Histoire des sciences et techniques en Chine - Définition

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La perte de vitesse par rapport à l'Occident

Selon Joseph Needham, c'est la culture et la philosophie chinoises qui ont été un frein au développement scientifique : « Ça n'est pas qu'il n'y a pas d'ordre dans la nature, pour les Chinois, mais plutôt que cet ordre ne provient pas des efforts rationnels de l'être humain pour codifier cet ordre céleste et éternel, irreprésentable dans un langage terrestre. Le taoïsme, en effet, perçoit cet effort comme naïf, par rapport à l'insondable complexité de l'univers tel que ses maitres le perçoivent ». Le sinologue John Fairbank, constate que l'Empereur et la caste mandarinale portent peu d’intérêt à la recherche scientifique. De Qin Shi Huang, premier empereur de la Chine unifiée à Mao Zedong, lançant « brûlons les livres et enterrons les lettrés » lors de la Révolution culturelle, les exemples abondent, dans l'histoire chinoise, d'une attitude franchement hostile des souverains autocratiques chinois envers la science et la culture. Mais, si la Chine a raté le train de la Révolution industrielle pour des causes ontologiques à sa culture et sa philosophie, comment a-t-elle pu être aussi en avance pendant si longtemps ?

Dans De l'inégalité parmi les sociétés, Jared Diamond postule que c'est l'absence de frontières naturelles sur le territoire chinois, pour l'essentiel constitué d'une large plaine côtière et de deux immenses vallées fluviales, qui a conduit à un État centralisé sans compétition. Un unique souverain peut étouffer l'innovation. L’Europe au contraire, avec ses chaines de montagne (Alpes, Pyrénées, Carpathes, Tatras), ses immenses péninsules facilement défendables (Scandinavie, Grèce, Italie), ses iles (Angleterre, Irelande, Sicile) a donné naissance à des États plus petits, en constante compétition mutuelle mais suffisamment isolés pour se défendre ou se reconstituer en cas d'invasion. Si un souverain choisissait de ne pas suivre le progrès technique (surtout militaire, mais aussi économique), il prennait le risque de se voir supplanter par ses voisins. David Cosandey, dans son ouvrage Le Secret de l'Occident abonde dans son sens en précisant le cas de la Chine et détaillant les moments où la science et les techniques se sont développées : toujours lorsque le pays a été divisé en États rivaux. C'est cette concurrence qui a entrainé le développement économique et aiguillonné les princes à soutenir les savants.

Les quatre grandes inventions de la Chine ancienne

Traditionnellement, on considère que la boussole, l'imprimerie, le papier et la poudre à canon sont les « Quatre grandes inventions » de la Chine. Au début du XVIIe siècle, le philosophe anglais Francis Bacon, sans connaître l'origine de ces inventions, remarque que trois d'entre elles : l'imprimerie, la poudre à canon et la boussole, « ont changé la face du monde ». « Le papier est, avec l'imprimerie, la boussole et la poudre à canon, l'une des quatre grandes inventions chinoises qui ont contribué à construire l'Occident moderne »

Boussole

Maquette d'une cuillère indiquant le sud (appelée sinan) du temps des Han (206 avant J.-C. - 220 après J.-C.) (Il y a quelques discussions sur l'existence historique de l'objet utilitaire correspondant)

La boussole permet de situer la direction : nord, sud, est et ouest. C'était un instrument essentiel pour l'orientation et les voyages.

Il y a quelques désaccords sur la date précise à laquelle fut inventée la boussole. Il existe des références littéraires dignes d'attention qui mettent en évidence son antiquité :

  • la première référence littéraire chinoise citant le « magnétisme » se trouve dans un ouvrage du IVe siècle av. J.-C. intitulé Livre du maître de la vallée du diable(鬼谷子) : « la magnétite fait venir le fer à lui, ou l'attire ». Pierre Germa indique dans le dictionnaire des inventions :

« La boussole vient de Chine; au premier siècle avant notre ère, les chinois utilisaient un instrument capable d'indiquer la direction du Sud : c'est la cuiller-montre-sud. »

  • la première mention de « l'attraction d'une aiguille par un aimant » se trouve dans un ouvrage chinois composé entre 70 et 80 après J.-C. (Lunheng ch. 47): « La magnétite attire une aiguille » (de fer). Ce passage de Louen-heng est le premier texte chinois mentionnant l'attraction d'une aiguille par un « aimant ». En 1948, le savant Wang Chen Tuo construisit un « compas » sous la forme d'une cuillère indiquant le sud sur la base de ce texte. Cependant, « on ne trouve pas de mention explicite d'un aimant dans le Louen-heng ».
  • La première référence à un « instrument d'orientation » magnétique spécifique se trouve dans un livre écrit sous la dynastie des Song et daté de 1040-1044. Il y a la description d'un « poisson indiquant le sud » en fer, flottant dans un bol d'eau, et se dirigeant vers le sud. Cet instrument est décrit comme un moyen de s'orienter « dans l'obscurité de la nuit ».

