Joseph Priestley House - Définition

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Les Priestley en Amérique

Portrait de Joseph Priestley par Rembrandt Peale (vers 1800) après qu'il a renoncé au port de la perruque.

Exode forcé

Les trois dernières années que les Priestley passent en Grande-Bretagne sont une période de bouleversements politiques et les persécutions dont ils font l'objet les conduisent à émigrer vers les États-Unis. Au cours des émeutes de Birmingham en 1791, qui commencent lors du deuxième anniversaire de la prise de la Bastille, suite à la réaction conservatrice britannique contre la Révolution française, la demeure des Priestleys, l'église de Joseph et les maisons de nombreux autres dissidents religieux sont incendiées. Les Priestley fuient Birmingham et tentent de vivre à Londres, mais ne peuvent échapper à l'agitation politique. En 1794, ils rejoignent la vague des 10 000 émigrants qui partent vers l'Amérique, qui est le plus grand mouvement de population d'Europe vers l'Amérique, jusqu'à la fin des guerres napoléoniennes. Les Priestley quittent la Grande-Bretagne au début du mois d'avril sur le Samson et arrivent à New York le 4 juin 1794. Deux de leurs trois fils, Joseph, Jr. (l'aîné) et Harry (le cadet), sont déjà arrivés aux États-Unis en août 1793, avec un ami de Joseph Priestley, le militant radical Thomas Cooper (1759 – 1839). Leur troisième fils, William, est parti aux États-Unis depuis la France au début de la Terreur.

Arrivée à Northumberland

Alors que les Européens connaissent mieux Priestley en tant que scientifique (il a découvert l'oxygène en 1774), les Américains le voient plutôt comme un défenseur de la liberté religieuse et fervent partisan de l'indépendance américaine. Dès son arrivée, il est fêté par les diverses factions politiques qui se disputent son soutien. Priestley décline cependant leurs avances, dans l'espoir d'éviter les discordes politiques auxquelles il a été mêlé en Grande-Bretagne. Il écrit à John Adams : « je me suis fixé comme règle de ne pas prendre part à la politique d'un pays dans lequel je suis un étranger, et dans lequel je souhaite vivre sans être importuné. » Priestley n'est jamais devenu citoyen des États-Unis. Il rejette également, à cette époque, l'offre d'enseigner la chimie à l'Université de Pennsylvanie.

Portrait de Mary Priestley, par Carl Frederik von Breda (1793).

Sur le chemin de Northumberland, les Priestleys s'arrêtent à Philadelphie, où Joseph prononce une série de sermons qui contribuent à accroître la diffusion de l'Unitarisme. Selon J. D. Bowers, qui a étudié l'influence de Priestley sur l'Unitarisme en Amérique, « pendant une décennie Priestley servi d'inspiration et force directrice pour la propagation de l'Unitarisme en Amérique et à la formation de nombreuses sociétés qui suivirent son enseignement sur la formation des congrégations, l'éducation de la jeunesse, la prédication, et l'adoption d'une foi en présence de l'opposition de la majorité protestante et d'une faction concurrente libérale. » Grâce à l'influence de Priestley, au moins douze congrégations sont fondées dans le Maine, le Massachusetts, le Vermont, la Pennsylvanie, la Virginie, le Kentucky et l'État de New York, notamment la Première église unitarienne de Philadelphie et la congrégation unitarienne universaliste de la vallée du Susquehanna à Northumberland. Unitaires et non-unitaires affluent pour entendre ses prêches et ceux-ci sont publiés dans tout le pays. Au cours de ses années en Amérique, Priestley est de plus en plus convaincu de l'approche millénariste. Son étude appliquée de la Bible et les événements en France, le persuadent qu'il va assister au retour du Christ.

Alors que Priestley apprécie de prêcher à Philadelphie, il ne peut se permettre, financièrement, d'y vivre. De plus, il n'apprécie pas les riches Quakers de la ville et craint un retour de l'épidémie de fièvre jaune qui a récemment décimé la cité. Il songe à s'établir à Germantown, qui est plus facile d'accès que Northumberland, mais Marie préfère la campagne et veut être près de ses fils. Joseph envisage de partager son temps entre Northumberland et Philadelphie, mais son projet s'avère irréalisable, en raison de la distance et de l'état des voies de communication. Déterminé à assurer le futur bien être de sa famille, Priestley achète des terres et s'installe à Northumberland en juillet 1794, qui est alors à « cinq jours d'un rude voyage » de Philadelphie. Ils espèrent qu'en ce lieu, une plus grande communauté va finalement s'épanouir.

