Île du Millénaire Île Caroline | ||
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Géographie | ||
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Pays |
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Archipel | Îles de la Ligne | |
Localisation | Océan Pacifique | |
Coordonnées | ||
Superficie | 3,8 km2 | |
Nombre d'îles | 39 | |
Île(s) principale(s) | Îlot Nake, îlot Long, îlot Sud | |
Point culminant | non nommé (6 m) | |
Géologie | Atoll | |
Administration | ||
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Aucun découpage territorial | - | |
Démographie | ||
Population | Aucun habitant | |
Autres informations | ||
Découverte | 1606 | |
Fuseau horaire | UTC+14 | |
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Atolls des Kiribati |
L’île du Millénaire ou île Caroline, en anglais Millenium Island, Caroline Island ou Caroline Atoll, est un atoll inhabité des îles de la Ligne qui appartient à la République des Kiribati dont elle constitue l'île la plus orientale (au-delà du 150e méridien), dans l'Océan Pacifique.
D'abord découverte par les Européens en 1606, réclamée par la Grande-Bretagne en 1868, et faisant partie de la République des Kiribati depuis l'indépendance de l'archipel en 1979, l'île du Millénaire est restée relativement intacte et est considérée comme l'une des îles tropicales les plus primitives au monde, malgré l'exploitation du guano, la culture du coprah, et la présence humaine aux XIXe siècle et XXe siècle. Elle abrite l'une des plus grandes populations de crabes de cocotier du monde et constitue un important site de reproduction pour les oiseaux de mer, et plus précisément la Sterna fuscata.
Elle a été récemment rebaptisée île du Millénaire en raison des célébrations du millénaire pendant lesquelles il avait été envisagé d'y fêter l'arrivée de l'an 2000 et du IIIe millénaire. En effet, se situant juste après la ligne de changement de date et à UTC+14, c'est le premier endroit sur terre (si on excepte les pôles) où commence la journée. Son isolement et son accès difficile avaient fait déplacer la cérémonie sur l'île Christmas.
L'île du Millénaire se trouve à l'extrême sud-est des îles de la Ligne, une ligne d'atolls qui traverse l'équateur, à environ 1 500 kilomètres au Sud des îles hawaïennes dans le Pacifique central. L'île du Millénaire est parmi les îles les plus isolées de la terre, à 230 km de la terre la plus proche (l'île de Flint), à 1 500 km de la plus proche île habitée en permanence, Kiritimati, à 4 200 km de Tarawa, la capitale des Kiribati, et à 5 100 km de la terre le plus proche du continent nord-américain.
L'atoll, légèrement en croissant, se compose de 39 îlots séparés entourant un lagon étroit. S'étendant approximativement sur 9 kilomètres du Nord au Sud et sur deux kilomètres d'Est en Ouest, les îlots s'élèvent à une altitude de seulement 6 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les îlots, comme ceux de tous les atolls, partagent une origine géologique commune et se composent de dépôts de sable et des roches calcaires formés sur les récifs coralliens.
Trois grands îlots constituent l'essentiel de la superficie de l'île : l'îlot Nake (1,04 km2) au nord ; l'îlot Long (0,76 km2) au Nord-Est du lagon et l'îlot Sud (1,07 km2). Le reste des petits îlots, dont la plupart furent nommés au cours de l'étude écologique de 1988 dirigée par Angela et Cameron Kepler, se divisent en quatre grands groupes : les îlots du Sud de Nake, les îlots Leeward du Centre, les îlots Leeward du Sud et les îlots Windward. Les îlots de l'île sont particulièrement éphémères, au cours d'un siècle d'observation, plusieurs des plus petits îlots avaient été remarqués comme apparaissant ou disparaissant entièrement à la suite des grandes tempêtes, tandis que les formes des plus grands ont considérablement changé depuis les premières observations.
Le centre du lagon, de dimensions globales de 6 km de longueur sur 0,5 km de largeur, est peu profond – tout au plus 5 à 7 mètres de profondeur et est entrecoupé à plusieurs endroits par quelques affleurements de corail ou récifs isolés. Le platier s'étend généralement jusqu'à environ 500 m des rives, bien que certaines sources décrivent une étendue de plus d'un kilomètre. Dans l'un ou l'autre cas, cela rend le débarquement très difficile, sauf à marée haute pour des petits bateaux. Il n'existe pas de zone de débarquement naturelle, possibilité d'ancrage, ou passes d'eau suffisamment profondes donnant sur le centre de la lagune. L'eau qui se jette dans le lagon emprunte plusieurs canaux étroits à marée haute, et est contenue entre les récifs environnants. Elle reste ainsi peu agitée malgré les marées océaniques. La plupart des débarquements se font généralement par une étroite passe dans le récif à l'angle Nord-Ouest de l'île Sud (visible sur la photo satellite ci-dessus).
