Indonésie - Définition

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Étymologie

Le nom « Indonésie » vient du latin Indus, signifiant « Inde » et du grec nesos, signifiant « île ». Ce nom date du XVIIIe siècle, bien avant la formation de l'Indonésie indépendante. En 1850, George Earl, ethnologue anglais utilise le terme « Indonésiens ». Un de ses étudiants, James Richardson Logan, utilise le nom « Indonésie » comme synonyme d'« archipel indien ». Néanmoins, les universitaires néerlandais écrivant sur les Indes orientales néerlandaises n'étaient pas très enclins à utiliser le nom « Indonésie ». Ils utilisent plus volontiers les termes d'« archipel malais » (Maleische Archipel), « Indes orientales néerlandaises » (Nederlandsch Oost Indië raccourci par Indië), de Oost (« l'Est ») ou encore Insulinde (terme introduit en 1860 dans le roman Max Havelaar de Multatuli où le colonialisme néerlandais est critiqué).

À partir de 1900, le nom « Indonésie » est utilisé de manière commune aussi bien par les universitaires étrangers que néerlandais ou les groupes nationalistes indonésiens. Adolf Bastian, de l'université de Berlin, popularisa le nom dans son livre Indonesien oder die Inseln des Malayischen Archipels, 1884-1894. Le premier universitaire indonésien à utiliser le nom « Indonésie » a été Ki Hajar Dewantara lorsqu'il établit un bureau de presse aux Pays-Bas sous le nom d'Indonesisch Pers-bureau en 1913.

Histoire

Le 17 août 1945, Soekarno et Hatta, proclament l’indépendance de l'Indonésie, jusqu'alors appelée Indes néerlandaises. Après quatre années de conflit armé et diplomatique que les Indonésiens appellent Revolusi, les Pays-Bas reconnaissent l'indépendance de l'Indonésie le 27 décembre 1949, à l'exception de la Nouvelle-Guinée occidentale, dont le statut sera discuté ultérieurement.

Préhistoire

Des restes fossilisés d’Homo Erectus, connus sous le nom d'homme de Java, suggère que l'archipel indonésien était peuplé il y entre 2 millions et 500 000 ans. Sur l'île de Florès fut retrouvé une espèce supposée d'hominidés aujourd'hui disparus : l'Homme de Florès (Homo floresiensis).

À l'époque de la glaciation de Würm, le niveau des mers est plus bas qu'aujourd'hui et l'archipel indonésien fait partie du continent asiatique. L'Indonésie est alors le lieu de passage des migrations qui, de 70 000 à 40 000 ans avant le présent, vont de l'Asie vers l'Australie. Plus tard, d'autres migrations ont lieu d'Australie vers ce qui est aujourd'hui la Nouvelle-Guinée.

Les migrations de population de langues austronésiennes, qui forment la majorité de la population moderne, commencent vers 2000 avant J.-C. depuis Taïwan vers les Philippines. Vers 1500 avant J.-C., d'autres migrations austronésiennes commencent vers l'Indonésie et le Pacifique.

Premiers royaumes

La navigation et le commerce façonnèrent l'histoire de l'Indonésie (bas-relief à Borobudur réalisé aux alentours de l'an 800)

La position stratégique de l'Indonésie comme carrefour maritime favorise les liens entre les îles et le commerce avec l'Inde et la Chine. Au Ier siècle de notre ère, l'ouest de l'Indonésie fait partie d'un réseau d'états portuaires qui commercent entre eux et avec l'Inde et la Chine. C'est ainsi que le clou de girofle, apporté en Inde par des commerçants de l'archipel indonésien et de là, acheminé au Moyen-Orient, y est connu dès l'Antiquité. Le centre de réseau est alors le royaume du Fou-nan, situé dans le sud de l'actuel Vietnam. Le déclin du Fou-nan déplace le centre de ce réseau vers le sud de Sumatra. Au VIIe siècle, la cité de Sriwijaya connaît un essor important grâce à son contrôle du commerce maritime dans le détroit de Malacca. Le commerce a depuis cette époque fondamentalement façonné l'histoire indonésienne.

