Jean-Jacques Rousseau - Définition

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Introduction

Jean-Jacques Rousseau
Philosophe occidental
Époque moderne
Pastel de Maurice Quentin de La Tour, Jean-Jacques Rousseau, en 1753, (alors âgé de 41 ans)

Naissance 28 juin 1712,
Flag of Canton of Geneva.svg République de Genève,
Ancienne Confédération suisse
Décès 2 juillet 1778,
Ermenonville,
Royaume de France Royaume de France
École/tradition Contractualisme, précurseur du romantisme et du communisme
Principaux intérêts Politique, éducation, éthique, religion, musique, botanique
Idées remarquables État de nature, contrat social, perfectibilité
Influencé par Plutarque, Machiavel, Hobbes, Descartes, Locke, Malebranche
A influencé Kant, Maistre, Robespierre, Wollstonecraft, Schiller, Fichte, Hegel, George Sand, Lévi-Strauss, Rawls

Jean-Jacques Rousseau, né le 28 juin 1712 à Genève et mort le 2 juillet 1778 à Ermenonville, est un écrivain, philosophe et musicien genevois de langue française. Il est l'un des plus illustres philosophes du siècle des Lumières et l'un des pères spirituels de la Révolution française. Tous se réclament de lui. Les révolutionnaires, d'un extrême à l'autre, prétendent « ne marcher que le Contrat social à la main ». Paradoxalement, les théoriciens de la contre-révolution (Joseph de Maistre, Louis-Gabriel de Bonald) se réclament eux aussi de Rousseau. Il était considéré par Arthur Schopenhauer comme le « plus grand des moralistes modernes ». Schopenhauer disait : « Ma théorie a pour elle l'autorité du plus grand des moralistes modernes : car tel est assurément le rang qui revient à J.-J. Rousseau, à celui qui a connu si à fond le coeur humain, à celui qui puisa sa sagesse, non dans des livres, mais dans la vie ; qui produisit sa doctrine non pour la Chaire, mais pour l'humanité ; à cet ennemi des préjugés, à ce nourrisson de la nature, qui tient de sa mère le don de moraliser sans ennuyer, parce qu'il possède la vérité, et qu'il émeut les coeurs ». Ses travaux ont influencé grandement l'esprit révolutionnaire français. Il est particulièrement célèbre pour ses travaux sur l'homme, la société ainsi que sur l'éducation. La philosophie politique de Rousseau se situe dans la perspective dite contractualiste des philosophes britanniques des XVIIe et XVIIIe siècles, et son fameux Discours sur l'inégalité se conçoit aisément comme un dialogue avec l'œuvre de Thomas Hobbes. Rousseau était d'une grande sensibilité. David Hume disait de Rousseau : « He has only felt during the whole course of his life, and in this respect his sensibility rises to a pitch beyond what I have seen any example of ; but it still gives him a more acute feeling of pain than of pleasure. He is like a man who was stripped not only of his clothes, but of his skin, and turned out in this situation to combat with the rude and boisterous elements ». Bertrand Russell d'ajouter : « This is the kindest summary of his character that is in any degree compatible with truth ».

Biographie

Jean-Jacques Rousseau est le fils d'Isaac Rousseau (Genève, 1672 - Nyon, 1747), horloger comme son père et son grand-père, et de Suzanne Bernard (Genève, 1673 - Genève, 1712), qui meurt le 7 juillet 1712, neuf jours après la naissance de Jean-Jacques. Elle-même était fille d'un horloger nommé Jacques Bernard. Sa mère morte, le jeune Jean-Jacques est élevé à partir de neuf ans par son oncle Samuel Bernard, pasteur protestant, qu'il prend pour son grand-père. Sa famille, d'origine française, s'était exilée à Genève en 1549 à cause de la persécution religieuse. Abandonné à 10 ans par son père, il connaît, livré à lui-même, une enfance, une éducation et des débuts difficiles. Il passe deux années chez le pasteur Lambercier à Bossey (au pied du Salève, au sud de Genève) (1722 - 1724). Son oncle le place comme apprenti chez un greffier, puis en 1725 chez un maître graveur.

