Homme de Néandertal - Définition

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Introduction

Homme de Néandertal
 Crâne de Néandertalien : l'Homme de la Chapelle-aux-Saints.
Classification
Règne Animalia
Sous-règne Metazoa
Super-embr. Deuterostomia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infra-classe Eutheria
Ordre Primates
Sous-ordre Haplorrhini
Infra-ordre Simiiformes
— non-classé — Catarrhini
Super-famille Hominoidea
Famille Hominidae
Sous-famille Homininae
Tribu Hominini
Genre Homo
Nom binominal
Homo neanderthalensis
William King, 1864

Un homme de Néandertal ou Néandertalien est un représentant fossile du genre Homo qui a vécu en Europe et en Asie occidentale au Paléolithique moyen, entre environ 250 000 et 28 000 ans avant le présent. Durant plus d'un siècle à compter de sa découverte, les hypothèses émises à son sujet ont reflété les préjugés du moment : longtemps considéré comme une sous-espèce au sein de l'espèce Homo sapiens, nommée par conséquent Homo sapiens neanderthalensis, il fut ensuite considéré par la majorité des auteurs comme une espèce indépendante nommée Homo neanderthalensis. En 2010, le séquençage partiel de l'ADN nucléaire néandertalien par une équipe coordonnée par Svante Pääbo pourrait démontrer un métissage ancien entre les hommes de Néandertal et les humains anatomiquement modernes en Eurasie. Ces résultats remettent en question l'idée selon laquelle ces deux groupes correspondent à des espèces distinctes.

Premier « homme » fossile reconnu, premier « être humain » disparu distinct de l'Homme actuel, l'homme de Néandertal est à l'origine d'une riche culture matérielle appelée Moustérien ainsi que des premières préoccupations esthétiques et spirituelles en Europe (sépultures). Après une difficile reconnaissance, l'homme de Néandertal a longtemps pâti d'un jugement négatif par rapport aux Homo sapiens. Il est encore considéré dans l'imagerie populaire comme un être simiesque, fruste, laid et attardé. Il est en fait plus robuste qu'Homo sapiens et son cerveau est légèrement plus volumineux en moyenne. Les progrès de l'archéologie préhistorique et de la paléoanthropologie depuis les années 1960 ont mis au jour un être d'une grande richesse culturelle.

De nombreux points sont encore à élucider, notamment concernant les causes de son extinction après 300 000 ans d'existence, vers 28 000 ans avant le présent.

Historique de la découverte

Les Néandertaliens avant Neandertal

Deux fossiles de Néandertaliens ont été découverts avant celui de l'individu éponyme. En 1830, un crâne d'enfant est mis au jour par P.C. Schmerling à Engis (Belgique). En 1848, un crâne d'adulte est trouvé à Gibraltar dans le site de Forbe's Quarry. Si le premier appartient à un jeune individu sur lequel les traits caractéristiques des Néandertaliens sont moins évidents, le deuxième aurait dû conduire à reconnaître l'existence d'une espèce humaine fossile. Sans doute était-il trop tôt, comme le prouvent d'ailleurs les difficultés pour faire admettre que les os recueillis à Neandertal correspondent bien à un homme fossile.

1856 : Neandertal ou la « vallée de l'homme nouveau »

Le nom de « Néandertalien » est lié à celui de Neandertal, une petite vallée située sur les territoires des deux villes Erkrath et Mettmann, entre Düsseldorf et Wuppertal (Allemagne). Au mois d'août 1856, dans le cadre de l'exploitation d'une carrière, des ouvriers vidèrent une petite cavité de cette vallée, la grotte de Feldhofer. Ils y découvrirent des ossements et un fragment de crâne qu'ils remirent à Johann Carl Fuhlrott, instituteur d'Elberfeld, passionné d'histoire naturelle.

Calotte crânienne découverte à Neandertal en 1856
Squelette reconstitué d'un homme de Néandertal

Par un heureux hasard, le toponyme Neandertal signifie « vallée de l'homme nouveau ». Le nom de Neander avait été donné à cette vallée (tal en allemand) en l’honneur de Joachim Neumann (1650-1680), dit aussi Joachim Neander car, suivant un usage familial datant de son grand-père, il se faisait appeler par son patronyme traduit en grec. Ce pasteur et compositeur, auteur de cantiques religieux encore populaires dans le protestantisme allemand, aimait chercher son inspiration dans cette vallée, jadis idyllique.

