoquer l'ergotisme. La ville est prise de panique ; un journal, cité par l'historien Steven Kaplan, observe :
« Alors, faute du nom du mal, on veut connaître celui de l'homme responsable. Les versions les plus abracadabrantes circulent. On accuse le boulanger (ancien candidat RPF, protégé d'un conseiller général gaulliste), son mitron, puis l'eau des fontaines, puis les modernes machines à battre, les puissances étrangères, la guerre bactériologique, le diable, la SNCF, le pape, Staline, l'Église, les nationalisations. »
Les Spiripontains applaudissent l'arrestation d'un meunier poitevin, fournisseur de la farine utilisée à Pont-Saint-Esprit, incarcéré à Nîmes, avant de s'élever contre sa libération.

Près de soixante ans après les évènements de Pont-Saint-Esprit, on ne sait toujours pas à quoi les attribuer. Cliniquement, les symptômes étaient ceux d'une forme mixte d'ergotisme, mais ce diagnostic n'a pu être prouvé. On a pensé également à une intoxication par le dicyandiamide de métyl-mercure, un produit contenu dans un fongicide utilisé pour la conservation des grains, mais cette piste a été abandonnée.

En 1982, le professeur Moreau, toxicologue, spécialiste des moisissures, émet l'hypothèse que l'intoxication de Pont-Saint-Esprit aurait pu provenir de mycotoxines, substances produites par des moisissures pouvant se développer dans les silos à grain, dont les effets toxiques sont maintenant bien connus en médecine vétérinaire, mais qui étaient alors quasiment inconnus en 1951. L'historien S. Kaplan a avancé également l'hypothèse d'agent blanchissant du pain.

En 2009, H. P. Albarelli Jr, publie un livre intitulé A terrible Mistake, à propos de la mort de Frank Olson et les expériences de contrôle mental menées par la CIA dans les années 1950. Le LSD était une substance d'étude privilégiée lors de plusieurs projets dont MKULTRA et MKNAOMI. Les habitants de Pont-Saint-Esprit, comme des milliers d'Américains ou non-Américains, auraient servi de cobaye pour tester la dissémination à grande échelle de cette drogue, dans le cadre de MKNAOMI.

Mais là encore, rien n'a pu être prouvé et les spécialistes sont en désaccord. En définitive, l'affaire du pain maudit de Pont-Saint-Esprit conserve, à ce jour, tout son mystère.

La synthèse

Le LSD est synthétisé pour la première fois en 1938 par le chimiste suisse Albert Hofmann. Il travaille alors pour l'entreprise pharmaceutique Sandoz (Novartis depuis 1996) sur les applications thérapeutiques possibles de l'ergot de seigle (Claviceps purpurea). Il utilise la même méthode qui lui servit à synthétiser l'ergométrine. Dans son plan d'étude, le LSD est le vingt-cinquième dérivé de l'ergot de seigle qu'il étudie d'où le nom LSD-25. Il espère obtenir un analeptique, mais lors des expérimentations, on note seulement une activité utéro-constrictive correspondant à 70 % de celle de l'ergométrine et une agitation des animaux lors de la narcose. La molécule n'éveille aucun intérêt et les expérimentations sont arrêtées.

Malgré le classement sans suite des études sur le LSD, Hofmann revient sur ses recherches en 1943. Le 16 avril 1943, il expérimente accidentellement les effets psychotropes de la molécule lors de la phase finale de la synthèse. Il décide alors de s'auto-expérimenter la substance le 19 avril 1943 par une prise de 0,25 mg par voie orale. Lors de cette expérience, l'anecdote serait qu'il soit rentré chez lui à bicyclette et que, se croyant empoisonné, il ait consommé du lait. Il décrit des épisodes angoissants et des sensations de décorporation qui peuvent s'apparenter au bad trip moderne, qu'il attribuera, par la suite, au surdosage et à l'angoisse suscitée par une situation inconnue. Le médecin qui l'ausculte ne détecte aucun symptôme autre qu'une mydriase (dilatation des pupilles).