Dans le centre de Java, des conditions idéales pour l'agriculture et la maîtrise de la technique des rizières dès le VIIIe siècle permettent le développement d'une riziculture prospère. Entre les VIIIe et Xe siècles, les souverains du centre de Java, dont les plus connus sont les dynasties Sailendra, bouddhiste, et Sanjaya, hindouiste, parviennent à la fois à respecter l'autonomie des villages et à construire de grands monuments religieux comme le temple bouddhiste de Borobudur et le complexe religieux hindouiste de Prambanan. On est dans ce que l'on appelle la « période classique indonésienne ».

À la fin du Xe siècle, le centre du pouvoir c'est déplacé du centre à l'est de Java. Là aussi, une agriculture prospère fait de l'île le grenier à riz de l'archipel, assurant la puissance des royaumes successifs de Kediri, Singasari et finalement Majapahit, fondé à la fin du XIIIe siècle. Sous le règne de Hayam Wuruk (règne 1350-89), ce dernier est la puissance dominante de l'archipel. Cette période est souvent mentionnée comme étant « l'âge d'or » de Java.

Royaumes musulmans

Les marchands musulmans, persans, indiens et chinois abordent dans les ports de l'archipel indonésien. Sans doute au XIIIe siècle, des princes du nord de Sumatra se convertissent à l'islam, désireux de s'intégrer dans ce réseau commercial. Majapahit commerçait avec des royaumes musulmans indiens, comme celui de Gaur. On sait qu'au XIVe siècle, des personnages importants du royaume hindou-bouddhique de Majapahit, sans doute membres de la famille royale, se convertissent à l'islam. L'essor du commerce à l'intérieur même de l'archipel se traduit par la diffusion de l'islam. Les XVe et XVIe siècles voient ainsi l'essor des Etats côtiers musulmans, dont le plus prospère est Malacca sur la péninsule Malaise, qui devient le plus grand port d'Asie du Sud-Est. À Java, les principautés de la côte nord, le Pasisir, souvent fondées par des Chinois musulmans, qui s'affranchissent peu à peu de leurs suzerains hindou-bouddhique de Majapahit. Le plus puissant d'entre eux est Demak.

À la fin du XVIe siècle, une nouvelle puissance du centre de Java, le royaume de Mataram, entreprend la conquête de ces cités portuaires musulmanes. Il oblige les cités côtières à détruire leur flotte et interdit le commerce maritime. Ce royaume se proclame l'héritier de Majapahit. Sous Mataram s'épanouit une culture de cour dont les références continuent d'être les modèles représentés par les grandes épopées indiennes du Mahabharata et du Ramayana. Dans la partie orientale de Java, la principauté de Blambangan échappe au contrôle de Mataram et est vassale de Bali. Ces princes, hindouistes, seront contraints en 1770 de se convertir à l'islam par les Hollandais, soucieux de soustraire l'est de Java à l'influence balinaise. Au XVIIe siècle, dans le nord de Sumatra, sous le règne d'Iskandar Muda, le sultanat d'Aceh entreprend la conquête des régions côtières de l'île, aussi bien de l'est sur le détroit de Malacca, que de l'est sur l'océan Indien. Dans l'est de l'archipel, sous le sultan Hasanuddin, le royaume de Gowa, dont les souverains se sont convertis à l'islam en 1605, soumet l'une après l'autre les principautés du sud de Célèbes.

Déclin des royaumes indonésiens et essor de la puissance hollandaise

Les Portugais, qui ont pris Goa en Inde en 1510, conquièrent Malacca en 1511. Ils sont dirigés par Francisco Serrão et cherchent à monopoliser les sources de noix de muscade, de clou de girofle et de cubèbe dans les Moluques. Ils signent dans le port de Kalapa un traité de paix avec le royaume sundanais de Pajajaran. S'appuyant sur leur base de Malacca, ils passent des alliances avec les princes moluquois et établissent des postes de commerce, des forts et des missions dans les Moluques, principalement sur Ambon, Ternate et les îles Solor. En 1575, ils sont exclus de Ternate par les indigènes.