Le Wujing Zongyao (武经总要, « Réunion des techniques militaires les plus importantes ») précise : Quand les troupes doivent faire face au mauvais temps, ou à la nuit noire, et que l'on n'arrive plus à s'orienter, (...) ils faisaient appel à un instrument mécanique pointant vers le sud, appelé aussi « poisson indiquant le sud ». On parvenait à ce résultat en chauffant du métal (tout particulièrement si c'était de l'acier), selon le procédé connu aujourd'hui sous le nom de « thermo-rémanence », et qui aurait été capable de provoquer un léger état de magnétisation. La première référence de ce type en Europe n'apparaît que vers 1600, lorsque William Gilbert publia son ouvrage De Magnete.

Imprimerie

Avant d'être une invention de Johannes Gutenberg, la Chine avait déjà connu l'imprimerie à caractères mobiles (au IXe siècle) bien longtemps avant que la Corée et l'Occident ne découvrent cette dernière (au XVe siècle). Cependant cette technique a été abandonnée par les Chinois à l'époque car ce système n'était pas adapté à l'écriture chinoise (les idéogrammes) alors qu'en Occident, l'alphabet, par le nombre très réduit de signes auxquels il fait appel, se prête admirablement à l'imprimerie.

Les premières traces de papier imprimé retrouvées sont celles des dhāranī, en langue chinoise, de l'impératrice Shōtoku au Japon, datant du VIIIe siècle après JC. L'impression de ces premiers textes est généralement considérée comme relevant de l'influence chinoise, très forte en cette époque de pénétration de la culture et du bouddhisme chinois au Japon.

« Selon les auteurs chinois, on aurait commencé à pratiquer l'impression tabellaire ou fixe sur planchettes de bois vers la fin du VIe siècle de notre ère. Dès 1317, un livre coréen est déclaré imprimé à l'aide de caractères fondus; malheureusement, on manque de preuves concrètes à l'appui. En 1403, un décret royal de Htai-Tjong prescrit l'extension du procédé, mais l'Occident n'en a rien su. »

Papier

Les cinq étapes de la fabrication du papier d'après Cai Lun.

Le papier porteur d'un message le plus ancien connu à ce jour, découvert en Chine, serait daté de -8, sous la dynastie des Han de l'Ouest (-206, 25). Il s'agit d'un fragment de lettre dont le papier est fait à partir de fibres de lin, sur laquelle une vingtaine de sinogrammes anciens ont été déchiffrés. Il a été trouvé en 2006 à Dunhuang, dans la province du Gansu, et a été daté en fonction d'autres documents écrits trouvés au même endroit de la fouille.

D'après une tradition chinoise, on pensait que le papier était apparu au IIIe siècle av. J.-C. en Chine, sous le règne de Qin Shi Huang (fondateur de la dynastie Qin). Une histoire racontait que des personnes auraient alors repéré les dépôts blancs d'écume sur les rochers à la suite des crues et auraient tenté de le reproduire.

D'après une autre tradition chinoise, ce serait Cai Lun, ministre de l'agriculture qui, en 105, aurait codifié pour la première fois l'art de fabriquer du papier et en aurait amélioré la technique afin de le produire en masse.

Poudre à canon

La poudre à canon est généralement reconnue comme ayant été inventée en Chine vers le IXe siècle, durant la Dynastie Tang (618-907). La découverte semble avoir pour origine des recherches faites dans les milieux taoïstes de l'époque des Táng, mais fut bientôt suivie par une application militaire dans les années 904-906. Il s'agissait alors de projectiles incendiaires nommés "feux volants" (fēihuǒ 飛火).

La première mention de la formule de la poudre à canon (charbon, salpêtre et soufre) apparaît dans le Wǔjīng zǒngyào 武經總要 de 1044, près de 250 ans avant qu'un texte européen y fasse allusion, en 1285.

La poudre à canon fut une invention majeure car elle permit ensuite l'invention de la fusée, du lance-flammes, des feux d'artifice, des mines terrestres et marines, des premières armes à feu, du canon ou encore du mortier.

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