Histoire des universités françaises - Définition

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Depuis 1896 : renouveau des universités

1896 : les universités recréées

La Troisième République fit de l’Instruction publique sa grande priorité, on voulait favoriser le progrès scientifique, et aussi transmettre ces progrès à l’industrie. Ces idées s’opposaient aux rôles qu’avaient alors les facultés, qui étaient encore limités à la formation des professionnels. Le projet de 1890 prévoyait la création des universités mais en nombre limité, ce qui fit trainer la discussion au Parlement.

Le 18 juin 1895 un nouveau projet est présenté par le ministre Raymond Poincaré, il transforme les corps des facultés en universités, le Gouvernement prévoit ainsi plus de créations que dans la projet de 1890. Le projet est voté à l’unanimité à la Chambre des députés et au Sénat par 223 voix contre 29 ; la loi est promulguée le 10 juillet 1896. On conserva les grades délivrés par l’État, mais les titres universitaires sont désormais déterminées par les établissements.

La réforme de 1896 et les efforts consentis par les gouvernements successifs, mais aussi l'amélioration de l'enseignement primaire et secondaire, conduisent à une augmentation du nombre des étudiants, encore très mesurée toutefois avant la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, il y a 29 000 étudiants en 1900, 78 000 en 1930, 137 000 en 1950, 500 000 à 600 000 en 1968 – on approche du million en 1985, pour atteindre une fourchette entre 1 200 000 et 1 500 000 dans les années 1990, et près de 2 300 000 en 2001. Le taux de scolarisation dans le supérieur d’une classe d’âge de 20-24 ans passe de 2 % en 1920 à plus de 19 % en 1971 et 30 % en 1985.

Les universités se démocratisent et se féminisent un peu .

L'Université joue un plus grand rôle dans le domaine de la recherche dans toutes les disciplines. En particulier, les laboratoires de physique, chimie, biologie se développent.

L'enseignement évolue peu, mais la pharmacie acquiert une spécificité à travers les Écoles supérieures de pharmacie, puis les facultés du même nom. En revanche, les chaires de théologie catholiques disparaissent en 1886, suivies par celles de théologie protestante en 1905.

À partir des années 1920, certains enseignements se développent et / ou gagnent en autonomie : l'économie fait l'objet d'un enseignement, d'abord au sein des facultés de droit, puis dans des facultés autonomes ; du côté des matières scientifiques, les mathématiques créent parfois des facultés autonomes ; la sociologie et la psychologie font leur entrée dans les facultés de lettres.

Les premiers centres universitaires s'ouvrent dans d'autres villes pendant la Seconde Guerre mondiale pour pallier les difficultés de communication. Après guerre, l'UNEF (Union nationale des étudiants de France, fondée en 1907) proclame en 1946 la Charte de Grenoble, fondatrice du syndicalisme étudiant. Dès avant guerre, l'UNEF, alors apolitique et corporatiste, avait participé à la création des restaurants universitaires et à la création de structures de médecine préventive au sein des universités. En 1948, la MNEF est créée pour gérer la sécurité sociale étudiante issue de la Libération. L'UNEF ne se politisera que progressivement, conduisant à une scission en 1962, avec la création de la Fédération nationale des étudiants de France.

Au niveau national, les effectifs explosent, les effets du baby boom se faisant sentir dans les années 1960. De nouveaux centres universitaires sont créés à Paris et en province pour tenter de faire face à cette situation. Au cours de cette décennie, l'Etat créé les premiers campus à la française, sur le modèle américain. Les études de médecine et la recherche médicale sont réformées en 1958 (création des centres hospitaliers universitaires, CHU). L'université s'engage aussi dans une formation technologique avec la création, en 1966, des instituts universitaires de technologie.

En revanche, les structures administratives mises en place suite à la loi de 1896 évoluent peu et, en particulier, ne permettent pas aux étudiants de s'exprimer ou de peser sur les orientations du monde universitaire. Par ailleurs, la pédagogie reste très traditionnelle.

Parallèlement au système universitaire, un système de grandes écoles se constitue ou est renforcé. L'Ecole libre des sciences politiques d'avant guerre (créée en 1872) est remplacée par Sciences-Po, tandis que l'Ecole normale supérieure d'Ulm, réunie en 1903 à l'Université de Paris, obtient en 1954 la personnalité civile et l'autonomie financière. Dès 1962, un décret du Premier ministre Georges Pompidou, reconnaît la vocation de l'école, originellement chargée de la formation des enseignants du secondaire, à la recherche. Les années qui suivent sont toutefois difficiles pour la rue d'Ulm, perçue comme contestataire par le pouvoir gaulliste et qui est occupée par divers groupuscules maoïstes en 1971 (« nuit de la commune »).

Les critiques à l'égard de la sclérose de l'organisation administrative, hiérarchique et centralisée de l'Université, ainsi que du traditionnalisme de la pédagogie, conjuguées au problème des effectifs, vont constituer les principales revendications lors du mouvement de mai 1968, voire l'étincelle initiale (avec l'occupation, en mars 1967 à l'Université de Nanterre, du bâtiment de la cité universitaire réservé aux étudiantes par les étudiants, événement précurseur du Mouvement du 22-Mars).

