Key West - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Introduction

Key West Beach

Key West est une localité de Floride, aux États-Unis. Elle est située à l'extrémité ouest de l'archipel des Keys. La ville occupe la totalité de la dernière des îles dont elle tire son nom ainsi qu'un ensemble d'îlots qui l’entourent. La partie de Stock Island au nord de la route fédérale Nº1, Fleming Key et Sigsbee Park au nord (deux terrains militaires à accès restreint) et Sunset Key (autrefois appelé Tank Island et avec accès limité aux résidents) à l’ouest font partie de la municipalité. Key West est le chef-lieu du comté de Monroe. La ville est connue pour être le point extrême du sud des États-Unis contigus et le terminal sud de la route Nº1. Située à 207 km au sud-ouest de Miami et à 170 km au nord-ouest de La Havane, elle offre une position stratégique incomparable sur le détroit de Floride à moins de 150 km des côtes de Cuba. C’est un port de croisière important. Key West possède un aéroport régional et une base aéronavale stratégique. Le centre de la ville se situe dans la partie ouest et nord-ouest de l’île dans le vieux quartier historique.

Histoire

Avant l’arrivée des Européens sur le continent nord-américain, l'île était peuplée par les indiens Calusa. Repérée par Ponce de Leon en 1521, elle ne fut qu’épisodiquement occupée par des pêcheurs et des chasseurs d’épaves pendant l’époque espagnole.

Cayo Hueso

À l’origine appelée « Cayo Hueso » c’est-à-dire île aux os par les Espagnols à cause des nombreux ossements qu’ils y trouvèrent lors de leur arrivée, vestiges de batailles entre indigènes ou Espagnols, le nom fut transformé par les Anglais en Key West, selon certains parce que la prononciation du mot espagnol hueso était proche du mot anglais west, selon d’autres de par la position géographique de l’île. Cayo Hueso est encore utilisé localement par les hispanophones et apparaît aussi dans de nombreuses raisons commerciales de Key West.

En 1763, quand la Floride passa sous contrôle britannique, Espagnols et Amérindiens qui occupaient l’île furent expulsés vers Cuba. Quand la Floride revint à nouveau aux Espagnols vingt ans plus tard, l’île ne fut habitée qu’épisodiquement sans colonisation permanente. Des pêcheurs de Cuba ou des Bahamas, puis plus tard après l’indépendance des États-Unis, d’autres venus de la côte atlantique, utilisaient l’île comme refuge saisonnier. Bien qu’officiellement espagnol, Key West n’était contrôlé de fait par aucune des trois puissances en lice.

Thompson’s Island

En 1815, le gouverneur de la Havane donna l’île à Juan Pablo Salas, un officier d’artillerie de la marine espagnole en poste à Saint Augustine. Salas s’empressa de vendre l’île quand la Floride passa sous le contrôle des États-Unis ; en fait il la vendit deux fois – d’abord il l’échangea pour un sloop évalué à 575 dollars, puis il la vendit à un commerçant américain John W. Simonton, rencontré dans une taverne de La Havane, pour une somme équivalente à 2 000 dollars. Le premier acheteur qui avait échangé le sloop revendit l’île au Général John Geddes (en), ancien gouverneur de Caroline du Sud qui eut du mal à faire reconnaître son titre de propriété. En effet, grâce aux appuis que Simonton avait à Washington, ce dernier obtint gain de cause. Simonton avait de nombreux intérêts commerciaux à Mobile en Alabama. Il avait porté un intérêt particulier sur l’île quand John Whitehead lui avait parlé de la position stratégique qu’elle occupait sur le détroit de Floride alors qu’il l’avait découverte lors d’un naufrage en 1819. C’est le port en eaux profondes qui l’avait surtout impressionné et qu’il comparait à un Gibraltar de l’Ouest. Le 25 mars 1822, Matthew C. Perry arriva à Key West sur le USS Shark (en) et prit possession de l’île au nom des États-Unis qu’il baptisa Thompson’s Island en l’honneur de Smith Thompson (en), Secrétaire à la Marine des États-Unis et le port devint Port Rodgers en l’honneur de John Rodgers, héros de la Guerre de 1812. Les deux noms furent rapidement abandonnés. La piraterie qui affligeait alors le bassin caraïbe que Perry avait déjà signalé, amena un détachement commandé par David Porter, un commodore de la marine américaine qui administra l’île de façon quasi-dictatoriale en imposant la loi martiale.