En 1947 sont publiés les premiers résultats d'une expérimentation systématique du LSD chez l'homme par le docteur Werner-Arthur Stoll, publiée dans le Schweizer Archiv für Neurologie und Psychiatrie sous le titre « Diéthylamide de l'acide lysergique, un phantasticum du groupe de l'ergot ».

Le LSD apparaît comme une molécule prometteuse. Les laboratoires Sandoz mettent au point une préparation-test du nom de Delysid à la disposition des chercheurs. Le LSD est alors utilisé dans les milieux psychiatriques et en psychologie afin de faciliter l'approche psychothérapeutique : de nombreuses études sont menées à son sujet.

Dès 1951, un ancien agent des services secrets américains, Alfred Hubbard s'intéresse au LSD et le fait découvrir à l'écrivain Aldous Huxley en 1955. Devenu médecin, il ouvre des cliniques de traitement de la toxicomanie par le LSD au Canada.

L'usage hallucinogène

Timothy Leary lors de son arrestation par la DEA en 1972.

Mais, à partir du milieu des années 1950, des publications relatives au LSD suscitent l'intérêt au-delà du milieu médical et sont largement médiatisées et présentées comme des « traitements miraculeux » ou des expériences positives. L'auto-expérimentation prend de l'ampleur et sort du cadre scientifique. La consommation de LSD augmente et, avec elle, les récits de bad trip commencent à se multiplier. Le LSD est alors fortement lié à la contre-culture américaine – beat generation d'abord, puis hippie – des années 1960 et 1970. L'introspection qu'il favoriserait permettrait de dépasser des valeurs jugées rétrogrades. Des personnalités en vue de l'époque (Allen Ginsberg, Timothy Leary, Ken Kesey, etc.) en consomment et prônent son usage. Leary s'installe à Millbrook, dans l'État de New York, où il délivre des prises contrôlées de LSD. Kesey s'installe à La Honda en Californie. Il fonde les Merry Pranksters (« Joyeux Lurons ») avec qui il sillonne les États-Unis dans un bus décoré par leurs soins afin d'organiser des acid tests. La médiatisation des Merry Pranksters engendre la naissance de nombreuses communautés psychédéliques comme Haight-Ashbury à San Francisco ou l'East Village à New York.

C'est à cette époque que commence à être signalé l'usage dans la rue de LSD sous forme de buvard. En 1963, Sandoz perd les derniers brevets du LSD. Les années 1964 à 1966 voient une multiplication d'articles de presse sur le produit, certains alarmants, d'autres laudateurs. Sandoz décide d'en arrêter la distribution en avril 1966. L'essor des communautés hippies inquiète les autorités. L'État de Californie, dont le gouverneur est le républicain Ronald Reagan, interdit l'usage du LSD le 6 octobre 1966, décision rapidement suivie par les autres États de l'Union. L'image populaire du LSD change et devient celle d'un produit dangereux.

La convention unique sur les stupéfiants de 1961 ne réglemente pas les nouvelles substances synthétiques psychédéliques. Mais, en 1969, la culture hippie et, avec elle, la consommation de substances psychédéliques concernent l'ensemble du monde occidental. Une nouvelle convention est organisée en 1971, le LSD y est classé, dès sa mise en place (et son application dans les pays signataires), dans le tableau I qui liste « les substances ayant un potentiel d'abus présentant un risque grave pour la santé publique et une faible valeur thérapeutique. » Pourtant la consommation privée de LSD ne baisse qu'au milieu des années 1970. Depuis, en fonction de la législation des différents pays, la fabrication, la possession et l'utilisation peuvent être sanctionnées par des peines pouvant aller jusqu'à la prison.

Le LSD a eu une énorme influence culturelle dans les années 1960 et 1970 notamment dans les milieux rock, pop, cinématographique et même plus généralement dans le milieu artistique.

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