Karabane - Définition

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Société

Administration

La Préfecture d'Oussouye

Autrefois « Cercle » à part entière, voire capitale régionale, Karabane n'est plus maintenant que l'un des 23 villages de la communauté rurale de Diembéring, dont Kabrousse, Cap Skirring et Boucotte constituent les plus gros centres. La communauté rurale est située dans l'arrondissement de Kabrousse. Elle fait partie du département d'Oussouye, le moins étendu et le plus excentré des trois départements de la région de Ziguinchor. Les plus hautes instances sont donc relativement lointaines et les démarches administratives ne s'en trouvent pas facilitées. Dans un pays qui en compte quelques 13 000, le village est, depuis un décret de 1972, reconnu comme « l'entité élémentaire dans l'organisation administrative du territoire national ». Il est administré par un chef, assisté par un Conseil de Notables. Après consultation, sa nomination est arrêtée par le préfet et approuvée par le ministre de l'Intérieur. Selon la législation sénégalaise, le chef de village dispose de certaines prérogatives, comme de faire appliquer lois et règlements, de tenir les cahiers de l'état civil du village et de collecter l'impôt.

Directement issu de l'organisation coloniale soucieuse de traiter avec des interlocuteurs bien identifiés, ce statut est pourtant assez éloigné de la tradition casamançaise. En effet la société diola est dépourvue de toute hiérarchie formelle. Elle n'a pas de chef doté d'une véritable autorité permanente. Ce sont les Anciens du village – les sages – qui se réunissent, lorsqu'il s'agit de prendre une décision importante. Selon l'anthropologue italien Paolo Palmeri, le chef de village compterait assez peu dans la réalité, simplement chargé des rapports avec l'administration nationale, en quelque sorte le garant de « la tranquillité générale et des traditions du village ». Dans une organisation sociale où le pouvoir politique était indissolublement lié au pouvoir religieux, les vrais détenteurs de ce pouvoir étaient les prêtres des fétiches. La notion même de village serait impropre dans ce contexte : il s'agirait plutôt de clans ou d'agrégations de lignages. D'autres spécialistes, tel Christian Sina Diatta, ont pu comparer la communauté villageoise diola à une termitière, dans laquelle chaque membre exercerait une fonction spécifique et où la reine serait aisément remplaçable. Une analyse de la vie politique contemporaine se doit de prendre en compte cet héritage.

Population

En 2003 le village de Karabane comptait officiellement 396 personnes et 55 ménages, mais la population de l'île fluctue au gré des saisons et pourrait atteindre parfois 1 750 habitants, si l'on en croit des sources locales.

Un ekonting (détail), instrument à cordes diola

Les Karabanais sont pour la plupart des Diolas. Sans parler de la langue, les Diolas se distinguent des autres grands groupes ethniques du Sénégal par une société égalitaire, exempte de toute organisation politique hiérarchisée et n'ayant pas pratiqué l'esclavage. D'esprit indépendant, ils ont aussi préservé plus longuement leurs traditions du fait de l'enclavement de leur région. Cette ethnie constitue 80 à 90% des habitants de la Basse-Casamance, alors qu'elle ne représente que 6 à 8% de la population générale du Sénégal. Ils sont aussi majoritaires à Karabane, cependant des Wolofs, des Lébous, des Sérères – notamment des pêcheurs niominka– et des Manjaques vivent également sur l'île, parfois venus de Saint-Louis ou de Gorée au moment de la colonisation (pour les premiers groupes). Deux communautés originaires de pays limitrophes, l'une de Guinée – les Soussous –, l'autre de Guinée-Bissau sont en outre installées de l'autre côté de l'île, à bonne distance du village. Enfin il faut y ajouter les travailleurs saisonniers venus pour la pêche : Ghanéens, Guinéens ou Gambiens.

La population autochtone était animiste à l'origine, mais si ces valeurs ancestrales survivent – les bois sacrés et les fétiches, ces « icônes de la culture casamançaise » –, elles ont néanmoins perdu du terrain au profit des religions monothéistes, le catholicisme et l'islam, d'importance numérique comparable à Karabane. Le recensement de 1988, qui faisait état de 94% de musulmans pour l'ensemble de la population sénégalaise, avançait une proportion de 26,5% pour le département d'Oussouye dont dépend Karabane. Il s'agit cependant d'un département essentiellement rural, alors que Karabane, de par son histoire, a connu un brassage ethnique plus important. Dès le XIXe siècle, l'islam s'y était propagé par l'intermédiaire des pêcheurs wolofs et sérères, mais l'administration coloniale avait aussi amené avec elle depuis Dakar divers personnels, tels que des traducteurs, des guides ou des secrétaires, qui étaient souvent musulmans. Dans l'intervalle, l'arrivée de pêcheurs étrangers, appartenant à des communautés fortement islamisées, a encore accentué cette évolution.

Éducation et santé

L'école maternelle
Une école primaire de six classes

Fondée en 1892, l'école de Karabane est l'une des premières de la région. Elle accueille d'abord les garçons puis, en 1898, trois religieuses indigènes appartenant à la congrégation des Filles du Saint-Cœur de Marie ouvrent dans une case provisoire une école pour les filles, qui compte bientôt une soixantaine d'élèves. Une description des infrastructures scolaires de la région en 1900 révèle que l'école des garçons de Karabane était ouverte de décembre à août de chaque année, et que les vacances couraient de septembre à novembre, par suite de la nécessité où se trouvaient les parents, à cette période, de se rendre avec leurs enfants dans les champs pour la culture du riz. En 1903, alors que Karabane a perdu son statut de capitale, puis de résidence administrative cette fois au profit d'Oussouye, l'école accueille encore 63 garçons et 102 filles. En 1914 elle compte, comme Bignona, 56 garçons et 26 filles.

Aujourd'hui la localité est dotée d'une nouvelle école primaire, l'école François Mendy, inaugurée le 21 janvier 2006 et qui accueille six classes. Le taux d'alphabétisation s'élève à 90% environ. Les élèves poursuivent leurs études au CEM (Collège d'enseignement moyen) d'Elinkine, voire au lycée Aline Sitoé Diatta d'Oussouye, puis à Dakar ou Ziguinchor qui dispose maintenant de sa propre université. L'école maternelle est hébergée dans une maison communautaire, dite « Maison de la femme et de l'enfant », créée en 1988 sous l'égide de Caritas Ziguinchor.

Le poste de santé

En 1895, un arrêté avait déjà créé un poste médical à Karabane, mais il avait été supprimé dès l'année suivante. En 1898, les Filles du Saint-Cœur de Marie ouvrent un dispensaire, en même temps que l'école de filles.

Aujourd'hui la localité est dotée d'un poste de santé, rattaché au district d'Oussouye et à la région médicale de Ziguinchor. On y assure notamment les vaccinations, les consultations de planning familial ou encore les visites prénatales. Elle possède aussi une maternité créée en 1991 et ornée d'une fresque de Malang Badji, l'un des artistes les plus connus de la région.

Le récit personnel Un souffle de vie publié en 2001 concernant la construction d'une maternité inaugurée le 31 janvier 1991, et une thèse soutenue en 2003, La part de l'autre : une aventure humaine en terre Diola, rendent compte respectivement des problèmes quotidiens et du contexte général dans lequel s'inscrivent les enjeux sanitaires à Karabane.

En particulier, la situation de l'île ne facilite pas l'accès à des soins plus lourds ou plus urgents. La pirogue-ambulance financée par le Conseil régional constitue alors l'ultime recours.

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