1968 : les universités plus démocratiques

Les évènements de mai 1968, tant à Paris qu'en province, ont pris tout le monde de court, donnant lieu à des mouvements spontanés et pas toujours organisés. Ils ont été l'occasion de rencontres nouvelles entre certains enseignants et des étudiants, ainsi qu'à une vague importante de propositions.

Dans plusieurs villes universitaires, des facultés se déclarent autonomes, des facultés ou des universités modifient leurs statuts dans un sens plus démocratique.

Après les législatives de 1968, le gouvernement réagit avec la loi Faure. Promulguée le 12 novembre 1968, cette loi compte comme mesures principales les suivantes : Les facultés sont supprimées au profit de deux nouvelles instances : les unités d’enseignement et de recherche (UER) et les universités, auxquelles sont donnés de plus larges pouvoirs. Ces universités sont administrées par des conseils qui comportent désormais des étudiants et élisent leur président d'université. Les études sont également réformées : le système des certificats est remplacé par celui des unités de valeur (UV) qui permet aux étudiants de choisir leur enseignement. Enfin, on renonce à la sélection à l’entrée des universités.

La loi permet la scission de certaines universités, ce qui entraîne une augmentation du nombre des universités, créées entre 1968 et 1971. Le mouvement est particulièrement visible à Paris, où treize universités sont créées, remplaçant l'Université de Paris. Ces scissions sont largement politisées, se faisant selon un clivage gauche/droite. Lorsque celles-ci résultent de situations véritablement conflictuelles, le ministre de l'Education, Joseph Fontanet, tranche de manière autoritaire, comme à Lyon ou à Aix-Marseille. Selon le rapport Rousso, « Il prend ainsi une décision d’ordre public qui cherche à affirmer la primauté de l’État sur le principe de l’autonomie universitaire lorsque les universitaires s’avèrent incapables de régler seuls une crise majeure. ». A l'inverse, le Centre universitaire expérimental de Vincennes, créé par le ministre de l'Education Edgar Faure à l'automne 1968, est ancré à gauche, fonctionnant sur le principe de l'autogestion. Deleuze, Foucault, Lyotard, Badiou et d'autres y enseigneront, avant qu'il soit rasé en 1979, rejoignant l'Université Paris VIII créée en 1969.


La loi Savary en 1984 fait des universités des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel, les UER prennent le nom d'unités de formation et de recherche (UFR). La démocratie universitaire est renforcée avec la création du Conseil des études et de la vie universitaire (CEVU), où les étudiants et les enseignants sont représentés à parité. La plupart des universités se dotent d'un vice-président étudiant.

Le décret du 6 juin 1984 crée le statut d’« enseignant-chercheur » et fixe leur service à 192 heures « équivalent TD »..

Toujours en 1984, un projet de loi remet en cause la liberté d’enseignement. Suite à d’importantes manifestations, le projet est retiré et le gouvernement de Pierre Mauroy démissionne.

D'autres formations à caractère professionnel sont créées : les magistères en 1985, les instituts universitaires professionnalisés en 1991.

Dans les années 1990 et 2000, la France s'engage dans des plans de modernisation, en particulier pour améliorer les structures (restaurants universitaires, laboratoires...) ou pour rénover les locaux.

Depuis 2002 : harmonisation européenne, regroupements et compétences élargies

La première tentative pour donner plus d’autonomie aux université date de 1986 avec le projet de loi Devaquet (réforme abandonnée suite aux contestations des étudiants).

La réforme LMD de 2002 modifie l’architecture des enseignements et met fin aux programmes nationaux des diplômes. En 2003, Luc Ferry présente un projet de loi donnant plus d’autonomie aux universités, celui-ci est finalement ajournée.

En 2006 la Loi de programme pour la recherche a créé la possibilité de créer des pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) dont le but affiché est de faciliter le rapprochement d'universités et d'établissements d'enseignements supérieurs d’une même ville ou région. Les interactions entre universités est de plus en plus importante et on assiste à des fusions d’universités, comme par exemple à Strasbourg.

La Loi relative aux libertés et responsabilités des universités (2007) a modifié les composition des conseils centraux et le mode d’élection des présidents. Les universités accédent peu à peu à l’autonomie financière.

Enfin on assiste à la volonté du gouvernement de créer des pôles forts, là où précédemment on voulait traiter les université avec égalité, tout d’abord avec le Plan campus qui porte du des opérations foncières et immobilières, puis avec la création de « campus d’excellence » dans le cadre du grand emprunt.

Evolution de la filière générale depuis 1968

En 1973, le premier cycle est rénové avec la création du diplôme d'études universitaires générales (DEUG).

En 1974 la réglementation du doctorat est unifiée pour toutes les disciplines. Le doctorat d’État sanctionne la reconnaissance d’un travail de recherche de haut niveau et de plusieurs années. Le doctorat de 3e cycle fait suite à la maîtrise et dure trois ans dont une année pour préparer le DEA et le diplôme de docteur ingénieur fait suite au diplôme d’ingénieur et dure trois ans dont une année pour préparer le DEA.

En 1976, le second cycle est rénové : il comprend la licence en un an et la maîtrise en un an après la licence.

Après 1984, les études doctorales aboutissent sur le même diplôme. La préparation du DEA dure un an et la thèse entre deux et quatre.

Enfin la réforme Licence-Master-Doctorat de 2002 va découper l’enseignement supérieur en trois grades, et les diplômes universitaires se voient aligner sur ces grades.

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