Hystérie - Définition

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Introduction

Enseignement de Charcot à la Salpêtrière : le professeur montrant à ses élèves (dont Joseph Babinski à droite sur le tableau) sa plus fidèle patiente, « Blanche » (Marie) Wittman, en crise d'hystérie. Détail du tableau d'André Brouillet : Une leçon clinique à la Salpêtrière, 1887)

La définition de l'hystérie donnée par Antoine Porot est : « une disposition mentale particulière, tantôt constitutionnelle et permanente, tantôt accidentelle et passagère, qui porte certains sujets à présenter des apparences d'infirmité physiques de maladies somatiques ou d'états psychopathologiques. ». L'association de manifestations permanentes ou récurrentes, fréquemment des paralysies, des troubles de la parole ou de la sensibilité, et d'autres transitoires, tels que des crises pseudo-épileptiques ou des comas « psychogènes », constitue la forme la plus courante de cette maladie. Depuis Freud et Janet notamment, elle est considérée comme une névrose dont l'histoire du concept s'est longtemps confondu à celle d'hystérie.

Cette affection a disparu des nouvelles classifications (DSM et CIM) à cause de sa connotation psychanalytique et à la faveur des catégories trouble de la personnalité histrionique ou trouble somatoforme. L'étiologie de l'hystérie, indissociable de sa représentation sociale, a beaucoup évolué en fonction des époques et des modes. Elle reste très mystérieuse et controversée. Notons que le diagnostic trouble somatoforme exclut les malades - notamment en Suisse - de certaines prestations assécurologiques ce qui peut-être considéré comme une nouvelle manière de dénier la réalité du trouble.

Histoire d'un concept

L'hystérie entre mythes, sorcellerie, médecine, neurologie et psychiatrie

Le terme d'hystérie vient du médecin grec Hippocrate, qui inventa ce mot pour décrire une maladie qui avait déjà été étudiée par les Égyptiens. Le terme est dérivé du mot grec hystera, signifiant l'utérus. La maladie était donc intimement liée à l'utérus; la théorie admise étant que celui-ci se déplaçait dans le corps, créant les symptômes. Platon décrivait ainsi ses causes et ses manifestations dans Timée : L'utérus est un animal qui désire engendrer des enfants. Lorsqu'il demeure stérile trop longtemps après la puberté, il devient inquiet et, s'avançant à travers le corps et coupant le passage à l'air, il gêne la respiration, provoque de grandes souffrances et toutes espèces de maladies. Au Moyen Âge, les hystériques (sorcières, etc.) étaient considérées comme possédées par le diable et souvent brûlées. La célèbre affaire de Loudun à la fin du XVIIe siècle donne une idée de la peur que suscitaient ces femmes et implicitement tout ce qui se rattachait à leur sexualité.

Charles Le Pois fut le premier médecin à prétendre avoir localisé mentalement l'hystérie en 1618 et c'est Thomas Willis qui a le mieux défendu cette idée. Plus tard c'est le médecins Paul Briquet qui en décrivit systématiquement les manifestations qu'il a consigné dans son Traité de l'hystérie publié en 1855 et basé sur une clinique de 430 patientes vue à l'hôpital de la Charité à Paris. Il y définit la maladie comme une « névrose de l'encéphale dont les phénomènes apparents consistent principalement dans la perturbation des actes vitaux qui servent à la manifestation des sensations affectives et des passions ». Il dénombra un cas d'hystérie masculine pour 20 cas d'hystérie féminine. Notons qu'il prétendait que cette affection était absente chez les religieuses mais fréquentes chez les prostituées. Il a aussi mis en évidence une composante héréditaire (25% des filles d'hystériques le devenaient elles-mêmes). Il a encore mis en évidence que l'affection touchait les couches sociales inférieures et était plus fréquente à la campagne qu'en ville.

C'est ensuite le neurologue Charcot qui - tout en conservant l'idée d'une localisation cérébrale et à son corps défendant - promut l'idée d'une origine psychogène de l'affection en faisant apparaître et disparaître les symptômes par hypnose. Il décrivait les manifestations de la grande crise hystérique en cinq périodes:

  • Les grandes attaques hystériques,
  • les formes mineures (crise syncopale, la crise à symptomatologie de type extra-pyramidal, l'hystéro-épilepsie, les crises tétaniformes),
  • les états crépusculaires et états seconds (l'état crépusculaire hystérique, d'autres états crépusculaires, dits aussi « états seconds »),
  • les amnésies paroxystiques,
  • les attaques cataleptiques.

Joseph Babinski proche collaborateur de Charcot a lui déploré le manque de précision des descriptions du trouble hystérique il a ainsi distingué ce que n'est pas l'hystérie : "une maladie localisable, susceptible d'une définition anatomo-clinique et d'une description par accumulation de signes" et ce qu'elle était : "les phénomènes pithiatiques qui peuvent être reproduits par la suggestion". Malheureusement, à la suite de ses travaux, la névrose est trop souvent devenue ce "qui n'existe pas pour les neurologues". A l'opposé, Ambroise-Auguste Liébeault et Bernheim de Nancy défendaient l'idée que l'hystérie était d'origine affective et émotive en promouvant le traitement par psychothérapie. Dans la même période le neurologue Paul Julius Möbius s'est aussi intéressé à l’hystérie en en donnant la définition suivante en 1888, définition qui précédait et annonçait les théories de Freud, Breuer et Janet: Sont hystériques toutes les manifestations pathologiques causées par des représentations. Puis: Une partie seulement des phénomènes pathologiques correspond par son contenu aux idées motivantes, c.à.d. à celles provoquées par des suggestions étrangères et des autosuggestions, dans le cas par exemple, où l'idée de ne pouvoir mouvoir le bras entraîne une paralysie de celui-ci. D'autres phénomènes hystériques, tout en émanant bien de représentations, ne leur correspondent pas au point de vue du contenu. . En d'autres termes et en résumé, il prétendait que les manifestations hystériques sont idéogènes.

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