Comme à l'époque le nom de la vallée s'écrivait encore « Neanderthal », l'homme qui y est découvert reçoit le nom latin de Homo neanderthalensis ; quand une réforme orthographique de l'allemand eut balayé les « h » « superflus », les règles de la nomenclature interdisaient de revenir sur les formes latines et on écrit toujours Homo neanderthalensis. L'orthographe française la plus correcte et la plus courante, proposée par Henri Vallois en 1952, est Homme de Néandertal, même si l'on trouve parfois Homme de Néanderthal, Homme de Neandertal ou Homme de Neanderthal. La forme « Neanderthal » est encore très répandue en anglais, induisant une prononciation en contradiction avec le nom allemand originel.

Une reconnaissance difficile

Fuhlrott comprend rapidement l'intérêt de la découverte et se rend sur place pour tenter en vain de découvrir d'autres ossements ou des vestiges qui leur seraient associés. Il se rend compte qu'il s'agit d'ossements anciens mais surtout incroyablement primitifs, correspondant à un homme nouveau, d'une « conformation naturelle jusqu'ici inconnue ».

L'Homme de Néandertal est effectivement le premier homme fossile distinct d'Homo sapiens, et il est découvert le premier. L'idée même qu'une espèce d'homme distincte de la nôtre ait existé par le passé (et ait disparu) fut d'ailleurs particulièrement difficile à admettre. On se souviendra par exemple que Charles Darwin ne publiera L'Origine des espèces par la sélection naturelle qu'en 1859 et qu'il n'élargira explicitement sa théorie à l'homme qu'en 1871 dans La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe.

Malgré des différences importantes avec les os d'hommes modernes, Fuhlrott reconnaît dans ses trouvailles des os humains et les soumet à Hermann Schaaffhausen pour un examen complémentaire. Ce dernier présente ses premières conclusions en 1857. Il estime que les ossements datent d'une période antérieure aux Celtes et aux Germains, et sont ceux d'un individu appartenant à l'une des races sauvages du nord-ouest de l'Europe dont parlent les auteurs latins. Tous les chercheurs n'acceptent pas cette interprétation : pour certains, les os ont appartenu à un genre différent du nôtre, sans doute plus proche du singe, pour d'autres ils renvoient à un individu pathologique ou frappé d'idiotisme. Certains évoquent même un cosaque ayant déserté les armées russes en 1814.

Reconstitution de l'enfant néandertalien de Gibraltar par Elisabeth Daynes (Anthropological Institute, Université de Zurich)

Établissement de l'ancienneté de l'Homme et de son évolution

Peu à peu les découvertes se multiplient, d'abord celles d'Homo sapiens fossiles associés à des vestiges lithiques et à des animaux disparus (dont l'Homme de Cro-Magnon en 1868) puis d'autres Homo neanderthalensis, encore en place dans les sédiments, complets et présentant les mêmes spécificités anatomiques. Parmi les plus spectaculaires, il faut citer les deux squelettes de la Grotte de Spy en 1886 puis la sépulture de l'Homme de la Chapelle-aux-Saints en 1908. Elles contribuent à faire définitivement accepter l'existence d'une nouvelle espèce d'humain par la communauté scientifique.

Le nom scientifique Homo neanderthalensis est proposé en 1864 par William King, professeur au Queen's College de Galway en Irlande et ancien élève de Charles Lyell. En 1866, Ernst Haeckel propose le nom surprenant d’Homo stupidus, qui n'est pas retenu en vertu des règles de nomenclature donnant priorité à l'appellation antérieure. Les partisans du rattachement à une sous-espèce parleraient sinon d’Homo sapiens stupidus !

Les premières études (et les reconstitutions qui en découlaient) donnent de l'Homme de Néandertal une image déformée, accentuant les traits primitifs, voire simiesques. C'est le cas de l'étude de l'Homme de la Chapelle-aux-Saints publiée par Marcellin Boule en 1911 : même s'il s'agit d'une étude très complète, référence pendant de nombreuses années, elle présente un Homme de Néandertal voûté, la colonne vertébrale courbée (comme chez les gorilles) et les membres inférieurs semi-fléchis. Il faut presque un siècle à la communauté scientifique pour corriger cette perception influencée par des a priori peu scientifiques.

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