Monogramme de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales

En 1602, le parlement néerlandais donne à la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) le monopole des activités commerciales et coloniales en Indonésie. À partir de 1605, ils expulsent les Portugais d'Ambon, des Moluques du Nord et des îles Banda. Les Portugais restent établis au Timor oriental mais laissent aux Moluques une certaine influence culturelle (langue, arts). En 1619, la VOC conquiert la ville de Jayakarta, à l'ouest de Java, où ils fondent la ville de Batavia (aujourd'hui Jakarta). La Compagnie prend le contrôle de la politique javanaise et combattent le sultanat de Mataram et le sultanat de Banten. Elle parvient, contrairement aux Portugais, à contrôler le commerce d'épices dans l'archipel. Elle utilisa la division des petits royaumes javanais pour s'établir de manière permanente dans ce qui devint l'une des plus riches possessions coloniales du monde.

Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, après la mort du Sultan Agung, Mataram est miné par les guerres de succession et doit céder petit à petit des territoires aux Hollandais. Ceux-ci défont Gowa en 1664 et contrôlent désormais l'est de l'archipel. À la fin du XVIIIe siècle, la VOC contrôle également toute la côte nord de Java.

Fabrique de thé à Batavia dans les années 1860

En 1800, la VOC est dissoute pour banqueroute. De 1808 à 1811, Herman Willem Daendels devient gouverneur-général des Indes orientales néerlandaises, nommé par Louis Bonaparte, roi des Pays-Bas, et réforme l'administration coloniale. Le britannique Thomas Stamford Raffles devient lieutenant-gouverneur de Java de 1811 à 1814. En 1824, par le traité de Londres entre les Britanniques et les Néerlandais, le contrôle des territoires revendiqué au sud de Singapour revient aux Néerlandais. Le monde malais se retrouve divisé en deux.

Entre 1825 et 1830, la guerre de Java met au prise le gouvernement colonial avec une partie de l'aristocratie javanais, dirigée par le prince Diponegoro. Celle-ci prend fin grâce à l'arrestation de Diponegoro. Les Hollandais peuvent alors mettre en place le cultuurstelsel, un système d'agriculture forcée orienté vers les cultures commerciales. Ce système enrichi considérablement les Pays-Bas. Les paysans indonésiens sont alors obligés, 60 jours par an, de travailler pour le gouvernement. Le système sera aboli en 1870. En 1901, les Néerlandais lancent ce qu'ils nomment la politique éthique. Elle inclut des réformes politiques mineures et l'éducation des populations indigènes.

La paix à Java permet également aux Hollandais de soumettre progressivement les différents Etats princiers du reste de l'archipel, à Sumatra, dont notamment le sultanat d'Aceh, mais aussi à Bornéo et dans les Petites îles de la Sonde. En 1908, la fin de la conquête de Bali et de la guerre d'Aceh parachève la formation des Indes néerlandaises.

On considère que la création, cette même année, du Budi Utomo par de jeunes nobles javanais marque le début du mouvement national indonésien. Un « Serment de la Jeunesse » est prononcé en 1928, émettant le vœu de créer une patrie indonésienne. Le débarquement en 1942 des Japonais dans les Indes orientales néerlandaises en pleine Seconde Guerre mondiale est accueilli par la majorité du mouvement nationaliste avec l'espoir d'obtenir l'indépendance.