Installation

Carte de l'est de la Pennsylvanie montrant les lieux importants pour Joseph Priestley et sa famille dans la région.

Priestley aspire semble-t-il à une communauté bien plus cosmopolite que Northumberland ne peut lui offrir. Il écrit à sa sœur qu'il s'agit « apparemment d'un lieu pratiquement hors du monde » et se plaint qu'il doit attendre une semaine pour recevoir des nouvelles. Il écrit à son ami John Vaughan: « Nous n'en savons guère plus que lorsque nous vous laissâmes à vos affaires européennes. » Pendant l'hiver 1794-95, Priestley écrit à ses amis que sa situation est bien éloignée de ce qu'il envisageait à l'origine et que le temps qu'il passe aux États-Unis est loin d'être aussi agréable qu'il l'était en Angleterre, mais qu'il est très heureux d'avoir trouvé cette terre d'asile et qu'il tente de vivre au mieux cette situation. Dans ses lettres à ses amis restés en Grande-Bretagne, Priestley se décrit toujours comme un exilé et affirme que l'Angleterre reste son véritable foyer. Marie quant à elle est ravie de cette situation et écrit à William Vaughan : « Je suis heureuse et reconnaissante de trouver une si douce situation et une retraite si paisible en ce lieu d'où je vous écris. Le Dr. Priestley apprécie également ce lieu où il a choisi de s'installer, qui est bien plus que je n'espérais à l'époque où nous sommes arrivés [...] Ce pays est délicieux, les environs boisés et la proximité de l'eau sont plus beaux que je ne l'ai jamais vu auparavant et les gens sont simples et leurs manières convenables. »

Lorsque les fils Priestley émigrent en Amérique en 1793, ils achètent 300 000 acres (120 000 ha) de terres le long de la rivière Loyalsock Creek (entre les branches nord et ouest du Susquehanna). Peu après, Thomas Cooper, un ami de Joseph Priestley, publie en Angleterre un pamphlet, intitulé Some Information Respecting America (Quelques informations concernant l'Amérique), destiné à en encourager d'autres à s'installer en Pennsylvanie et donnant des instructions sur la façon de procéder. Il détaille un plan clair pour l'établissement et le financement d'une colonie. La traduction française, Renseignements sur l'Amérique, a été, selon un expert, « soigneusement rédigée en termes juridiques » et « décrit clairement les grandes lignes d'un projet financier ambitieux. » Toutefois, il n'est pas certain que le projet de Cooper ait été lié aux terres que les jeunes Priestley avaient achetées.

Les poètes Samuel Taylor Coleridge et William Wordsworth, influencés par Cooper, plein d'idéalisme et fâchés de ce que Priestley a subi à Birmingham, tentent d'émigrer en Amérique pour y établir une communauté utopique, qu'ils nomment « Pantisocracy » (du grec qui signifie « le gouvernement par tous »). Ils réunissent douze couples qui ne se montrent pas seulement intéressés par un travail physique exigeant, mais aussi par la vie de l'esprit. Cependant, aucun d'entre eux ne possède assez d'argent pour se lancer dans ce projet, qui exige un capital important. Les poètes entreprennent alors une tournée de conférences en Angleterre pour lever des fonds, mais ne parviennent pas à les rassembler. L'utopie ne se réalise pas et seuls quelques immigrants arrivent à Northumberland suite au pamphlet de Cooper.

Après l'échec de la tentative de Cooper, Priestley tente de convaincre d'autres amis de s'installer à Northumberland, en particulier ceux qu'il s'est fait en Amérique, mais sans succès. Priestley écrit dans ses Memoirs que « le projet de colonie est abandonné, mais étant ici, ma femme et moi appréciant le lieu, j'ai décidé d'en faire ma résidence, malgré les nombreux inconvénients. Philadelphie était très onéreuse, cet endroit est relativement bon marché, et mes fils, installés à proximité, seront moins exposés à la tentation, et plus susceptibles d'y concevoir des habitudes sobres et industrieuses. »

Dernières années

La bibliothèque de Joseph Priestley à Northumberland.

