Konrad Lorenz - Définition

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Ses grandes découvertes

Les coordinations héréditaires

L'acte instinctif se distingue par la présence d'une coordination héréditaire, c'est-à-dire, d'une suite de contractions musculaires produisant une séquence de mouvements caractéristique et stéréotypée. Cette suite de mouvements est innée et cela peut-être vérifiée de plusieurs façons :

  • La séquence est identique chez tous les représentants de l'espèce. Il s'agit de la méthode de comparaison horizontale.
  • La séquence varie en forme et en intensité selon la distance génétique séparant les groupes taxinomiques proches (espèces, genres, familles), révélant la phylogenèse de ces comportements. Il s'agit de la méthode de comparaison verticale.
  • La séquence n'est modifiée par aucune forme d'apprentissage ceci étant facilement vérifiable pour les espèces où les soins parentaux sont absents ou par isolation artificielle dès la naissance. Il s'agit de la méthode par isolation.
  • Dans plusieurs cas, il est possible de remonter vers le centre nerveux responsable de cette séquence comportementale; la rigidité constitutive de ce centre moteur implique une origine aussi déterminée pour ce type de comportement que pour les organes du corps. Il s'agit de la méthode physiologique.

Les coordinations héréditaires possèdent comme caractéristique fondamentale qu'une fois déclenchées elles s'exécutent jusqu'à la fin, même si en cours de mouvement elles perdent toute finalité. De plus, les coordinations héréditaires sont souvent combinées à des taxis qui sont des formes de contrôle (régulation cybernétique) du mouvement. Par exemple, une oie dont un des œufs roule en bas du nid va étendre le cou pour le ramener à l'intérieur. Le mouvement de roulis de l'œuf doit être corrigé par des mouvements droite-gauche du cou, il s'agit de la taxis. De plus, même si l'œuf disparaît (retiré par l'expérimentateur) ou qu'il lui échappe, l'oie doit compléter le mouvement avant de pouvoir recommencer.

Les mécanismes innés de déclenchement

Une coordination héréditaire est toujours, sauf dans le cas de déclenchement endogène, à vide ou comme activité de substitution, déclenchée par un stimulus. Ce stimulus est soit visuel, tactile, odorifère ou sonore. Les stimuli visuels, sonores et tactiles, étant plus simples à reproduire, ont été grandement étudiés.

Lorenz remarqua que les stimuli visuels déclenchant une coordination héréditaire ne nécessitent pas de ressembler le plus possible à la forme naturelle. Seules quelques caractéristiques fondamentales sont nécessaires, il s'agit du stimulus clé. De plus, en général, plus le stimulus artificiel est grand ou exagéré, plus il est efficace. Il s'agit du phénomène d'hyperstimulus ou stimulus supranormaux. Par exemple, une oie va réagir beaucoup plus promptement à la vue d'un œuf gigantesque en dehors de son nid et va même préférer cet œuf à celui de taille normale et ceci même si l'œuf est beaucoup trop gros pour qu'elle puisse le transporter.

Les appétences et motivations

L'appétence, venant du terme appétit, désigne, selon Lorenz, un mécanisme de déclenchement endogène inné. Il s'agit d'un stimulus interne responsable du déclenchement d'un comportement. Lorenz démontra qu'il existe beaucoup plus d'appétences que ce qui était généralement admis. Le modèle analogique de l'appétence de Lorenz est un système hydraulique; la motivation, pour une appétence donnée, s'accumule progressivement jusqu'à atteindre un seuil critique, c'est seulement lorsque le seuil est atteint que le comportement est déclenché.

Lorenz distingue également les contextes motivationnels des appétences, ceux-ci étant des états spécifiques dans lesquels se trouve l'animal et qui permettent de déclencher tel ou tel comportement en fonction de stimuli externes. Par exemple, pour que soit déclenché le mouvement pour ramener un oeuf par une oie, il faut absolument que celle-ci soit en train de couver. La couvaison est un contexte motivationnel. L'étude des contextes motivationels est plus simple que celui des appétences, il suffit de démontrer qu'un stimulus clé ne déclenche un comportement que dans telle ou telle situation (le contexte).

L'apprentissage

Les découvertes de Konrad Lorenz dans ce domaine et les idées qu'il a défendu modifièrent considérablement notre compréhension de cette faculté. Le fondement incontestable de sa thèse est que pour que l'apprentissage soit possible, il doit nécessairement exister des mécanismes génétiquement déterminés permettant à un animal d'apprendre. Selon lui, un animal ne peut pas apprendre n'importe quoi mais seulement ce pour quoi son système nerveux est conçu. Ici, contrairement à la conception behavioriste traditionnelle, prônant l'existence d'un seul mécanisme d'apprentissage générique (basé sur la punition et la récompense), Lorenz démontre la diversité de ces mécanismes et leur spécificité. En ce qui concerne l'humain, sa grande faculté d'apprendre ne viendrait donc pas d'une perte des mécanismes d'apprentissage rigides ancestraux mais bien d'un ajout massif de tels mécanismes : faculté d'apprendre une langue, une culture, des concepts... Il fut avec Noam Chomsky le premier véritable défenseur de cette thèse qui est maintenant largement répandue dans plusieurs disciplines (anthropologie, sociologie, psychologie). Remarquons, par contre, que la vieille conception culturaliste prêchant que l'humain est une « tabula rasa » à la naissance a la peau dure, défiant ainsi toutes les évidences scientifiques.

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