Révolution

Soekarno, le premier président de l'Indonésie

Durant la plus grande partie de la période coloniale, le contrôle néerlandais était réduit. C'est seulement au début du XXe siècle que la domination néerlandaise s'étendit dans les frontières actuelles de l'Indonésie. L'invasion du territoire puis son occupation par les Japonais lors de la seconde Guerre mondiale mit fin à cette domination et encouragea le mouvement pour l'indépendance de l'Indonésie autrefois étouffé. Deux jours après la reddition du Japon, le 17 août 1945, Soekarno et Mohammad Hatta proclament l'indépendance du pays et deviennent respectivement le premier président et le premier vice-président du pays. Les Pays-Bas tentent alors de rétablir leur pouvoir, s'ensuit alors une lutte armée et une lutte diplomatique appelée Revolusi. Celle-ci s'achève le 27 décembre 1949 avec la création de la République des États-Unis d'Indonésie, les Pays-Bas reconnaissent l'indépendance partielle du pays. Le 17 août 1945, le gouvernement proclame le retour à l'état unitaire. La Nouvelle-Guinée occidentale ne sera incorporée à la nouvelle république d'Indonésie qu'en 1962 à la signature de l'accord de New York.

République indépendante

Les années 1950 sont marquées par de nombreuses rébellions séparatistes : Darul Islam pour la création d'un état islamique en Indonésie, la constitution de la République des Moluques du Sud, les mouvements du Permesta au Sulawesi du Nord et le PRRI au Sumatra occidental. En 1955 se tiennent les premières élections parlementaires. En 1957, Soekarno dissout l'assemblée constituante issue des élections de 1955 et établit la « démocratie dirigée ». En 1955 se tient également la conférence de Bandung. L'Indonésie est un des plus fervents défenseurs du principe de non-alignement et d'indépendance du tiers monde. Soekarno est obligé de composer avec deux formations importantes dans les pays : les forces militaires et le parti communiste indonésien (PKI).

Soeharto prend le pouvoir en 1966 et le garde plus de 30 ans

Dans les années 1960, les tensions montent dans la population, et plus encore dans l'armée entre conservateurs et pro-communistes. Lors du mouvement du 30 septembre 1965, six généraux accusés par des officiers de gauche de fomenter un coup d'État contre Soekarno sont tués. Le général Soeharto organise la répression et ordonne la dissolution du PKI, que l'armée accuse d'avoir organisé une tentative de coup d'État. Le nombre de victimes des massacres qui s'ensuivent est estimé entre 500 000 et 1 million de personnes.

En mars 1966, Soeharto force Soekarno, dont la force politique est affaiblie à lui transférer le pouvoir. Celui-ci est nommé officiellement président en mars 1968 avec le soutien du gouvernement américain. Pendant les trente années suivantes, Soeharto exerce un pouvoir dictatorial. Le pays connaît une relative stabilité politique et amorce néanmoins un développement économique, d'abord grâce aux revenus du pétrole puis, avec la chute du prix du brut en 1986, grâce à une politique de libéralisation qui provoque un essor de l'investissement étranger.

Époque contemporaine

En 1997 et en 1998, l'Indonésie est le pays le plus touché par la crise économique asiatique. Le mécontentement populaire s'amplifie et mène aux émeutes de Jakarta de mai 1998. Soeharto démissionne et son vice-président, B. J. Habibie, devient président.

En 1999, le Timor oriental fait sécession après 25 ans d'occupation militaire par l'Indonésie qui fut marquée par la condamnation par la communauté internationale de la répression brutale qui y sévissait. Cette même année se tiennent les premières élections démocratiques depuis 1955. Celles-ci voient la victoire d'Abdurrahman Wahid, destitué en 2001. Sa vice-présidente, Megawati Soekarnoputri, la fille de Soekarno, est élue présidente.

Depuis 2000, l'Indonésie fait face à une vague d'attentats terroristes islamistes dont l'attentat du Jakarta Stock Exchange en 2000 et l'attentat de Bali en 2002. En 2004, grâce à un amendement de la constitution, se tient la première élection présidentielle au suffrage direct. Susilo Bambang Yudhoyono est élu président.

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