« Maman »

Jean-Jacques quitte la Genève protestante à seize ans en 1728. C'est le curé de Confignon, Benoît de Pontverre, qui l'adresse à une vaudoise émigrée à Vevey, la baronne de Warens, récemment convertie au catholicisme, dont il s'éprend et qui sera plus tard sa tutrice et sa maîtresse. Le 21 mars 1728 a lieu la rencontre. Dans ses Confessions Rousseau souhaite que cette rencontre soit matérialisée par un balustre d'or. Aussi peut-on observer à Annecy une statue du philosophe entourée d'un balustre doré sur lequel il est écrit « un matin de Pâques fleuries, Rousseau rencontra ici madame de Warens ». La baronne l'envoie à Turin où il se convertit au catholicisme le 23 avril. L'année suivante, il retourne chez celle qu'il appelait « Maman » alors que cette dernière n'était que de 13 ans plus vieille que lui, dans « une petite maison au penchant d'un vallon », près de Chambéry, que Les Confessions ont rendue célèbre : « les Charmettes ». Mme de Warens est à l'origine d'une grande partie de son éducation sentimentale et amoureuse.

  • En 1730, il voyage à pied jusqu'à Neuchâtel, où il enseigne la musique.
  • En 1732, il revient à Chambéry, où il travaille aux services administratifs du duché de Savoie, puis comme maître de musique auprès des jeunes filles de la bourgeoisie et de la noblesse chambériennes. Il séjourne près de dix ans dans la capitale de la Savoie.
  • En 1734 il devient l'intendant de Mme de Warens, qui deviendra plus tard sa maîtresse.
  • C'est chez elle qu'il écrit, en 1739, son premier livre, Le Verger de Madame la baronne de Warens. Il apprécie la ville : « S'il est une petite ville au monde où l'on goûte la douceur de la vie dans un commerce agréable et sûr, c'est Chambéry. »

Les débuts philosophiques

  • À Paris, en 1742 et 1743, il essaie d'exploiter l'invention d'un système de notation musicale en publiant successivement le Projet concernant de nouveaux signes pour la musique et la Dissertation sur la musique moderne. Il se lie avec Denis Diderot et Mme d'Épinay.
  • en 1743 et 1744, Rousseau est secrétaire du comte de Montaigu, ambassadeur de France à Venise.
  • En 1745, à Paris, il rencontre Thérèse Levasseur, modeste servante d'auberge, avec qui il se met en ménage. Les cinq enfants qu'ils ont sont confiés aux Enfants-Trouvés, l'assistance publique de l'époque, décision qui lui sera reprochée plus tard ( il y répondra par son grand ouvrage Les Confessions).
  • En 1747, son père, Isaac Rousseau meurt.
  • En 1749, Jean-Jacques écrit des articles sur la musique pour l'Encyclopédie.
  • En 1750, il participe à un concours proposé par l'Académie de Dijon : son Discours sur les sciences et les arts (dit Premier Discours) qui soutient que le progrès est synonyme de corruption, obtient le premier prix. Ce discours suscite diverses réactions, dont celle de Charles Borde.
  • Le 18 octobre 1752 est représenté devant le roi Louis XV, à Fontainebleau, en pleine « Querelle des Bouffons », Le Devin du village, intermède en un acte, dont Rousseau vient de composer et d'écrire la musique et le livret.

Célébrité et polémiques

Pierre-Alexandre Du Peyrou, habitant riche de Neufchâtel, et son ami qui a publië part de son oeuvre
  • En 1755, à un autre concours de la même Académie de Dijon, il répond par son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (également appelé Second Discours), qui achève de le rendre célèbre et suscite, comme le Premier Discours, une vive polémique.
  • Après avoir rencontré Louise d'Épinay, vers 1747, il « fuit » Paris, de 1756 à 1762, et il travaille et séjourne à Montmorency, d'abord à l'Ermitage puis au Mont-Louis.
  • Publié en 1762, Émile ou De l'éducation est condamné par le Parlement de Paris. Le Contrat social paraît la même année et connaît un sort similaire : les deux ouvrages sont interdits en France, aux Pays-Bas, à Genève et à Berne.
  • Rousseau se rend en Suisse, puis sur le territoire de Neuchâtel (Môtiers) qui appartient au roi de Prusse. Après un séjour dans l'île Saint-Pierre, sur le lac de Bienne, il gagne l'Angleterre, en 1765, en compagnie de David Hume, attaché à l'ambassade de Grande-Bretagne à Paris. Les deux philosophes se brouillent cependant rapidement.
  • Il peut rentrer à Paris en 1770, à la veille de la chute de Choiseul dont il avait condamné la politique d'annexion de la Corse. Il condamne également la politique russe de démantèlement de la Pologne, alors que la plupart des philosophes soutenaient Catherine II.
  • Le poète Jean-Antoine Roucher publie en 1779 dans les Mois les quatre Lettres à M. de Malesherbes.

C'est à cette période que Rousseau, qui vivait dans la hantise d'un complot dirigé contre lui, commence son œuvre autobiographique.

L'œuvre autobiographique

  • Entre 1766 et 1769, il écrit les Confessions (il y invente le terme de « Cruscantisme »).
  • En 1772, il entame la rédaction des Dialogues de Rousseau juge de Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire sont rédigées au cours des deux dernières années de sa vie.
  • Louis Donin de Rosière est témoin, avec son cousin Myriadec, du mariage de Jean-Jacques Rousseau avec Thérèse Levasseur, le 30 août 1768, à Bourgoin-Jallieu.
  • En 1778, le marquis de Girardin offre l'hospitalité à Jean-Jacques Rousseau, dans un pavillon de son domaine d'Ermenonville, près de Paris ; c'est là que l'écrivain philosophe meurt subitement le 2 juillet 1778, de ce qui semble avoir été une crise d'apoplexie. Voilà le récit de la mort de Rousseau tel que le fait Gaston Lenôtre dans Vieilles maisons, vieux papiers, Perrin et cie, 1914, quatrième série : « Le 2 juillet le cabaretier Antoine Maurice aperçut le philosophe se promenant, dès cinq heures du matin, malgré la rosée ; il le vit rentrer vers sept heures, apportant du mouron cueilli pour ses oiseaux.
    Deux heures plus tard, Antoine entendit des cris provenant du pavillon qu'habitaient les Rousseau ; il y courut. Mme Rousseau appelait au secours ; son mari était tombé sur le plancher, dans la pièce du premier étage, et s'était blessé à la tempe. Presque au même moments, le cabaretier, M. et Mme de Girardin arrivèrent suivis de quelques domestiques et d'un chirurgien ; celui-ci essaya d'une saignée, mais Jean-Jacques déjà, ne donnait plus signe de vie ».
    .... De l'événement, dans le village et les environs, les versions les plus diverses circulaient. M. Rousseau, affirmaient les uns, s'était tué d'un coup de pistolet. Payen, le maître de poste de Louvres, servait la nouvelle aux voyageurs qui relayaient chez lui. D'autres assuraient que le pauvre Jean-Jacques s'étant avisé - bien après tous les autres - des relations de Mme Rousseau avec un domestique du château voulait quitter Ermenonville : elle s'était refusée à le suivre : alors il avait cherché dans la forêt des mauvaises plantes qu'il connaissait et il les avait infusées dans son café du matin. C'est la version adoptée par Mme de Staël, par Corencez et par Musset Pathay. On a supposé pire encore « Jean-Jacques, qui au dire de Mme de Staël, avait appris le matin même les relations de sa femme avec un homme de la domesticité de M. de Girardin, s'est-il suicidé de désespoir, a-t-il été assassiné par sa femme, ou est-il mort d'apoplexie séreuse comme l'affirme le procès verbal d'autopsie ? ».(JJ Rouseau Hommage national par A. Castellant). Quant au Marquis de Girardin, il niait hautement le suicide. Ce qui est certain, c'est que sa femme Thérèse Levasseur, âgée de 57 ans, devait épouser peu après ce domestique nommé Antoine Bally, âgé de 34 ans, et dilapider avec lui les économies de Jean-Jacques et ses droits d'auteur pour finir dans la misère.
Tombeau au Panthéon de Paris
  • Le lendemain de sa mort, le sculpteur Houdon prend le moulage de son masque mortuaire. Le 4 juillet, le marquis de Girardin fait inhumer le corps dans l'île des Peupliers, dans la propriété où, en 1780, s'élèvera le monument funéraire dessiné par Hubert Robert, exécuté par J.-P. Lesueur. Le philosophe est rapidement l'objet d'un culte, et sa tombe est assidûment visitée. Les révolutionnaires le porteront aux nues et la Convention demandera son transfert au Panthéon.
  • L'hommage solennel de la nation française a lieu le 11 octobre 1794 : au cours d'une grandiose cérémonie, les cendres de Jean-Jacques Rousseau sont transférées d'Ermenonville au Panthéon où le hasard fait qu'il repose en face de Voltaire, qu'il n'appréciait guère. Jean-Jacques Rousseau devient officiellement l'une des gloires de la nation française.
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