L'Ibis de la Réunion ou Solitaire de la Réunion anciennement Dronte de la Réunion (Threskiornis solitarius) est une espèce d'oiseau endémique de l'île de La Réunion aujourd'hui disparue. Son placement taxinomique est disputé. Les ornithologistes ont longtemps cru que cette espèce était apparentée au Dodo à cause des dessins trouvés en Europe, et supposés la représenter. Elle est généralement considérée aujourd'hui comme étant l'ibis endémique dont des ossements ont été retrouvés.
Les témoignages
Il n'existe qu'une dizaine de témoignages très succins décrivant le Solitaire, et s'échelonnant de 1613 à 1708. Aucun dessin contemporain représentant de façon certaine cet oiseau n'a été retrouvé.
La première mention provient du journal de bord du navire anglais Pearl, le 27 mars 1613 :
...une grosse espèce de volaille de la grosseur d'un dindon, très grasse, et aux ailes si courtes qu'elle ne peut voler ; elle est blanche et elle n'est pas sauvage, comme du reste tous les oiseaux de cette île, aucun d'eux n'ayant jusqu'ici été tracassé ni effrayé par des coups de fusils. Nos hommes les abattaient avec des bâtons et des pierres. Dix hommes en tuaient assez pour nourrir quarante personnes par jour.
En 1619, le capitaine hollandais Willem IJsbrantsz Bontekoe observe un oiseau semblable près de l'étang de Saint-Paul, en quoi il croit reconnaître un Dodo (Raphus cucullatus) :
Il y avait aussi des Dodos qui ont de petites ailes. Bien loin de pouvoir voler, ils étaient si gras qu’à peine pouvaient-ils marcher, et quand ils essayaient de courir, ils traînaient leur arrière-train par terre.
Le Solitaire est appelé pour la première fois par son nom par l'abbé Carré en 1667 :
J'ai vu dans ce lieu une sorte d'oiseau que je n'ai point vu ailleurs. C’est celui que les habitants ont surnommé l'oiseau solitaire parce que effectivement il aime la solitude et ne se plaît que dans les endroits les plus écartés. On n’en a jamais vu deux ni plusieurs ensemble ; il est toujours seul. Il ne ressemblerait pas mal à un coq d'Inde s'il n'avait pas les jambes plus hautes. La beauté de son plumage fait plaisir à voir. C'est une couleur changeante qui tire sur le jaune. La chair en est exquise ; elle fait les meilleurs mets de ce pays-là, et pourrait faire les délices de nos tables. Nous voulûmes garder deux de ces oiseaux pour les envoyer en France et les faire présenter à sa majesté. Mais aussitôt qu'ils furent dans le vaisseau, ils moururent de mélancolie, sans vouloir boire ni manger.
Le sieur Dubois, qui visite l'île alors qu'on l'appelle encore Bourbon de 1669 à 1672, témoigne dans le compte-rendu de son voyage de la présence de cet oiseau :
Solitaires : ces oiseaux sont nommés ainsi parce qu'ils vont toujours seuls. Ils sont gros comme une grosse oie et ont le plumage blanc, noir à l'extrémité des ailes et de la queue. A la queue, il y a des plumes approchant celles d'autruche. Ils ont le cou long et le bec fait comme celui des bécasses, mais plus gros, les jambes et les pieds comme les poulets d'Inde. Cet oiseau se prend à la course, ne volant que bien peu. C'est un des meilleurs gibiers de l'île.