Il n'y a pas de source d'eau douce sur l'île, même si les îlots Sud et Nake abritent des aquifères souterrains d'eau douce (ou de lentille de Ghyben-Herzberg). Des puits ont été construits pour en exploiter l'eau potable pendant les différentes colonies. Les sols de l'île sont tout aussi pauvres, dominés par le sable de corail ou des gravats issus de celui-ci, avec quelques matières organiques uniquement présentes dans les centres plus protégés et boisés des ilots. Les dépôts de guano rendent riches en azote les sols de l'île où on en trouve, mais même dans les zones les plus anciennes et les plus boisées de l'atoll, on ne trouve que quelques centimètres de terre.
Comme le reste des Kiribati, l'île jouit d'un climat tropical et maritime, toujours chaud et humide. Les mesures météorologiques sont rares, mais les températures varient entre 28 et 32 degrés Celsius durant l'année. L'île du Millénaire se situe dans une région aux précipitations très variables, mais dont la moyenne de pluie tombée est de 1 500 mm par an. Les marées évoluent autour de 0,5 m et les vents alizés, venant généralement du Nord-Est, indique que certains coins de l'île affrontent parfois des mers démontées.
L'île du Millénaire serait d'origine volcanique formée initialement d'un point chaud, puis au fil de l'érosion serait devenu la barrière de corail qui dépasse aujourd'hui la surface de l'eau, formant ainsi un atoll. Bien que ces processus géologiques soient mal compris, l'orientation des îles de la Ligne (globalement Nord-Sud) indique qu'elles ont été formées il y a plus de 40 millions d'années, avant que la plaque pacifique ne change de direction. Le même point chaud a alors formé, plus récemment, l'archipel des Tuamotu.
Malgré la présence, trois siècles durant, de l'homme sur l'île du Millénaire (des Polynésiens en transit entre les îles Marquises et les Hawaii), on la considère comme l'une des rares îles primitives restantes et comme l'un des atolls du Pacifique les plus intacts. Son état intact lui a valu d'être classé comme patrimoine mondial et réserve de biosphère. Des études écologiques sur la flore et la faune de l'île ont été entreprises à plusieurs reprises au cours de la fin du XXe siècle : en 1965 dans le cadre du programme du Pacific Ocean Biological Survey, en 1974 par la Line Island Expedition, et en 1988 et 1991 par le programme des Nations unies pour l'environnement.
L'île du Millénaire possède une végétation abondante, et la plupart des îlots qui le composent possèdent trois zones de végétation concentriques : une zone périphérique, composée en grande partie d'héliotropes ; une zone centripète d'arbustes, principalement des Tournefortia argentea ; et une région centrale forestière, typiquement peuplée d'arbres Pisonia grandis. On trouve également des cocotiers en quantité substantielle sur les îlots de grande taille. Cette répartition de la flore est particulièrement forte sur les îlots de grande superficie, alors que les îlots de moindre importance ont une forêt moins dense voir inexistante pour les îles les plus petites. La flore de l'île compte aussi des Surianaceae et des Morinda citrifolia.
L'île du Millénaire est un lieu de reproduction important pour un certain nombre d'espèces d'oiseaux marins, notamment la sterne fuligineuse, d'une population d'environ 500 000 oiseaux – une colonie de sternes domine les îlots de l'Est – et la frégate du Pacifique, d'une population de plus de 10 000 oiseaux. L'île du Millénaire et sa voisine, l'île Flint, accueillent également des populations de crabes de cocotier parmi les plus importantes au monde. On trouve aussi d'autres animaux originaires de l'île, dont le Tridacne géant, dont la population est abondante dans la lagune centrale, le Bernard l'ermite, et de multiples espèces de lézards.
Certaines espèces menacées y séjournent régulièrement comme la tortue verte (Chelonia mydas) qui niche sur les plages, même si du braconnage récent par des gens de passage a été constaté. Le courlis d'Alaska (Numenius tahitiensis), un oiseau migrant d'Alaska, est également classé vulnérable.
L'île a également subi quelques introductions d'espèces. Au niveau de la flore, près d'une vingtaine de variétés non-indigènes ont été introduites sur l'île par l'homme. Parmi celles-ci on retrouve l'Ipomoea violacea, qui commence à proliférer. Des chats et des chiens domestiques, introduits pendant les implantations humaines passagères, ont repoussé des populations d'oiseaux de mer de certains îlots, en particulier celui d'Ana-Ana.