L'histoire de la culture de l’hévéa, rythmée par une série d'inventions créant toutes sortes de produits utiles en Europe, s'est traduite par un profonde redistribution des cartes mondiales, le monopole des forêts amazoniennes étant concurrencé par des plantations anglaises en Malaisie et en Afrique, ou françaises en Indochine, puis par l'apparition de millions de petites exploitations familiales en Thaïlande et en Indonésie, transformant les structures sociales de ces deux pays.
C'est d'abord l'hévéa spontané qui a été exploité. De tous temps, les Indiens d'Amazonie ont tiré le latex pour en faire des chaussures, des blagues à tabac ou des balles. Le caoutchouc, mot d'origine quechua, était bien connu des Mayas et des Aztèques qui l'utilisaient pour divers emplois dont l'imperméabilisation des tissus.
Le latex est connu des Européens depuis la découverte de l'Amérique. Christophe Colomb le mentionne dans ses récits de voyage. Le navigateur et historien espagnol Gonzalo Fernández de Oviedo y Valdés (1478–1557) fut le premier européen à décrire les vertus des boules de gomme naturelle à une audience européenne et en 1615, un autre texte espagnol raconte énumère les avantages, racontant en particulier comment les Amérindiens s’en servaient pour imperméabiliser leurs chaussures.
En 1770, le chimiste anglais Joseph Priestley, membre éminent de la Lunar Society, qui dans la ville de Birmingham confronte les recherches et réflexions d'inventeurs, chercheurs et entrepreneurs, s'intéresse aux produits tropicaux, sur fond de débuts de la révolution industrielle en Angleterre.
Joseph Priestley découvre que l'on peut effacer des marques d'encre en les frottant avec du caoutchouc. Cette découverte sera à l'origine des premières gommes à effacer. Joseph Priestley lui donna son nom anglais de "rubber" (de rub out, effacer). Quant à son nom en français, caoutchouc, il semble qu'il provienne du mot Amérindien 'cachuchu', "le bois qui pleure". Une douzaine d'années plus tard, en 1783, le chimiste français Jacques Charles — lancé dans une compétition avec les frères Montgolfier pour réaliser le premier vol habité — qui fait construire un ballon — on disait alors un « globe » — fait d'une étoffe de soie imperméabilisée par un vernis à base de caoutchouc.
C'est pourtant au XVIIIe siècle que l’on s’y intéresse de plus près dans d’autres pays d’Europe. En 1732, le jeune ingénieur du Roi, François Fresneau, se porte volontaire pour aller à Cayenne, en Guyane, pour y rénover les fortifications. Homme de science et chercheur infatigable, fera finalement une découverte au bout de son séjour, «l'hevea brasiliensis», l'arbre à caoutchouc autrement nommé «Arbre seringue», dont il tirera un mémoire remarqué par l'Académie des Sciences à Paris. Son parcours est raconté dans un roman, « L'arbre seringue : le roman de François Fresneau, ingénieur du Roy », de Jacques Berlioz-Curlet.
Puis, en 1736 et jusqu’en1747, les naturalistes français Charles Marie de La Condamine et François Fresneau de la Gataudière effectuent les premières études scientifiques sur le caoutchouc naturel au Pérou — où, en quechua Cao signifie bois et tchu qui pleure —, en Équateur et en Guyane. Au cours de son voyage, Charles Marie de La Condamine note sur son cahier de bord ce qu’en font les indiens Maïpas :
« Il pousse dans les forêts de la province d'Esmeraldas un arbre, appelé hévé par les indigènes. Il en coule, par la seule incision dans son tronc, une résine blanche comme le lait. On la recueille au pied de l'arbre sur des feuilles qu'on expose ensuite au soleil. Il en font des bottes d'une seule pièce qui ne prennent point l'eau et qui, lorsqu'elles sont passées à la fumée, ont tout l'air de véritable cuir »
— Récit de voyage - Charles Marie de La Condamine.