Joseph Priestley - Définition

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Leeds (1767–1773)

Le premier portrait connu de Priestley, intitulé Portrait de Leeds (vers 1763), Birmingham, archives municipales
À l'exception de sa participation à la Commission de la bibliothèque de Leeds, Priestley ne s'impliqua pas dans la vie sociale de la cité.

Peut-être contraint par la santé fragile de son épouse, ou en raison de problèmes financiers, ou encore désireux de s'imposer à la communauté qui l'avait rejeté dans sa jeunesse, Priestley quitte Warrington en 1767 et installe sa famille à Leeds où il devient ministre du culte de la Mill Hill Chapel. Les Priestley y célèbrent la naissance de deux fils : Joseph junior le 24 juillet 1768 et William trois ans plus tard. À Leeds, parmi leurs rares amis, se trouve Theophilus Lindsey, recteur à Catterick, qui écrit à propos de Priestley : « Je préfère ne jamais rien publier d'important concernant la théologie sans le consulter ». Bien que Priestley ait des parents éloignés vivant à proximité, il ne semble pas qu'il ait entretenu de relations avec eux, peut-être, selon Schofield, parce qu'on le considérait comme un hérétique. Tous les ans, il se rend à Londres pour s'entretenir avec son éditeur et ami proche Joseph Johnson et pour participer aux réunions de la Royal Society.

Ministre du culte

Lorsque Priestley devient son ministre, la Mill Hill Chapel est l'une des plus anciennes et des plus respectées congrégations dissidentes d'Angleterre. Cependant, au début du XVIIIe siècle, une scission est intervenue sur des questions de dogme et certains membres ont rejoint le charismatique mouvement méthodiste. Priestley est convaincu que c'est par l'éducation de la jeunesse qu'il pourra renouer et renforcer les liens distendus.

Institutes of Natural and Revealed Religion.

Dans les trois volumes de son monumental Institutes of Natural and Revealed Religion (1772–74), il présente ses conceptions de l'enseignement religieux. De plus, démarche encore plus importante, il y expose sa foi dans le socinianisme. Ces doctrines vont devenir celles des unitariens britanniques. L'ouvrage marque un changement dans sa pensée théologique et s'avère essentiel à la compréhension de ses écrits ultérieurs ; en effet, il ouvre la voie à son matérialisme et à son nécessitarisme, croyances selon lesquelles un être divin agit en conformité avec les lois essentielles de la métaphysique.

L'argument majeur des Institutes est que seules sont acceptables les vérités religieuses correspondant à l'expérience que chacun a de la nature. Ainsi, conception religieuse et compréhension de la nature restant indissociables, le texte du théisme repose sur l'argument de la conception. Les Institutes choquent et consternent de nombreux lecteurs, principalement parce que se trouvent remis en question l'orthodoxie chrétienne de base, la divinité du Christ et le miracle de la conception virginale. Les Méthodistes de Leeds écrivent alors un hymne demandant à Dieu :

« […] the Unitarian fiend expel
And chase his doctrine back to Hell. »

Priestley souhaite que le christianisme revienne à sa forme « primitive » ou « pure », par l'élimination des « corruptions » (dévoiements) qui se sont accumulées au fil des siècles. La quatrième partie des Institutes, An History of the Corruptions of Christianity, est si longue qu'il est contraint de la publier séparément en 1782. Il considère Corruptions comme l'ouvrage le plus précieux qu'il ait jamais publié. En exigeant l'application de la logique des sciences émergentes et de l'histoire comparée à la Bible et au christianisme, il s'aliène aussi bien les lecteurs religieux que scientifiques, les premiers rejetant l'application de la science à la religion, et les seconds n'appréciant pas de voir la science utilisée pour sa défense.

Polémiste religieux

Priestley s'engage alors dans une guerre de pamphlets politiques et religieux. Selon Schofield, « il entre dans chaque controverse avec la joyeuse conviction qu'il a raison, alors que la plupart de ses adversaires sont convaincus, dès le début, qu'il a, en toute connaissance de cause, malicieusement tort. Il a beau jeu, alors, d'opposer sa « douce raison » à leur rancœur d'ordre personnel. ». Schofield souligne que de tels débats ne l'incitent que rarement à changer d'avis. Pendant son ministère à Leeds, il écrit des pamphlets sur l'Eucharistie et sur la doctrine calviniste, qu'il publie à des milliers d'exemplaires, si bien que ces écrits figurent parmi les plus lus de son vivant.

En 1768, Priestley fonde le Theological Repository, journal visant à traiter des questions théologiques dans la transparence et ouvert à toutes les tendances. Pourtant, les seuls auteurs qui soumettent des articles sont ceux qui partagent ses idées. Il est donc contraint d'en écrire lui-même une grande partie, matériau qui servira de base à nombre de ses œuvres ultérieures, théologiques et métaphysiques. Au bout de quelques années, le manque de moyens financiers le contraint à interrompre cette publication. Il fait renaître le journal en 1784, mais sans plus de succès.

Défenseur des Dissidents et philosophe politique

Essay on the First Principles of Government (1768).

Bien des écrits politiques de Priestley demandent l'abrogation des Test et Corporation Acts qui, à moins qu'ils ne souscrivent aux Trente-neuf articles de l'Église d'Angleterre, restreignent les droits des Dissidents, leur interdisant les fonctions politiques, les forces armées et les universités d'Oxford ou Cambridge. À maintes reprises, les Dissidents ont revendiqué auprès du Parlement l'abrogation de ces lois, faisant valoir qu'ils étaient traités comme des citoyens de seconde zone.

Les amis de Priestley, en particulier des Dissidents rationalistes, le pressent de rédiger un ouvrage sur ces injustices. Il s'exécute et, en 1768, paraît Essay on the First Principles of Government. C'est l'un des premiers traités présentant une théorie du libéralisme politique moderne et l'un des plus denses que Priestley ait publié sur le sujet. Il dissocie, avec une précision inhabituelle pour l'époque, les droits politiques des droits civils. Cette distinction entre sphère privée et publique implique la limitation des prérogatives du pouvoir au seul domaine politique. Éducation et religion, en particulier, relevant de la conscience privée, n'ont pas à être supervisées par l'État. Le radicalisme dont Priestley fera preuve plus tard découle en droite ligne de sa conviction que le gouvernement britannique porte atteinte aux libertés individuelles.

Priestley défend aussi les droits des Dissidents contre les attaques de William Blackstone, éminent théoricien du droit, dont les Commentaries on the Laws of England (1765–69) font figure d'ouvrage de référence. Blackstone affirme que la dissidence de l'Église d'Angleterre est un crime et que ses adeptes ne sauraient être de loyaux sujets. Furieux, Priestley se fait cinglant dans ses Remarks on Dr. Blackstone's Commentaries (1769), où il fustige l'interprétation des lois, la grammaire, thème très politisé à l'époque, et aussi l'historique qu'a présentés son pourfendeur. Blackstone amende les éditions ultérieures de ses Commentaries, reformulant les passages incriminés et supprimant les références au manque de loyauté, mais garde la qualification de crime (par opposition à offence) à l'égard de la Dissidence.

Philosophe naturel : électricité, optique et eau gazeuse

Priestley, inventeur de l'eau gazeuse.

Bien que Priestley affirme que la philosophie naturelle n'est pour lui qu'un passe-temps, il la prend très au sérieux. Dans son History of Electricity, il décrit le scientifique comme promoteur de la « sécurité et du bonheur du genre humain ». La science de Priestley est éminemment pratique et il ne s'encombre que rarement de questions théoriques, son modèle demeurant Benjamin Franklin. Quand il s'installe à Leeds, il poursuit ses expériences sur l'électricité et sur la chimie, s'approvisionnant pour ces dernières en dioxyde de carbone auprès d'une brasserie voisine. Entre 1767 et 1770, il présente cinq compte-rendus à la Royal Society : les quatre premiers explorent l'effet corona et d'autres phénomènes liés aux décharges électriques, le cinquième présente un rapport sur la conductivité du charbon issu de différentes sources. Les expériences qui suivront se concentreront sur la chimie et l'énergie pneumatique.

Le premier volume de son projet d' « histoire de la philosophie expérimentale », The History and Present State of Discoveries Relating to Vision, Light and Colours, considéré comme son traité d'optique et auquel il est souvent fait référence en anglais comme son Optics, est publié en 1772. Il accorde une attention toute particulière à l'histoire de cette discipline et y présente d'excellentes explications des premières expériences en la matière, mais ses lacunes en mathématiques lui font rejeter plusieurs théories contemporaines dont il ne saisit pas l'importance. De plus, l'absence de sections pratiques, comme celles de son History of Electricity, si utiles aux philosophes naturels, contribue au quasi échec de l'ouvrage qui ne connaît qu'une édition. Le texte, écrit à la hâte, se vend mal, les coûts de la recherche, de l'écriture et de la publication d'Optics incitent alors Priestley à renoncer à l'« Histoire de la philosophie expérimentale ». Toutefois, ce traité restera le seul de son espèce pendant un siècle et demi.

Priestley est pressenti pour le poste d'astronome de la Seconde expédition de James Cook dans la mer du Sud, mais, en définitive, William Wales lui est préféré. Il joue cependant un petit rôle dans les préparatifs, car il est sollicité pour former l'équipage à la fabrication de l'eau gazeuse, qu'il pense, à tort, être un remède contre le scorbut. Il publie ensuite un pamphlet intitulé Directions for Impregnating Water with Fixed Air (1772), qui n'est autre que la méthode permettant de gazéifier l'eau. Si Priestley n'exploite pas le potentiel commercial de son invention, d'autres, comme Johann Jacob Schweppe (1740-1821), avec son célèbre Schweppes, vont faire fortune avec ce procédé. En 1773, la Royal Society reconnait la valeur des travaux de Priestley en lui décernant la Médaille Copley.

Ses amis, en particulier Richard Price et Benjamin Franklin, inquiets de sa situation financière et soucieux de lui trouver une source de revenus plus sûre, demandent, en 1772, à Lord Shelburne de lui proposer le poste de conseiller personnel et de précepteur de ses enfants. Bien que Priestley soit peu enclin à sacrifier son ministère, il accepte et démissionne de Mill Hill Chapel le 20 décembre 1772, prononçant son dernier sermon le 16 mai 1773.

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