Hippocrate - Définition

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Le professionnalisme

Instruments chirurgicaux de l’Antiquité grecque. Sur la gauche on distingue un trépan et sur la droite, un jeu de scalpels. La médecine Hippocratique a fait bon usage de ces instruments.

La médecine hippocratique se distinguait par son strict professionnalisme, sa discipline et la rigueur de sa pratique. L’ouvrage d'Hippocrate Sur le Médecin recommande aux médecins d'être toujours rigoureux, honnêtes, calmes, compréhensifs et sérieux. Le médecin Hippocrate a porté une attention particulière à tous les aspects de sa pratique : il a donné des prescriptions détaillées pour l'éclairage, le personnel qui assistait le praticien, le positionnement des instruments et du patient, les techniques de bandage et de contention dans les salles d'opération. Il veillait même à garder les ongles d’une longueur convenable.

L'école d'Hippocrate a donné beaucoup d'importance aux doctrines cliniques d'observation et de documentation. Ces doctrines enseignent aux médecins comment enregistrer leurs conclusions et leurs prescriptions médicamenteuses d'une manière très claire et objective de sorte que ces documents puissent être transmis à d'autres médecins et utilisés par eux. Hippocrate s’astreint avec minutie à noter régulièrement de nombreux symptômes comme le teint, le pouls, la fièvre, les douleurs, la motricité du patient et l’aspect des urines et des selles. On dit qu’il aurait pris le pouls d'un patient pendant qu’il l’interrogeait sur l’histoire de sa maladie (anamnèse) pour savoir si le patient avait menti. Hippocrate a étendu ses observations cliniques à l’histoire de la famille et de l'environnement. Pour lui la médecine est l'art de l'observation et de l’examen clinique. Pour cette raison il peut légitimement être considéré comme le Père de la médecine clinique. On lui attribue le mérite d’avoir décrit les symptômes de la grippe humaine et ses élèves sont les premiers à avoir fait des diagnostics, sinon précis, du moins pertinents.

Un précurseur de la diététique

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Hippocrate a ouvert la voie à la diététique en prônant l'utilisation des légumes et des fruits.

À cette époque la diététique repose sur quatre idées simples :

  • la digestion est une cuisson des aliments.
  • il est préférable de manger des aliments cuits, pour faciliter la digestion.
  • le corps est composé d'éléments ou humeurs qui déterminent un tempérament.
  • il est recommandé de manger une nourriture équilibrée, c'est-à-dire des aliments correspondant à son tempérament.

Dans la diététique hippocratique, on classe les aliments en fonction de leur correspondance avec l’un ou l’autre des quatre éléments : l'Eau, la Terre, l'Air, le Feu qui correspondent à quatre tempéraments définis par la théorie des humeurs: lymphatique, mélancolique, sanguin et colérique. Chaque aliment est classé en fonction de ses qualités (voir ici) qui s'échelonnent en quatre degrés sur deux axes principaux chaud et froid, sec et humide.(accessoirement selon les axes doux et amer, cru et cuit). Ces qualités influent sur la façon dont l’aliment se transforme dans le corps et sur la qualité et la consistance des humeurs ainsi engendrées dans l’organisme. La chaleur de la digestion transforme les aliments en lymphe qui, elle-même, se transforme en humeurs ou agit sur la qualité et l’équilibre des humeurs en présence. Pour rester en bonne santé, au fil des saisons, il faut avoir une nourriture équilibrée. Pour cela, les médecins se recommandant de la tradition hippocratique préconisent à leurs patients de consommer des aliments qui correspondent à leur tempérament, pour corriger le déséquilibre des humeurs prédominantes dans chaque tempérament. Ainsi le vin rouge (chaud et sec), comme la viande (chaude et sèche) sont recommandés aux personnes âgées, aux flegmatiques et aux mélancoliques, de nature froide. Par contre, le poisson frais (froid et humide), les fruits ou légumes (froids et humides) conviennent plutôt aux colériques et aux sanguins, ainsi qu'aux jeunes, de tempérament chaud.

L’alimentation doit aussi varier selon le climat et les saisons qui influent sur les humeurs, l'hiver, période où le flegmatique froid et humide domine, il est préférable de consommer des viandes en sauce, cuisinées avec des épices qui réchauffent; au printemps, période où le sanguin chaud et humide domine, il est conseillé de passer peu à peu du bouilli au rôti et de commencer à manger davantage de légumes verts; l'été, période où le colérique chaud et sec domine, c’est le moment de manger des viandes et des poissons grillés, plus légers, et de préférer des aliments froids et humides comme les melons, les prunes ou les cerises; l'automne, période où le mélancolique (ou atrabilaire) sec et froid domine, il faut manger des aliments appétissants et acidulés pour chasser la mélancolie et diminuer le vin et les fruits.

Bien que désormais obsolètes, ces concepts qui ont largement dominé la médecine en Occident pendant plus de mille ans ont laissé des traces dans la culture populaire. Les termes lymphatique, flegmatique, mélancolique, colérique sont toujours employés pour désigner des caractères, bien qu’on ne sache plus précisément à quoi ils font référence. Cette tradition survit également dans certaines pratiques culinaires (manger du melon avec du jambon cru, en début de repas, des poires au vin en dessert, boire un digestif en fin de repas) ou dans certains conseils diététiques de nos grands-mères (ne pas boire en mangeant).

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