Premiers pionniers

John Simonton subdivisa l’île en parcelles qu’il vendit à:

  • John Whitehead, un ami qui lui avait conseillé de se porter acquéreur de l’île,
  • John Fleeming, un marchand anglais de Mobile en Alabama,
  • John Mountain et John Warner qui revendirent aussitôt leur parcelle à
  • Pardon C. Greene. C’est ce dernier seul qui fit de Key West sa résidence permanente et qui devint un commerçant prospère et pour un temps maire de la ville. Il mourut en 1838 à l’âge de 57 ans.
Key West vers 1856

Simonton passait l’hiver à Key West et l’été à Washington où il mettait ses relations à profit pour susciter un intérêt pour l’île, notamment en soutenant la nécessité d’une base navale pour exploiter la position stratégique du lieu et pour y amener un peu d’ordre et de légalité. John Fleeming ne passa que quelques mois à Key West après son achat en 1822 et n’y revint qu’en 1832 avec l’intention d’y développer l’extraction du sel de mer mais mourut dans l’année à l’âge de 51 ans. Whitehead ne vécut à Key West que huit ans seulement. Associé avec Pardon C. Greene de 1824 à 1827. Il quitta Key West en 1832 et n’y revint que pendant la Guerre de Sécession en 1861. Il mourut l’année suivante. Les noms de ces quatre « Pères de la Cité » comme on se plait à les nommer, se retrouvent dans le Key West d’aujourd’hui et ont été donnés aux artères du quartier historique lors du premier cadastre établi en 1829 par William Adee Whitehead, un frère cadet de John Whitehead. Ce cadastre est encore en vigueur aujourd’hui et n’a subi que peu de modifications. La rue Fleming est cependant orthographiée avec un seul « e ». La rue principale qui traverse le quartier historique du nord au sud a reçu le nom du premier gouverneur de Floride, William Pope Duval, gouverneur de 1822 à 1834.

William Whitehead en tant qu’éditeur du journal local Enquirer en 1834 eut l’heureuse idée de transmettre les archives de son périodique ainsi que celles du journal qui l’avait précédé la Key West Gazette au greffe du comté, ce qui nous donne aujourd’hui une idée assez précise de la vie à Key West entre 1820 et 1840.

Guerre de Sécession

Le Fort Zachary Taylor joua un rôle important pendant la Guerre de Sécession.

Pendant la Guerre de Sécession, alors que la Floride rejoignait la Confédération en janvier 1861, Key West et sa base navale restèrent sous le contrôle de l’Union. La population penchait plutôt pour les Sudistes. Le Fort Zachary Taylor, construit de 1845 à 1866, joua un rôle important pendant le conflit. Deux autres fortifications, les Tours Martello Est et Ouest furent construites à partir de 1861 pour servir de dépôt d’armes et de batteries annexes au Fort Taylor. Elles furent par la suite reliées au fort par une voie ferrée pour faciliter le mouvement des munitions. Fort Jefferson aux Dry Tortugas, situé à 110 km à l’ouest de Key West, servi de prison à la fin de la Guerre de Sécession et son prisonnier le plus célèbre fut le Dr. Samuel A. Mudd, accusé de conspiration pour avoir soigné l’assassin d’Abraham Lincoln, John Wilkes Booth.

Conchs

Le terme de Conchs qui se prononce conque comme le coquillage éponyme s’applique aux natifs des Bahamas de descendance européenne. Ce sont ces « Conchs » qui arrivèrent en grand nombre après 1830 et peuplèrent Key West. Le terme aujourd’hui s’applique aux habitants de Key West en général mais distingue les natifs propres ou « Conchs » et les habitants de longue date mais nés ailleurs ou « Freshwater Conchs » c’est-à-dire conque d’eau douce. Les Bahaméens de descendance africaine qui arrivèrent plus tard au XIXe siècle se regroupèrent dans un quartier au sud-ouest de Whitehead Street, toujours connu comme Bahama Village (en). Au cours du XIXe siècle, la pêche, notamment la pêche aux éponges, l’extraction du sel marin et la chasse aux épaves constituaient la base de l’économie. En 1860, cette dernière activité seule fit de Key West la ville la plus importante et la plus prospère de Floride et la ville au revenu le plus élevé par habitant de tous les États-Unis. Les récifs qui entourent l’île ne manquaient pas d’écueils pour les nombreux navires qui croisaient dans le détroit et ceux que la nature épargnait, tombaient parfois sur d’habiles naufrageurs. En avril 1886, un incendie détruisit la majorité du centre historique faisant quatre victimes. Plus de 50 bâtiments furent réduits en cendres et la reconstruction des bâtiments officiels se fit en briques dans les dernières années du siècle. Vers la fin du XIXe siècle, l’industrie cigarière remplaça les salines et le commerce du naufrage. L’arrivée de nombreux Cubains pendant cette période de rébellion contre la domination espagnole (Guerre des Dix Ans, puis Guerre d’indépendance) fournit une main d’œuvre experte pour cette industrie. En 1890, la population de Key West approchait les 18 800 habitants, dont la moitié était d’origine cubaine. Près de 200 fabriques produisaient une centaine de millions de cigares annuellement. José Martí le père de l’indépendance cubaine, vint à Key West à plusieurs reprises pour recruter des volontaires pour la cause et y fonda le Parti Révolutionnaire Cubain. C’est de Key West que partit le cuirassé Maine qui coula dans le port de La Havane et déclencha la Guerre hispano-américaine. L’équipage du Maine est enterré dans le cimetière de Key West.

