Hippocrate - Définition

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Corpus hippocratique

Manuscrit byzantin du XIIe siècle du Serment d’Hippocrate sous la forme d'une croix

Le Corpus hippocratique (du latin : Corpus hippocraticum) est une compilation de près de soixante-dix traités de médecine de la Grèce antique, écrit en Ionique (dialecte ionique). La question de savoir si Hippocrate lui-même a été l'auteur du corpus n'a pas été résolue de façon définitive. Mais, ces livres ont probablement été rédigés par ses étudiants et ses disciples. En raison de la variété des thèmes, des styles d'écriture et de la date apparente de rédaction les chercheurs estiment que le Corpus hippocratique n'aurait pas pu être écrit par une seule personne (Ermerins évalue le nombre des auteurs à dix-neuf). Pendant l'Antiquité le corpus a été attribué à Hippocrate et son enseignement a en général suivi ses principes, de sorte qu'il est désigné par son nom. Il pourrait s’agir des vestiges d'une bibliothèque de Kos ou d’une collection de manuscrits compilés au IIIe siècle av.J.-C à Alexandrie.

Le Corpus hippocratique comprend des manuels, des conférences, des recherches, des notes et des dissertations philosophiques sur divers sujets en rapport avec la médecine, réunis sans ordre particulier. Ces ouvrages qui ont été écrits pour différents publics, à la fois pour les spécialistes et pour les profanes, ont parfois été conçus à partir de points de vue opposés, ce qui explique que d’importantes contradictions peuvent être relevées entre les différentes parties du corpus. Parmi les œuvres importantes du Corpus citons le serment d'Hippocrate, Le Livre des pronostics, Le Régime dans les maladies aiguës, Les Aphorismes, Airs, eaux, lieux, Les instruments de réduction, Sur la maladie sacrée, etc..

Le serment d’Hippocrate

Le serment d'Hippocrate, un texte sur l 'éthique de la pratique médicale, a été attribué dans l'Antiquité à Hippocrate. Il s’agit probablement du document le plus célèbre du Corpus hippocratique, mais récemment, l'authenticité du document a été mise en doute. Bien que le serment soit aujourd'hui rarement utilisé sous sa forme originale, il a inspiré d'autres serments similaires et les lois qui définissent les bonnes pratiques et la morale médicale. De tels serments sont aujourd’hui régulièrement prononcés par les diplômés en médecine sur le point d'entrer dans la pratique médicale.

Généalogie légendaire

La généalogie légendaire d’Hippocrate fait remonter son ascendance paternelle directement à Asclépios et son ascendance maternelle à Héraclès provenant des grecs.

Héritage

Après Hippocrate, le médecin le plus remarquable a été Galien, un grec qui a vécu de 129 à 200 apr. J.-C. et qui perpétua la médecine Hippocratique avec à la fois des apports et des reculs. Ses œuvres traduites en latin ont eu beaucoup d’influence sur l’occident chrétien qui avait difficilement accès aux textes originaux en grec. Après la chute de l’Empire romain d'Occident en 476 la médecine hippocratique a continué à être pratiquée dans l’Empire byzantin qui a contribué à préserver les connaissances de l’antiquité grecque et latine par la compilation des textes anciens et plus tard par leur transmission aux Italiens notamment par l'intermédiaire de la Sicile qui est restée possession byzantine jusqu’en 878.

En 489 au moment de la fermeture de leur École théologique d'Édesse l’élite intellectuelle des chrétiens nestoriens chassés de l’ Empire byzantin par les persécutions religieuses ont fui en Perse où ils ont été accueillis par le roi Khosro Ier à l’ Académie de Gundishapur. Ils emmenaient avec eux de précieux manuscrits anciens et ont traduit en syriaque et en persan une grande partie de l’œuvre d’Hippocrate. Au moyen-age, après la chute de la dynastie sassanide et la conquête de la Perse par les musulmans, Bagdad est devenu progressivement le nouveau centre culturel de la région et après la création de la Maison de la sagesse en 832 par le Calife al-Ma'mūn, les textes d’Hippocrate ont été traduit en Arabeet ses méthodes ont été adoptées par les médecins musulmans.

Après la Renaissance et sous l’influence des Arabes dont les ouvrages avaient été traduits en latin au XIIe siècle, les méthodes d’Hippocrate ont été redécouvertes en Europe et même développées au XIXe siècle. À noter parmi ceux qui ont pratiqué les méthodes cliniques rigoureuses d’Hippocrate les personnalités suivantes : Sydenham, Heberden, Charcot et Osler. Un médecin français Henri Huchard, a déclaré que ces retours aux sources jalonnent « toute l'histoire de la médecine interne ».

