Trinité-et-Tobago connut un "âge d'or du cacao" entre 1870 et 1930, année où sa production était de 30,000 tonnes, puis une chute, face à la montée en puissance des pays africains. Cet âge d'or est passé par une greffe majeure. Tobago, la plus nord des deux îles, au large du Vénézuela, avait été colonisées par des juifs hollandais d'Amsterdam dès 1622, dans le sillage de l'ancienne présence hollandaise autour des salines de Punta d'Araya, puis par des juifs granas de Livourne en 1660, enmenés par Paulo Jacomo Pinto. Le massacre d'Arena sur Trinitad, la grande île voisine, indique que les missionnaires capucins espagnols ne contrôlent pas encore parfaitement la région. Tobago restera très peu peuplée pendant encore un siècle :seulement 2813 habitants en 1783 dont 2082 Amérindiens, soit une proportion des trois-quarts, constatée dans aucune autre île de la Caraïbe.
Le Cacao Criollo, introduit par les espagnols en 1525 fut d'abord décimé en 1727 par des épidémies (Phytophthora) amenant les planteurs à créer en 1757 un mélange avec l'autre variété, plus robuste, le forestero, pour créer le cacao Trinitario. Cette innovation est soutenue en 1783 par l'arrivée d'immigrants français créoles, alors que Tobago est encore très peu peuplée. Dans les années 1780 et au début des années 1790, les navires anglais dominent le trafic de Port-aux-Espagnols, sur Trinitad.
A partir de 1789, les Amérindiens ne représentent plus que 11% de la population. Les Frères Moraves, protestants, arrivent en 1790, tandis que navires et récoltes disparaissent dans l'ouragan de 1793. L'archipel devient anglais en 1697. Parmi les colons français, le comte Charles Joseph de Lopinot (1738-1819), ex-planteur de sucre de Saint-Domingue, se réfugie en 1806, construit une église et une ferme dans un site qui porte son nom.
Fort de sa réussite, le cacao Trinitario est introduit au Sri Lanka en 1834 et en 1880. Sa culture s'étend ensuite à Singapour, aux îles Fidji et Samoa, en Tanzanie, à Madagascar et à Java.
Dès 1830, Trinité-et-Tobago était le troisième producteur au monde après le Venezuela et l'Équateur. La pénurie de main d'oeuvre sur les plantations fut compensée entre 1838 et 1917, par l'arrivée de 500.000 Indiens dans la Caraïbe dont une partie à Trinité-et-Tobago, qui reçoit aussi en 1860, dans la région de Grande Rivière, des immigrants du Vénézuéla.
Le Cacao Criollo ne se développe vraiment qu'après 1900 dans deux des trois pays africains qui vont dominer la scène mondiale du cacao au XXe siècle, le Ghana et le Nigéria, rejoints plus tard par le troisième la Côte d'Ivoire. Grâce à eux, au XXe siècle, la production mondiale a été multipliée par 25, entre 1900 et 1994. Mais le Cacao Criollo s'efface très vite devant le Forestero, la variété plus solide, plus résistante aux maladies et plus productive.
La cacaoculture était apparue au Ghana dès 1871, dans la région hollandaise, mais ne se développa qu'après 1879, grâce aux exportations vers l'Angleterre. Les anglais rachètent les colonies guanéennes danoises en 1850 et hollandaises en 1872 et investirent dans une région riche en or et qui fut pionnière de l'histoire de la culture de l'hévéa, en recevant la première, dès 1893, des graines d'hévéa des Jardins botaniques royaux de Kew à Londres. La cacao est cultivé dans la partie est du pays, très peuplée, celle du peuple ashanti et de sa capitale Kumasi, prise en 1874Les cinquante Afriques, Hervé Bourges et Claude Wauthier, Seuil, (1978), page 580 dans l'arrière pays d'Accra, sur des plantations appartenant à des ghanéens. L'hévéa fera lui l'objet d'annexions dans le nord, au détriment des possession allemandes et françaises. En 1901, la révolte ashanti contre le gouverneur Hogdson est écrasée et le royaume ashantio proclamé colonie britannique.
De 1900 à 1908, les exportations du Ghana passent de moins de 1 000 à 20 000 tonnes, puis doublent en deux ans pour atteindre 40 000 tonnes en 1910. Le Ghana devient premier producteur mondial en 1911 ou 1918, selons le versions, et le reste jusqu'en 1978, lorsqu'il est dépassé par la "ceinture du cacao" ivoirienne, déployée en cercles concentriques autour d'Abidjan à l'instigation d'un ex-petit planteur devenu président, Félix Houphouët-Boigny.
En Côte d'Ivoire, le cacao n'est signalé qu'en 1890, accompagnant de petites plantations de café dans la région occidentale très peu peuplée qui fait frontière avec le Libéria. Le colonisateur français se concentre alors sur le sud-est, pour endiguer la présence anglaise au Ghana avec quelques timides encouragements au café. Une dizaine de petites plantations de cacao apparaissent en 1895, sur des sols pauvres, mais sans succès et la Côte d'Ivoire ne produit que deux tonnes en 1904.
En 1919 c'est 10 000 tonnes, soit bien peu par rapport aux 140 000 tonnes de la Gold Coast ghanéenne, qui contrôle un tiers de l'offre mondiale. Les efforts français, à partir de 1912, pour développer la production reposent en effet sur du travail forcé dans les "champs du commandant", sur un territoire en pleine "pacification", même si quelques années plus tard, la propriété individuelle et des prix incitatifs apparaissent. En 1932, le retard ivoirien se confirme avec 32 000 tonnes, contre 260 000 tonnes de la Gold Coast ghanéenne, qui a doublé sa production en treize ans, le bon réseau d'évacuation et les prix incitatifs permettant d'intenses défrichages à l'est sur de nouveaux territoires. Au Ghana, la principale ligne ferroviaire relie Accra à Takoradi en passant par Kumasi, en arc-de-cercle, et les planteurs forment une petite bourgeoisie noire, assez prospère pour employer une main-d'oeuvre immigrée importante venue de Haute Volta.
En 1951, la récolte est de 275 000 tonnes, mais les planteurs ashanti accueillement mal l'abattage de cacaoyers pour cause de swollen shoot, la maladie qui l'affaiblit. Le nouveau parti fondé en 1947, l'United Gold Coast convention et débordé sur sa gauche par le Convention People's Party, créé en 1949 par Kwame Nkrumah, emprisonné mais qui triomphe aux élections de 1951 puis 1954. Il commet cependant l'erreur de diminuer le prix d'achat du cacao aux planteurs aboutissant à la création d'un parti ashanti, le National Liberation Mouvement, qui sera cependant marginalisé à l'indépendance de 1957. Les coups d'état militaires de 1966 et 1972 seront suivis d'un déclin de la part ghanéenne sur le marché du cacao.