Les tentatives de Priestley pour éviter les controverses politiques aux États-Unis sont vaines. En 1795, le journaliste britannique, William Cobbett, publie Observations on the Emigration of Dr. Joseph Priestley, qui accuse Priestley de trahison envers la Grande-Bretagne et tente de saper sa crédibilité scientifique. Son aura politique se ternit un peu plus lorsque Cobbett obtient une série de lettres, adressées à Priestley par l'imprimeur radical John Hurford Stone et la romancière libérale Helen Maria Williams. Cobbett publie les lettres dans son journal, affirmant que Priestley et ses amis sont occupés à fomenter une révolution. Priestley est finalement contraint de se défendre lui-même par écrit, dans un ouvrage intitulé Letters to the inhabitants of Northumberland and its neighbourhood (« Lettre aux habitants de Northumberland et de ses environs »).

Des drames familiaux rendent également pénible le séjour de Priestley en Amérique. Son plus jeune fils, Harry, meurt en décembre 1795, probablement de paludisme. Mary Priestley décède peu après, en 1796. Déjà souffrante, elle ne s'est jamais complètement remise du choc causé par le décès de son fils. Le 14 septembre de cette année, Joseph écrit : « Ce jour, j'enterre ma femme […] elle a pris grand soin à dessiner la nouvelle maison, et maintenant que celle-ci est bien avancée et promet d'être tout ce qu'elle souhaitait, elle est enlevée pour une autre. » Les relations de Priestley et de sa famille se détériorent en 1800, lorsqu'un journal local de Pennsylvanie publie un article accusant William Priestley, intoxiqué par les « idées françaises », d'avoir tenté d'empoisonner toute la famille Priestley. Père et fils démentent vigoureusement cette histoire.

Quelques éléments du laboratoire de Joseph Priestley à Northumberland.

Priestley poursuit les projets éducatifs qui furent importants pour lui tout au long de sa vie en aidant à la création de l'Académie de Northumberland, faisant don de sa bibliothèque à la jeune institution. Il échange des lettres sur les meilleures structures à donner à une université avec Thomas Jefferson, qui utilise ces conseils lors de la fondation de l'Université de Virginie. Jefferson et Priestley deviennent proches, et lorsqu'il achève son General History of the Christian Church (Histoire générale de l'Église chrétienne), il la dédie au président Jefferson, écrivant que « c'est seulement maintenant que je puis dire que je ne vois rien à craindre de la part du pouvoir, le gouvernement sous lequel je vis actuellement m'étant pour la première fois réellement favorable. » De toutes les œuvres religieuses que Priestley publie aux États-Unis, et il y en a beaucoup, c'est son ouvrage en quatre volumes de la General History qui est le plus important. S'étendant de l'an 475 (EC) jusqu'à l'époque de Priestley, il retrace et explique ce qu'il voit de l'histoire du christianisme et de sa « corruption », faisant référence à son An History of the Corruptions of Christianity (1772-74). Il termine, toutefois, en louant la tolérance religieuse américaine.

Priestley tente de poursuivre ses recherches scientifiques en Amérique avec le soutien de l'American Philosophical Association. Toutefois, il est ralenti dans ses travaux par le manque de nouvelles provenant d'Europe. Ignorant des derniers développements scientifiques, Priestley n'est plus à l'avant-garde du progrès. Bien que la plupart de ses publications se concentrent sur la défense de la théorie dépassée de la phlogistique contre la « nouvelle chimie », il fait également quelques travaux originaux sur la génération spontanée et les rêves. Malgré cette importance scientifique réduite, Priestley stimule l'intérêt pour la chimie en Amérique. Comme Robert Schofield, le principal biographe moderne de Priestley l'explique:

« Priestley a publié plus d'articles scientifiques au cours de ses dix années aux États-Unis que pendant toutes les années passées en Angleterre : environ 45 articles, sans compter les réimpressions et quatre pamphlets, ni les éditions ultérieures, mais en général, sa science est alors insignifiante. Peu de ses articles amenèrent des nouveautés significatives dans le domaine de la chimie, la plupart furent écrits pour combattre la nouvelle chimie. »

Dès 1801, Priestley est souffrant, à tel point qu'il ne peut pratiquement plus écrire ni faire d'expériences. Le 3 février 1804, Joseph commence une dernière expérience dans son laboratoire mais il est trop faible pour la poursuivre. Il se met au lit dans sa bibliothèque, où il meurt trois jours plus tard. Il est inhumé dans le tout proche cimetière de Riverview à Northumberland.

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