Le lien rail et route

La folie de Flagler : la voie ferrée sur la mer

L’insularité de Key West devenait un handicap au fur et à mesure que la Floride méridionale se développait. En 1905, Henry Flagler, un homme d’affaires qui avait contribué au développement de Palm Beach et de Miami en y amenant le chemin de fer, eut l’idée de continuer la liaison ferroviaire jusqu’à Key West en reliant les nombreuses îles et îlots de l’archipel par d’audacieux ouvrages d’art. Le Overseas Railroad, inauguré en 1912 après de coûteux investissements en hommes et en matériel, fut détruit par l’ouragan de 1935 qui frappa les Keys le jour de la Fête du Travail et fit de nombreuses victimes, dont près de 400 anciens combattants de la Grande Guerre qui travaillaient à des projets de travaux publics sous les auspices du gouvernement fédéral. Trop coûteuse à reconstruire et médiocrement profitable, la liaison ferroviaire fut abandonnée. Les années de crise de 1930 à 1940 furent un période de déclin économique avec une forte émigration vers Miami. En 1934, la ville était au bord de la faillite et aurait bien pu disparaître sans l’aide de l’État et du gouvernement fédéral qui entreprit alors de construire une route sur le tracé de la voie ferrée. Le Overseas Highway fut achevé en 1938.

Seconde Guerre Mondiale

Avec l’entrée en guerre des États-Unis, Key West connut un regain de prospérité. La marine déjà très présente depuis la Guerre hispano-américaine, mais dont les activités avaient été fortement réduites pendant la crise, revint en force et diversifia ses installations sur près de 1200 ha dont la totalité de l’île de Boca Chica (700 ha) et Fleming Key, une île artificielle créée pour loger le personnel militaire qui atteint jusqu’à 15 000 personnes. La base employait également 3 400 civils, Les infrastructures comprenaient un aérodrome pour l’aéronavale, des bâtiments et l’extension du port. De plus, l’amenée d’un aqueduc depuis le continent pour l’eau potable fut un atout pour le développement futur de la ville.

L’Après-guerre

Avec l’arrivée du Président Truman à la fin des années 1940, Key West acquit une nouvelle notoriété. Truman utilisa les installations militaires de l’Annexe du Fort Taylor, où il installa ses quartiers d’hiver que la presse appela aussitôt la « Maison Blanche d’hiver ». Il passa plus de 175 jours à Key West lors de onze visites durant sa présidence et revint à Key West plusieurs fois une fois son mandat terminé. L’annexe fut rebaptisée Truman Annex (en) et porte toujours ce nom aujourd’hui. La Révolution cubaine de 1959 redonna un nouveau souffle à la base aéronavale et Key West retrouva le rôle stratégique des temps de guerre. En novembre 1962, John F. Kennedy visita Key West un mois après le dénouement de l’affaire des missiles de Cuba. Key West est resté un point de chute des nombreux exilés cubains arrivant par la mer de 1960 à 1980 (Exode de Mariel)

Le Boum touristique

D’abord fréquenté par des artistes et des intellectuels, (voir plus bas « Key West et sa légende ») Key West attira très vite une intelligentsia bohème et fortunée, et à partir des années 1980 un nombre important d’homosexuels attirés par l’équanimité traditionnelle des autochtones, l’ambiance complaisante du milieu artistique et un patrimoine architectural pratiquement intact. La ville connut une véritable embellie et une gentrification qui s’accéléra avec l’accroissement de sa notoriété à la fin du XXe siècle.

Page générée en 0.483 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise