Jaguar - Définition

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Écologie et répartition

Habitat

Le Pantanal au Brésil : zone humide appréciée du jaguar.

L'habitat du félin comprend les forêts tropicales de l'Amérique centrale et du Sud qui sont saisonnièrement inondées. Parmi ces habitats, le jaguar préfère une forêt dense. Adapté à de nombreux habitats, il n'est cependant pas présent dans les déserts, et à des altitudes trop élevées, bien que des observations à 2 700 mètres dans les Andes et 3 800 mètres au Costa Rica aient été rapportées.

La présence d'eau (marécages, lacs, mangroves) est un paramètre important de son installation dans une région.

Rôle écologique

Le jaguar adulte est un superprédateur, ce qui signifie qu'il est au sommet de la chaîne alimentaire et n'est pas lui-même considéré comme une proie dans la nature. Le jaguar est également une espèce clé de voûte, car il régule les populations de proies, maintenant l'intégrité de la structure des systèmes forestiers. Toutefois, déterminer avec précision l'effet des espèces comme le jaguar sur les écosystèmes est difficile, parce que les données doivent être comparées aussi bien à partir de régions où l'espèce est absente que dans ses habitats, tout en contrôlant les effets de l'activité humaine. Il est généralement admis que la population de proies augmente en l'absence de prédateurs, et que cela a des effets négatifs en cascade. Toutefois, le travail de terrain a montré que la variabilité des populations pouvait être naturelle, ainsi, l'appellation « espèce clé de voûte » pour le jaguar n'est pas plébiscitée par tous les scientifiques.

Le jaguar a également un effet sur les autres prédateurs. Le jaguar et le puma, le plus grand félin des Amériques, sont souvent sympatriques et ont souvent été étudiés conjointement. Dans le cas où justement leurs territoires se chevauchent, le puma a un territoire plus petit que la moyenne de son espèce et que celui du jaguar. Le jaguar a tendance à prendre des proies plus grandes et le puma des petites, réduisant la taille de celui-ci. Cette situation peut-être avantageuse pour le puma car la possibilité de prendre des proies est plus large, cela peut lui donner un avantage sur le jaguar dans un habitat altéré par l'homme. Le puma a une aire de répartition nettement plus grande et n'est pas considéré comme quasi-menacé.

Aire de répartition

Aire de répartition du jaguar
     Distribution historique      Distribution actuelle

L'aire de répartition historique de l'espèce couvre la plupart du continent américain, néanmoins elle est en net recul. Le félin a rapidement perdu de son aire de répartition dans les régions sèches de son habitat, comme la pampa argentine, les prairies arides du Mexique, et le sud-ouest des États-Unis.

Son aire de répartition s'étend du Mexique jusqu'en Amérique du Sud, en passant par l'Amérique centrale et une grande partie de l'Amazonie. Les pays inclus dans cette aire sont l'Argentine, le Belize, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, le Costa Rica (notamment sur la péninsule d'Osa), l'Équateur, les États-Unis, le Guatemala, le Guyana, le Honduras, le Mexique, le Nicaragua, le Panamá, le Paraguay, le Pérou, le Suriname et le Venezuela. Il est également présent en Guyane. Le jaguar est néanmoins considéré comme une espèce éteinte au Salvador et en Uruguay. En Amérique centrale il est considéré comme commun uniquement au Belize.

Compte tenu de l'inaccessibilité de la plupart de l'aire de répartition du jaguar, l'estimation de la population d'animaux est difficile. Les recherches portent généralement sur des régions particulières et donc les analyses complètes sur l'espèce sont rares. En 1991, de 600 à 1 000 individus ont été estimés comme vivant au Belize. Un an plus tôt, de 125 à 180 jaguars ont été estimés comme vivant au Mexique dans la réserve de biosphère de Calakmul, avec 350 autres dans l'État du Chiapas. La réserve de biosphère Maya au Guatemala contiendrait, quant à elle, de 465 à 550 animaux. Les travaux utilisant la télémétrie GPS en 2003 et 2004 ont montré qu'il y avait seulement six à sept jaguars pour 100 km2 dans la région du Pantanal, comparativement aux dix à onze en utilisant les méthodes traditionnelles, ce qui suggère que les méthodes d'échantillonnage anciennement utilisées pourraient surestimer le nombre réel de félins.

Le cas des États-Unis

L'inclusion des États-Unis dans la liste des pays de l'aire de répartition du jaguar est basée sur des observations ponctuelles dans le sud-ouest, en particulier dans l'Arizona, le Nouveau-Mexique et le Texas. Au début des années 1900, l'aire du jaguar s'étendait au nord jusqu'au parc national du Grand Canyon, et, vers l'ouest, jusqu'à la Californie du Sud.