De nos jours les concepts de la médecine hippocratique sont considérés comme obsolètes, mais ils sont encore mis en pratique en Inde en tant que médecine traditionnelle sous le nom de médecine Yunâni (le terme vient du grec « Ionia », qui désigne la côte d'Asie Mineure).

La naturopathie se réfère encore de nos jours à la philosophie hippocratique, en tenant compte des 4 éléments, des tempéraments,du milieu humoral et de la force vitale.Cette approche de la santé permet à la médecine hippocratique de rester vivante au travers d'une pratique qui n'ignore pas les avancées de la science, tout en respectant les lois de la vie, observées par les anciens depuis des millénaires.

Image

Image conventionnelle de « portrait » romain en buste (gravure du 19e siècle)

Selon le témoignage d’Aristote, Hippocrate est connu comme « le Grand Hippocrate ». Concernant son apparence, Hippocrate fut d'abord décrit comme un « vieux médecin de campagne digne et compatissant », puis comme « arrogant et inaccessible ». Il est certainement considéré comme un sage, un homme d’une très grande intelligence et, surtout, comme un bon praticien. Francis Adams le décrit comme un vrai « médecin, homme d’expérience et de bon sens ».

Cette image de sage, de vieux médecin est renforcée par les bustes qu’on possède de lui et qui le représentent le visage ridé et portant une grande barbe. De nombreux médecins de l'époque avaient les cheveux coupés courts dans le style de Jupiter et d’Asclépios. Par conséquent, les bustes d'Hippocrate qui nous sont parvenus ne sont peut-être seulement qu’une autre version des portraits de ces divinités. Hippocrate et les croyances qui lui sont attribuées sont considérés comme celles de l’idéal médical. Fielding Garrison, une autorité en matière d'histoire de la médecine, a déclaré : « Il est, avant tout, l'exemple de cette attitude d'esprit critique, toujours à la recherche de sources d'erreur qui est l’essence de l'esprit scientifique ». « Sa figure ... se dresse pour les temps futurs comme celle du médecin idéal », selon une courte histoire de la médecine, qui a inspiré la profession médicale depuis sa mort.

Légendes

La plupart des histoires qui sont rapportées sur la vie d'Hippocrate sont probablement fausses parce qu’elles sont incompatibles avec les données historiques, et qu’on raconte des histoires similaires ou identiques, à propos d’autres personnages comme Avicenne et Socrate, ce qui suggère qu’il s’agit de légendes. Même au cours de sa vie, la réputation d'Hippocrate était extraordinaire et les histoires de guérisons miraculeuses étaient légion. Par exemple, on dit qu’Hippocrate aurait contribué à la guérison des Athéniens durant la peste d'Athènes par de grands feux utilisés en guise de « désinfectants » en complément d'autres traitements. Il existe une histoire d'Hippocrate guérissant Perdiccas, roi de Macédoine, de la « maladie d'amour ». Aucune de ces fables n'est corroborée par aucun historien et ces événements ont donc peu de chances de s'être réellement produits. Même le miel provenant d'une ruche située sur sa tombe était réputé avoir des pouvoirs de guérison.

Arbre d'Hippocrate sous lequel on dit qu’Hippocrate aurait travaillé, dans la ville de Kos.

Une autre légende concerne la manière dont Hippocrate aurait rejeté une convocation officielle au tribunal d’Artaxerxès, roi de Perse et refusé de le soigner en dépit des somptueux cadeaux que celui-ci lui proposait. La validité de cette anecdote est admise par les sources anciennes, mais réfutée par certains historiens modernes et est donc sujette à caution.

Un autre récit affirme que Démocrite était considéré comme fou parce qu'il se moquait de tout et qu’il fut envoyé à Hippocrate pour être soigné. Hippocrate ne diagnostiqua chez Démocrite qu'une disposition à être heureux. Démocrite fut par la suite surnommé « le philosophe rieur ».

Dans les histoires qui le concernent, Hippocrate n’est pas toujours dépeint positivement : selon une légende, Hippocrate aurait fui après l'incendie d'un temple de guérison en Grèce. Soranos d’Éphèse, à l’origine de cette histoire, citait le temple comme étant l’un de l'école de Cnide. Toutefois des siècles plus tard le grammairien byzantin Jean Tzétzès écrit qu’Hippocrate a brûlé son propre temple, le temple de Cos, prétendant qu'il avait agi ainsi pour conserver son monopole sur la connaissance médicale. Cette histoire est totalement en contradiction avec la personnalité d'Hippocrate, telle que la rapporte la tradition. D'autres légendes racontent la résurrection de son neveu Auguste. Cet exploit est censé être survenu au moment de l'érection d'une statue d'Hippocrate et de la création d'une chaire en son honneur à Rome

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