Aussi, lorsque plus tard mon attention fut attirée sur les rapports entre le darwinisme et la sociologie, je ne me trouvai d’accord avec aucun des ouvrages qui furent écrits sur cet important sujet. Tous s’efforçaient de prouver que l’homme, grâce à sa haute intelligence et à ses connaissances, pouvait modérer l’âpreté de la lutte pour la vie entre les hommes ; mais ils reconnaissaient aussi que la lutte pour les moyens d’existence de tout animal contre ses congénères, et de tout homme contre tous les autres hommes, était « une loi de la nature ». Je ne pouvais accepter cette opinion, parce que j’étais persuadé qu’admettre une impitoyable guerre pour la vie, au sein de chaque espèce, et voir dans cette guerre une condition de progrès, c’était avancer non seulement une affirmation sans preuve, mais n’ayant pas même l’appui de l’observation directe.
« Dans le monde animal nous avons vu que la grande majorité des espèces vivent en société et qu'ils trouvent dans l'association leurs meilleures armes dans la lutte pour la survie : bien entendu et dans un sens largement darwinien, il ne s'agit pas simplement d'une lutte pour s'assurer des moyens de subsistance, mais d'une lutte contre les conditions naturelles défavorables aux espèces. Les espèces animales au sein desquelles la lutte individuelle a été réduite au minimum et où la pratique de l'aide mutuelle a atteint son plus grand développement sont invariablement plus nombreuses, plus prospères et les plus ouvertes au progrès. La protection mutuelle obtenue dans ce cas, la possibilité d'atteindre un âge d'or et d'accumuler de l'expérience, le plus haut développement intellectuel et l'évolution positive des habitudes sociales, assurent le maintien des espèces, leur extension et leur évolution future. Les espèces asociales, au contraire, sont condamnées à s'éteindre. »
— Pierre Kropotkine. L’Entraide, un facteur de l'évolution (1902), Conclusion.
De nos jours, il est difficile d’être informé de l’existence de ces théories qui placent l’aide mutuelle et l’entraide au cœur même des valeurs humaines et au centre de la nature humaine : on ne les enseigne pas à quelque niveau scolaire que ce soit, ni on n’en vante les mérites dans aucun média, et enfin on associe l'entraide a une certaine image péjorative du communisme (crée par les médias). Le message de la pensée dominante et des médias de masse est que l’humanité a naturellement trouvé sa forme achevée dans le capitalisme et sa forme institutionnelle dans le parlementarisme (ou la république : a ne pas confondre avec la démocratie). Toutefois, après analyse des discours, on constate qu’ils font appel à l’instinct d’entraide pour les détourner vers d’autres fins que le bien commun (marketing politique). Exemple de finalité ou l'idéologie trompée de l'Entraide amène : le nationalisme, totalitarisme, assujettissement de la population, perte de liberté, nihilisme, militarisme, le patriotisme.
Theodore Kaczynski dans son manifeste critique l’utilisation qu’en fait la gauche, ou plus exactement les gauchistes, selon sa propre définition : a des fins qui tronquent la logique de l’entraide au niveau psychologique.
L’entraide éthique a pour condition de ne pas être monnayable : on peut alors se demander si par exemple les travaux d'aide à domicile ou encore la monésitasion (demande de don) et monopolisation du malheur dans le monde dans les médias ou par les politiques, sont également une forme corrompue, trompée, de l'entraide naturelle présente dans l'humanité : mais dans cette forme elle est devenue contrôlable par la société, d'où une perte de liberté et un assujettissement dans les moindres recoin de l'humanité, comme le définit également Theodore Kaczynski. Une relation humaine par l'intermédiaire d'une valeur économique n'est plus une relation humaine naturelle, elle replace le geste de donner, d'aider, d'entraider par l'ego, l'individualisme et son intérêt pécuniaire qui selon la démonstration de kropotkine n'est pas la nature humaine.