Le jaguar est une espèce protégée aux États-Unis en vertu de l'Endangered Species Act de 1973, qui a arrêté la chasse de l'animal pour sa fourrure. En 2004, des fonctionnaires chargés de la faune en Arizona ont photographié des jaguars dans la partie sud de l'État. Pour qu'une population permanente y prospère, la protection face à la chasse, un bon réservoir de proies, et la connectivité avec les populations mexicaines sont essentiels. Le 25 février 2009, un jaguar a été capturé puis relâché au sud-ouest de Tucson en Arizona après la pose d'un collier émetteur. C'est plus au nord que ce qui avait été précédemment imaginé, et représente un signe d'une possible population permanente de jaguars dans le sud de l'Arizona. Il a été confirmé que l'animal est bien le même individu (nommé « Macho B ») que celui photographié en 2004 qui était à l'époque le plus vieux jaguar connu dans la nature avec ses quinze ans. En mars 2009, ce jaguar, qui était cependant le seul repéré aux États-Unis depuis plus d'une décennie, a été recapturé et euthanasié après la découverte d'une insuffisance rénale chronique. Certains experts estiment que le stress de la capture et la sédation répétée en seraient les causes. La mort de « Macho B » est un coup dur pour la présence du jaguar aux États-Unis.

L'achèvement de la barrière États-Unis-Mexique visant à lutter contre l'immigration illégale pose également à terme un problème sur les populations d'animaux sauvages résidant aux États-Unis, en réduisant leur possibilité de migration et l'hétérogénéité des gènes des populations et en limitant toute nouvelle expansion de l'espèce vers le nord. Le 7 janvier 2008, le directeur de l’United States Fish and Wildlife Service a approuvé une décision sans précédent de l'administration Bush pour renoncer à l'objectif fédéral de la réintégration du jaguar aux États-Unis malgré l'Endangered Species Act de 1973. Cette décision, première du genre dans l'histoire de l'Endangered Species Act, est pour certains détracteurs le sacrifice de l'espèce par le gouvernement pour pouvoir développer sans contrainte la barrière États-Unis-Mexique. Ceci est cependant discuté par l'administration Obama.

Préservation de l'espèce

Jaguar au zoo de Milwaukee.

Les populations de jaguars sont en diminution. L'animal est considéré comme une espèce quasi menacée (NT) selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), ce qui signifie qu'elle peut être menacée d'extinction dans un avenir proche. La perte d'une partie de son aire de répartition géographique, notamment sa quasi-élimination de sa zone d'implantation historique dans les régions du nord et l'augmentation de la fragmentation de son aire de répartition restante, ont contribué à un tel statut. Dans les années 1960, plus de 15 000 peaux de jaguars par an étaient tirées de l'Amazonie brésilienne, ce qui entraîna un fort déclin des populations de jaguar. Le commerce de peaux se réduisit très fortement lors de la mise en place de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) en 1973. Des travaux détaillés de la Wildlife Conservation Society révèlent que l'animal a perdu 37 % de son aire de répartition historique, avec un statut inconnu dans 18 % autres. Néanmoins, la probabilité de survie à long terme a été jugée à 70 % dans son aire de répartition restante, en particulier dans le bassin de l'Amazonie, le Gran Chaco et le Pantanal attenant.

En se basant sur une densité de population de un jaguar pour 15 km2, la population préservée du Belize est estimée à 600 à 1 000 jaguars. Dans le Pantanal, la densité de population n'est que de 1,4 jaguars pour 100 km2.

Les principaux risques pour le jaguar sont la déforestation de son habitat, l'accroissement de la concurrence pour la nourriture avec les êtres humains, le braconnage, les cyclones tropicaux dans le nord de son aire de répartition et le comportement des éleveurs qui tuent souvent le félin pour protéger leur troupeau. Lorsqu'il est habitué à la proie, le jaguar fait du bétail une grande partie de son alimentation, tandis que l'utilisation de la terre pour le pâturage est un problème pour l'espèce. Les populations de jaguars auraient pu augmenter quand le bétail a été introduit pour la première fois en Amérique du Sud mais les attaques sur le bétail ont incité les propriétaires d'élevages à embaucher à temps plein des chasseurs de jaguar, qui tirent souvent à vue.

Le jaguar est classé comme une espèce de l'Annexe I de la CITES : le commerce international de jaguars ou de parties de leur corps est interdit. La chasse au jaguar est interdite en Argentine, au Belize, en Colombie, aux États-Unis, en Guyane française, au Honduras, au Nicaragua, au Panamá, au Paraguay, au Suriname, en Uruguay et au Venezuela. L'exception à la chasse se limite aux « animaux à problèmes » au Brésil, au Costa Rica, au Guatemala, au Mexique et au Pérou, tandis que la chasse sportive est toujours autorisée en Bolivie. L'espèce n'a pas de protection juridique en Équateur ou au Guyana.

Les efforts actuels de conservation sont souvent axés sur l'éducation des propriétaires d'élevage et sur la promotion de l'écotourisme. Le jaguar est généralement défini comme une espèce parapluie : une espèce dont la portée et les besoins en habitat sont suffisamment larges pour que, si elle est protégée, de nombreuses autres espèces plus petites soient aussi protégées.

Plus récemment, un projet international nommé Paseo del jaguar (« Passage du jaguar ») a pour but d'identifier et de préserver les liaisons entre les zones de populations du Mexique à l'Argentine pour sauver l'espèce de l'extinction. En effet, le jaguar a de grandes difficultés à vivre dans un habitat restreint, sans pouvoir migrer pour se reproduire.

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